La mise-bas de Sygrid approchait à grand pas. Je m'y attendait depuis quelques jours déjà. J'avais entendu le hurlement de ma Reine au camp. Le travail devait probablement avoir commencé. Mais les mâles cavernes ne s'occupaient pas des louveteaux, c'est le rôle des louves. Alors, je restais à mon poste.
Un peu plus tard, le camp se fit un peu plus actif, et je vins voir ce qu'il se passait. Amélia arrivait, suivie de sa compagne, et bras-droit. Mais la seconde reine du clan était couverte de sang. Je ne savais pas grand chose d'une mise-bas, mais il semblait qu'autant de sang n'était pas bon signe. Je m'approchais de la seconde reine du clan, mais les deux vieilles louves semblaient venir droit sur moi. Pour la première fois depuis si longtemps que je ne m'en souvenais pas, elle avait la tête haute. Son regard se fixa dans le mien, puis elle s'adressa à moi :
—"Ma fille est morte. Je l'ai tué."
Mes yeux s'ouvrirent en grand. Elle avait tué sa propre fille et seconde reine ?! Non, mais elle avait perdu la boule ! Il n'était pas question que je laisse cela se faire ! Un grondement sourd sorti de ma gorge, venant du plus profond de mes entrailles. Certes, je n'aimais pas particulièrement Sygrid, mais elle était devenu notre reine, ma Reine. Elle avait gagné mon respect. Elle avait beaucoup évolué et elle avait fait de son mieux depuis la mort de son père. Amélia reprit la parole :
—"La folie instaurée par Yogrenn doit s'arrêter. C'était un montre assoiffé de pouvoir et de violence. Ce que je vous propose aujourd'hui, c'est un clan unis où chacun pourra aimer celui qu'il souhaite. Un clan où on l'en prend soin des autres et où les instants de faiblesse sont tolérés. La terreur doit cesser ! Je n'ai pas eu le choix. Ma fille allait continuer ce cycle de destruction. Nous devons retrouver notre gloire d’an-temps comme cela pu être avant Pandore. J'ai connu cette époque et je serai là pour vous guider. Malgré la peur, la violence, la persécution et les viols. Je suis restée. Aujourd'hui, je continuerai de faire le mieux pour notre clan."
Sur la première partie, j'étais à peu près d'accord avec elle. Le règne de Yogrenn avait été une véritable agonie pour les membres du clans. Mais Sygrid avait fait des progrès dans la gestion de la meute... Elle n'avait pas une vision aussi mauvaise que celle de Yogrenn... La seconde partie de son discours fit hérissé la fourrure de mon dos alors qu'un grondement sorti de ma gorge. Je pris la parole de ma voix grondante de colère :
—"Amélia, tu as perdu la tête ma parole. Tu as tué ta propre fille !!!"
Sa compagne s'avança et prit le relais, je lui jetai un regard noir, mais la laissait néanmoins parler :
—"Je te propose un combat à mort. Je serai la représentant d'Amélia, la reine légitime des cavernes, et toi le loup qui représente les arriérés. Le gagnant aura pouvoir le absolu sur ce clan."
Je hochais la tête en assentiment, incapable de vraiment parler. Un bon combat me permettrait de me défouler et de retrouver des idées un peu plus claires... J'attendis qu'Amélia et les autres, réunis autour de nous, se retirent pour nous laisser une place convenable pour le combat qui allait se dérouler immédiatement, et qui déciderais de la suite du clan des Cavernes.
La vieille mercenaire se jette sur moi la première et fonce dans mon épaule. Manque de chance son coup n'était pas assez fort, et c'est tout juste si je bougeais une patte afin d'établir un meilleur équilibre. Au passage, je tente de la saisir par a nuque, à portée de crocs. Malheureusement, ou plutôt heureusement pour elle, elle parvint à esquiver, et je ne me retrouvais qu'avec une vulgaire touffe de poils dans la gueule, que je recrachais immédiatement.
Elle ne perdit pas de temps pour tenter une attaque, droit au visage. De justesse je parvins à l'éviter. Néanmoins l'un de ses crocs érafla un peu mon museau. Je grognais, mais uniquement de frustration... Sans lui laisser le temps de réagir, je tentais d'attraper sa gueule avec la mienne, elles étaient si proches... Mais, rapide, elle parvint à esquiver mon entrave, et je ne fis que l’éraflé. Elle tente de m'envoyer un grand coup dans le côtes, probablement pour me faire tomber. Mais ma carrure imposante me permet d'encaisser le sol avec seulement le souffle couper durant quelques instants.
Sans attendre je tente d'attraper sa patte la plus proche, afin de la lui briser. Mais impossible d'attraper celle-ci. La vieille louve profita de sa proximité pour tenter de m'attraper à la cuisse. Dès que je vis ce qu'elle comptait faire, je tentais une esquive, elle parvint tout de même à m’érafler la cuisse de ses crocs, mais pas assez pour que ça saigne. Je tente d'attraper sa queue qui est à portée de gueule, mais sa queue file entre mes crocs avant que je ne puisse refermer la gueule dessus. De son côté, elle tente de saisir ma patte arrière, ce qu'elle réussi brillamment malgré moi. Elle tire dessus et je chute au sol, me retrouvant sur le dos. Immédiatement, elle se jette vers ma gorge. Pas question ! Pas encore ! Je donne un grand coup contre son ventre avec mes pattes arrières, afin de tenter de la déloger de sa place. Heureusement pour moi, c'est une réussite. Immédiatement, je me relève. Nous sommes à nouveau face à face, comme au début de notre combat.
Je fonce vers elle, face à face, la regardant droit dans les yeux. Au dernier moment, je me jette au sol et tente de lui saisir la patte avant, espérant pouvoir la broyer entre mes puissantes mâchoires. Manque de chance, elle parvint à esquiver, et sa patte glisse entre mes crocs, l’éraflant juste. Profitant de ma position, elle m'attraper à la nuque, mais je sais qu'elle ne pourra pas la briser d'un coup sec, je suis trop imposant, par rapport à elle, pour qu'elle puisse le faire. Je me redresse d'un coup et se trouve obligée de lâcher. La violence du choc lui a peut-être fait se mordre la langue ?
La louve est âgée, elle va finir par commencer à faiblir... Je me met à tourner autour d'elle, bien entendu, en bonne combattante expérimentée, elle suit le mouvement, et nous nous tournons autour. Je lance l'offensive, attaque son flanc. Je balance un grand coup de poitrail dans son flanc afin de la faire tomber au sol. Ma manœuvre réussi avec brio, la louve percuta violemment le sol. Aussitôt, je me jetai sur sa gorge que j'entaillais profondément. Le combat était terminé. La vieille louve avait perdu. Amélia tenta une attaque, probablement dans un élan désespérer d'amour, de voir sa compagne mourir. Je lui balançais un coup d'épaule afin de l'envoyer au sol. Elle n'avait pas à se mêler de ça, et elle ne faisait pas le poids contre moi. Je la regarde un instant, pour lui faire comprendre de ne plus rien tenté.
Je m'approche de la vieille louve agonisante, se vidant de son sang. Elle tente de parler, mais aucun son ne sort, hormis des gargouillis de sang. Je m'approche d'elle, et déclare :
—"Sygrid, tu as bien combattu. Je t'offre la mort rapide, pour t'éviter l'agonie..."
Sans attendre, je saisis sa nuque, et donne un grand coup de tête. Un crac sonore se fait entendre et sa tête tombe mollement sur le coté de ma gueule. Au même moment, le cri de sa compagne se fait entendre. Une agonie d'émotion, de voir son amour morte. Je peux comprendre cela, et c'est pourquoi je ne dis ou fais rien. Je repose délicatement la tête de la vieille combattante au sol. Cette louve s'est admirablement bien battue, mais il n'y avait pas d'autre issue possible... Je porte un regard sur la meute rassemblée autour de nous. Je lève le museau au ciel, et pousse un loup hurlement, afin de faire savoir que je suis désormais le nouveau chef de la meute. Après cela, je me tourne vers Amélia, toujours au sol. Je plonge mes yeux dans les siens, et d'une voix implacable, je lâche :
—"Amélia, en tant que nouvel alpha du clan des Cavernes, je te condamne à mort pour le meurtre de notre seconde reine, et donc haute trahison de ton propre clan."
Sans attendre, je m'approche d'elle, saisit sa nuque entre mes crocs, elle est molle entre mes crocs, comme si elle n'avait plus aucune volonté. Elle ne se débat pas, pas le moindre instant de survie... D'un coup sec, je l'achève. Je relâchai son cadavre mou sans la moindre douceur, qui s'effondra sur le sol avec un bruit mat. Elle avait tué notre Reine, et sa propre fille, elle ne méritait pas le respect.