Shaïlin dans son silence habituelle avait écouté les histoires d’Akui d’une oreille attentive bien que son esprit s’était rapidement mit à divaguer. Elle n’aimait pas passer plusieurs heures immobile les fesses sur le sol. En plus de nombreux désirs et de nombreuses idées la traversaient. Elle avait des idées de bêtises et des envies de franchir des interdits qu’elle n’était pas encore allé dépassée. Elle entendait souvent sa sœur râlait au sujet de son caractère. Mais Shaïlin était comme ça. Pas question d’être une chienne obéissante. Et le dieu en face d’elle savait très bien qu’elle ne pouvait de toute façon pas accepter de rester inerte pendant des heures. Mais il disait que c’était bon pour son apprentissage, alors elle s’y forçait, non seulement parce qu’elle était obéissante envers le dieu blanc. Mais aussi parce qu’elle voulait faire honneur à cette mère qu’elle aime tant.

Mais quand enfin elle fut libre de ses mouvements elle remua vigoureusement la queue et étira un petit sourire avant de commencer à filer à l’anglaise dans l’espoir de pouvoir sortir de ce vieux château décrépi. Elle avait envie d’explorer d’autres territoire que seulement les contours de ces murs de pierres qu’elle connaissait en grande partie. En plus elle voulait s’assurer de la véracité de nombreuses histoires. Et elle voulait aussi voir le monde. Mais alors qu’elle se dirigeait vers la grande porte elle aperçue une silhouette dans un angle et s figea en reconnaissant les deux queues de sa mère. Mais elle était de dos, alors il y avait peut être une chance pour qu’elle ne l’ai pas vu… Essayant de se faire toute petite elle avança à pas feutrer vers la porte ouverte qui… qui grinça !

La loupiote se figea et tourna la tête sur le côté, puis de trois quart et tomba sur sa mère qui la fixait l’air fortement remontée à l’idée qu’elle tente encore de s’enfuir. Shaïlin étira un grand sourire innocent en se retournant vers sa génitrice. Elle poussa de la patte la porte grinçante pour qu’elle se referme un peu. Puis s’assit bien droite en rabattant la queue sur son corps, son sourire n’ayant pas quitté son visage.

« Bonjou’ maman, vous allez bien ? »

Demanda-t-elle d’une petite voix douce et chantante en regardant la grande louve. Elle lança un petit coup d’œil vers la porte. Dès que sa mère aurait le dos tourner ça serait le moment de sortir. Elle s’enfuir ? Nooon jamais… Voyons qu’elle idée.

La petite louve se sentit rapidement soulevée par sa mère et se débattit en râlant exprimant à la grande louve qu’elle pouvait marcher seul. Shaïlin parlait peut, mais quand elle parlait on l’entendait bien. Effectivement un écart de caractère c’était creusé entre elle et Lydia pourtant elles s’aimaient énormément et jouaient encore beaucoup ensembles. Mais Lydia respectaient trop de règles et était beaucoup trop coincée pour sa sœur qui ne rêvait que d’aventure.

Une fois sur la paillasse dans l’antre assez sombre de la femelle, la jeune louve baissa les oreilles et s’écrasa au sol en regardant la grande femelle. Elle pencha lentement la tête sur le côté pour voir la porte avant de reposer ses yeux sur la femelle qui lui servait de mère.

« Et si vous m’accompagnez ? »

Shaïlin avait prit l’habitude de vouvoyer sa mère, mettant une certaine distance entre elles. Elle voulait que sa mère soit fière d’elle. Pas qu’elle l’aime comme un gros nounours ou qu’elle se montre trop fleur bleue. Elle voulait aussi faire ses preuve, mais Imryu lui empêchait de le faire à chaque fois qu’elle s’y essayait.

Heureusement il y avait père pour rattraper le coup. Lui il disait qu’elles devaient être prête à tout. Alors il était très dur dans ses entraînements, se montrant même parfois particulièrement sadique. Mais heureusement il rendait à Imryu des petites louves en pleine santé. Il savait qu’il n’avait pas intérêt à les blesser sinon Akui lui-même risquait de se montrer fortement désagréable envers son soldat. La jeune femelle agita les oreilles, se redressa, et s’assit calmement en rabattant sa queue sur ses pattes.

Mais Shaïlin se sentait prisonnière, comme enfermée dans une tour incapable de pouvoir vivre pleinement. Imryu voulait contrôler leur vie ou quoi ? Shaïlin ne demandait qu’à être heureuse, mais Imryu la bridait sans cesse et lui briser tous les rêves qu’elle pouvait avoir. La petite femelle s’enfermait lentement dans une idée de noirceur et de douleur. Elle savait qu’elle ne devait surtout pas dire à la femelle que ces règles la blessait souvent.

Mais aujourd’hui les oreilles basses et le regard triste, Shaïlin ressentait une étrange boule dans sa gorge. Elle n’était sans doute pas assez sage, ou Imryu ne lui faisait pas assez confiance. Ou alors comme Akui elle voulait faire d’elle un petit soldat qui ne réfléchit pas ? Elle ne comprenait pas mais elle était très touchée et mal à l’aise et cela se traduisait autant sur son corps que sur son visage plein de peine.

Finalement, comprenant que la grande louve ne changerait sans doute pas d’avis elle se leva et se tourna, montrant son dos à la femelle elle parti la queue basse vers le lit à baldaquins déchirés et poussiéreux où elle dormait avec sa sœur. Elle sauta agilement dessus et se coucha en boule, cachant son museau avec l’une de ses pattes, les oreilles toujours bien basses.

Shaïlin couchait en boule dans l’immense couchette moelleuse sentit sa mère arriver et lâcha un léger grognement pour lui signifier son mécontentement à sa présence. Mais Imryu insista et commença lui faire la toilette. Aimant beaucoup trop la louve pour lui refuser ce plaisir elle se laissa faire en baissant simplement les oreilles. Elle n’avait pas envie de montrer sa joie à sentir l’affection de sa mère. Mais elle l’écouta en dressant les oreilles et en soulevant à demi les paupières.

Mais elle ne comprenait pas. Elle n’était pas responsable des écarts de sa mère et de sa traitrise. Pourquoi fallait-il qu’elle subisse des fautes dont elle n’était pas responsable ? Elle ne voulait pas que sa mère soit tué, c’était une évidence, mais elle ne voulait pas non plus rester éternellement enfermée. Alors quand elle entendit sa mère lui dire qu’elles sortiraient un jour toute les trois, elle songea que quand ça arriverait elle serait adulte et se serait déjà fait la malle depuis un moment… Un soupir profond lui échappa avant qu’elle n’entende sa mère lui demander si elle comprenait.

Elle s’extirpa de sous son corps et se mit face à elle, se relevant pour se faire le plus grande possible. Elle enroula sa queue dans son dos et secoua son épais pelage hivernal et soyeux. Elle planta ses yeux dans ceux de sa mère en plaquant ses oreilles sur son crâne et en prenant l’air froid et impérial qu’elle tenait d’Arkadius. Signifiant à sa mère que non elle ne comprenait pas, et que de toute façon elle ne voulait pas comprendre qu’on puisse à se point priver un individu de liberté.

« Je comprends que je subis tes erreurs, c’est tout »

La voix de la jeune louve s’était faite relativement distante et acerbe. Elle en voulait à tous ces loups de la gardait prisonnière dans un château décrépi qu’elle connaissait de fond en comble. Non, elle n’allait pas dans les geoles. Rahawk lui avait expliqué que ce n’était pas un endroit pour elle. Pourtant elle avait bien envie de désobéir et d’y aller car les interdits ne servent à rien d’autres qu’à être contournés. Elle se rassit sur la couchette en observant la louve rouge et noire en poussant un soupir désespéré.

« Je dois apprendre quoi ? A éviter les coups de mon père ou a évité que tu ne me prennes à sortir ? »

Elle aurait bien aimé une réponse franche et nette. Mais elle savait qu’avec Imryu elle ne l’obtiendrait pas. Elle savait que sa mère parlait d’entraînement. Mais à s’entrainer toujours avec la même personne, il vient un moment où on ne progresse pu. Et ça Shaïlin l’avait comprit suffisamment vite pour savoir que si elle voulait apprendre à se défendre elle devait être en situation, qu’elle apprendrait bien plus vite comme ça.

« Comment puis-je apprendre à me défendre contre des dangers extérieurs si je ne connais pas le terrain extérieur ? C’est ridicule. Aucun loup au monde ne peut prétendre savoir se débrouiller en territoire inconnu. »

Ça c’est père qui le lui avait dit et enseigné. Un loup doit connaître ses forces, mais aussi son environnement pour se défendre convenablement. Mais elle ne peut pas explorer l’environnement comment pourrait-elle espérer se défendre convenablement. Shaïlin soupira, elle voyait bien et savait déjà que quoi qu’elle dise ça ne changerait rien. Elle s’approcha de sa mère et glissa son museau dans les poils de son buste en remuant doucement la queue.

« Je sais… Que tu es inquiète maman. Mais je ne vais pas rester une loupiote fragile toute ma vie. Pardon... de m'être énervée comme ça. »

Si Shaïlin entendait l’inquiétude de sa mère et qu’elle s’assurait de toujours faire attention à elle. Elle espérait aussi qu’Imryu entende un jour son besoin de liberté et de vie sinon elle allait finir par devenir une loque dans ces lieux. Ou un champignon hideux fatigué de l’ennuie et de la routine platonique de cet endroit. Elle recula son museau après ce petit moment de calin et leva les yeux vers la grande louve en agitant les oreilles.

Shaïlin l’écouta, sur le point de rouler des yeux. Elle savait que sa mère la menaçait faussement. Elle n’avait pas la force ni l’indifférence suffisante pour la laisser seule. La jeune louve le savait très bien. Sa mère était toujours sur son dos parce qu’elle l’aimait beaucoup trop. Elle avait la sensation que sa mère l’avait faite pour elle. Et non par désir de voir grandir sa portée. Elle savait que ses parents ne s’aimaient pas. Mais entre l’indifférence d’Arkadius et l’affection écrasante d’Imryu elle avait un espèce d’équilibre fortement agréable entre ses deux parents.

« Bien sûr que j’ignore de quoi je parle, puisque tu n’expliques jamais rien à ce sujet. Comment veux tu que je comprenne si je n’ai rien à comprendre ? »

On lui donnait juste des ordres, des directives et des interdits sans jamais rien lui expliquer. Alors oui elle ne comprenait pas et oui elle ignorait de quoi elle parlait. S’était ainsi et pas autrement. Une fois contre sa mère elle sentit celle-ci la serrer contre son pelage et trembler à peine. De la peur ou de la joie ? La jeune louve se posa intérieurement la question sans l’énoncer à la femelle. Elle aimait bien quand même, sentir l’affection de la louve pour elle.

Elle se sentait forte et belle quand Imryu était ainsi avec elle. Elle savait qu’elle avait été méchante, très, voir trop avec sa mère. Elle s’était montrée dure et désagréable. Mais elle espérait toujours que sa mère lui expliquerait enfin ce qu’il y avait a savoir. Mais jamais ça n’arrivait et ça fatiguait la jeune louve. Elle voulait apprendre, elle voulait comprendre, elle voulait entendre, elle voulait écouter, elle voulait découvrir… Elle voulait tant de choses que remplir chaque chose qu’elle désirait était complexe.

Mais elle pouvait au moins rendre à sa mère l’amour qu’elle lui portait. Elle releva un peu le museau et lui léchouilla tendrement la joue et le coin de l’oreille plus facilement atteignable vue que la grande louve s’était baissée contre elle. Elle se mit à couiner de joie en remuant fortement la queue, exprimant ainsi à sa mère qu’elle aussi l’aimait énormément. Mais elle aimait encore plus l’aventure et la découverte.

Néanmoins elle se promit d’obéir un peu, de se montrer un peu plus sage. Au moins quelques jours, jusqu’à sa prochaine tentative de fugue ou sa prochaine trouvaille intéressante. Mais au moins elle aura essayé de se contenir un petit peu. Mais c’était tellement dur de retenir ses désirs les plus violents. C’était comme un appel à la liberté instinctive et ne pas s’y soumettre était un véritable combat.

Quand enfin la femelle la relâcha un peu, Shaïlin recula et secoua son corps fin et élégant avant de descendre de la couche en contournant sa mère. Elle s’arrêta vers la porte, le trou, l’entrée quoi… Et lança un regard à la femelle, lui demande le droit de sortir vagabondait dans le château moins. Elle le connaissait presque entièrement, à l’exception du territoire de RahawK. Mais elle ne pouvait pas dire à Imryu qu’elle comptait aller la bas, elle risquait de vraiment finir par s’en prendre une sinon.

« Promis, je sors pas des murs de cet endroit moisi et miteux… »

Elle se demandait même comment un dieu avait fait pour avoir envie de s’installer là ? Les courants d’airs étaient très présent, il y avait des fantômes, des pièges et des farces partout. On pouvait se blesser facilement et entre l’humidité et le froid elle trouvait le lieu vraiment médiocre pour une résidence… Pour elle s’était plus un immense terrain de jeu qu’autre chose…

Shaïlin ne comprenait pas toujours tout, bien qu’intelligente, elle n’arrivait parfois pas à saisir toutes les craintes de sa mère ni à comprendre qu’elle voulait aussi les garder elle et sa sœur juste pour elle. Shaïlin respectait et aimait profondément Imryu, mais ne savait jamais comment s’y prendre avec elle, pourtant elle aimerait bien partager des choses avec sa mère. Un jour elle l’invitera à jouer avec elle, même si la grande femelle risque de trouver cela idiot, tant pis. Puis elle lui promis de lui dire un jour le comment du pourquoi, mais d’en attendant ne pas poser de questions. Shaïlin hésita un peu, serait-elle capable de ne vraiment poser aucune question ? Elle se mit à soupirer un peu avant de remuer la queue.

« Je vous le promets maman… »

Une fois la promesse faite elle se détacha de sa mère, prête à partir pour une nouvelle expédition. Mais elle se devait de demander l’autorisation. Heureusement la louve noire et rouge la laissa partir et la petite fila à travers les couloirs à la recherche de jeux et du peu d’aventures qu’elle pourrait trouver entre ces murs gris et ternes…