Platalya avançait d'un pas vif. Kaala était rentré au camp faire un rapport à Alam à propos d'une créature qui aurait attaqué un autre loup. La créature était apparemment du clan de la Terre. La chienne étant l'une des guerrières les plus robustes du clan de l'air, son chef d'armée lui avait confié la mission de le ramener à Karara. L'alpha de la terre était connue pour être une dure à cuire, la chose passerait probablement un mauvais quart d'heure. Elle sourit à cette idée, sachant cela, il allait sûrement se débattre, ce qui lui donnerai l'occasion de se défouler un peu.

Elle arrivait au point de repère que lui avait indiqué l'espionne quand elle vit la chose bouger. C'était orange, en pierre semblait-il. Usait-il de son pouvoir? Elle écarta cette possibilité, vu l'état dans lequel il était il ne pouvait clairement pas l'utiliser. Elle s'approcha en trottinant, appréciant les dégats d'un oeil satisfait. Le loup de l'eau avait bien fait de lui projeter cette colonne dessus. Il était en train de se démener pour en déloger ses postérieurs quand ils se brisèrent dans un craquement désagréable. Au moins il ne pourrait pas fuir, ce n'était pas plus mal.

Il la regarda puis sembla renoncer. Il exposa sa gorge, fermant les yeux. Elle soupira, elle n'aurait même pas à le secouer un peu pour le dissuader de fuir. Elle l'attrapa par la nuque, comme un chiot. Et, laissant ses morceaux brisés où ils étaient, elle entrepris de le porter en direction du clan de la terre. Grognant sous l'effort, elle compris qu'il n'avait pas simplement l'apparence de la pierre mais qu'il en était composé. Ce n'était pas naturel... Aucun pouvoir ne provoquait un changement définitif de la composition du corps. Elle leva les yeux au ciel. Après tout elle n'avait qu'à le ramener à Karara, le reste n'était pas son problème.

Arrivés à la sortie du chateau, le loup orange sembla réaliser ce qui lui arrivait. Il commença de remuer et de s'agiter, rendant la tâche de la dogue plus complexe. Elle le lacha par terre sans ménagement. Il se mit à ramper lamentablement en direction de leur point de départ. Elle posa sa patte sur son dos en s'y appuyant de tout son poids. ce n'était pas un combat très intéressant mais au moins elle évacuait un peu de frustration

Non... At... Attendez... Laissez-moi... Mon corps... Je dois le remettre en état...

Elle éclata de rire, voilà qu'il voulait se réparer! Il n'avait aucune idée de ce qui l'attendait, ni d'où elle le ramenait. Elle essuya une larme de son autre patte et respira à grands coups pour calmer son fou rire. Dommage qu'elle doive le rendre à Karara, après tout l'alpha le tuerai probablement, à quoi bon ne pas en profiter pour le faire elle même. elle soupira, Alam lui avait confié une mission, elle n'allait pas se mettre à discuter ses ordres... même en son absence.

T'inquiète pas va. Là où tu vas, t'en auras pas besoin de tes morceaux. Il se pourrait même qu'on t'en arrache quelques autres.

Puis elle grogna en le resoulevant par la nuque. Le chemin serait long, elle comptait passer par la plage Naigma, pas question de rentrer dans cette forêt maudite où on s'endormait pour ne jamais se réveiller. cela serait sûrement plus pénible car avec le poids du caillou, elle s'enfoncerait dans le sable, mais ça valait tout de même mieux. Elle espérait ensuite tomber sur un loup de la terre qui pourrait la guider jusqu'au camp.

Le loup orange continuait de remuer et de chouiner. Platalya prit son partit de ne pas répondre et de se concentrer uniquement sur sa progression inégale dans le sable chaud. Les embruns portés par le vent la rafraîchissaient. Elle serra un peu plus la mâchoire, assurant mieux sa prise sur l'asticot de pierre. le roc crissa sous la pression des crocs.

Elle entendit un sifflement strident venir dans sa direction, croyant à une attaque elle relâcha légèrement son fardeau pour parer à toute éventualité. Un éclair orange percuta le loup et le projeta dix mètres plus loin dans un écran de fumée jaune. La dogue grogna, voilà qu'on essayait de lui assassiner sa proie. Elle chercha autour d'elle mais ne senti, ne vit, ni n'entendit personne d'autre que son propre coeur. Puis venant de l'écran de fumée, une voix gutturale retentit.

Il est beaucoup trop... Puissant... Il vous balayerais d'un mouvement de queue, s'il savait ce que vous faites.
Je ne vais pas me rendre, guerrière... Si tu me veux, alors viens me chercher !

Du loup orange qui avait provoqué l'écran de fumée, il ne restait qu'un squelette qui s'avançait vers elle. Elle sourit, briser des os était plus amusants que faire couler le sang. Ses plumes se mirent à vibrer et les voix recommencèrent à l'encourager à combattre. Pour une fois elle ne les feraient pas taire. Cette saleté de caillou avait tout fait pour lui mettre des batons dans les roues. Elle n'était plus très loin du clan de la terre et elle l'y conduirait. Que ce soit entier ou en petits morceaux.

Le loup squelette de cristal se jeta sur elle. Elle l'évita aisément puis se plaça sur son flanc. Elle se jeta de toute sa masse contre lui et l'envoya bouler plus loin. Elle entendit la pierre grincer sous le choc. Ce n'était qu'une mise en bouche. Elle ne lui laissa pas le temps de se relever et se plaqua sur lui, prenant une de ses pattes dans ses puissantes mâchoires. Elle avait brisé des os toute son enfance, celui là était de pierre mais elle était plus forte qu'avant. Elle le secoua violemment faisant grincer le cristal de plus belle, elle sentit qu'il se produisait une fellure quand il parvint à la rejeter un peu plus loin. Il lui avait entaillé le flanc d'une griffe. Son sourire se transforma en rictus de folie. La plage allait se transformer en bain de sang. peut-être son sang rougirait-il le sable doré, mais il reposerait dans un nid de pierres précieuses.

Le squelette se rua de nouveau sur elle mais, manquant sa gueule de peu, il attrapa sa corne. Elle grogna mais il lacha vite prise comprenant l'inutilité de son attaque. La patte qu'elle lui avait arrachée revint se fixer sur lui, le déséquilibrant. Il rappela à lui touts les petits cristaux en suspension dans l'air, se recréant un corps "normal".

Platalya éclata d'un rire dément, elle pourrait le déchiqueter encore, et encore, et encore qu'elle pourrait toujours jouer avec le golem. profitant de son hilarité, il se jeta sur elle, transformant ses pattes avant en énorme trident. Elle projeta quelques plumes d'acier d'un coup de tête sec vers les yeux d'opale. L'aveuglant momentanément. Elle profita de son bond pour se placer sous lui et, levant la tête, elle planta sa corne dans le ventre offert, ouvrant son ventre sur toute sa longueur. Il était de pierre elle savait qu'il ne mourrai pas. Elle l'entendit s'étaler au sol un peu plus loin. Puis elle sentit une douleur sourde lui marteler le crâne. son oreille droite bourdonnait et elle sentait un liquide chaud couler dans sa nuque.

Elle passa sa patte sur sa tête et interdite regarda le sang qu'elle avait sur les coussinets. Le trident du golem avait tranché son oreille, emportant un bon lambeau de chair de son crâne en partie exposé à l'air libre à présent. C'était bénin pour elle mais ne pas entendre des deux oreilles serait gênant pour une guerrière... Elle sentit la colère monter d'autant plus en elle. Les voix hurlaient maintenant. Elle devait mettre à mort cette chose.

Elle s'avança vers lui les yeux rougis de haine et de colère. Il tentait de se redresser pour l'affronter de nouveau mais elle ne lui en laissa pas le temps. Elle se jeta sur lui et le pris par la nuque. Elle le secoua de toute ses forces, le projetant contre un arbre plus loin. Le craquement sinistre marquait la fracture de sa colonne vertébrale.

Elle revint doucement à la raison, Alam lui avait confié une mission. Le golem n'était pas mort, juste immobilisé pour quelques heures de plus. Elle n'était plus très loin de la terre. Elle alla se rincer du sang qui avait rosi sa belle robe blanche dans les vagues, le sel la brûla atrocement, ravivant un peu sa colère, mais ça désinfecterai la plaie pour le moment. Elle retourna vers la forme immobile. Il respirait encore. Elle ramassa son oreille toujours prise dans les griffes de l'autre. Elle était dans un tel état que même le meilleur des médecins ne pourrait la lui recoudre. Elle soupira, creusa un trou et y enterra ce petit morceau d'elle même. Elle revint vers sa victime et lui donna une gifle rageuse.

Elle le repris entre ses puissantes mâchoires et repris sa marche dodelinante sur le sable fin.