Le bleu se glissa entre deux arbres et continua sa marche lente et sereine, les oreilles dressées il écoutait avec plaisir les chants des oiseaux et le bruissement des feuilles. Le vent d’automne en décrochait pas mal qui tombaient dans une danse délicate qu’il ne se lassait pas d’admirer. Le cœur relativement léger, le fils des Eaux s’était aventuré plus loin que son territoire habituel et tant aimé. Sans doute attiré par la curiosité et l’envie de découverte, son pas s’en trouva ralentit.

Entrant alors dans un territoire qui lui semblait soudain lugubre et inquiétant, il senti sur ses épaules un poids s’installer et une moiteur s’élever dans l’air. Ses oreilles se plaquant sur son crâne, le changement de paysage le troubla. Les sens aux aguets et les oreilles en arrière, il dévoila lentement les crocs. Il n’avait pas envie de faire demi-tour, mais pas envie de mourir bêtement non plus. L’idée même lui donna le vertige. Il s’arrêta cependant dans le brouillard quand il perçu une forme floue à l’horizon et entendit des bruits de pas en sa direction. Levant la truffe vers le ciel il chercha à y discerner le disque solaire, mais dans la brume ça lui fut impossible.

Il se décida alors à humer l’air et reconnu une odeur lupine inconnue au bataillon. Une étrangère, ou un étranger, qu’importe. Il était en territoire neutre il n’avait donc rien à dire. Mais pourvu que l’individu ne soit pas là pour le tuer et le faire disparaître sur ce territoire fort peu accueillant. Fermant les yeux une fraction de secondes, il prit une longue inspiration avant de les rouvrir pour voir la silhouette qui se rapprochait et découpait plus clairement la forme d’un loup dans le brouillard. Se redressant, droit et imposant, le Sentinelle resta immobile à observer son vis-à-vis, agitant lentement ses griffes sur le sol, réfléchissant à la démarche à suivre face à l’étranger.