Verd était en train de marcher dans les plantes mouvantes. Elle avait éprouvé le besoin de s'isoler, de réfléchir en étant seul. Ragnar et elle n'arrivaient pas à avoir de petits. La louve avait repoussé cette idée de nombreuses fois, mais désormais elle ne pouvait plus faire semblant d'y croire. Le constat était là, cela ne fonctionnait pas. Leur couple n'arrivait pas à avoir de petits. Cette idée en devenait obsédante. Verd voulait avoir des louveteaux, elle voulait avoir ses petits, les siens, ceux qu'elle aurait porté. La louve n'imaginait pas un autre loup que Ragnar comme père. C'était essentiel. C'était impossible que cela se passe autrement. Et pourtant cela ne fonctionnait pas. Ce constat était terrible et insupportable. Verd s'était réveillé très tôt ce matin pour cette raison.

La louve ferma les yeux et huma l'air environnant. Les plantes mouvantes étaient un lieu apaisant. Elle connaissait bien cette endroit et le monde végétal était protecteur avec les loups du clan. Verd avait toujours fait très attention, d'autant plus en grandissant. La louve se demandait si les plantes pouvaient sentir sa tristesse et sa douleur... Parce que c'était tout ce qu'elle ressentait sur l'instant. Son cœur était meurtri. Elle ne serait jamais mère. Cette idée la blessait profondément, l'agressant jusqu'au plus profond de son identité. Elle était une louve qui n'arrivait pas à avoir de petits et prêtresse de la fertilité stérile. Elle était un échec. Verd se sentait laide et inutile. Sa cicatrice lui brulait le visage.Verd avait survécu à tant de choses pour ne faire qu'échouer. Des larmes se mirent à rouler sous ses yeux. Elle était dans une grande situation de détresse. L'ironie était terrible... Et dire qu'elle avait dit à sa mère qu'elle ne voudrait jamais avoir de petits.

Verd termina pas s'asseoir, incapable de gérer ses émotions. Elle se sentait noyé, incapable de reprendre le contrôle des larmes qui glissaient le long de son museau, longeant ses cicatrices. Il fallait qu'elle arrive à parler de tout ça avec son compagnon. Elle savait que Ragnar en souffrait, mais comment réussir à communiquer alors que la douleur lui serrait les cordes vocales ?

Verd restait de dos. Elle baissa la tête, la gorge nouée. Elle fut incapable de communiquer pendant plusieurs minutes. La douleur était terrible et incompréhensible. Les Dieux avaient ramenés Ragnar, mais ils ne pouvaient pas avoir de petits. Après un sanglot, Verd se retourna lentement. Le loup connaissait aussi le pire de la louve, ils n'avaient plus rien à se cacher. Elle le regarda, malheureuse et essaya d'articuler. Elle eut un moment de doute et de silence, puis termina par dire "Cela ne fonctionne pas...". Et ils savaient tous de quoi elle parlait. Ils n'arrivaient pas à avoir d'enfant et cette fois, Verd ne pouvait plus se voiler la face. Elle eut un moment de doute. Ragnar pourrait la rejeter, cela lui semblait logique tellement elle se sentait mal dans sa peau.

La louve fit un petit mouvement vers lui, timide. Elle n'avait pas la force d'aller plus loin pour le moment. Cela faisait déjà tellement mal de constater qu'ils n'arrivaient pas à avoir de petits... C'était tellement douloureux...

Verd resta un moment sans agir, accusant le coup. C'était compliqué. Elle ne savait plus trop où elle en était. Elle n'avait pas imaginé que Ragnar pourrait être stérile. Le loup était calme, contrairement à elle qui passait par de multiples sentiments. La douleur était terrible. Verd, habituellement réfléchi, était totalement noyé sous l'émotion. Son compagnon restait droit, mais elle savait que derrière cette apparence, il avait mal lui aussi.

Le fait qu'il s'éloigne, même de quelques pas, était insupportable pour Verd. Elle ne voulait pas le perdre, pas une deuxième fois. Elle se leva, lui sautant presque dessus, sa force difficilement contrôlée par l'émotion. "Ragnar ! Je t'interdis de partir, de t'éloigner de moi !!". Verd articulait mal, mais elle parlait, arrivant à passer outre les sanglots.

La louve ne savait plus où elle en était. Elle voulait des enfants de son compagnon... Mais comment faire ? Verd n'en savait rien. Elle était incapable d'avoir une réflexion construite. La prestesse n'avait pas encore encaissé le choque. Jamais elle ne pourrait vivre de nouveau sans son compagnon. Lorsqu'il avait été absent, la psyché de Verd s'était écroulée sur elle-même. Elle ne se sentait vivante qu'en sa présence... Et il y avait pourtant se désir d'être mère qui lui déchirait les entrailles. Comment pourrait-elle concilier les deux ? Etait-ce seulement possible ?

Son regard tourné vers le sol, la tête contre son compagnon, Verd murmura "On va trouver une solution... il y a forcément quelque chose à faire....". Il le fallait. Il y avait toujours une solution. Toujours... En détresse, Verd répéta "Ragnar, je t'aime, ne me laisse pas... Ne m'abandonne pas...". Elle avait peur que les choses se brisent. Elle avait peur de le perdre, le traumatisme de sa mort étant toujours frais dans l'esprit de la louve. Elle avait besoin de lui, plus que jamais.

Les mots de Ragnar étaient terribles, violent, et surtout annonciateur du pire. Et si Verd avait terriblement mal, ce fut la colère qui commença à parler pour elle. Il voulait partir, il allait partir. La lovue sentait qu'il avait pris sa décision parce qu'il estimait que c'était le mieux pour elle. Il était animé par l'esprit de sacrifice, ce même sentiment qui l'avait déjà amené à mourir une fois. Mais la louve ne supporterait pas qu'il s'en aille, qu'il la laisse. C'était impossible. C'était insurmontable. Verd n'avait pas pu faire son deuil une première fois, comment pourrait-il réussir à le faire maintenant ?

La colère agissait comme une véritable colonne vertébrale, lui permettant de se relever. Les larmes coulaient toujours, elle avait toujours mal, mais c'était la rage qui la dominait. "Ragnar, je t'interdis de partir...". Elle fit un pas en avant, mais voyant qu'il n'allai pas changer d'avis, elle éclata "MAIS PUTAIN RAGNAR ! Tu crois que tu es qui pour décider ce qui est le mieux pour moi ? RAGNAR !". Elle fit un autre pas en avant. "Pendant que tu étais absent, la vie a continué, mais pas moi. Cette période a été... insupportable, horrible, invivable...J'ai voulu mourir, mais j'ai pas pu parce que cela aurait réduit à néant ton combat.". Si il partait maintenant, cela reviendrait à la replonger dans cet état de léthargie profonde.

Verd s'avança d'un nouveau pas. "Je te ne laisserai pas me quitter. Je t'aime.". Elle était prête à bondir, à le rattraper. Mais même si le loup était affaibli depuis son retour, la louve était bien plus petite que lui et n'arriverait pas à le retenir. Mais elle ferait tout pour qu'il reste. Son départ n'était pas envisageable.

Verd resta immobile devant son compagnon, il venait de s'effondrer. L'objectif était atteint, il n'était pas parti... Mais le voir dans cet état était horrible. Ragnar souffrait, bien plus qu'elle ne l'avait pensé. C'était insupportable. Elle l'avait traité d'égoïste, mais c'était elle qui l'avait été à l'instant. Immédiatement, la culpabilité et l'inquiétude balaya le reste. Verd avait peur les conséquences soient beaucoup plus importantes, qu'elles puissent même être physique.

Verd s'avança jusqu'à lui, puis se coucha contre lui. La louve se mit à lui lécher les oreilles, à lui murmurer des mots rassurants et à sécher ses propres larmes. Ragnar n'allait pas bien et c'était la première fois qu'elle voyait dans cet état. Ils se déchiraient l'un et l'autre. S'ils s'aimaient, Verd avait l'impression qu'ils étaient surtout en train de se détruire l'un et l'autre. Il y avait-il quelque chose de malsain dans leur couple ? Verd était persuadée que ce n'était pas le cas, mais au vu des événements, elle était obligé de se poser la question.

La louve était là pour son compagnon. Elle resterait auprès de lui le temps nécessaire.

Verd était couchée contre lui. Elle se sentait vidé émotionnellement, épuisée. Ils se déchiraient, devant affronter des choses auquels ils n'avaient pas été préparés. Leur couple était unique. Ils avaient vécu la guerre, Ragnar était mort de ses blessures... Et pourtant, ils étaient l'un contre l'autre. Le coeur battant et sombrant dans des émotions terribles.

La louve éprouva un véritable soulagement quand il se remit à parler. Elle avait eut peur, pour pour lui. Il allait mal. C'était insupportable. Les yeux gonflés et rougis par les précédentes larmes, la louve répondit doucement "Ce n'est pas vrai.". Elle eut un sourire doux, teinté par la tristesse qui planait encore dans son coeur. "Tu m'as apporté de la joie, de l'amour, du bonheur, bien plus que je ne l'aurai imaginé un jour." La petite louve était contre lui, cherchant à conserver toute la chaleur du corps vieillissant de son compagnon. "C'est avec toi que je me sens vivante.".

Elle le regarda, cherchant à capter son regard. "Mais Ragnar, il faut que tu arrête de menacer de me quitter à chaque fois que quelque chose ne va pas dans notre couple...". Le loup le faisait sans méchanceté, elle le savait. Verd avait retrouvé son calme, les émotions étant moins fortes, moins violentes. "Tout ne peut pas être parfait.". Elle parlait doucement, cherchant à apaiser son compagnon. "Cela arrive que des choses se passent mal, que l'on est des difficultés... Mais dans ces moments-là, j'ai besoin que tu sois là, pas que tu menaces de me quitter.". La pretresse continua "J'ai peur, j'ai tellement peur quand tu fais ça.". Ce comportement faisait paniquer Verd qui se retrouvait noyé sous une vague d'émotion qu'elle était alors incapable de maitriser.

La louve expliqua "Il est normal que de savoir... Que... que ces enfants ne naitront me fassent mal." Cette idée lui était encore terriblement douloureuse. Verd allait, quoi qu'il arrive, devoir faire le deuil d'un rêve. "Je suis triste, c'est normal. Comme toutes les louves qui se retrouveraient dans mon cas.". En tant que pretresse, la louve avait vu beaucoup individus pleurer des projets d'enfants. C'était comme ça. "Laisse moi être imparfaite, de ne pas être tout le temps souriante... Reste avec moi, comme quand tu fais l'épaule sur laquelle j'ai besoin de pleurer. Reste comme tu es." Verd termina, calme "On va traverser cette épreuve, tout les deux, ensemble.". Elle toucha son museau contre le sien. Ils verraient comme faire. Ils trouveraient une solution.

Verd eut un moment d'incompréhension, mais ne chercha pas à comprendre plus. Il était là, Ragnar resterait avec elle. La louve le regarda avec un sourire triste. "D'accord." Tout avait été dit. C'était l'essentiel. La louve lui lécha les oreilles en signe de calme. Elle était contre lui. Verd avait été terrassé par les sentiments et ne se sentaient plus la force de rien.

La louve ferma les yeux et posa sa tête contre lui. Ils étaient bien tout les deux. "Je t'aime Ragnar". Elle était prête à lui dire encore des centaines de fois. Pour ce qui était de cette solution à trouver, il fallait que cela fasse un cheminement dans son propre crane. Le temps était important.

Verd expliqua "J'ai envie de passer la journée avec toi. Je crois que l'on a besoin de temps tout les deux.". Pour panser les plaies et laisser le temps filer...