Verd avait très chaud. Pourtant c'était l'hiver et il commençait à faire réellement froid. Il n'avait pas encore neigé et la petite louve se demandait à quel moment cela allait se produire... La louve venait de quitter l'entrainement. C'était rude, mais c'était ce qu'il fallait au vu des risques. Tanyxoth était un un bon professeur et elle avait hésité à lui parler de son fils. Ragnar... Penser à lui la fit sourire. Elle l'aimait.

La louve avait ses chaleurs et ce n'était pas les premières. Mais elle avait envie de franchir le pas avec Ragnar, elle le désirait. C'était un instinct primaire. Quelque chose qui devenait de plus en plus fort. Il n'y avait pas de honte à ça. C'était quelque chose de normal dans un couple.

L'esprit quelque peu embrumée, la louve décida de marcher un peu. Elle allait surement manger avant d'essayer de se rafraichir. L'après-midi était déjà bien entamée et elle devait par la suite assumer son rôle de druidesse.

Elle rencontra Svalorg sur le chemin du camp. Celui-ci était un loup-dragon de la terre. Un loup qui c'était beaucoup rapprochée d'elle ces derniers temps... A vrai dire, il avait tout pour plaire. Et si Ragnar n'était pas là, peut-être que cela serait vers lui que la louve se serait tourné. Il était bien plus grand qu'elle. Il était fort et courageux. C'était devenu un bon ami. Verd appréciait sa compagnie.

Svalorg revenait de la chasse et lui proposa de partager sa proie. Cette proposition enchanta la druidesse. Dans les plantes mouvantes, Verd et Svalorg se posèrent pour discuter et manger. Verd raconta son entrainement tout comme Svalorg. Ce dernier avait du mal avec les nouveaux arrivants. Il lui raconta quelques blagues et la louve se mit à rire. Puis il eut un silence gènant et le louve se rendit compte qu'il y avait une sorte de tension entre eux. Pourtant Verd se sentait de plus en plus engourdie.

Svalorg avança sa tête vers elle et leur truffes se touchèrent. Verd recula la tête d'un coup. Elle ne s'était pas rendu compte à quel point ils s'étaient rapprochés. Elle se sentie s'empourprer et pensa à Ragnar, laissant déjà naître une point de culpabilité. Le loup-dragon sembla surpris puis se ravisa. Verd avait dû mal à réfléchir, c'était comme si son corps était en partie en endormie. Elle voulu dire non, mais elle n'arriva pas à prononcer quoi que ce soit. Elle se releva lentement et voulu partir. Svalorg lui pinça la cuisse d'une de ses pattes arrière et la fit tomber sur le dos. Il s'avança vers elle et passa sa tête dans la fourrure du Verd, humant son odeur. La louve aurait dû sentir son cœur s’accélérer, battre plus vite et plus fort, pourtant ce ne fut pas le cas. Verd aurait déjà dû donner une claque monumentale au loup, mais tout son corps semblait s'endormir. Elle avait l'impression qu'elle allait s’évanouir.

Svalorg releva la tête, observant les lieux comme s'il venait de voir quelqu'un. Ce fut très bref. Il baissa la tête et demanda à Verd :

-Verd est-ce que tu m'entends ? Ca va ? Dis-moi qu'est-ce qui se passe ?

Verd l'entendait paniquer mais fut incapable de répondre. Elle perdit conscience. Le témoin arriva, lui aussi paniquer par cet évanouissement. La scène était simple pour lui : Verd s'était évanouie et Svalorg venait de lui porter secours.

La louve se réveilla dans une tanière. Elle était encore trop mal pour arriver à comprendre où elle était pour le moment. La druidesse reconnu à peine Svalorg qui lui expliqua :

-Verd, tu es enfin réveillé ! J'ai eut tellement peur ! Tu t'es évanouies tout à l'heure... Est-ce que tu te sens mieux ?

Verd répondit mollement mais cela sembla convenir au guerrier. La louve n'arrivait pas à se souvenir ce qu'il s'était produit. Elle entendit à peine le guerrier expliquer :

-Je vous laisse. Je suis rassurée maintenant. Je sais qu'elle est entre bonnes mains ici.

Svalorg venait de partir.

Verd était couchée. Elle avait la tête lourde. Elle avait dû mal à réfléchir et à bouger, tout son corps était comme engourdie. La louve prit le temps de regarder un peu plus ce qu'il y avait autour d'elle. Ce n'était pas sa tanière. Elle vit rapidement un des médecins de la meute, celui-ci lui demandait de rester calme. Mais à l'arrivé Tanyxoth, le propriétaire de la tanière avait été appelé pour un urgence. Pour le cas de Verd, il n'y avait rien à faire de particulier pour le moment, si ce n'est d'attendre.

La louve mit du temps à reconnaître le loup cerf. Il lui avait parlé. La princesse cristalline avait beaucoup de mal à bouger, respirer lui demander déjà un effort. Après plusieurs minutes, elle réussi à relever la tête, puis se recoucha aussitôt. Elle aurait aimé que Tanyxoth se rapproche d'elle car la louve se sentait de plus en plus mal. Elle finit par réaliser; Verd ne savait plus du tout ce qu'elle avait fait de la journée et pourquoi elle était dans cet état. Son cœur se serra brutalement et elle eut les larmes aux yeux. La louve avait terriblement envie de vomir.

Verd répondit sincèrement :

-Non. Je crois que je vais vomir...

La louve voulu se relever mais retomba brutalement au sol. Elle se sentait mal. Et surtout, elle avait un stresse terrible. Que c'était-il passé pendant son inconscience ? Que c'était-il passé pour en arriver là ? Elle n'avait pas utilisé son pouvoir, elle ne le faisait que si quelqu'un de confiance pouvait veiller sur elle. C'était les périodes de chaleurs... Et cette fois Verd éclata en sanglot, ayant peur que quelqu'un ait pu abuser d'elle.

Verd était terrifiée par la tournure des événements. Elle ne savait ce qu'il s'était produits ces dernières heures. Heureusement son mentor était là pour elle. La louve savait que Tanyxoth avait traversé des événements terribles, pourtant elle ne pouvait pas penser à autre chose qu'à elle à ce moment là. Depuis qu'elle avait eut ce pouvoir, Verd avait toujours eut conscience de cette éventualité. C'était pour cette raison qu'elle ne pouvait pas partir sans Ragnar, c'était un des seuls à qui elle avait suffisamment confiance. Il ne lui ferai jamais de mal. Mais les autres...

La louve fut secouée de spasme et vomi. Ce n'était pas très glorieux. Il y avait des traces de son dernier repas et quelque chose qui n'avait rien à faire là. Des sortes de pétales de fleur, une plante dans touts les cas et surtout bleu. Les pensées de la louve commencèrent à être de plus en plus rapide. Elle avait une grosse montée d'adrénaline. La louve venait de faire le lien entre les information qu'elle avait eut entant que druidesse. Une plante pouvant rendre inconscient un loup ou une louve et effaçant la mémoire de ce dernier. Un outil parfait pour les individus mal attentionnés...

Verd sentit ses pattes trembler et n'eut plus la force de ce maintenir debout. Elle se sentait extrêmement mal. Elle se laissa pleurer sur les épaules de Tanyxoth, incapable de faire autre chose. Puis Verd finit par se faire violence pour réussir à respirer de nouveau correctement. Elle avait besoin d'information. Par pitié, il fallait arriver à prouver que tout cela n'était pas vrai... Qu'il n'était rien arriver. Ce n'était pas possible.

-Qu'est-ce qui c'est passé ? Qui était avec moi ?

Elle regarda Tanyxoth, un sentiment de honte et de culpabilité l'écrasa au point que Verd aurait préférée mourir plutôt que d'être là. Elle baissa les yeux... Et la louve finit par prononcer à demis mot :

-Est-ce que j'ai été

Elle s'arrêta, incapable de prononcer un mot de plus. Verd avait envie de se recroqueviller dans un coin. De ne plus exister.

Alors Verd resta silencieuse. Les paroles de Tanyxoth étaient la seule chose qui pouvait lui apporter et c'était presque rien. La louve se sentait terriblement mal... Et si sa présence lui faisait du bien, elle avait peur de le dégouter. Et que penserait Ragnar ?

Le loup parlait de vengeance, elle voyait bien dans son regard qu'il était déterminé. Elle savait qu'il irait jusqu'au bout. Mais le mal était fait. Et ça personne ne pouvait remonter dans le passé. La louve pensa aux louveteaux qu'elle allait peut-être porter. Des bébés non désirés... Et surtout amené par la violence. Verd aurait pu encaisser des blessures, des violences, mais pas ça. Pas celle-ci. Elle ne pourrait pas aimer ces gamins, ni les supporter.

Pourtant Verd voulait croire que ce n'était pas arrivée. Pour sa dignité. Pour elle. La louve ne pouvait pas l'accepter. Elle avait trop mal. Son corps était sous le choque. Son esprit aussi. Mais elle voulait continuer d'espérer. Elle finit par répondre :

-Peut-être que j'ai juste était empoisonnée et pas... pas...

Verd ne pouvait pas le dire. Elle était dans le dénis. Ce n'était pas possible. Elle ne pourrait pas recommencer à vivre avant de le savoir. La louve finit par se recroqueviller sur elle-même, incapable de faire autre chose pour le moment.

Verd avait les yeux dans le vide. Elle était là sans être là. La louve était tentée d'utiliser son pouvoir pour oublier, pour partir. Heureusement que Tanyxoth était là. Si elle aurait été seul, seul les Dieux auraient pu prévoir la réaction de Verd. La louve avait déjà réagi en s'automutilant et dans ce cas, c'était ce qu'elle avait envie de faire. Mais elle n'en avait pas la force.

La louve était incapable de le regarder dans les yeux. Elle était dégouté par son propre corps. Verd répondit :

-Oui...

Mais c'était sans joie. Elle n'avait plus vraiment de volonté propre et ferait ce que Tanyxoth dirai. Quelque part, Verd avait arrêter de vivre.

Verd resta silencieuse et suivit docilement le loup cerf. Elle marchait lentement, ne faisant même pas attention où elle allait. Fermée, Verd regardait le sol. Incapable de croiser le regard de qui que ce soit. La présence de Tanyxoth était salvatrice.

Le fait de se laver fit du bien à la louve. C'était comme essayer de faire partir cette histoire avec l'eau de la rivière, comme pour effacer. Mais ce n'était pas possible. Verd se laisser faire, incapable de résister de toute façon. Elle n'avait plus aucune volonté.

La louve suivit les ordre de Tany et bu un peu. Tout avait le gout de cendre. Et Verd était tellement dégoutée qu'elle fut tentée de tout recrachée, mais elle ne fit rien. Toujours silencieuse, la louve n'osait pas regarder Tanyxoth. Tout ce qu'elle voulait, c'était retrouver les pattes de sa mère et qu'on lui annonce que tout cela était faux.

Verd détourna le regard, mais Tanyxoth s'était assis devant elle et lui remettait la tête droit pour qu'elle soit obliger le regarder. Le louve résista plusieurs fois avant d'abandonner. Pourtant Verd regardait plus le museau de Tany que ses yeux. Mais elle l'écoutait réellement. Il lui disait qu'elle n'était pas seule... et c'était peut-être la seule chose qui lui permettait de réellement se raccrocher. Pourtant Verd savait qu'elle ne pourrait affronter le regard de son père, Cynthia ne comprendrai même pas et quand à Rahawk ça ne ferai que confirmer à quel point Verd était faible. Incapable de se protéger elle-même, incapable protéger sa propre intégrité physique.

Elle fit un vague hochement de tête. Elle le suivit et quand Tanyxoth posa la question fatidique, Verd s'arrêta et répondit rapidement :

-Non.

La louve secoua la tête. Pourtant elle avait besoin de lui, plus que n'importe quand. Elle avait besoin d'être avec lui, parcequ'elle se sentirait en sécurité, réellement. Mais Verd avait peur. Terriblement. Elle annonça :

-Il va me rejeter.

Elle laissa échapper un sanglot puis se mit de nouveau à suivre Tanyxoth. Verd ne savait pas quoi faire.

Verd finit par être ausculté par un médecin. Ce fut une humiliation supplémentaire pour la louve, mais elle ne broncha pas. Son coeur s'était resserrée. Verd était toujours en état de choque. Le médecin semblait avoir comprit la situation et prit le temps d'osculter la louve, après un long moment il finit par expliquer à voix basse qu'il n'y avait pas de trace d'agression quelconque. Pas de viol donc. Mais il confirma l'existence de la plante... Il y avait bien eut une tentative. Et Verd avait eut de la chance que quelqu'un la trouve avant. Le médecin avait essayé de sentir s'il y avait une odeur masculine sur Verd, mais il n'y avait que celle de Tanyxoth.

Verd fut immensément soulagée, mais elle était toujours très mal. Il lui faudrait du temps pour récupérer. Pour le moment, elle était la seule au courant. Après plusieurs minutes, Verd finit par trouver suffisamment d’énergie pour se remettre en route. Le médecin lui avait prescrit une boulette, c'était surtout pour que la louve arrive à dormir. Ce qui n'était pas évident.

Lorsqu'elle fut suffisamment proche de Tanyxoth, elle annonça :

-Le médecin est formel. Quelqu'un a essayé mais n'a pas eut le temps de... me faire du mal.

Puis Verd rabaissa rapidement les yeux. Malgré la bonne nouvelle, elle était dans un piteux état.

Verd baissa la tête et fixa ses pattes. Elle resta silencieuse. Tanyxoth avait raison. Peut-être qu'elle ne méritait pas Ragnar. Pourtant, à cet instant, elle aurait voulu être avec lui. Ces questions la taraudaient depuis longtemps... Et avec cette perte de mémoire futur, cette quête qui allait le mettre en danger... Tout ces questionnements qui l’empêchaient de dormir ces derniers temps. Elle se disait pouvoir retrouver la pierre, vouloir sauver les terres des Elemenloups, mais en réalité, Verd ne savait même pas protéger les siens. Elle ne pourrait pas sauver Ragnar. Elle le ferai souffrir et elle l'oublierai.

Pour la première fois de la soirée, la voix de la louve se fit claire.

-Ragnar ne me mérite pas.

La louve releva la tête, plantant ses yeux verts dans ceux de son interlocuteur. Au fur et à mesure de ses paroles, elle excellera. Si elle s'arrêtait, elle savait qu'elle ne pourrait pas continuer.

-Je ne suis qu'une louve égoïste, méprisante et capricieuse. Je suis faible. Incapable de me défendre. Incapable de protéger ceux que j'aime. Les gens pensent que je peux changer les choses mais je ne peux pas. Et j'oublie. Chaque jour j'empoisonne la vie de Ragnar alors que je sais que vais l'oublier. Je vais le faire souffrir, je le pousse à se mettre face au danger. C'est quelqu'un de bien et ...

Verd avait de nouveau des larmes qui lui coulaient des yeux. Elle fut incapable de parler normalement, ses paroles étaient coincées dans le fonds de la gorge. Elle secoua la tête avant d'essayer de nouveau. La louve dû hurler pour enfin réussir à le dire :

-Et je ne le suis pas !

Pendant un bref instant elle garda son regard dans celui de son beau-père. Verd ne pouvait pas être quelqu'un de bien quand elle mettait Ragnar en danger dans cette quête folle. Verd ne pouvait pas être quelqu'un de bien quand elle voulait vivre une histoire d'amour en sachant qu'elle allait l'oublier et le faire souffrir. Elle ne pouvait pas être quelqu'un de bien en considérant sa petite soeur comme un monstre pour un simple problème physique...

Le coeur battant, Verd était incapable de réfléchir et la seule chose qu'elle envie de faire c'était de s'enfuir. Fuir ses responsabilités, ses erreurs, son agresseur. Fuir.

Elle recula, pataude, ne sachant que faire. Puis elle se retourna brusquement avant de se mettre à courir. Elle n'avait pas de but précis, elle voulait juste s'en aller. Verd avait craquée.

Verd s'était mise à courir mais le loup cerf réussit à la rattraper. Il l'avait attrapé entre ses pattes. Le loup parlait mais si Verd pouvait entendre, elle était devenu incapable d'écouter. Son coeur battait à tout rompre. Le fait quelqu'un la bloque encore sans ses mouvement lui donna un puissante sentiment d'oppression. Verd avait l'impression qu'elle n'avait plus emprise sur sa vie.

La louve finit par crier et se débattre. Verd avait beaucoup trop chaud et transpirait. Elle finit par se relever, reculer et ne pu pas regarder Tanyxoth dans les yeux. C'était trop. L'amour. La perte. L'oublie. Akui. Les menaces. La quête. Encore l'oublie. La mort.

Verd sentie qu'elle était en train de perdre pied. Sa respiration se bloqua dans le fonds de sa gorge. Il y avait trop de choses, beaucoup trop de choses. L'attente était insupportable. La certitude qu'elle allait oublier l'était plus encore. La peur. La perte. La mort. Akui. L'oublie. Ragnar.

Verd ne se mit pas à courir, elle en était incapable. La louve essaya de rester debout, vacillant un instant. La druidesse eut l'impression d'être foudroyée. Elle s'effondra, sombrant de nouveau dans l'inconscience.