Ce matin là il lui sembla faire bien trop frais pour qu’elle souhaite sortir de sa tanière. Mais celle-ci était déserte et lui sembla aussi triste que morne. Tanyxoth avait encore dû se lever aux aurores. La femelle en était triste à chaque fois… Mais elle ne disait rien. Elle savait que ses états d’âmes étaient liés à son état physique. Après tout son ventre commençait à prendre du volume et à bien s’arrondir. D’après les guérisseurs sa grossesse se passait très bien. Elle était en pleine santé et ses petits aussi. A l’exception qu’elle était fatiguée, raleuse, mangeait tout le temps, et quand elle était seule elle déprimait…

Du coup elle cherchait à se forcer à sortir. Elle était très heureuse mais la roulette russe de ses émotions était insupportable, elle avait l’impression de passer le plus clair de son temps à se plaindre ou à pleurer. Alors ce matin c’était décidé elle allait prendre le taureau par les cornes ! Ou plutôt le loup par les bois…

Elle se leva, se fit une toilette pour être présentable surtout qu’elle avait l’impression d’être énorme et avait bien peur de se trouver hideuse sur les dernières semaines de sa gestation. Elle avait besoin de voir Tanyxoth plus souvent aussi, elle était devenue littéralement dépendante de son compagnon. Elle s’était même mit à aller observer ses entraînements tout les jours depuis que les chasseurs lui avaient demandé de rester au campement pour se reposer. C’était sa première portée alors il fallait faire attention. Mais quand même, ça la barbait de rester au campement et d’aider les nourrices même si celle-ci lui donnaient de nombreux conseil qui lui seraient très utile lorsque ses petits seront là.

Ainsi une fois dehors elle alla d’abord manger avant d’éternuer sous le vent frais de l’automne. Puis, une fois rassasier elle se mit en quête de son compagnon, le cherchant dans le campement, elle le trouva à la lisière de la forêt et le rejoignit au petit trot. Enfin elle essaya mais son cœur se mit à battre la chamade et elle fut très vite essouffler donc dû finir au pas. Mais quand elle arriva elle passa son museau dans sa pelisse crème avant de lui sourire tendrement.

« Bonjour mon amour… »

Elle lui léchouilla tendrement le dessous du museau. Elle lui était toujours très soumise. Elle était tellement amoureuse. Elle était une amoureuse transit comme on dit. Une fois qu’elle ait eus sa dose de calins elle croisa le regard du loup avant de remuer doucement la queue et de regarder la forêt face à laquelle ils se trouvaient.

« Tu m’accorderais un petit moment de ta journée surchargée ? J’aimerais me dégourdir les pattes et je doute que tu me laisses sortir du campement sans surveillance »

Tanyxoth était avec elle comme un gros ours surprotecteur. Elle trouvait cela absolument trop mignon même si d coup elle se sentait sans arrêt surveiller. Mais bon, elle faisait avec, c’était après tout l’une des façons que Tanyxoth avait de lui montrer qu’il l’aime. Et elle adorait ressentir l’amour qu’il lui portait.

Ayant rejoint le grand mâle, si la femelle était ravie, mais avait conscience que ses sautes d’humeur étaient insupportables, la réponse du loup lui fit baisser les oreilles. Elle ne voulait pas qu’il mette son devoir de côté pour elle. Elle refusait d’être une gêne pour lui. Elle se serait contentait de le regarder si il avait continuer de donner des ordres. Elle détourna légèrement le regard, écoutant quand même ce qu’il lui disait.

« Pardon Tanyxoth, je ne veux pas être une gêne c’est juste que… quand tu n’es pas là je déprime en ce moment. Je t’aurais regarder de loin si tu voulais continuer ton entraînement. »

Mais il répondit finalement positivement à sa demande, et elle ne sut pas vraiment si c’était par envie d’être avec elle, ou pour éviter de la frustrer vu qu’elle était victime de sautes d’humeurs assez violentes en ce moment. Peut être voulait-il juste éviter que la louve ne s’énerve… Pourtant elle apprécia tellement ses léchouilles qu’elle remua vivement de la queue et manqua même de couiner de bonheur en appréciant cela. A sa question elle revint un peu à la réalité et recula la tête pour croiser les beaux yeux du mâle.

« Je voulais aller me promener en forêt. Pas trop loin cependant. Je réfléchissais à des prénoms pour nos petits tout à l’heure, et j’ai eus la fulgurante envie de te voir. »

Elle lui fit un petit sourire, presque gêner à dire vrai, ne sachant en réalité pas trop où se mettre. Elle ne voulait pas énerver le grand loup ou même l’embêter d’une quelconque manière. Mais elle était d’une sincérité et d’une honnêteté époustouflante. Voulant réellement et simplement être en présence du loup siamois à bois de cerf.

Sa courte queue se mouvant lentement, la femelle observait son loup. Celui qu’elle aimait et avec qui elle allait avoir une portée. Elle était tellement heureuse qu’elle n’arrivait pas à penser à d’autre chose que lui. Tanyxoth était devenu le cœur même de toutes ses réflexions. Elle tenait toujours à lui faire plaisir et à ne pas être trop dur. Mais elle savait qu’à cause de ses vilaines sautes d’humeur elle malmenée trop souvent la conscience doucereuse de son mâle bien aimé. En l’entendant elle hocha la tête avant de sourire tendrement.

« Oui, mais ton image est arrivée et à chasser tout le reste »

Elle lui fit un sourire tendre. La femelle de nature plutôt aventurière était parfois très agacée de ne pas être en capacité de se déplacer sans que quelqu’un la surveille. Mais elle n’avait pas le choix. Surtout avec Tanyxoth comme compagnon. Il était très à cheval sur la sécurité, et il avait raison, elle était toujours prompte à se sauver. Abby savait que sa descendance les ferait sans nul doute tourner en bourrique. Souriante et observant son loup, elle le suivit d’un pas assez lent, l’obligeant à s’adapter à son rythme s’il voulait rester à ses côtés. Elle n’aimait pas non plus sa lenteur liée à sa grossesse, mais elle n’avait pas tellement le choix que de s’adapter et supporter.

Entrant dans le sous bois, elle en apprécia les embruns et les sons qui lui avaient manqué. L’enfermement dans le campement n’était vraiment pas pour elle. Mais elle allait devoir s’y faire, elle n’était pas prête de pouvoir retourner en patrouille. Marchant auprès de son loup, s’éloignant ainsi calmement du campement elle lui glissa un regard doux.

« Donc, je réfléchissais à des prénoms. Et quand j’ai pensé à toi, je me suis mis à me demander si tu préférais avoir des petits mâles, ou des petites femelles ? Personnellement, en tant que mère, je pense que j’ai au moins un petit mâle dans le ventre, mais pour les autres, je ne sais pas. »

C’était un instinct, elle était convaincu qu’elle avait au moins un fils dans sa portée. Mais elle se demandait quand même ce qui ferait le plus plaisir à Tanyxoth, même si elle avait bien conscience que le grand loup aimerait tout ses enfants d’un amour fou et égale à chaque petits. Elle continua de marcher à ses côtés, calmement les oreilles dressées, à l’affut tout de même pour s’assurer qu’il n’y ai pas de danger. Et c’est après un bon quart d’heure de marche de plus qu’elle se sentit un peu fatiguée.

« Pardon… Faut que je fasse une pause »

Elle avait honte de dire cela. Mais son corps ne suivait malheureusement plus le même rythme. Elle était déjà essoufflée et avait mal aux hanches d’avoir marcher. Mais ça lui avait fait du bien, cette petite bouffée d’oxygène, et elle était bien heureuse d’être loin de sa petite tanière. Elle observa l’endroit en reprenant son souffle avant qu’un envol d’oiseaux bruyants ne la surprenne. Elle se releva vivement, les sens aux aguets, avec le brouhaha des oiseaux la forêt lui sembla soudain beaucoup plus sombre et inquiétante et elle sentit un stress l’envahir. Sa température grimpant, elle avait un mauvais pressentiment. Elle lança un regard inquiet à Tanyxoth, ne sachant pas ce qu’ils devaient faire. Elle se sentait trop déboussolée pour y réfléchir.

Mais tout s’emballa, le sol se mit à trembler et une odeur de cerfs géants lui arriva au museau avec une vitesse impressionnante. Un troupeau était en panique et venait en leur direction. Mais d’où ? Et vers où devait elle fuir ? Elle lança un regard paniquer à Tanyxoth, prête à le suivre dans la direction qu’il jugerait être la bonne.

Abby était ravie de pouvoir passer un moment de complicité, de calme et de bonheur avec son compagnon. Elle s’en voulait un peu de l’avoir déranger pendant sa besogne. Mais elle avait besoin de lui pour garder le moral et la tête sur les épaules, et espérait sincèrement au fond de son être qu’elle ne lui en tiendrait pas rigueur sinon elle risquait de fort mal le supporter. Sa queue se mouvant calmement dans son dos, elle se sentait observée par Tanyxoth et savait alors qu’il la contemplait, la détaillait avec un amour tel qu’elle se sentait pousser des ailes. Il était si bon de se sentir aimé. Elle en deviendrait folle et en mourait sans doute de chagrin si un jour il allait en voir une autre. Puis elle l’écouta et étira un fin sourire en agitant lentement les oreilles.

« Tu as raison, c’est la meilleure façon d’être sûr que leurs prénoms seront parfaits »

Abby avait toujours eus un petit côté maniaque, et depuis qu’elle était en pleine grossesse elle se montrait d’avantage stricte sur certains petits détails qu’avant elle laissait complètement de côté. Appréciant le geste de son loup quand il lui amena à boire, elle sentait sur elle son inquiétude et lui lança un regard outré.

« Ni moi ni tes futurs enfants ne sommes en sucre Tanyxoth, tu peux te détendre un peu s’il te plais ? Ton stress est contagieux »

Elle lui tira la langue avant de lui faire une lèche sur le museau, plus taquine et amoureuse que sérieuse dans ses paroles. Même si il était vrai qu’il s’inquiétait un peu trop pour elle. Mais quand les oiseaux les surprirent tout deux, il eut tout à fait raison de s’inquiéter. Abby ne se sentait pas de courir, mais elle savait que son instinct de survie doublé de son instinct maternelle la porteraient. Quand son loup lui ordonna de rester prêt de lui elle se cacha presque dans son dos. Les oreilles en arrière alors que le sol vibrait avec force.

Finalement Tanyxoth lui ordonna de la suivre, elle se leva et dans un élan de force qu’elle ne se connaissait pas elle le suivit. Il la força à passer devant et la pousser avec force et inquiétude dès qu’elle ralentissait un peu. Mais pour la femelle sombre avancer devenait de plus en plus compliqué. Elle sentait son cœur exploser dans sa poitrine, les muscles de ses pattes se déchirer et son corps se tendre d’une manière telle qu’elle avait la sensation que la peau de son abdomen allait s’arracher.


La fatigue et la sueur l’avaient envahit, elle haletait plus que de raison, et commençait à voir floue. Elle sentit soudain le sol se dérober à elle. Un des cerf géant l’avait rattraper dans sa course effrénée. Tanyxoth était-il seulement encore derrière elle ? Elle n’eut ni la force, ni le temps de lancer un coup d’œil dans son dos. Le cerf géant la poussa pour qu’un autre puisse passer. Elle trébucha et roula sur le dos, sentant ses vertèbres lui faire atrocement mal elle vit un autre cerf lui foncer dessus. Pas le temps de se relever, elle se fit toute petite et essaya de ramper pour s’échapper. Mais elle fut heurtée par celui-ci aussi. Puis ballotté par un coup de sabot, puis un autre, et encore un autre. Les coups lui firent d’abord pousser des hurlements de douleurs déchirant avant qu’un coup plus fort encore que les précédents de lui fasse totalement perdre connaissance.

Gisant sur le sol de feuilles humides et retournées pars les cervidés elle n’entendait ni ne ressentait plus rien. La seule preuve de vie qui l’animait encore était le mouvement atténué de ses côtes se soulevant et s’abaissant dans un rythme irrégulier.

Gisante inerte sur le sol, la louve sombre n’entendit pas les appels désespérés de son amant. Elle ne sentait plus rien d’autre que du vide et du froid. Un coup derrière l’oreille gauche lui avait ouvert le crâne et son sang s’écoulait lentement dans sa chevelure déjà rougie. Ses côtes s’étaient enfoncées ou brisées pour certaines. Il lui faudra sans doute de longues semaines de convalescence avant de se remettre. Mais le pire était pour ses petits, morts dans la débandade. La louve allait devoir les expédier, ou bien un médecin allait devoir les lui retirer car pour le moment leur petits corps morts et déjà bien formés lui écrasaient les poumons et les reins.

L’appel qui surprit le grand mal qui était allé dans le bois pour trouver des plantes médicinale l’alerta tout de suite. Il agita vivement les oreilles en se redressant avant de chercher rapidement la bonne direction à suivre. Cela ne fut pas compliqué pour lui, le chef d’armée avait une odeur reconnaissable facilement. Il poussa un long hurlement à l’intention de Tanyxoth. Médecin en route !

Il n’avait pas besoin d’en dire d’avantage. Il contourna des arbres, sauta des buissons. Puis un dernier avant de retomber à quelques pas du loup cerfs au milieu des cerfs géants qui avaient perdus connaissances à cause de douloureuses et violentes amputations. Il salua vaguement Tanyxoth, s’il était debout c’est qu’il n’avait pas besoin de soins d’urgences. Il se rua cependant sur Abby, l’examinant précautionneusement et tentant de l’appeler, mais elle ne répondit pas. Elle avait totalement perdu connaissance.

Il tâta doucement son abdomen pour chercher son pouls et celui des louveteaux, mais ne trouva que celui un peu faible et irrégulier de la louve. Il baissa les oreilles, il arrivait beaucoup trop tard, il n’aurait rien pu faire de toute façon. Il lança un regard désolé au chef d’armée.

« Je suis navré Tanyxoth… Ta louve a perdu la totalité de sa portée… Il va falloir que je lui retire les petits si elle ne se réveille pas rapidement »

Il n’avait pas d’autre solution, ils étaient en train d’écraser les organes de leur mère déjà fragiles et maintenant blessée. Il pensa à agir tout de suite mais remarqua une tache rouge sur l’oreille de la femelle qui n’avait pas été visible avant. Il passa de l’autre côté de la femelle et examina sa tête avant de constater qu’elle s’était blessée à la tête, raison pour laquelle avait sans doute perdue connaissance et ne se réveillait pas. Il fouilla rapidement sa sacoche de peau de bête et y trouva les plantes qu’il voulait. Des herbes et des feuilles humides qu’il accrocha contre la plaie de la louve en faisant tenir le tout avec des lianes des arbres environnants.

« J’ai besoin de ton aval pour lui retirer les petits Tanyxoth, mais je dois le faire le plus tôt possible» sinon elle risque d’en garder de graves séquelles. A toi de choisir cependant si je lui retire ici ou au campement, je peux attendre qu’on l’est ramenée. »

Puis il lança un regard à Tanyxoth, attendant de savoir s’il préférait ramener la louve au campement et la libérer de ses descendants décédés là bas. Ou s’il voulait la libérer ici et la ramener seule.

Si elle allait s’en remettre, physiquement oui elle survivrait, mais moralement elle risquait fort de devenir très terne et morne. Le loup lança un regard vraiment désolé au mâle et quand il lui dit de faire ce qu’il pouvait pour les sauver il secoua doucement la tête. C’était déjà trop tard, il fallait que Tanyxoth se fasse une raison.

Quand le loup se résigna et accepta qu’il fasse ce qu’il pouvait le médecin hocha la tête et posa ses affaires avant de commencer à faire le nécessaire pour sortir les petits d’Abby et permettre à la louve de mieux respirer et de ne pas avoir les côtes et les poumons trop écraser. Il dû réfléchir un moment à comment faire pour lui sortir. Ils n'étaient pas atteignables depuis l'espace d'où ils auraient théoriquement dû sortir. Mais finalement une idée lui vint. Il lui massa le ventre un long moment pour faire bouger un petit, le retournant et le poussant vers la sorti. Il n'eut plus qu'à lui élargir le passage pour pouvoir aller le chercher...

Il en sortit un premier avec toutes les peines du monde. Il l’emmena loin de Tanyxoth pour que le loup ne souffre pas d’avantage. Puis alla extirper le second du ventre de sa mère, puis le dernier. Quand il eut terminé il s’assura que la louve ne souffrait plus inutilement du poids des petits et lança un regard au grand loup cornu. Il pouvait l’emporter avec lui et la ramener à un médecin.

« Ramène la au camp et demande à un de mes collègues de s’en occuper. Je dois encore récupérer des plantes médicinales, mais il n’y a plus de danger. »

Il attendit que le loup se soit remit debout pour l’aider à hisser doucement Abby pour éviter qu’elle ne souffre et qu’elle soit aussi bien placée pour être sur qu’elle ne tombe pas pendant le voyage. Il lança un regard désolé à Tanyxoth avait de commencer à l’accompagner pour ensuite prendre son propre chemin.

Abby n’avait toujours pas reprit connaissance, elle ne retrouvera pas la conscience avant une longue nuit et une demi journée. Mais elle sentait déjà qu’il s’était passé quelque chose de très grave. Comme si son inconscient avait perçu l’horreur qui se déroulait actuellement.