Fin février 270

Cynthia s'aventura de nouveau sur les terres cavernes qui n'en portent plus que le nom, puisque le peuple caverne, n'existe plus. Du moins, ici. L’appellation ayant simplement été gardée pour parler de ces lieux. Terres redevenues neutres, la plaine savane et les montagnes sont de nouveaux de potentiels territoires de chasse et ceux depuis 10 mois. Bien qu'ils soient moins abondant que leur vallée, c'est bien de changer de temps en temps de lieu. De plus, pas mal d'équidés arpentent cette plaine.

Durant l'hiver, les chasseurs avaient dû pousser plus loin que chez eux pour trouver de la nourriture. Soit parce qu'elle était difficile à trouver, soit pour ne pas décimer toutes les bêtes encore présentes. Ainsi, ils foulèrent les terres cavernes comme d'autres hivers auparavant. La différence cette fois, qu'au début de cette saison, ces terres furent sous l'occupation des déserteurs du clan de la Source. Néanmoins, leur déclin fut surveillé par les sentinelles Source et les chasseurs savaient qu'ils pouvaient s'y aventurer sans risque. Pas de pitié pour leurs ennemis, ils chassèrent des proies en ces lieux, participant à l'apogée de la famine au sein du clan des cavernes. On peut donc dire que le clan de la Source a participé à la fin de ce groupe.

Que ce soit seule ou avec son groupe de chasse, Cynthia est venue ici à plusieurs reprises depuis le début de l'hiver. Elle connaît donc les lieux. Néanmoins, ceux-ci sont en train de changer avec l'arrivée du printemps et il faudra qu'elle s'y réhabitue. Il reste un peu de neige aux sommets des montagnes, mais elle disparaîtra sans doute vite maintenant que les températures deviennent douces. La plaie, dépourvue de neige, a de nouveau attiré l'attention de troupeaux. Néanmoins, ce n'est pas en quête d'un équidé qu'elle vient. Marchant de façon linéaire, ne faisant pas de détour, c'est au pied d'une montagne qu'elle se rendit. En soif de challenge, elle allait tenter d'attraper un markhor ce qui, pouvait s'avérer dangereux. Pour éviter le plus de risque, elle cherchera naturellement une proie avec une surface adéquate pour l'avoir. Pas question de jouer la folle suicidaire en s'attaquant à l'un de ces caprins perché sur un rocher avec le vide de chaque côté. Elle allait d'abord se contenter de rester en bas, dans les sentiers les moins escarpés.

Après plusieurs minutes de reniflage et de pistage d'odeur, elle aperçut quelques uns de ces spécimens. Elle observa et s'attarda sur l'un d'eux en périphérique du petit tas. Elle pouvait l'avoir. Il était dans une pente, en train de brouter tranquillement. Il s'agissait d'une femelle vu la taille des cornes. Elle se lécha les babines. Elle commença son avancée, se tassant pour être moins grande, qu'elle soit moins visible. Comme elle est toute seule, elle a plus de chance de ne pas l'avoir si l'un d'eux se met à lancer l'alerte... Elle s'approcha encore et encore, dans le dos de sa proie. Les autres ne semblèrent pas la capter. Alors qu'elle croyait dur comme fer en sa victoire, l'attention de l'une de ces chèvres fut alertée et elle se mit à bêler. Le petit troupeau se redressa et partit sans hésitation. Cynthia tenta tout de même en les coursant, mais encore trop loin, elle laissa tomber tandis que les markhors se perchèrent sur des rochers. Pestant, elle observa les alentours, se demandant ce qui avait bien pu les alerter, sans se dire que c'était peut-être elle.

Fin février 270

Elle tomba sur un canin, un autre loup. Elle ne l'avait pas remarqué ni de visuel, ni à l'odeur, trop occupée avec sa chasse. Elle n’avait pas fait attention à ce détail, tant ces lieux semblaient désert de vie canine. Erreur de sa part, elle aurait dû garder l'hypothèse qu'à tout moment, quelqu'un pouvait venir. Surtout si elle réussissait sa prise. Ce n'était pas quelque chose que l'on pouvait se permettre en terre neutre, même si la chasse seul demande d'autant plus de concentration sur la cible qu'en groupe.

L'individu en face d'elle était un mâle et son poil était gonflé. Il ne montra pas d'autres signes éventuels d'agression, mais Cynthia gonfla elle aussi son pelage, se montrant plus imposante encore qu'elle ne l'ait déjà. Elle garda un air neutre, bien que ses sourcils furent légèrement froncés dû à l'exaspération de la fuite des caprins. Si de base, l'être chétif en face d'elle espérait avoir une chance de la neutraliser ou du moins la blesser, là normalement, il ne devrait pas se risquer à tenter quoique ce soit. La louve n'avait pas de raison de se battre avec lui. Elle avait juste de quoi lui faire une petite réflexion sur le fait que sa chasse ait ratée. Par contre, lui, il pourrait avoir une quelconque raison de la chasser d'ici. Elle est peut-être sur un bout de terre qu'il s'est approprié ? Sa tanière étant à quelques mètres d'eux. Une compagne gestante ou des petits avec. Ou alors, il y a une carcasse non loin qu'il veut naturellement garder pour lui. À moins que, tout simplement, lui aussi chassait ce petit cheptel et il était irrité de leur fuite. Que des suppositions que Cynthia ne pensa pas à vérifier avec sa truffe.

Le mâle baissa bien vite la tête et se lécha le museau, démontrant qu'il ne souhaitait pas de mal et ne cherchait pas le conflit. Queue et tête toujours basses, en signes d'apaisements, il s'avança avec un peu de difficulté vers elle, boitant. Tout comme lui, la fourrure de Cynthia s'était raplatie. Elle reprit une position plus neutre encore, s'étant redressée instinctivement auparavant. La femelle détourna un instant le regard tout en pivotant un peu son museau sur le côté, cassant ainsi leur contact visuel pour que l'impression de défi cesse totalement. Il ne portait pas d'odeur caractéristique, il n'était donc pas affilié au Désert ou à un groupe autre qui aurait pu se former.

Je ne m'attendais pas à ce qu'un autre soit là... C'est donc pour ça qu'ils se sont enfuit.

De sa voix grave pour une femelle, elle mentionnait simplement l'évidence, ne sachant pas quoi dire d'autres. Elle aurait pu lui tourner le dos pour partir, mais maintenant qu'il s'était approché d'elle, cherchant la rencontre, elle était un peu coincée pour l'instant... La maigreur de l'individu l'interpella d'autant plus maintenant qu'il fut plus proche. Il ne devait pas pouvoir manger beaucoup celui-ci. L'hypothèse qu'ils furent deux prédateurs sur le même troupeau revient alors.

Tu les chassais toi aussi ?