Février 270

Hier matin, Djama s'était éclipsée du campement. Maintenant que son apprentissage est terminé et qu'il n'y a plus de raison pour ne pas dépasser le désert, il est enfin temps d'aller dans la prairie du monde ! Son frère, lui, a déjà visité cet endroit et il lui avait raconté comment c'était. De ce qu'il en avait dit, c'était immense, avec une végétation très grande, plus que ce qu'ils ont l’habitude de voir et des insectes géants. Ce dernier point était intriguant. A quel point sont-ils grands ? Après avoir discuté avec Silfire, qui fut son mentor, certains font facilement le triple de leurs homologues à travers le pays. Ce devait donc donner des insectes pouvant faire la taille d'un jeune louveteau ? Elle ne savait pas si c'était à classer comme dangereux ou pas... A voir plutôt au cas par cas, suivant les insectes en question. Si c'est un lucane par exemple, ce pouvait être dangereux oui. Elle avait fait le choix de classer la catégorie insectes géants à cheval entre dangereux et pas dangereux, vue que c'était dur à déterminer.

À vu de truffe, elle en avait pour un peu moins d'une journée entière avant d'arriver. Sachant qu'elle arrivait à parcourir un peu plus de la moitié du désert en une demi-journée. En partant de bon matin, elle arriverait vers le crépuscule. Son frère et sa sœur, eux, n'ont pas ce problème : ils volent. Ils peuvent sans doute y aller plus vite qu'elle. Elle, elle est cantonnée au sol, obligée d'avancer dans le sable, mais elle compense par son habitude à trotter et courir sur de grandes distances. De plus, elle s'est forgée des pattes musclées, habituée depuis aussi loin qu'elle se souvienne à jouer dans le désert et les montagnes.
C'est donc à cause de la distance qu'elle choisit de partir de bon matin. De plus, le territoire de Solar ne sera pas trop chaud sur le départ : la température sera clémente comparé au reste de la journée. Elle n'avait pas vraiment avertie ses parents ni son frère et sa sœur de son départ. La veille du départ, elle avait juste parlé de cet endroit et de son désir d'y aller.
Ce fut l'aurore quand elle franchit la rivière et qu'elle se mit à trottiner sur le territoire de Solar. Elle bifurqua en direction du canyon volcanique afin de pouvoir rapidement profiter de son ombre lorsque les rayons du soleil seront bien trop ardents pour être supportés. Sur le chemin, elle repéra un dragoneï et le coursa, mais ne réussit par à l'avoir. Ces bêtes là sont décidément bien trop rapides... Elle l'avait regardé s'enfuir en plissant des yeux et en pensant : Un jour, j'en aurai un. Ensuite, elle avait repris son chemin en marchant, cette course effrénée l'ayant fatiguée sur l'instant.
Solar fut décidément très en forme ce jour : le zénith fut caniculaire, si bien que l'horizon en était strié. Haletante, elle avait pris une pause, allongée à l'ombre des murs du canyon. Si Solar comptait leur montrer que l'hiver s'est fini et que le printemps arrive, alors il le faisait avec trop d'ardeur... Placez une pierre volcanique en plein soleil et à coup sûr vous pourrez faire cuire des steaks !
Comme elle l'avait pensé, ce fut le crépuscule lorsqu'elle arriva à la frontière avec la prairie du monde. Même le début de la nuit à vrai dire. C'était bien trop tard pour explorer quoique ce soit. De plus, elle était bien trop fatiguée pour arpenter ce tout nouveau territoire. Elle n'allait pas se risquer à s'y perdre ou s'épuiser d'autant plus. Elle se dirigea vers la montagne des sentinelles, ancien camp de l'Air, pour y passer la nuit. Naturellement, elle croisa quelques membres du clan, mais ils ne lui demandèrent rien quant à sa présence ici. Le sommeil lui tomba dessus comme une lourde pierre : elle s'endormit à peine s'être couchée.

Le lendemain, aujourd'hui, elle se réveilla au son d'oiseaux qu'elle avait déjà entendu et vu : des grondors. Ces charognards faisaient un bruit monstre. Ce n'était pas tout à fait la saison pour eux pour revenir, il s'agissait des premiers de l'année. Après s'être étirée, elle s’ébroua et partit de cet endroit, descendant dans la prairie du monde.

Lorsqu'elle fut au pied de la montagne, elle s'arrêta et contempla ce qu'elle avait devant elle avec des yeux ronds et la gueule légèrement ouverte. Elle n'avait pas fait attention hier, à cause de la fatigue et de la luminosité ambiante, mais c'est vraiment grand ! Sa queue bougea toute seule de gauche à droite et elle sourit. Elle se mit à trottiner avec la ferme intention de s'enfoncer là-dedans. Ses yeux se posèrent partout, ses oreilles captèrent le moindre bruit et sa truffe huma la moindre odeur. L'herbe était de couleur verte très claire et bien plus haute qu'elle par endroits. Les fougères, pas encore ouvertes, la dépassaient largement de deux mètres si bien qu'au printemps et en été ce devait être très sympa de s'abriter du soleil là-dessous. Elle entendait de forts bruits ressemblant à certains insectes, mais elle ne parvenait pas à mettre le doigt sur ce que c'était. Elle s'arrêta un peu, s'asseyant, levant la tête vers la voute végétal au-dessus d'elle.

Hey Djama ! Tu veux venir te balader avec moi ?

Surprise d'être interpellée, elle tourna la tête en suivant, les oreilles dressées. Aymeric ? Ici ? Est-ce qu'il l'a suivi jusqu'ici ? Probablement... Ce serait une sacrée coïncidence qu'il est décidé de venir ici aujourd'hui, lui aussi. Surtout qu'il a dû faire le voyage très tôt ce matin au moins, de nuit, pour arriver maintenant. Elle continua de le regarder quelques instants sans répondre. Finalement, elle se leva et alla vers lui.

C'était prévu que tu viennes ici aujourd'hui ? Demanda-t-elle suspicieuse.

Février 270

Son frère semblait un tantinet fier, mais de quoi exactement ? Peut-être a-t-il réussi à attraper une proie ou à battre quelqu'un.
Aymeric affirma tout d'abord en hochant la tête et en abordant un sourire renforçant son côté fier. Un peu plus intriguée, elle se demanda ce qui le mettait si en joie. Il lui répondit que sa présence est prévue. Il chassera ici, ce soir, avec son groupe. Une coïncidence... Djama accentua légèrement son regard suspicieux durant quelques instants, essayant de savoir s'il mentait ou non. Elle reprit son attitude neutre par la suite, arrivant à la conclusion qu'il ne mentait pas. Ce devait être le fait de chasser ici qui lui procurait ce sentiment de fierté. Visiblement, c'est la première fois ici, puisqu'ils doivent s'habituer à ce territoire comme il l'a dis. Pour l'heure, il a ses compagnons à retrouver. Il émit un rire nerveux tout en mentionnant cela. Il n'avait visiblement aucune idée d'où chercher. Même s'ils s'étaient donné un point de rendez-vous, il faut d'abord le trouver. Et puisqu'il devait chercher, c'est que visiblement, le lieu de ralliement n'était pas le camp des sentinelles. Ça aurait été bien trop facile...

Et toi ? Tu as une mission ?

À son tour de hocher la tête, mais de façon négative la concernant.

Je suis venue juste parce que je le pouvais. Depuis le temps que j'ai envie de venir, c'était l'occasion.

En disant cela, elle leva le museau encore et encore pour regarder la végétation qui les entourait. Malgré l'hiver, la végétation restait haute, dépassant tout par endroit. On lui avait raconté qu'il y avait des champignons géants. Mais ce n'était pas la saison pour en voir. Au milieu du printemps et en été, dans ce lieu, on devait se sentir comme les bestioles qui grouillent habituellement au niveau de leurs pattes : tout petit.

[Lancer du dé]
Elle baissa la tête, la remettant en bonne position. Du coup de l’œil, quelque chose attira son attention et elle tourna la tête sur sa gauche, fixant un point sombre entre des brins d'herbe. Ses oreilles s'agitèrent, analysant, captant le moindre bruit qu'il pouvait y avoir en direction de là-bas. C'était peut-être son imagination, mais elle avait l'impression d'avoir vu quelque chose bouger.

Je ne suis pas sûre, mais je crois que quelque chose a bougé... Peut-être l'un de tes coéquipiers ?

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La truffe de Djama s'agita, reniflant l'air pour tenter de percevoir l'odeur de l'individu ou la chose qui se trouvait à proximité d'eux. Curieuse, mais aussi méfiante, elle leva une patte et se pencha en avant, hésitant à faire un pas. En attendant de se décider, elle était bloquée dans la position d'un pointer. Aymeric, lui, n'avait pas l'air du tout rassuré par cette chose. Il s'était même rapproché d'elle. Néanmoins, Djama ne faisait pas attention à son frère, se concentrant sur la chose qui faisait bouger des brins d'herbe. Il ne s'agissait pas d'un loup : elle ne détectait pas l'odeur fraiche d'un individu de leur espèce ni d'un autre canin d'ailleurs. Elle baissa la patte et se redressa.

Son frère interpella la chose pour la faire fuir ou l'inciter à se montrer, qu'ils puissent savoir ce que c'était. Ça fonctionna, la bestiole s'immobilisa, prenant conscience de leurs présences. Ils restèrent tous les deux dans le silence, fixant l'endroit où la fourrure était partiellement visible. Soudain, un écureuil bien plus gros que ce qu'elle avait vu auparavant, surgit en bondissant et courut à grande vitesse pour s'échapper. (41/100) Au moment où il surgit, Aymeric alla se cacher derrière Djama, qui elle, avait juste eut un mouvement de retrait sous la surprise, se tenant sur ses gardes au cas où. L'animal n'essaya pas de les attaquer, bondissant de nouveau pour disparaître. Djama se détendit en soupirant, puis s'ébroua quelque peu. (19/100) En tournant la tête, elle vit l'allure de son frère et ne put s'empêcher de pouffer, ricaner. Il n'en menait vraiment pas large. Seulement, elle aurait pu réagir tout pareille. Après tout, son côté fuyard est toujours présent en elle. Juste que cette fois, ça allait et sa curiosité avait pris le pas sur sa potentielle peur.

Il était vachement gros cet écureuil. Tu crois que vraiment tout est plus gros que la moyenne ici ?

Aymeric est déjà venu, il pourrait sans doute lui répondre. En attendant, Djama s'avança joyeusement entre les herbes pour continuer son chemin. Elle est là pour découvrir et son frère lui a proposé une balade, alors c'est parti !

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Son frère émit un petit grognement à sa question. Aymeric n'aimait pas cet endroit. Il confirma que oui, tout est plus gros en ce lieu, sauf eux. Forcément, ils n'ont pas grandi en venant. Ça aurait été vraiment bizarre. Mais ça aurait pu être intéressant aussi d'être plus grand. Quoiqu'il en soit, ici, tout ce qui y est ancré, est plus grand que n'importe où ailleurs. En terme de chasse, c'était un bon endroit. Il suffisait de tomber sur un gros lapin ou un gros oiseau pour satisfaire plus de ventres que les mêmes types de proies trouvables ailleurs.

L'herbe autour d'eux fut poussée à chacun de leurs pas et bientôt elle se fit de moins en moins grande jusqu'à arriver au pied d'un immense arbre à fruits. Plusieurs étaient tombés, pourris ou juste trop mûrs, et des oiseaux les picoraient. Aymeric sembla particulièrement intéressé par ces gros fruits et s'approcha tout près.

Tu penses que ça se mange ?

A sont tour, elle s'approcha un peu plus.

Les oiseaux le font. Mais je ne sais pas si leurs états sont bons pour nous...

Il arrive que les loups mangent des fruits, surtout des baies, des raisins et autres trucs juteux. Quand ils sont blets, c'est encore mieux. Ces fruits-là ont l'air bien juteux et leur odeur démontre la présence de sucre. Djama aime bien le jus sucré qui se dégage de fruits comme les pêches et les pommes. Aussi, les baies comme les myrtilles sont bonnes. Rien que d'y penser, elle se lécha les babines, remuant doucement la queue. Elle pourrait en saliver à trop y penser. Néanmoins, ces fruits-là dégagent aussi une odeur quelque peu forte, confortant l'idée que leur état est plutôt sur la décomposition que le trop mûr... Ainsi, la messagère n'osa pas s'y approcher pour y gouter. Elle jeta un œil à son frère, attendant de voir s'il allait oser y toucher. Elle ne le ferait que s'il le fait. Elle préférait que son frère y goutte avant et lui dise quelque chose.

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Son frère se dévoua pour tester l'un des fruits. Enfin, se dévouer est un grand mot : il n'avait pas le choix. Djama n'allait pas s'y frotter en première. Elle comptait bien sur son frère pour faire le crash-test de cette petite expérience. D'abord, il examina, puis effectua une lèche sur le fruit. La messagère l'observait attentivement pour guetter la moindre réaction. Il lécha une seconde fois, puis croqua. Il mâcha, appréciant ce qu'il avait en gueule. Il sourit de façon un peu idiote, avala et donna son verdict :

C'est super sucré, je ne pense pas que ça soit mauvais !

Il se remit à le manger, en faisant son goûter. La curiosité de Djama fut piquée et elle se lécha les babines. L'odeur était toujours si alléchante. Son frère approuvait pleinement, consommant ce fruit entamé. Il n'y avait donc aucun risque à avoir : elle pouvait à son tour y toucher. (1/100) Elle plongea alors à sa suite, attrapant un fruit sans plus aucune hésitation. Tout son corps se mit en arrêt durant quelques secondes. Quelques secondes durant lesquelles elle constata immédiatement que son frère avait raison : ils sont si sucrés, si bons, si juteux. Même s'il y avait un petit arrière goût, celui-ci n'était pas si dérangeant que ça.
Elle sortit de son état figé et comme si elle était transformée, elle croqua son fruit sans retenue tel un monstre des marais claquant ses mâchoires meurtrières sur sa proie. Elle arracha et mâcha de grosses bouchées. Sa queue balayait vivement l'air, ses yeux scintillaient, ses pupilles se mirent en mydriases et elle en pleurerait presque de bonheur tellement c'est délicieux ! Le jus coulait de ses babines, tachant son museau, son poitrail et le sol : elle en mettait partout tellement elle prenait de grosses bouchées, ayant parfois du mal à mâcher, faisant gicler le jus de sa gueule mélangé à sa salive. Elle se léchait souvent les babines pour essayer d'essuyer comme elle pouvait ce liquide sucré et collant. Tandis qu'en comparaison, Aymeric mangeait bien plus doucement, Djama avalait presque ce qu'elle arrachait.
Après son passage éclair sur ce premier fruit, elle s'en saisit en suivant d'un plus gros et presque intact, sautant pratiquement dessus comme pour ne pas qu'on le lui vole. Elle fit un trou dedans, puis s'allongea en le calant entre ses pattes, enfin, elle lapa et mordit la chaire pour récolter le succulent sirop. Elle y plongea même son museau tel un colibri dans une fleur. Sa queue, qui n'avait pas décroît en terme de balayage, brossait à présent énergiquement l'herbe. La messagère était devenue dingue, mangeant avec avidité et excitation ce fruit si appétant et merveilleux. C'était bien meilleur que la pêche la plus juteuse qu'elle ait pu goûter jusque-là ! Elle en voulait encore et encore jusqu'à ce que son ventre n'en puisse plus ! Ce fruit venait des dieux ! Elle ressortit son museau de là en prenant une grande bouffée d'air, elle en oubliait presque de respirer, se focalisant uniquement sur le fait de se goinfrer comme un porcelet et rien d'autre. Elle se mit à arracher la chaire de sa victime : elle n'en laissera pas une miette et elle passera au suivant !

Février 270

Euuuh tu devrais ptet pas en manger autant, ça fait mal au ventre après ...

La dévoreuse de fruits ne fit pas attention à lui, bien trop occupée à se goinfrer. Ce goût était bien trop addictif pour qu'elle arrête d'en profiter ! Au fur et à mesure, son ventre se remplissait tandis que son cerveau lui commandait toujours plus de sucres. Il en fallait encore et encore.

On... continue ?

Une fois de plus, la voix de son frère ne l'atteint pas. Elle réussit à finir le deuxième gros fruit et s'attaqua à un troisième avec plus de mesure cette fois. Visiblement, l'addiction par rapport à la nouveauté s'estompait ou alors, son ventre commençait à être plein. À moins qu'il y ait quelque chose d'autre. En tout cas, elle paraissait moins monstrueuse...

(97/100) Au fur et à mesure, ses bouchées se firent bien moins rapides et bien plus petites. Comme si elle s'en lassait, mais en vérité, quelque chose clochait en elle : elle se sentait bizarre. Arrivant avec peine au quart de ce troisième fruit, elle s'arrêta totalement. Comme vaincue et abattue, elle émit un gémissement et baissa la tête. Sa queue était molle, ses oreilles étaient à l'horizontale et son corps semblait accablé d'un poids. Elle se sentit tanguer et à vrai dire, peut-être que c'était réellement le cas. Finalement, ne se sentant pas très bien, elle s'allongea, ou plutôt tomba en se baissant. Elle émit quelques autres gémissements. Elle avait l'impression d'avoir froid et tremblait légèrement, son esprit était flou. Elle se sentait faible.

Ça va pas... Je crois que -

(86/100) Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, qu'elle se redressa en sphinx le plus rapidement possible. Elle tenta de se lever, mais n'eut pas le temps. Elle eut un haut-le-cœur et vomit, entre ses pattes, un truc composé du jus et des morceaux de fruits en bouillis. Son estomac fit deux autres soubresauts, la faisant dégueuler deux nouvelles fois. Elle haleta, les yeux humides face à l'effort et attendit de savoir si c'était passé ou non... (58/100) Après un dizaine de secondes, son estomac se calma et l'envie de vomir disparut. Elle se leva doucement et recula. Elle se sentait mieux maintenant qu'elle avait évacué tout ça. Néanmoins, elle arborait un air éméché, un sourire béat sur le visage.

On y vaaaaa ? Demanda-t-elle en regardant son frère de cet air débile.

Février 270

Aymeric confirma leur départ et il s'élança en trottinant. La messagère eut un petit temps de latence avant de démarrer, mais elle réussit à le rattraper. (44/100) Elle arrivait à plutôt bien le suivre, même si elle avançait avec un pas plus lent que lui. Son état de malaise semblait avoir complètement disparu. Elle se sentait bien. Elle regardait les alentours, toujours avec son air béat.

(90/100) Après quelques minutes de marche, elle aperçut un éclat du coin de l’œil, sur sa gauche. Elle s'arrêta en suivant, les yeux écarquillés. Ce qu'elle semblait avoir vu, c'était un énorme œil les regardant passer et une fourrure orange. Elle déglutit et tourna doucement la tête, hésitante. Comme elle le craignait, elle tomba truffe à truffe sur une énorme paire d'yeux noirs la fixant. La couleur orange qu'elle avait vu, entourée ces billes noires, mais ce n'était pas de la fourrure. Ça semblait lisse, comme une carapace. Un insecte géant ? En tout cas, elle glapit en reculant et s'emmêlant les pattes, elle tomba sur les fesses.

Aymeric !

Dans la confusion et la panique, elle s'agita pour se redresser tant bien que mal. Elle se releva précipitamment, même trop, car qu'elle faillit retomber. Elle fixa la chose sans oser bouger plus. Mis à part ces billes noires et ce orange, le reste du corps était camouflé par la végétation. La chose ne bougeait pas, pour l'instant.

Février 270

Haha mais c'est juste des fruiits Jdama

Des... des fruits ? Des fruits qui ressemblent à des yeux ? Non, ce n'est pas ça ! Son frère venait de toucher l'une des billes noires et la bête à qui elle appartient s'agita violemment. Aymeric glapit à son tour à ce contact et recula en bondissant, puis tomba à côté d'elle. (86/100) Sous l'effet de la panique lorsque cette bête bougea, Djama se mit à couvert : allongée sur le ventre, les yeux fermés et couvrant sa tête de ses pattes comme pour se cacher. Elle lâcha également un petit pet.

Ha ben non haha

Incertaine, elle ouvrit un œil en entendant son frère rire. Elle vit un battement d'ailes et releva la tête pour regarder le papillon géant s'envoler. Les billes noires qu'elle avait pris pour des yeux ne sont donc que des ocelles de papillon et l'orange les entourant n'est que la couleur de ses ailes. Elle soupira de soulagement. C'était juste un papillon.
Aymeric continuait de rire de la situation, ou plutôt de glousser à présent. Elle tourna la tête vers son frère, allongé de tout son long sur le dos, regardant le ciel filtrant dans la canopée. Djama ricana en songeant qu'on dirait un canard avec ses ailes et son rire à moitié étouffé. Il ne manquait plus qu'il marche en dandinant son postérieur.

Hé Jdama... Jme sens bizarre...

Son frère sembla réfléchir à son prénom, le répétant tout doucement, ou plutôt, essayant de le prononcer. Pourquoi il l'avait appelé comme ça ? Jdama ? Il disait se sentir bizarre et elle aussi se sentait bizarre.

Moi aussi Méric. Eric... AimeRic... Éméric... Elle plissa des yeux, elle y était presque. AyMEric ! Dit-elle comme si elle avait eu une illumination. Néanmoins, elle fit la moue et conclut : Mr.Canard, c'est bien sinon... Ouaaaiiiis, c'est + facile. J'vais t'app'ler comme ça.

Février 270

Aymeric tenta de se relever brusquement, pour une raison inconnue. Elle le regarda faire, se demandant quelle mouche venait de le piquer alors qu'il tombait, ne tenant pas sous son propre poids. Il patina, ce qui la fit rire, mais il finit par se remettre sur ses pattes. Il s'avança vers elle, chancelant et emprunt de colère. Elle se demanda pourquoi cette soudaine mine énervé.

Jsuis paas un Canard d'abord ! Toi t'es juste... Une souris, na !

(92/100) Une souris ? Mais, pourquoi ? Ses oreilles se baissèrent et ses yeux s'humidifièrent, comme si elle allait se mettre à à pleurer. C'était blessant de la traiter de souris ! Elle est insignifiante alors... C'est ça ? La colère montait elle aussi chez elle. Il lui tournait le dos et sa queue se balançait nerveusement. Elle tenta de se jeter sur lui pour lui mordre l'une de ses pattes arrière. Elle ne réussit pas, s'écroulant avant de pouvoir achever son opération. Elle n'eut pas le temps de repartir à la charge, que cet idiot se mit à courir, de façon ridicule en plus. Elle parvint à se dresser sur ses pattes, tandis qu'il s'envola. Elle comptait bien lui courir après pour le rattraper ! Seulement, elle n'eut même pas le temps de faire quatre foulées, qu'il s'écrasa lamentablement après avoir décollé d'à peine une poignée de mètres du sol.

Ayyeuuuuh hahah j'ai tombé

Alors, elle s'arrêta et se dressa de toute sa hauteur, chancelant tout de même un peu, elle darda sur lui un regard moqueur tout en affichant un sourire narquois.

Bien fait ! CHEH ! Lui cria-t-elle.

Il s'examina, puis soudain, se dressa. Il chercha vivement quelque chose autour de lui. Qu'est-ce qui lui arrivait encore ? Il lâcha un simple mot : Pipi Il partit en courant, la laissant en plan. Ne sachant que faire, elle posa son cul lourdement sur le sol avec une tête de merlan frit.

Je fais quoi moi ?... Dit-elle pour elle-même, sachant qu'on ne lui répondra pas.

Février 270

Djama resta un moment ici, assisse, stupéfaite de s'être faite abandonner d'un coup. Il l'avait laissé en plan pour s'enfoncer seul dans toute cette verdure, pour aller pisser. Il aurait pu le faire là, plus loin à quelques mètres, mais non, il lui fallait de l'intimité. Et il n'allait pas uriner devant elle. Il va vite revenir... Elle n'a qu'à attendre. Il lui semblait tout de même qu'il venait de partir loin.

Elle commençait à en avoir marre d'attendre. Ça fait combien de temps qu'il est parti ? Une bonne dizaine de minutes, non ? En réalité, ça n'en fait qu'une, mais elle a l'impression d'attendre depuis si longtemps... Elle soupira. Qu'est-ce qu'il fait ?
(32/100) Il lui sembla l'entendre l'appeler. Elle se releva et d'un pas pataud, s'enfonça à son tour là où son frère s'était engouffré. Elle tenta de suivre sa piste, mais avec son état d'ébriété, c'était peine perdue. Elle n'arrivait pas à se concentrer sur cette tache. Elle devait déjà se concentrer pour ne pas tomber et réussir à marcher le plus droit possible tout en ne trébuchant pas sur les diverses choses qu'elle croiserait par terre et sans se prendre une branche, une herbe ou une feuille dans la face. Autant dire que le pistage est de trop en ce moment. De plus, sa taille ne l'arrangeait pas pour voir où elle se diriger dans cet endroit où tout est gigantesque ! Elle avançait donc à l'aveugle, allant tout droit, en espérant tomber sur son frère, capter son odeur ou sentir celle de l'urine.
(58/100) Elle décida de s'arrêter un instant pour sentir ce qu'il y avait autour d'elle et dans l'air. Elle ne savait pas combien de mètres elle venait de parcourir, ni si elle s'approchait ou s'éloigner de son frère, ni si elle tournait en rond. Finalement, elle sentit l'odeur de son frère et se dirigea en sa direction. Son avancée fit s'écarter des herbes en les faisant bruisser, jusqu'à ce qu'elle atteigne un point dit clairière. Son frère se trouvait par terre. Elle s'ébroua, mais gardant quelques brindilles dans sa crinière non peignée, et le rejoignit.

T'en as mis du temps pour pisser ! Il t'arrive quoi là ?...

Son frère pleurait. Il gémissait. Djama ne savait que faire. Qu'est-ce qui lui arrive ? Est-ce qu'il s'est... Pissé dessus ? Ses oreilles se mirent à l'horizontale et elle se dandina un peu d'une patte à une autre.

Heu, tout va bien... Dit-elle avant de penser : Je suppose.

Elle ne sentit pas d'odeur d'urine émanant de son frère, alors ça ne devait pas être ça. Autre chose dans ce cas, mais quoi ? Peut-être qu'il pensait s'être perdu ? Elle sait que son frère est de nature trouillarde, alors, ce devait être ça qui l'a mis dans cet état. Il a dû avoir peur de s'être perdu et qu'ils ne puissent pas se retrouver.

Février 270

En suivant, son frère exclama son prénom avec tout le soulagement du monde. Elle n'eut pas le temps de faire un pas de côté, qu'Aymeric lui atterrit dessus, l'enlaçant en sanglotant. Le choc fut assez brusque et à cause du déséquilibre généré par tout l'alcool ingurgité, Djama eut du mal à tenir sur ses pattes. Elle fut assise par le poids de son frère, puis rapidement, elle tomba avec lui quand il les entraîna au sol. Elle se retrouva sur lui et essaya tant bien que mal de se redresser.

J'ai cru... J'ai cru, j'ai cru que je t'avais perdue dans la forêt !

Dans sa chute et son choc, son frère avait assez écarté les pattes pour lui permettre de glisser hors de son étreinte. Elle put ainsi se redresser comme souhaité, bien qu'elle tangua un peu, menaçant de lui tomber dessus. Elle avait une impression que tout vacillait autour d'elle. Se faire secouer comme ça, ce n'est pas génial. Peut-être que ce serait mieux de s'asseoir ou se coucher...

- Tu veux pas qu'on dorme ici ? Tant pis pour la chasse, je leur expliquerai.
- Bonne idée...

Elle se plaça à côté de lui le plus convenablement possible, la tête dans le même sens, puis s'allongea le plus doucement possible tout contre lui. Ils allaient passer la nuit dans un lieu inconnu. Du moins, inconnu pour Djama. En étant, en plus, plutôt à découvert, bien que les herbes hautes et autres végétaux les camouflent. Pour autant, la messagère n'est pas anxieuse ou quoi que ce soit à cette idée. Peut-être est-ce parce qu'elle est en compagnie de son frère, qu'elle est en état d'ébriété ou les deux. Remarque, difficile à dire si en circonstance normale et toute seule, elle aurait flippé ou non. Elle posa la tête sur ses pattes et ferma les yeux. Peut-être qu'ils se feront réveiller par le groupe de chasse d'Aymeric.
Ils en ont vécu des choses aujourd'hui. Pleins de choses ! Du moins, c'est l'impression que la messagère a. Néanmoins, elle ne comprend pas pourquoi ils sont dans ce curieux état et de toute façon, elle n'est pas apte à réfléchir. Peut-être que demain elle pourra se rendre compte que ces fruits juteux et délicieux furent la cause de leur ébriété. En attendant, elle s'est déjà endormie.