Lagherta

Guerrière — Source

Triste sort

Je priais pour que la réponse de la vieille caverne ne soit pas celle qui allait venir. J'avais beau espérer, je savais quelle réponse allait sortir de la gueule de Natasha. Edwin avait succombé, c'était inévitable. Quelqu'un n'aurait pas risquer de venir si proche de la tanière d'un alpha pour commettre un méfait, surtout dans la tanière qui appartenait à la fille de l'alpha ainsi qu'à son propre garde du corps, pour laisser la tâche inachevée, c'était évident. Mais qui était venu ? Un caverne, c'était indiscutable, ils avaient une odeur bien à eux, même si elle était mélangée à l'odeur du clan de la Source...

A mon entrée dans la tanière, la vieille louve se retourna pour me regarder et rien que son regard suffit à confirmer ce que je redoutais. Edwin était bel et bien mort. J'avais failli à ma tâche, je n'avais pas su protéger le frère de P'pa. Je l'avais laissé seul dans la tanière, alors que c'était à moi de veiller sur lui aujourd'hui... Combien P'pa m'en voudrait-il ? Saurait-il me pardonner un jour d'avoir laisser son propre frère mourir ainsi ? Et leur mère, Amélia, comment allait-elle prendre la nouvelle. Me détesterait-elle avant même de me connaître, pour ne pas avoir su protéger son fils, comme l'alpha nous l'avais demandé ? Elle avait clairement envoyé ses enfants auprès de Gaor pour qu'ils soient protégés et nous avions échoués, lamentablement. Jamais je n'aurais dû le laisser seul dans notre tanière, pour aucune raison, soit-elle bonne ou non, valable ou non... Ce pauvre petit était mort, et c'était entièrement ma faute... Natasha prit enfin la parole :



Le fait qu'il n'ait pas eu le temps de souffrir m'apporta un semblant de réconfort, mais la tristesse et surtout la culpabilité continuaient de m'accabler. Comment cela, nous lui avions offert une vraie vie de famille... Il avait peur de nous. Il commençait tout juste a accepter la nourriture que je lui apportais, sans que ce ne soit à sa soeur de lui donner... Il refusait que je l'approche de trop près. Ce petit loup avait vécu dans la terreur durant presque tout le temps qu'il avait passé dans ma tanière. Ce n'était pas une vie de famille... J'avais essayé tant bien que mal de lui faire comprendre que je ne lui voulais que du bien, mais il s'obstinait à continuer de me craindre et à me fuir...



Je savais que mes paroles étaient méchantes et crues envers la jeune louvette, mais je n'en avais cure, car fondamentalement, je savais qu'elles étaient vraies... Mais j'avais besoin de savoir qui était avait osé s'introduire dans la tanière de la fille de l'alpha, en personne, si proche de celle de l'alpha, qui plus est, pour commettre un tel acte. Même si je me doutais déjà de la réponse, je voulais tout de même en avoir le coeur net :



Puis, quelque chose d'autre me frappa. P'pa... Il fallait l'avertir... Ce qui voulait également dire que ça allait sans nul doute gâcher la merveilleuse journée qu'il passait avec la naissance de ses petits... Il allait être absolument furieux...



Cette fois, s'en était trop, et les larmes inondèrent mon visage. Je n'avais même pas eu le temps de faire connaissance avec ma grand-même, et après ce qu'il venait de se passer, elle ne voudra sans doute même jamais entendre parler de moi... Cette journée n'aurait dû être que réjouissance pour la portée née d'un alpha de la meute. Et elle allait se terminer en véritable drame familial... C'était si injuste. P'pa avait tellement enduré, il méritait le bonheur ! Une seule journée de bonheur pur, c'était vraiment trop demandé aux Dieux, après tout ce qu'il avait déjà enduré...

Lagherta

Guerrière — Source

Triste sort

La vieille louve me regarda sévèrement suite à mes paroles méchante envers Sygrid, mais je m'en excuserais pas. J'étais convaincue d'avoir raison. La mort de son frère ne lui ferait sans doute pas ressentir grand chose... Je savais que ce n'était sans aucun doute pas la faute de Sygrid, mais de son père et de l'éducation qu'il lui avait donnée. J'avais pu en apprendre un peu plus sur Yogrenn et quelques coutumes des cavernes lorsque j'avais parlé avec Wydis... La vieille louve aux cheveux noirs refusa ensuite de répondre à mes questions sur le responsable de ce drame, dans ma propre tanière :



Je fus soulagée d'apprendre que P^pa était déjà au courant. S'il avait fallu, je lui aurait annoncé, mais j'étais soulagée de ne pas avoir à lui annoncer la mort de son frère... La froideur de la louve me faisait autant de bien que ce qu'elle me faisait mal. Elle semblait ne pas être atteinte par ce drame... Ou alors peut-être faisait-elle passer son devoir avant, et qu'elle se laisserait aller à ses émotions plus tard ? Finalement, je répondis :



Puis, s'en fut trop pour moi, et cette fois, les sanglots me submergèrent et les larmes inondèrent mes joues. A mon grand étonnement, la mine sévère de la vieille louve se décomposa, ses oreilles se baissèrent et elle s'approcha de moi. Elle me prit entre ses pattes et me consola doucement, me serrant contre elle. Le contact de son corps me fit du bien. Puis elle reprit la parole d'une voix plus douce :



Je reniflais bruyamment. Imaginer transporter ce corps sans vie, de creuser un trou, puis de le recouvrir, cela me paraissait au-dessus de mes forces. Mais j'étais censée protéger ce petit, et j'avais failli à ma tâche, alors je lui devais au moins ça... Je hochais la tête, puis m'éloignais de la vieille louve, m'approchant du corps du petit Ewdin qui avait vécu avec nous durant quelques semaines. J'avais presque rêver du moment ou les deux jeunes s'en iraient de notre tanière, pour que Keiss et moi puissions retrouver une vie de couple normale, et pourtant, cela me faisait un choc de pensé que l'un d'eux ne serait plus jamais là désormais...



J'attrapais ensuite le jeune loup par le cou et le hissais sur mon dos. Je ne pouvais me résoudre à la porte par la peau du cou et le laisser pendre inanimé, ballottant au gré de mes pas, comme une proie tuée... Puis, accordant un dernier regard reconnaissant à la vieille caverne, je sortis de ma tanière. Veillant à ne pas être vue, je me faufilais hors du camp, par le chemin le moins peuplé, me cachant dans les buissons afin de ne pas être vue. Je ne pourrais pas supporté les questions si on me voyait avec le corps du jeune loup mort sur le dos...

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