Finalement, le fait que Sygrid habite à côté de chez Gaor et elle, ne fut pas un réel désagrément. Widys avait fait en sorte de gérer comme il se doit son stress en s'éloignant de sa tanière lorsque cet état pointait le bout de son nez. Elle partait s’apaiser au sein des plantes mouvantes ou aux cascades à l'envers. Yogrenn n'était pas venu, mais elle gardait en tête que le dirigeant viendra récupérer sa fille tôt ou tard.

La jolie caverne était à terme, les petits pouvaient arriver d'un instant à l'autre. Ainsi, depuis trois jours, elle restait proche de sa tanière ou n'en sortait que peu. Il fallait qu'elle soit chez elle lorsqu'ils viendront au monde. Il lui fallait absolument cet endroit sécurisant et douillé pour la mise bas. Tandis qu'elle somnolait, confortablement allongé sur le côté dans son lit de foin et de poils, ses yeux s’ouvrirent d'un coup. Elle se mit à gesticuler et elle poussa des petits glapissement. L'odeur du liquide placentaire atteint sa truffe. Le nouveau moment tant attendu est là ! Les contractions ne tardèrent pas. En tant que femelle ET médecin, elle savait exactement quoi faire. Donc, elle ne devait pas se foirer. Elle poussa quand il le fallait et respira le reste du temps. Soudain elle fut prise d'une angoisse. Le stress qu'elle eut durant ce mois s'est-il répercuté sur la formation des petits ? Est-ce qu'ils sont tous bien ? Elle se crispa, ce qui lui fit endurer une contraction et elle se mit à japper à cause de ça. A cause de cette douleur causée, elle resta crispée. Elle venait de perdre le rythme et jappa de nouveau. Elle devait se calmer. Elle ferma les yeux et se mit à respirer. Les contractions s'étaient interrompues, ça lui laissé le temps.

Tandis qu'elle avait les yeux fermés, Lagherta déboula dans la tanière, faisant fortement sursauter la mère qui gémit. Elle crut d'abord que quelqu'un venait s'en prendre à elle ! Elle se recroquevilla et baissa les oreilles. La première fille de Gaor lui parla, mais bien trop dans l'optique de se faire attaquer, elle ne s'en rendit pas vraiment pas. A vrai dire, elle ne se rendit pas vraiment compte non plus qu'il s'agissait de Lagherta. La femelle sortit. Widys resta quelques instants interdit avant d'être soulagée.
Quelques instants après, la lumière de la tanière fut obstruée. Elle leva rapidement le museau, la peur l'assaillant de nouveau. Elle pensa au fait que ça pourrait être Yogrenn. Elle fut rassurée de voir que ce n'était guère le cas et qu'il s'agissait de Natasha. Elle soupira de soulagement.

Widys, c'est moi, Natasha. Concentre toi comme tu sais le faire. Respire, ton instinct prendra le dessus. Tu sais déjà quoi faire. Montre moi que je peux être fière de mon élève.

La queue de Widys battit le sol. Voir la vieille caverne la rassurait grandement. Celle qui fut sa maîtresse d'apprentissage, passait la voir régulièrement depuis le terme de sa gestation. Malgré ses rhumatismes, elle faisait le chemin entre sa tanière et celle-ci. Natasha n'était pas non plus dénuée de mouvements, mais elle avait des douleurs et devait se ménager. En tout cas, le stress qu'elle éprouvait s'était envolé. Elle avait des petits à sortir et Natasha lui en donnait le défi. Bien sûr, elle le relèvera haut la patte !

La vieille louve s'écarta pour laisser passer Gaor. Une fois de plus, sa queue battit le sol. Son amour était là. Le pauvre avait dû forcer son allure pour rejoindre la tanière. Bien que souvent, les femelles mettant bas sont plutôt agressives envers les personnes environnantes, Widys laissa son mâle l'approcher et s'installer. Elle n'avait pas de crainte le concernant. Elle savait pertinemment qu'il ne ferait pas de mal à leur progéniture. Ni à elle. Lagherta entra ensuite dans la tanière et vint se placer juste devant eux. Widys se recroquevilla de nouveau. Le contact la crispa. Elle fixa Lagherta du coin de l’œil, plus à l'aise.

Tout se passera bien. Je reste là, au cas-où. Et puis je veux rencontrer immédiatement mes frères et sœurs.

La phrase qu'elle prononça, lui fit dresser l'échine. Non ! Ils sont à elle ! Ce sont SES petits ! Pas question qu'on les lui vole ! Elle retroussa un moment les babines et un grognement se fit entendre. Seulement, ce ne fut pas le sien. La mère leva les yeux. C'était Natasha. La vieille louve venait de grogner, en direction de Lagherta. Elle la fixait, mécontente.
Après ça, Widys secoua la tête. Lagherta n'allait pas les lui voler, pas vrai ? Il n'y avait pas de quoi paniquer et se montrer hostile. Comme si elle avait comprit le message lancé par Widys et Natasha, la jeune guerrière se plaça à l'entrée de la tanière avec Natasha. Intérieurement, la médecin en fut soulagée et elle se détendit. En plus de cette nouvelle prise de panique, elle s'était sentie opposée d'être collée ainsi à Gaor et Lagherta.

Les contractions revinrent et elle poussa comme il se soit. Après plusieurs minutes, durant lesquelles elle eut un peu de mal, le premier petit sortit de ses entrailles. Elle s'empressa de se recroqueviller pour le lécher et le soulever jusqu'à son ventre. En attendant que le second pointe le bout de sa truffe, elle inspecta le nouveau-né qui déjà s'agitait et poussait de petits cris. Elle ne constata pas de malformation, ce qui la rassura. Néanmoins, elle en avait trois autres à expulser et elle aurait cette pointe d'angoisse à chaque fois.
La mise bas dura environ une demi-heure. Elle avait quatre beaux louveteaux à son ventre : deux mâles et deux femelles. Aucun d'eux n'avait de malformation. Du moins, apparente. Deux d'entre eux, un mâle et une femelle, étaient un parfait mélange des parents. Tandis que pour les deux autres, la seconde femelle tenait de Widys et le second mâle de Gaor. La portée était décidément parfaitement équilibrée ! Elle ne pouvait en être plus ravie !

Gaor, si nous choisissions les noms plus tard ? Je dois me reposer. Dit-elle, alors qu'elle s'était recroquevillée autour d'eux de façon protectrice et bienveillante.

Gaor accepta. Il fallait qu'elle se repose, il le voyait bien. Ce n'est pas dramatique si les petits ne sont pas nommés de suite. Ça leur laissait le temps de repenser à la potentielle liste qu'ils ont chacun élaboré. Ou de réfléchir à des noms si ce n'était pas déjà fait.
La jolie caverne avait fermé les yeux. Ainsi, elle ne fit pas attention à Natasha qui posait sur Gaor un regard fort appuyé. Alors que son compagnon et son ancienne mentor chuchotaient au loin, elle s'endormit avec ses louveteaux.