15 juillet 270

Cynthia est toujours un mâle. À présent, ça fait quatre mois que la forêt l'a transformé. Visiblement, il n'y a pas de remède à son cas. Quelques religieux sollicités ont tenté de rompre le sortilège dont Cynthia était victime, mais aucune incantation n'eut fait effet... L'idée qu'il restera sans doute avec ce sexe jusqu'à la fin de sa vie, s'ancrait de plus en plus en lui. Néanmoins, il conservait une part de conviction et d'espoir de retrouver sa véritable forme ! Mais heureusement, il s'était habitué à son corps de mâle depuis. Il y avait juste le cas des ruts et chaleurs, qu'il n'était pas sûr de bien contrôler encore...

Dans ses rêves, lorsque la forêt venait se moquer, il la combattait à chaque fois. Cela fait d'ailleurs environ un mois qu'il a commencé à essayer de déclencher des rêves lucides, pour que ce soit lui qui lui tombe dessus. Il a même tenté de l'affronter directement en s'endormant une autre fois dans le territoire le hantant. Par contre, il se fait berner parfois et c'est bien chiant quand ça arrive. La présence de son apparence femelle dans ses songes est à double tranchant : des fois, elle est bien lui-même, celle qu'il essaye de retrouver, mais parfois, c'est la forêt qui se cache derrière, s'amusant à prendre cette apparence. De ce fait, il arrive qu'il s'attaque lui-même ou alors, il se fait piéger par son faux homonyme. Il ne combat pas tous les soirs et il ne peut se souvenir de tous ses rêves, mais il est certain d'avoir le dessus pour l'instant, même s'il se fait avoir parfois. Peut-être qu'il retrouvera bientôt sa véritable apparence et sans l'aide de personne.

En tout cas, pour l'instant, il a d'autres démons à fuir : ses envies de mâle en période de chaleur. Pour ne pas répéter ce qu'il s'était passé les tous premiers jours alors qu'il découvrait ce que ça faisait d'être au sexe opposé, pour ne pas être à cran et irritable, éviter de se battre et pour ne pas reproduire un débordement comme il avait failli le faire avec Lavande : il s'est isolé. Encore plus que la première fois. La première fois, il croyait que les cascades à l'envers étaient un refuge suffisamment loin des effluves du camp. Or, c'est à cet endroit qu'il avait failli monter Lavande... Dès les premiers signes des chaleurs, il avait donc décidé de s'éloigner encore plus. Bien plus loin. Il avait pris la direction de la steppe aux lucioles. Au moins, c'était radical. Là-bas, il ne pourrait pas être tenté ou alors beaucoup moins. Le seul point dangereux dans ce secteur, est quand il va se désaltérer aux chutes magistrales, car Iria et ses prêtresses y sont... C'était une chose à laquelle il n'avait pas pensé en y allant. Il avait donc essayé de trouver d'autres points d'eau et la pluie l'y avait aidé, heureusement. Pour se nourrir, il pouvait compter sur ses talents de chasseurs. De plus, il pouvait aller pêcher à la mer.

Nous sommes le dernier jour des chaleurs et Cynthia se porte très bien. (14/100) Il n'a pas craqué une seule fois durant cette période, même en allant aux chutes magistrales et en sentant les bonnes odeurs des prêtresses. Alors certes, il a peut-être fantasmé sur une ou deux, mais pas plus. Pour ne pas tenter le diable, il y était allé que peu de fois. Il avait réussi à se contrôler tout du long de cette période, et même, l'absence totale de stimulation dans son coin lui avait permis de tarir ses envies. Elles étaient juste titillées quand il sentait une demoiselle dans ses parages, mais rien de plus. Il avait réussi à s'en éloigner assez vite les deux fois où ça lui était parvenu.

Actuellement, Cynthia guettait un petit animal, broutant proche de son terrier. Il devait s'approcher sans le moindre bruit, avec patience et sans se faire remarquer. Il fallait qu'il s'approche le plus possible avant d'essayer de lui fondre dessus. Autrement, la bestiole allait rentrer illico chez lui. La chasse de ce type n'est pas son fort, mais pas le choix quand on est seul et qu'il faut se nourrir. Il aimerait bien une bonne partie de chasse en groupe à traquer une grosse bête, mais ce n'est pas possible. Il aurait tout aussi bien pu tenter tout seul, mais pas de cervidé ni de bovidé à l'horizon. Alors, il fait avec ce qu'il a trouvé. (24/100) Il s'approcha encore, ne se faisant toujours pas remarquer. Évaluant être assez proche, il fit un mouvement en avant, sortant des herbes. Le petit animal réagit un peu trop tard, car le mâle l'attrapa entre ses mâchoires, l'écrasant entre ses dents. Fier de sa prise, il sourit avant de la secouer un peu et se mettre à la dépecer. Il s'installa, la dégustant à quelques centimètres du terrier.

Lorsqu'il termina son déjeuner, il fut temps pour lui d'amorcer son retour au campement. Dès demain, la période des chaleurs et des ruts sera fini. Il lui faudra environ deux jours (voir trois s'il traine) pour rentrer à sa tanière, alors cela laisse le temps aux courants d'air de faire disparaître les reste d'odeur qui flotteront dans l'air. Même s'il pensait trainer un peu, il avait tout de même hâte de rentrer et reprendre ses activités de chasseur en groupe. Il s'étira, s'ébroua et se mit en marche pour rentrer.