Ces derniers mois avaient été particulièrement intenses pour la femelle assassin.

Cela avait commencé par la mort de son oncle, il y avait bientôt un an, son mentor au combat.

Il n'y eu plus grand chose depuis, et alors le clan perdit deux loups, Léone et Svalrog. Ellana avait vu son tout premier chef d'armée, Tanyxoth, gagner son duel contre son second chef d'armée, Svalrog. Le premier était donc devenu alpha et le second avait été enterré dans les plantes. Les deux alpha avaient quelques jours plus tard annoncé le nouveau chef d'armée qui prendrait la suite du loup dragon et Ellana avait été surprise et contente du choix des deux mâles. Tout semblait aller pour le mieux, mais il y avait d'ici un mois, son père avait à son tour rejoint les étoiles.

Il était resté longtemps parmi eux, mais sa disparition, bien que prévisible, avait laissé un grand trou dans la vie de la louve cendrée. Depuis toute petite, elle avait comme objectif de surpasser son père, d'être aussi éminent que lui, d'obtenir à sa mort le titre d'assassin d'élite.

Gothic était mort et il avait emporté son titre avec lui. Ellana s'en était rendue compte, à moins qu'une guerre n'éclate à nouveau sur le pays, les assassins comme elle étaient devenus inutile. Comment pourrait elle prouver sa valeur ainsi?

Elle avait trouvé une réponse dans les jeux organisés par le désert. Elle avait finie deuxième de la course, un effort d'endurance tel qu'arriver deuxième pour une louve de la carrure d'Ellana était déjà un exploit en soi. Ellana avait encore brillé à l'épreuve de la chasse, en équipe avec sa soeur. Et ces deux réussites avaient pu effacer son échec misérable au combat. Si elle ne pouvait montrer sa valeur en tuant des gens comme le voulait son rang, elle l'avait prouvé autrement par ces jeux, et c'était une bonne consolation en soi pour elle.

C'était comme une finalité à l'objectif qu'elle s'était toujours donnée. Mais depuis, que faire? Le trou que son père avait laissé ne se comblait pas. Ellana n'avait plus d'objectif.

Puis elle avait observé les nourrices. Peut être que des petits..

En réalité, elle y pensait déjà depuis plusieurs années. Mais la louve de six ans avait laissé ça de côté, désireuse de remplir son objectif de vie et sachant que des petits dans les pattes ne feraient que l'en éloigner. Mais à présent, pourquoi pas?

Elle n'avait pu offrir à son père ce plaisir d'être grand père, elle ne voulait pas le retirer à sa mère. Elle savait que si elle n'engendrait pas de descendance, ses soeurs ou ses frères le feraient. En soi, Maman était déjà grand parent, car Rahawk, là bas au loin, avait certainement déjà engendré des petits. Mais s'ils existaient, ils étaient loin, et peut être qu'ystrelle ne les verrai jamais.

Mais elle y pensait de plus en plus aussi pour elle. Des petits pourraient l'occuper, maintenant qu'elle ne s'entrainait plus de manière acharnée et ne profitait que des entrainements d'escadron. Peut être qu'elle pourrait combler ainsi le trou dans son coeur que son père avait laissé.

Mais il y avait là encore un autre problème, avec qui?

Elle constatait que de plus en plus, les petits nés l'étaient par amour, plus que par choix génétique. Sa mère avait choisi gothic pour ses gènes, et cela avait donné une portée de petits forts et respectés, Ellana était le fruit de l'amour, comme beaucoup de loups de sa génération et des suivantes.

Mais elle n'avait personne à aimer pour ça. Toutefois elle ne s'en formalisait pas. elle voulait des petits forts, des petits dignes d'être des Gothic, et il lui fallait trouver les bons gènes.

Elle écarta donc tous les loups qu'elle jugeait trop faible, les loups déjà pris, les loups qui tournaient autour de ses soeurs, et il ne lui resta plus grand chose.

En réalité, il ne restait qu'Heimdall, ce qui était somme toute ironique.

Il avait tout pour plaire à un loup qui cherchait de bons gênes, et au fond d'elle, Ellana était persuadée que son père aurait approuvé cela.


les chaleurs arrivées, la louve s'était donné une semaine pour s'assurer de son choix, mais maintenant, elle en était certaine, ses petits seraient des fils d'Heimdall.


Elle le trouva, assez ironiquement, à la forêt des rêves bleus. Beaucoup de choses s'étaient passé là pour elle, tout au long de sa vie.


Elle le connaissait depuis qu'elle était toute petite, il n'y avait pas entre eux le respect des rangs.

De long en large, elle expliqua au vampire son cheminement de pensée, tout ce qui l'avait amené à prendre cette décision et à inclure le vampire.




Tout ce qu'Ellana voulait, c'était ses gênes, elle ne voulait ni vivre avec lui ni lier une relation plus franche. Après quelques instants de réflexion, le loup ailé accepta, et ainsi Ellana lui offrit son corps. Quand tous deux furent séparés, la louve remercia le chef d'armée et s'en alla, elle n'aurait jamais pensé qu'elle ferait sa première fois avec l'un des meilleurs amis de son père.

Le destin funeste des loups immortels était de constamment voir leurs amis et leurs proches mourir.

Heimdall avait seize ans, mais pas une ride. Physiquement, il était ressemblant à un loup dans la force de l'âge, pas un poil gris sur le museau, pas une ride à côté des yeux, pas de dent pourrie, pas de griffe déchaussée. Et pourtant il avait seize ans.

Mais Heimdall était un vampire, l'un de ces immortels qui au fond vivaient seuls et avaient cette malédiction de survivre à tout le monde.


Heimdall avait dis adieu à son ami de toujours. Le seul loup à qui il aurait donné son immortalité s'il le pouvait. Pour un immortel, il était encore très jeune, et avait peu expérimenté la perte de ses proches. Mais Gaor était parti, et Gothic peu après.

Souvent, le loup ailé les avait regardé, eux deux et Bélial, profiter de leur retraite, se dorant au soleil sans aucune responsabilité ni crainte.

Souvent, Heimdall avait imaginé se joindre à eux, profiter de sa propre retraite, rejoindre ses amis et discuter avec eux de tout et de rien. Mais il était chef d'armée, et le serait sans doute à jamais, et ses amis avaient profité du temps sans lui, et puis ils étaient morts.

Le vampire, fier au poste, avait vu se succéder plus de cinq alphas, et lui gardait d'honorer son rang. Récemment, il avait du prendre en charge un escadron supplémentaire, doublant son poids de travail, les efforts et l'attention que cela lui demandait. S'il s'en sortait très bien avec un escadron, le sien, voir son groupe doublé fut une tâche rude. Fort heureusement, cette dernière ne dura que quatre jours et le nouveau chef d'escadron pris rapidement ses fonctions.

Mais le loup ailé se sentait plus seul que jamais. Il continuait de voir son unique fils, Heindrick, aussi souvent qu'il le pensait, mais leur réunions s'étaient d'elles même espacées, comme si le solitaire avait grandit et n'avait plus besoin de lui. mais même si ces derniers mois, le vampire avait du mal à trouver un moment pour parler à Heindrick, il savait que ce dernier était toujours content de le voir.

Heimdall savait qu'un jour, Heindrick aussi finirait par mourir, laissant le loup seul à nouveau.

Tout cela conduisait le mâle à vagabonder souvent, seul, dans des endroits qu'il espérait peu fréquenté. Aussi fut-il étonné de voir Ellana, la fille de son défunt ami, débarquer pour le voir.

Il dut s'asseoir quand elle parla, longtemps, de tout ce à quoi elle pensait. Heimdall était un franc parleur, il s'agaçait facilement quand les autres tournaient si longtemps autour du pot, mais s'il s'attendait à une chose de la part d'Ellana, ça n'était certainement pas ça.

Il la regarda quelques temps, sans lui répondre, la tête penchée en réfléchissant. Ses arguments étaient juste et elle n'avait pas tord. Bon dieu que penserait Gothic?

Mais... Mais au fond, cela lui donnerait à nouveau la sensation d'appartenir à quelque chose de plus grand. Si Ellana ne voulait pas de lui comme compagnon, elle l'avait choisi comme père génétique, et ne refuserait pas qu'il cherche à se rapprocher de ses petits comme un père, un vrai.

Il avait donc hésité, et la louve s'était donnée à lui.

Au final, il la regarda partir, ne réalisant pas encore ce qu'il venait de faire, mais rien de mauvais ne pouvait en découler.


Certainement rien de mauvais.