- RP Effectué dans la forêt des rêves bleus -


Keiss avait une proie dans la gueule. Un petit lièvre. Une proie toute simple mais indigne pour un loup de sa taille. Le solitaire avait terriblement faim. Lors de son voyage pour revenir sur les terres neutres, le loup avait eut du mal à s'alimenter. Il n'avait pas pu manger grand chose. Ce n'était pas un bon chasseur, ce qui empirait la situation. Alors que les terres neutres regorgeaient de gibiers. Alors un lièvre était un véritable trophée, un repas de luxe.

Le loup avait trouvée une clairière tranquille. Il s'était posé de façon à avoir la meilleur vision possible. Il était prêt à défendre sa proie si besoin. Concentré sur les bruits alentours, il commença à savourer l''animal quand il entendit un bruit. A contre coeur, le loup lâcha son repas et demanda d'une voix autoritaire :

-Qui va là ?

Pourvu que cela ne soit pas un loup-vampire pensa-t-il.

Je rêvassais sur une branche quand je sentis l'odeur de la chair fraiche. Mon ventre grogna. A mon avis je devais avoir faim. Je baissais la tête pour voir sous ma branche, du gibier blessé devait se balader pas loin. Sans descendre, j'étais aux aguets, l’ouïe fine, les oreilles tendues et captant le moindre bruissement de feuille, la moindre respiration irrégulière, la moindre goute de sang tombant sur le sol.

J'entendis des pas. Ils étaient trop lourds pour être du gibier. Pointant mes oreilles vers la sources du bruit, j'identifiais un loup. Son odeur me vint vite, ainsi que l'odeur du sang de lagomorphe. Je soupirais de déception, c'était sa proie. Je me recouchais en posant ma tête sur ma patte relevée. Je regardais l'étranger se diriger vers la clairière un peu plus loin.

Sans bruit, je sautais de branche en branche pour le suivre, il y aurai surement un moment où il prêterai moins attention au lapin, et j'en profiterai pour le chaparder sans remords.

Il s'installa et commença la dégustation, mon ventre vibrait de faim et je me léchais les babines. Comme un chat je descendis de mon arbre pour me cacher dans les buissons. Je le regardais en écartant les ailes, prenant appui sur mes pattes arrières pour me propulser dès qu'il aurai tourné son attention ailleurs.

Elle entendis un craquement à l'opposé de la clairière. Magnifique, le loup ne prêtait plus attention au lapin, mais à la source du bruit. Il avait pris une voix autoritaire et si mon but n'était pas de ne pas me faire remarqué, j'aurai ris.

Sans plus attendre et d'un bond, je sortis du buisson, et en galops souples, aériens, rapides comme l'éclair, je fondis sur le loup, lui arrachais sa proie d'entre les pattes, pris appui sur son dos et me propulsais pour m'envoler, la victuaille à moitié mangée entre les crocs. Je pris un peu d'altitude et alla me reposer sur une branche au bord de la clairière, guettant le loup qui venait de se faire voler sa proie tout en me délectant du lapin. Il n'était pas bien gras, mais c'était déjà ça.

Tournant la tête vers la source du bruit qui avait alerté le loup, je vis une couleuvre qui s'était prise dans les branches. Si le loup la mangeait comme lot de consolation, ça ne remplacerai pas le lapin que je venais de lui subtiliser. Je remuais la queue de contentement. Cette efficacité pour la chasse et les compétences qui allaient avec me venaient de je ne sais ou, mais j'étais bien contente de pouvoir m'en servir.

Le loup me regardais sévèrement, j'avalais ma bouchée et le regardais.

Bah quoi? C'est le jeu.

Le loup se retourna et comprit très vite, qu'il avait été eut. Une louve aillée venait de parcourir la clairière, lui volant sa proie. Puis, elle s'était posée sur une branche en hauteur. Keiss émit un grognement sourd. Elle venait de lui voler sa proie et se fouter de lui. Il lui ferait payer. Un jour où l'autre. C'était une promesse intérieure.

-Bah quoi? C'est le jeu.

Keiss lui lança un regard mauvais. Cette pétasse allait le regretter. Ce n'était pas un jeu. Le loup avait faim, terriblement faim. Il était maigre comme un clou et avait un vraiment besoin de manger. Ce n'était pas une conne comme elle qui allait l’empêcher de s'alimenter.

Il s'avança vers l'arbre pendant qu'elle mangeait tranquillement SA proie. Keiss fit le tour de l'arbre, il jugea la hauteur de la branche. Si il ne pouvait pas récupérer sa proie, il foutrait une rouste à cette connasse. Elle avait besoin de trouver un dominant ? Il allait l'écraser.

Le loup prit son élan et sauta vers la branche. Elle n'était pas si hauteur que ça, puisqu'elle devait bien supporter le poids de la louve. Keiss referma la mâchoire sur une des pattes de la louve pour la faire tomber de son perchoir.

Il allait lui mettre une raclé et récupéré sa proie.

Je le vis faire le tour, mais feignais l'indifférence et arracha un grand morceau de chair que je gobais sans retenue. Mais d'un coup il me saisit la patte et je m'éclatais par terre dans un couinement de douleur. Le lapin à trois quart bouffé tomba dans la boue, on ne pouvait plus rien en tirer. Je me relevais sans poser ma patte à terre, elle me faisait mal. Je gonflais les poils et grogna vers le loup. Ce qui n'était pour moi qu'une simple taquinerie allait virer au drame. S'il pensait que j'allais me laisser faire, ce gringalet maigrichon était bien mal barré.

Je rugis et fis un bon que je faisais durer avec mes ailes. J’atterris sur son dos, repliais les pattes sous lui ainsi que mes ailes, puis roula par derrière pour le lancer plus loin. Je me relevais d'un bon et rugit de nouveau. Cette cabriole me fis mal à la patte blessée, le sang coulait abondamment, le temps que mon adversaire reprenne ses esprits -je n'aimais pas me battre en déloyal- je l'aspergeais d'eau pour la nettoyer. Cela me piqua, je serrai les dents pour ne pas crier, je ne devais pas montrer cette faiblesse. Le flot de sang se calma un petit peu. La blessure était profonde. Hé il était peut - être maigre comme une brindille, il en avait de la mâchoire! Je ne devais pas le sous estimer non plus.

Je fis volte face et lui grognait dessus en lui tournant autour.

La louve tomba. Elle avait l'air surprise du saut de Keiss. Mais le loup n'était pas n'importe qui. Il était grand et fort, bien que diminué par les carences alimentaires. Il était le fils deux de loups puissants, de Luna et Kario. Il était un guerrier redoutable.

Ils de dévisagèrent. La louve était blessée à la patte. Keiss avait le gout du sang dans la bouche et cela ne faisait que renforcer son énervement. Elle reprit l'initiative avec ses ailes, lui sautant sur le dos. Keiss ne s'était jamais battu avec des loups ailés, mais il échangea les coups puis roula sur le côté.

Elle lui avait lacéré le ventre et le dos. Il avait des traces de griffures et certaines allaient jusqu'au sang. Si c'était douloureux, ce n'était pas grave. Keiss se releva. Il était de l'autre côté de la clairière, la louve l'ayant projeté avec violence. Elle avait dû se faire mal pour réussir un autre loup adulte, même maigre, aussi loin.

Keiss s'avança vers la carcasse de lièvre. Elle était tombé dans la boue. Elle était dans un sale état et un loup aurait pu facilement la laisser, mais Keiss avait faim. Vraiment. Il pourrait surement encore en tiré quelque chose, surtout si un cours d'eau était proche. Passé la carcasse sous l'eau pourrai améliorer un peu les choses. Cela ne serait pas terrible, mais au moins ça serait de la viande. Ce n'était pas des insectes ou des serpents.

La louve lui faisait face et grognait. Si elle pouvait en prendre à quelqu'un, c'était à elle même. C'était de sa faute si elle était blessée. Elle l'avait mérité. Keiss n'en sortait pas totalement indemne, mais venant de passer un ans dans les terres désolés seul, en ayant faim et froid tout en faisant attaquer par d'autres loup, cet échange de coups ne lui semblait pas très grave. Il n'était pas blessé gravement, ni en danger de mort. Tout allait bien.

Keiss avait récupéré sa proie, enfin ce qu'il en restait, il n'avait plus de raison de se battre. Mais il restait sur la défensive, surveillant la louve. Il était prêt à riposter si besoin. Sa queue de lézard claque l'air en signe d'énervement. Puis il se dirigea en amont du filet d'eau à laquelle la louve s'était posée. Il avait besoin de nettoyer sa proie et voir s'il restait encore quelque chose de mangeable.

Je grognais toujours quand il délaissa le combat pour aller inspecter les restes. S'il mangeait ça il se rendrai malade. Au pire il crèverai tout seul sans que je ne fasse rien. Je restais sur le qui vive, m'attendant à un combat.

Finalement il monta en haut du ruisseau et entreprit le nettoyage du pauvre lapin. Prenant ça comme une trêve, je m'assis tout en le regardant et entreprit de lécher ma blessure tout en vérifiant régulièrement qu'il ne revenait pas à la charge. De fil en aiguille, je commençais instinctivement à faire ma toilette. La blessure n'était pas si grave que je le croyais, en la nettoyant je ne vis que quelques trous correspondants à ses crocs. Directement l'effet placebo calma ma douleur et mon inquiétude sur la blessure.

Je me léchais le coussinet, quand je me rappelais ou j'étais. Anxieuse je jetais vite un regard sur l'endroit où le loup nettoyait son lapin. Ce dernier gisait, seul. Le loup n'était plus là. Avait il fuit? était il parti?

Je ne me sentais pas seule. Je me redressais et regardais tout autour de moi, le danger pouvait venir de n'importe où.

Keiss devait se rendre à l'évidence : la proie était fichue.

Le loup était énervé, très très énervé. Il avait faim et une louve lui avait volé son repas, alors que c'était lui qui l'avait chassé. La louve fautive était trop concentrée pour le voir se déplacer, alors Keiss se recula un peu et fit le tour de la clairière. Toute la colère emmagasinée en lui l'encourageait à se battre. Et puis s'il pouvait repousser cette solitaire dans un autre territoire, au moins pourrait-il chasser plus facilement.

Le manque de nourriture poussait Keiss sur un terrain glissant, celui de la folie. Il avait de plus en plus de mal à raisonner convenablement. Ses actions n'étaient plus que guider ses sentiments et ses besoins. Il avait faim, terriblement faim.

La louve était assise, tranquillement en train de lécher ses blessures. Elle n'avait donc aucune conscience de qui risquait d'arriver ? Keiss allait lui faire passer l'envie de lui voler au proie par la suite. Au moment où elle prenait conscience qu'il pouvait être encore dans les barrages, Keiss se jeta sur elle. Il poussa la louve de tout son poids, la mordant à l'épaule.

Je hurlais en tombant, entrainant le loup dans ma chute. Il m'avait mordu à l'épaule encore plus fort. Je le repoussais en gueulant. Il m'arracha un petit lambeau de peau laissant apparaitre mon muscle alors que je le poussais pour qu'il me lâche.

Je me redressais en haletant, j'avais mal à en chier. Je rugis et le saisis au cou, le secouant, puis me propulsant pour le jeter plus loin, finissant moi même ma course par terre un peu plus loin. Je me relevais et grognais, je m'étais rendue compte que malgré sa maigreur, il était bien plus fort que moi. Mais j'avais un avantage sur et certain. Je savais voler.

Mes ailes étaient encore nickelles bien qu'un peu froissée par les cumulets. D'un grand coup je sautais et pris mon envol. Je calculais rapidement une trajectoire en sachant que le loup se relevait et que son premier réflexe serait de se réfugier sous les arbres.

Sans plus de cérémonie, je fondis sur lui comme un aigle, toutes griffes dehors, la gueule grande ouverte exhibant mes crocs.

La louve rugit et finit par lui mordre au cou. La crinière de Keiss lui servait au moins à ça, à être mieux protéger au niveau de la gorge. Elle n'avait pas pu lui faire une blessure mortel, mais il devait faire attention. Keiss dû lâcher et reculer. La louve tomba un peu plus loin. Elle se releva et commença à s'envoler.

Ils étaient en pleines forêt, Keiss commença à courir et trouver un terrain un peu favorable. Il pouvait compenser le fait que la louve puisse voler en trouvant un endroit suffisamment boisé. Keiss leva la tête et observa les environs. La louve était en train de fondre les airs pour lui sauter dessus.

Hé bien, Keiss allait lui assurer un atterrissage éprouvant. Il s’arrêta de courir, elle allait beaucoup plus vite que lui, et fit face. Elle aurait l'avantage dans les premiers échanges de coups, mais une fois à terre, il l’empêcherait de redécoller.

Comme il l'attendait, le coup de la chute de la louve fut violent. Au point que ça lui coupa la respiration. Cette fois, elle l'avait blessé réellement avec ses griffes. La douleur ne fit que renforcer son état de rage.

Il lui fallut un moment avant de reprendre l'avantage. Le loup, à force de coups de crocs et de griffes, finir par reprendre l'avantage. Il la repoussa, puis profita qu'elle soit un peu désarçonner pour continuer de l'attaquer. Cette fois il relança à l'assaut pour la mordre, son objectif lui briser une aille ou au moins lui arracher suffisamment pour l’empêcher de s’envoler de nouveau.

Mon coup réussi à merveille, je réussis à le blesser assez fort, mais il repris très vite l'avantage. J'essayais comme je le pouvais d'esquiver mais il était trop rapide, trop furieux. Je recevais coup après coup en reculant encore et encore. Encaissant comme je pouvais ses coups de griffe et de crocs. Le dernier coup qu'il m’assena fut violent et me projeta à terre avec une violence telle que je fus sonnée. Je hurlais de douleur.

D'un coup je sentis un grondement en moi. ho non....

La Rage revenait, je ne devais pas la laisser prendre le contrôle. Autant j'étais en colère contre ce loup qui ne comprenait pas les règles du Jeu, autant maintenant je n'étais plus qu'une loque apeurée. Il ne fallait pas qu'il me touche, pas encore. S'il le faisait la Rage risquait de le réduire en bouillie. Il me frappa violement encore et ma tête rebondis sur mon crâne, fêlant mon masque, un eclat me rentra dans l'oeil crevé et je hurlais. Je n'étais plus que douleur et souffrance, plus que peur et terreur.
J'écarquillais les yeux alors que sa patte se relevait pour me frapper encore.

NOON!! Attend! je t'en prie...

J'étais allongée contre cet arbre, vulnérable. la Rage gronda encore plus fort et ma terreur fit battre mon coeur comme un tambour fou, les yeux ecarquillés, je paniquais.

Il la repoussa. Et il frappa, encore et encore.

Lorsque le masque commença à se fendre, la louve se mit à hurler de douleur et de terreur. Keiss était dans une rage folle mais lorsqu'il entendit ce cris, quelque chose le glaça. Il ne savait pas ce que c'était et pouvait encore moins le nommer. Mais le loup se figea dans son geste.

Elle était vaincu, il n'avait pas besoin d'aller plus loin. La louve était en train de paniquer, de pleurer et de geindre. Keiss se recula. Il n'était pas un monstre, pas encore. Il avait eut ce qu'il voulait, ce n'était pas la peine d'aller plus loin.

Il cracha, c'était de la bave et du sang. Keiss n'était pas non plus en très bon état. C'était des blessures qui mêlaient à toutes les cicatrices qu'il avait le long du corps. Ce n'était pas les premières, ça ne serait pas les dernières. A deux mètres de la louve, il fit les cents pas, l'observant régulièrement. Quelque chose n'allait pas. IL y avait autre chose. Et si c'était un pouvoir ? Elle n'avait pas l'air de faire partie d'un clan pourtant.

Keiss se calma néanmoins. Il était toujours énervé mais à stade tout à fait contrôlable. Sa queue de lézard fouettait régulièrement l'air. Il avait faim. Qui était cette louve ?

-Qui es-tu ?

Il observait les environs, prêt à tout. Si d'autres loups voulaient venir se battre, il leur donnerait une raclé à eux aussi.

Et dire que c'était la première personne qu'il rencontrait depuis son retour à EL...

Mon sang s'était glacé et mes muscles étaient figés. Je sentais la Rage prête à sortir. Je paniquais, je n'étais déjà plus moi même, je sentais déjà perdre le contrôle. Mes griffes creusaient le sol à la recherche d'une chair à lacérer.
Mais alors le loup recula et je soupirai légèrement de soulagement. La Rage se calma, comme une bête tapie dans son antre. je la sentais toujours mais elle risquait moins de me voler mon corps à nouveau. Néanmoins je tremblais toujours comme une folle, mon oeil crevé me faisait atrocement mal, du sang coulait de sous mon masque. Il faudra que je le répare, mais le voyage jusqu'au loup maitrisant le feu qui m'avais offert son aide dans les montagnes au nord était long, bien que je ne devrai pas parcourir le continent entier.

Je le regardais, tremblante, les yeux écarquillés.

Je... Je me nommes Liessen Idril...

Ma respiration était haletante, je n'aspirais qu'à une chose, me mettre à l'abri, m'éloigner le plus possible du loup qui m'avait brisé en mille morceau. Il m'avait clairement montré sa dominance, je glissais ma queue entre les pattes et me ratatinais, de peur de nouveaux coups.

La louve qu'il avait en face de lui avait clairement atteint son point de rupture. Elle pleurait et était clairement dans un sale état. Son masque était brisé et du sang coulait. Keiss n'avait pas de remord. A un combat, on ne peut pas avoir de pitié pour son adversaire, sinon c'était mourir. La loup se demandait s'il devait l'achever ou la laisser vivre. Mais la sensation de réveiller quelque chose qui ne devait pas lui fit clairement prendre sa décision.

Il avait un regard mauvais. Dire qu'elle avait provoqué tout ça pour un lapin. Au moins, elle ne recommencerait pas.

-Je... Je me nommes Liessen Idril...

Keiss se souviendrait de ce nom. Il hésita. Il y avait-il des prédateurs ici ? Des créatures ou d'autres loups ? Des créatures, non. D'autres loups, oui. Certains pouvaient venir et la terminé. Keiss était allé trop loin. Il ne pouvait pas la laisser mourir ici. Il était venu ici pour se racheter, mais pour alourdir son cas. Etait-il aussi indigne de sa famille ? de son clan ?

Le loup recula un peu et observa la zone. Il avait faim. Tellement faim. Avant de faire quoi que ce soit, il devait se nourrir, au moins combler son estomac histoire que la faim lui fasse moins tourner la tête. La loup s'avança vers le petit court d'eau et bue. Il entraperçu son reflet, était-il donc devenu si monstrueux ? L'eau s'était marbré de sang. Il fallait qu'il soit bien orgueilleux pour se penser gagnant.

Il retourna auprès de la louve, il ne l'avait laissé que quelques minutes. Il s'avança vers elle. Sa queue de lézard ne claquait plus l'air. Il huma les alentours, sur la défensive. Il pesta.

-Tsss...

Puis se rapprocha de la louve. Il passa sa tête sur le côté de celle-ci pour l'aider à se relever :

-dis-moi où est ton refuge.

Elle allait mourir, si elle restait seule ici. Et si Keiss voulait se racheter, ce n'était pas en laissant mourir les autres qu'il allait réussir.

Lentement je me calmais. Je voyais que le loup avait faim mais je n'osais rien dire. J'avais toujours une réserve de nourriture dans les cas extrêmes. Je me mis à imaginer Adalric me voyant, que dirait il... J'eus honte de moi, ma survie dépendais encore de quelqu'un.

Je n'avais jamais de refuge fixe, je n'aimais pas m'agglutiner aux tanières avec ces autres loups. Je changeais régulièrement de trou, pour ne pas rester fixe et devenir une algue. Cela me rassurait d'être en mouvement. Le loup semblait calmé, alors en boitant fort, je pris le risque de me lever. Je restais prostrée sur moi même, la queue entre les pattes, en regardant ce loup à l'aura puissante. D'un coup de tête je désignais le haut du ruisseau, ma cachette n'était pas loin plus haut et il aurait de quoi manger.

Là... bas...

J'avançais en manquant de tomber à chaque pas. Du sang perlait de mon masque et tombait en lourdes gouttes sur le sol. Je m'arrêtais soudain et toussais, crachant une gerbe de sang à faire tourner la tête les plus sensibles. Je continuais ma route, sentant que le loup me suivait. Je continuais de trembler et j'avais la tête basse. Mon épaule me fis défaut et je trébuchais, mordant la poussière. Je me relevais en crachant encore, nous n'étions plus très loin. Je sentis alors un contact sur le flanc droit. Je sursautais, c'était mon flanc aveugle et la douleur de mon oeil n'aidait pas, je n'entendais que les flux sanguins de ce côté là, presque à m'en donner la gerbe.
La dernière montée fus éreintante, je ne sais comment je pouvais tenir, le loup m'aidait tout de même, je serai encore tombée et Dieu sait si j'aurai été capable de me relever. Mais j'allais de pire en pire. Je trouvais enfin le trou de ma tanière, et entrais.

Le sol était couvert de plumes en tout genre faisant comme un matelas moelleux et doux. Allant tout au fond, je pris une carcasse de poulet à moitié mangée et la balançais de toutes mes forces dehors pour le loup qui me suivait. Ensuite, à bout de forces, je m'affalais sur mon matelas de fortune, me vidant presque de mon sang.

La louve était un bien plus mal en point qu'il ne le pensait. Elle était dans un état où sa survie était clairement engagée. Le loup avait une once de culpabilité qui commençait à naitre dans son coeur. Elle crachait du sang. Ce qui était très mauvais signe. Si c'était une hémorragie interne, alors le loup ne donnait pas chère de sa peau.

Lorsqu'elle s'effondra, Keiss prit la décision de l'aider. Il fit de son mieux pour l'aider à marcher, mais elle était faible et son état empiré. Une fois en sécurité, il lui faudrait du temps pour s'en remettre. Enfin si c'était possible.

Il y avait de quoi s'évanouir avec la vue de tout ce sang. Mais Keiss avait suffisamment vécu pour que ça ne lui fasse rien, si ce n'est de l'inquiétude.

La louve entra dans sa tanière. Le loup s’arrêta à l'entrer et reçu une carcasse. A la vue de ce festin, le loup se jetta dessus. Il avait faim, tellement faim ! Cela ne suffirait pas lui combler l'estomac mais c'était un début. Il savoura chaque bouché comme si c'était la plus sublime des proies. Une fois son repas terminé, l'esprit de Keiss s’éclaircit. Il devait s'occuper de sa mourante.

Keiss se leva et entra doucement dans la tanière. La louve était allongé sur un tapis de plumes. Keiss s'approcha et, le plus délicatement possible, essaya de positionner au mieux ces ailes. Il observa les plaies, c'était moche. Il appuya sur certain, essayant d'endiguer l’hémorragie. Cela marcha pour certaines au bout d'un moment.

Le loup fit le tour de la tanière des yeux, cherchant une ou deux plantes pouvant aidées, mais ne vit rien. Alors il sortie de la tanière, et tout en restant assez proche, chercha quelques plantes intéressantes. Keiss avait du apprendre à se soigner seule et connaissait les base primitives de la médecine. Au bout de quelques minutes, il trouva par miracle deux plantes. La première, assze commune, permettrait de diminuer la douleur une fois mâchée et l'autre aiderait à limiter les infections. Il retourna alors chez la louve.

-Ouvre la bouche, mâche ça, la douleur va baisser.

Il lui administra la première plante puis utilisa la deuxième. Keiss était nulle en médecine, mais au moins il aurait essayé. Il se mit alors à l'entrer de la tanière, observant les lieux. Il y avait suffisamment de sang pour faire venir tout les prédateurs imaginables. Il se retournait régulièrement vers la louve. Ce n'est que le moment où il commença à neiger qu'il se rendit compte qu'elle pouvait avoir froid.

Lentement, il se retourna vers la louve et s'approcha. Il observa les blessures. Se demandant encore une fois si c'était lui, bien lui, qui les avait provoqué. Puis, voyant qu'il ne pouvait rien faire d'autre, il s'allongea contre la louve, essayant de lui donner un maximum de chaleur.

Mon corps n'était plus que sursauts et douleurs. L'éclat de mon oeil pénétrait de plus en plus, il fallait le retirer au plus vite sinon il allait crever mon cerveau. Je n'arrivais plus à réfléchir. J'entendais le loup manger ce pauvre poulet et fis un sourire minuscule, il serai sans doute plus calme après ça. J'hoquetais encore en me crispant. Du sang coulait de mes multiples blessure. La pire était sans doute l'épaule, le muscle apparent me piquait fort, mais je n'arrivais même plus à lever la tête pour me la nettoyer. Le sang ne m’irriguait plus comme il le fallait, ma tête tournait.

Je le sentis alors tripatouiller à mes blessures, et ma Rage repris de plus belle, mais de toute façon mon corps était trop faible pour bouger. Elle grognait. Il partit puis revint avec des plantes communes dont j'ignorais les effets.

Prenant la plante entre les dents, je la machonnais. Le gout était immonde, vite, je me révulsais, me contorsionnais. Mais je continuais de macher, et rapidement la douleur se calma. Cela me permis de retrouver vite mes esprits, si je voulais retirer le bout de métal coincé dans mon oeil, j'aurai besoin de l'aide du dominant.

Une bourrasque d'air glacial entra dans la tanière, faisant voler les plumes. Je le sentis se coucher à côté de moi, et la Rage ne bondit pas, peut-être s'était elle fait une raison, finalement.

Je t'en prie... il faut que.. tu m'aide... Tu dois... retirer ce bout, coincé... dans mon oeil...

Je glissais alors ma griffe sous le masque, en bas, et lui montra comment glisser la sienne en haut pour activer le mécanisme. Je sentais le bout de métal coincé dans l'oeil racler à la surface intérieure du masque, il était donc encore possible de l'extirper sans trop de difficulté, puisqu'il n'était qu'enfoncé dans ma chair.

La louve était réellement mal en point. La douleur devait l'assommer et l’empêcher de réfléchir... Au moins la plante eut l'air de fait effet, elle semblait reprendre un peu d'énergie. L'air était froid, glaciale. La tanière n'était pas si bien isolé et le vent rentra dans les lieux, sifflant. Keiss ne savait pas quoi dire, ni encore quoi faire.

La louve ouvrit difficilement la gueule pour parler. Elle avait une voix faible et hésitante. Le masque de fer s'était brisé et un éclat s’enfonçait dans l’œil de l'animal. Elle déverrouilla une partie du masque et loup activa le reste du mécanisme. C'était quelque chose d'étrange et particulièrement évolué pour une solitaire. Avait-elle toujours était solitaire ? Non certainement pas, elle devait être originaire du clan de l'air ou du feu...

Keiss attrapa délicatement le bout de métal et essaya de l'enlever sans provoquer trop de douleur. Attentif, il enleva un maximum de bouts de métal. Il était important de laisser la plaie la plus propre possible.

Une fois terminée, le loup se recula et observa la louve. Il avait tout ce qu'il fallait faire, où du moins tout ce qu'il pouvait faire. Il ne voyait pas trop ce qu'il pouvait faire pour lui augmenter ces chances de survies. Il fallait qu'elle se repose, puis mange. Il se coucha à côté d'elle, essayant de lui donner de la chaleur puis lui demanda :

-Autre chose ?

Le masque tomba à terre avec un son clair. Comme celui d'une petite cloche. Il enleva les morceaux et à chaque fois qu'il en touchait un, je serrais les dents de douleur, me retenant de hurler. Il ne fallait pas bouger si je ne voulais pas qu'ils se renfoncent profondément dans la chair. Il enleva le dernier et je pus arrêter de me retenir. Je hurlais ma douleur.

Je haletais, je n'en pouvais plus. Mais je savais maintenant que je n'allais pas mourir. J'étais en très mauvais état, certes. Mon sang coulait à flots, certes. Mais j'étais depuis trop longtemps comme ça pour être encore en vie si ces blessures devaient me tuer. Ma tête tomba au sol, ma cicatrice heurtant le matelas de plumes. Des spasmes secouaient mes pattes.

Je le regardais alors dans les yeux.

Je suis désolée... si désolée... Je... je t'ai volé ta proie... et te voilà maintenant ... me garder comme on garde.. un louveteau aveugle...

Je tremblais de honte et me ratatinais, m'attendant à la colère du loup dominant. Je tendis alors une patte vers un coin, montrant une pile de carcasses à moitié dévorées. Il y avait certainement de quoi nourrir toute une meute, enfin. Une meute... ou un couple... je ne savais plus...il comblerai sa faim en mangeant cela, et je pouvais tenter de me faire pardonner.

sers toi... Ne t'inquiète... pas pour ... moi... je suis une bonne ... chasseresse....

Mais alors que je parlais, mon corps se remis à trembler de plus belle. Un filet de bave mêlé au sang coula de ma gueule, mes yeux se révulsèrent.

La louve tremblait et avait régulièrement des spasmes. Keiss était réellement inquiet. Il ne détourna pas du regard, c'était lui qui avait provoqué ces blessures. L'horreur n'était pas faîte pour être oubliée, elle devait être connues pour ne pas être répétée. C'est ce que le loup éprouvait, même s'il faisait constamment les mêmes erreurs.

La louve s'excusait en bavant. Elle finit même par lui présentait ses réserves pour qu'il puisse se servir. Le loup eut un sourire mauvais. Non sérieusement, elle pensait vraiment qu'elle pouvait s'en sortir seul ? Dans cet état ? Keiss pesta une nouvelle fois. Son cœur balançait entre colère et culpabilité. Quand à sa faim, il pouvait très bien attendre un peu, c'était supportable.

-Tais toi Liessen Idril et repose-toi.

Il était couché à côté d'elle. Il posa sa tête contre la sienne, du côté non blessé pour essayé de la calmer. Elle devait se détendre, arrêter de faire des crises et dormir.

-Il faut dormir maintenant.

Puis il posa sa tête contre le sol, les yeux ouverts, observant les alentours et prêts à se défendre.

Il ne prêta pas attention à la nourriture. Je le regardais en me ratatinant sur moi même. Mais cela me fis mal et je gémis de douleur en fermant les yeux. Je n'en pouvais plus, j'étais exténuée. Le sang séché me tirait les poils, alors que du pu se formais sur mon épaule et dans l’œil estropié. Je tremblais toujours, mes pattes remuant vainement le sol. Mais alors il posa sa tête contre la mienne. Son contact me calma instantanément. Je tremblais bien moins et ma respiration se fis plus régulière. Je ne voulais pas dormir. Ce loup dont j'ignorais tout jusqu'au nom m'était parfaitement étranger. Je n'avais pas confiance, il pouvait très bien m'achever pendant mon sommeil où quelconque autre chose. Le dominant se coucha un peu plus loin pour guetter tout en m'intimant l'ordre de dormir.

Je ne pu rien faire. Son ordre était fort et son pouvoir de dominant ne pu me faire désobéir. Je fis ce que je pouvais pour cependant ne pas fermer les yeux. Mais rapidement un vertige me pris, je vomis une gerbe de sang, tournais de l’œil et m'évanouis.


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C'est dans un frisson que je me réveillais. Le temps était passé, il faisait sombre mais pas encore nuit. Une carcasse avait disparu, la douleur s'était un peu stabilisée, je ne tremblais plus. Je regardais la sortie et me ratatinais. Le loup était encore là. Il n'avait pas bougé et sa respiration rapide m'indiquait qu'il ne s'était pas assoupi. Je penchais la tête, intimidée et admirative. Il avait veillé ainsi toute la journée? Je ne savais plus quoi penser de lui, j'étais confuse...

La louve finit par s'endormir. Keiss soupira puis vérifia la respiration de la louve. Si elle pouvait éviter de mourir, ça l’arrangerait. Il ne voulait pas avoir fait tant d'efforts pour rien.

Le loup resta un moment à l'entrer de la tanière. Il était silencieux et observait les environs. Il pouvait avoir des prédateurs. Et s'ils étaient dans le coin, ils viendraient assurément au vu de la quantité de sang. Etre concentrée sur les environs lui permettait surtout de ne pas réfléchir. Il ne voulait pas réfléchir.

Au bout d'un long moment, il retourna dans la tanière, prenant le temps d’observer la louve. Elle était vivante et semblait dormir paisiblement. Le loup soupira. L'aider n'était pas un geste de bonté, c'était surtout pour éviter qu'il se sente monstrueux. Si les même événements se seraient passé en terres désolés, il l'aurait tué. Ici ses crimes seraient forcément découvert... Et il ne pouvait pas faire ça en voulant se faire ré-intégrer dans son clan.

Keiss attrapa une carcasse et commença à manger, il lui faudrait plusieurs semaines pour retrouver son poids initial. Mais au moins, il était vivant. Il profita de son repas, tout en observant les environs. Son instinct de survivant le poussé à ne jamais baisser la garde.

Il resta le long de la journée à surveiller. Même en alerte, cela lui permettait de se reposer. Lui aussi avait quelques blessures et la fatigue commencer à lui peser. Keiss avait des courbatures. Il était allongé à l'entrer.

Aucun prédateur ne s'était présenté quand la louve se réveilla. Elle avait meilleur mine. Keiss se surpris à être content. Son sentiment de culpabilité diminua... Mais surtout c'était peut-être la première personne avec qui il restait en contact depuis aussi longtemps. C'était un lien social, certes basé sur une baston, mais c'était déjà mieux que rien.

Le loup alla attraper une proie dans la réserve de la louve et lui mit devant la gueule. Il en profita pour l'observer un peu plus. Pourquoi avoir voulu cacher son oeil invalide par un masque ? Montrer sa faiblesse c'était aussi la vaincre, c'était crier au monde que l'on avait survécu. Il n'y avait rien de honteux à avoir des cicatrices. Cela permettait de crier au monde que l'on avait survécu.

-Mange si tu peux.

Puis il retourna à sa place. Keiss se coucha, ferma les yeux et ne surveilla les environs que par le son.

Je regardais mon épaule, La couche de pus avait disparu, et la blessure avait séché, en bonne voie de guérisons, la cicatrice serait sans doute très peu visible. Je tournais la tête vers le male qui avait bougé. Une carcasse roula vers moi et je vis son regard me percer. Je glissais la queue entre les jambes et mangea lentement. Ce ne fus pas agréable du tout. Bouger la tête me faisait sentir la blessure à l'oeil.

Je la finis cependant, ne laissant qu'un tas d'os tout propres. J'avais plus faim que je ne le pensais. Relevant le regard vers le mâle, je m'abaissais sur les pattes, soumise. Il avait gagné mon respect, en tant que dominant, à défaut d'avoir encore conquis ma confiance. De plus il avait gagné la bataille.

J'avais vécu 3 ans sans personne pour me dicter ma conduite, sans personne me dominant, et penser que maintenant quelqu'un pouvait exercer un pouvoir sur ma volonté grâce à sa dominance sans même que je ne puisse la contester. Je ne savais si j'avais vécu ainsi autrefois. Je regardais une fois encore le loup, il m'envoutait. J'étais sûre qu'il ne se servirai pas de sa dominance pour agir ainsi sur moi. Je penchais la tête légèrement.

Et toi, qui es-tu?

La question se posait, il connaissait mon nom, mais moi ignorait le sien, ce qui lui donnait l'air de rien un avantage certain.

Keiss avait les yeux fermés quand la louve commença à lui parler. Elle n'avait pas l'air de lui en vouloir plus que ça... Keiss leva la tête et se tourna vers la louve. Cela faisait longtemps que quelqu'un lui avait posé la question, très longtemps... Et au final, qui était-il ? Un monstre ou un prince ? Il hésita avant de répondre, devait-il dire son nom ? De toute façon, au vu de son apparence, le loup finirai par être identifié... Le loup finit par répondre :

-Je m'appelle Keiss.

Le loup ne voulait pas avoir une conversation, puis il se rendit compte à quel point cela le soulageait de pouvoir discuter. Cela faisait longtemps qu'il avait donné son prénom à quelqu'un. Il remuait sa queue de lézard de façon nerveuse, le loup ne savait plus ce qu'il devait penser. Le mieux serait de passer la nuit ici puis de partir, il avait d'autres choses à faire.

Le loup avait besoin d'en savoir un peu plus que Liessen. Cela pourrait lui servir plus tard.

-Depuis quand tu es solitaires ? tu viens de quel clan, du feu, de l'air ?

J'étais étonnée de ses question. De quoi me parlait il celui là...

Solitaire? je l'étais depuis... aussi loin que je m'en souvienne. Mais je pensais que ce n'étais pas là le sens de la question. Feu? air? c'est quoi ça? non je ne voulais pas faire un feu, et oui l'air était froid. Je ne comprenais rien... Je me ratatinais sur moi même, la frustration de ne rien savoir m'étreignait et me torturais.

Me disant qu'il fallait quand même que je lui réponde, je tâchais de trouver quelque chose pouvant expliquer le fait que ma réponse serai complètement à côté de la plaque.

Je le regardais en prenant soin de ne pas fixer ses yeux. Les yeux bas, plutot rivés sur son poitrail.

Je... je t'avoue que je n'ai aucune idée de quoi tu parle... Je me suis Réveilée il y'a 3 ans, complètement formée et adulte. On m'a dis que je devais avoir 7 ans, pourtant je n'ai aucun souvenir, aucun, des 4 premières années de ma vie. Je me suis Réveillée à côté d'un ravin, il y'avait en bas un cadavre mort depuis plusieurs jours. J'avais des blessures que quelqu'un avait gérie, j'en avais déduis que j'étais tombée aussi, mais le corps ne me disait rien. Je suis restée là trente jours, dans l'espoir qu'on me recherche, mais personne n'est jamais venu, j'en suis venue à me dire que je n'avais personne, que j'étais seule. Depuis je vis comme je peux, je mène mon chemin.

Je baissais la tête, me remémorer tout ça était un calvaire, mais il m'avait posé une question, et je n'eus pas le choix de lui répondre. Mon menton tremblait. Ce passé était douloureux, il ne me donnait pas envie de vivre. Mon seul pilier était Adalric, j'aurai voulu être avec lui... Il n'y avait qu'avec lui que je me sentais bien, que je me sentais vivre.

Keiss écouta la louve attentivement. Elle n'était originaire de nulle part, où du moins elle n'en avait aucune information. Elle semblait en souffrir, ce qui était normal. Il y avait quelque chose de terrible à ne pas connaître son passé. Elle n'avait pas de famille, rien. Elle avait espéré, elle n'avait rien eut.

La louve était une naufragée.

Keiss ne rajouta rien, laissant le silence s'installer. Il dû lancer un regard à la louve pour comprendre qu'elle attendait une réponse. Le loup se leva, souffla, comme pour essayer d’extérioriser ce qu'il avait dans le cœur.

Il avait encore un cœur, tout n'était pas perdu.

-Personne n'est personne. ll y a toujours quelqu'un. Il te reste forcément un proche, forcément quelque chose. Les naufragés ne le restent pas, à moins qu'ils l'aient mérité.

Le loup coupa le regard et se tourna vers l'extérieur. La nuit commençait à tomber. Et il ajouta, très bas :

-comme moi.

Pouvait-il se racheter de ses crimes ? Peut-être, jamais. Après plusieurs minutes, il demanda :

-Quels sont les prédateurs ici ?