Lagherta

Guerrière — Source

Chagrin et culpabilité

Le corps du jeune loup ne pesait pas grand chose sur mon dos, physiquement. Mais émotionnellement, son poids était absolument insupportable. Malgré tout, je ravalai mes larmes et continuais d'avancer. Je savais exactement où je voulais enterré le petit Edwin. Et le chemin ne fut pas long. Rapidement, je débouchais sur cette clairière magnifique en marge de la forêt, elle était remplie de fleur et un arbre immense trônait au centre de la clairière. Je déposais délicatement le corps sur le sol, puis je m'atelais à la tâche. Creuser entre les racines de l'arbre me prit plusieurs heures, mais cela me permettais de ne pas pleurer. Je ne voulais pas que n'importe quel charognard puisse le déterrer et le manger... C'est pourquoi j'avais choisi de l'enterrer profondémment, entre les racines monstrueuse de l'arbre. Creuser ce genre de sol était dur et laborieux, cela en dissuaderait déjà bon nombre. Puis ensuite, l'odeur de loup en repousserait encore un certain nombre.

Lorsque le trou entre les racines fut suffisement grand à mon gout, j'en tapis le fond d'herbe fraîche pour lui faire un nid douillet. Et enfin, délicatement, je déposais le frêle petit corps et après un moment de silence, j'entrepris de reboucher le trou, tout en tassant bien la terre afin qu'elle soit difficile à creuser, ce qui achèverai de protèger le corps contre les charognards. Une fois ma tâche enfin achevée, je m'assis sous l'arbre, face au soleil couchant, et je restais là, en silence, jusqu'à ce qu'il soit couché. C'était une manière pour moi de lui accorder un dernier adieu, et j'espèrais qu'il avait pu trouver le chemin vers le ciel, et qu'il n'était pas seul là-haut, qu'il avait pu trouver quelqu'un pour veiller sur lui...

Une fois le soleil couché, je repris la route de ma tanière, mais je décidais de faire un détour, passant par une clairière, j'arraichais de l'herbe fraîche, de long brins d'herbe bien fraîche, qui sentait fort. Il nous était impossible de changer de tanière, c'était la plus proche de celle de P'pa, et plus que jamais, il aurait besoin de Keiss près de lui, pour veiller sur Wydis et les petits, au cas-où. Mais je ne supporterais pas de vivre dans une tanière ou régnait l'odeur de la mort d'Edwin. De plus, Keiss allait rentrer avec Sygrid, et même si je pensais que la mort de son frère ne lui ferait sans doute pas grand effet, je ne voulais pas la laisser vivre avec l'odeur de la mort d'un membre de sa famille. Cela aurait atrocement cruel de ma part... Alors je rentrais chez moi, la gueule remplie de touffes d'herbes hautes, n'accordant pas le moindre crédits aux regards choqués qui se braquaient sur moi lors de mon passage. J'entrais dans ma tanière, et un haut le coeur me parcouru en repensant à ce qu'il s'était passé ici il y a quelques heures à peine...

J'entrepris de tapisser le fond de la tanière avec l'herbe que j'avais récolté afin de couvrir l'odeur de la mort. Puis je me couchais à l'entrée de la tanière, ne supportant pas de m'y retrouver seule, attendant que Keiss et Sygrid reviennent. Il faudrait encore leur annoncer l'horrible nouvelle...

Lagherta

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Chagrin et culpabilité

La tête posée sur mes pattes avamt, couchée à l'entrée de la tanière, j'avais fini par m'endormir, en attendant le retour de mon compagnon avec notre protègée caractérielle. La journée avec été riche en émotions entre la naissance des petits de P'pa et Wydis, puis ensuite avec la découverte de la mort d'Edwin durant mon absence et enfin, l'enterrement que j'avais ensuite offert au pauvre petit... La journée me semblait interminable, et j'espérais qu'elle allait se terminer rapidement, même si je savais que lorsque mon amour allait arriver, il faudrait que je leur raconte ce qu'il s'était passé. Que j'annonce à Keiss que nous avions échoué dans la tâche de protéger ces deux jeunes... Et que j'annonce à Sygrid que son frère n'était désormais plus là...

Après un moment je m'étais réveillée et c'est le regard presque dans le vide, et le vague, envahie par la tristesse, que je vis enfin arrivé mon compagnon. Aussitôt qu'il me vit, il se précipita vers moi et me demanda ce qu'il se passait. Rien que le fait qu'il s'inquiète pour moi, et qu'il ai su si facilement que quelque chose n'allait pas, fit ressortir le tout et je fondis en larme tout en racontant :



Les larmes avaient envahi mon visage et leur flot ne semblait plus vouloir s'arrêter. Je me levais et vint placer ma tête dans son cou, j'avais bien besoin d'un câlin... Comment une journée qui avait si bien commencé pouvait se finir d'une façon aussi tragique. Cette journée n'aurait dû être que joie et célébration face à l'arriver des louveteaux de P'pa et Wydis. Et à la place, je pleurais tout mon saoul suite à ce drame affreux qui s'était produit. Regardant autour de nous, je me rendis enfin compte que la jeune caverne ne se trouvait pas avoir mon compagnon et je demandais, appréhendant la réponse :

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Chagrin et culpabilité

Mon amour me laissa parler, tout déballer, ce qu'il s'était passé, mon sentiment d'échec et ma tristesse face à la mort de ce pauvre petit qui n'avait rien fait à personne. Il resta simplement là, m'apportant son réconfort par sa simple présence, me laissant pleurer dans son encolure. Et même s'il restait étrangement silencieux, sa présence me faisait du bien. Finalement, lorsque je lui demandais où était Sygrid, il répondit simplement :



Je relevais mon regard vers lui. Il semblait en paix avec sa décision. Et je ne doutais pas que si Yogrenn était venu la chercher de force, que Sygrid avait clairement exprimé qu'elle ne souhaitait pas le suivre, il serait intervenu pour la défendre, selon les ordres de P'pa. Mais comme il me rapportait la situation, elle avait pris sa décision elle-même. C'est elle qui avait décidé de suivre son père.



Je léchais tendrement le museau de mon bien aimé et lui fit encore un câlin avant de demander :



Je m'étais assez apitoyée sur mon échec, il était temps aussi que je m'inquiète de savoir comment lui prenait la chose. S'il se sentait bien, s'il n'était pas trop affecté par la mort d'Edwin et du départ de Sygrid. Gaor lui avait donné pour ordre de les protéger et de prendre soin d'eux. Quelque part, il avait échoué à la tâche qui lui avait été confiée, et je savais qu'il n'aimait pas échoué ou décevoir mon père. Et je pouvais le comprendre, P'pa lui avait donné une chance en l'accueillant dans la meute, puis, il lui avait sauvé la vie lors de l'attaque de Guerre, et ensuite, il lui avait donné sa bénédiction pour être avec moi, certes un peu durement, mais les faits étaient là. Je savais que le fait que son alpha puisse être fier de lui était important pour Keiss...

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Chagrin et culpabilité

Mon beau loup ne répondit pas à la question concernant son état à lui vis-à-vis de cette situation, mais je n'insistais pas. A la place, il déclara simplement que Sygrid avait pris une décision qui la plongerai certainement dans le malheur pour le reste de sa vie, mais que c'était son choix malgré tout. Je ne pensais pas comme lui. Sygrid était jeune et même si elle avait choisi elle-même de rejoindre son père, j'étais convaincue qu'un peu plus de temps entourée de bienveillance et d'amour, aurait pu suffit à ce qu'elle choisisse cette voie plutôt que celle que son père lui avait inculquée. Mais nous ne le saurions sans doute jamais... Lorsqu'il reprit la parole, la voix de Keiss était un peu plus grave :



Il était couché contre moi, et je me laissais aller contre son corps chaud et réconfortant. Il avait raison... Si Yogreen avait fait tué Edwin, il risquait bien de s'en prendre au reste de la famille. Wydis, les petits, P'pa, ou même moi... Mon amour ajouta d'une voix douce et réconfortante :



Je plongeai mon regard dans le sien et je lui léchais tendrement le museau avant d'ajouter doucement, posant ma tête sur ses pattes avant :



Puis mes yeux se fermèrent tout seul et le sommeil m'emporta sans que je ne puisse résister. La journée avait été longue et lourde d'émotions. La tête de Keiss se posa sur ma nuque et sa respiration devenant régulière et calme m'assura sur le fait que lui aussi s'endormait doucement.