-Aymeric-

Une caresse, une odeur. Deux pelages qui se confondent. Le sien, et un autre, plus rouge. Un mouvement, un autre, un enlacement de deux corps, et puis ... un frisson, intense. Et sans un bruit, Aymeric ouvrit les yeux, une sensation de chaleur dans tout son corps. Il bougea une oreille, puis l'autre. Il avait rêvé d'Eris, de son corps. Enfin, il en était presque sûr. Pourtant, la sensation âcre dans sa bouche restait, comme s'il avait gouté à de la cendre.

Le chasseur, encore groggy de sa longue nuit de sommeil, s'étira lentement. Ses muscles douloureux lui rappelèrent soudain tout ce qu'il avait laissé de côté au profit d'un sommeil réparateur : la course, les crampes et la soir, le dragon, les course encore et encore, la solitude. Un sourire béat vint illuminer son visage, et il tourna la tête pour voir la couche de sa sœur, vide. Il était rentré à la maison. Il allait pouvoir la revoir. Cette pensée emplit son coeur de joie, et il se leva en grognant, ignorant la douleur dans ses membres. La queue battant derrière lui, il sortit de sa tanière, ébloui par le soleil qui frappait encore de ses rayons durs tout le territoire. Solar ne s'était pas calmé, la course ne devait toujours pas être terminée.

Soudain, une odeur lui chatouilla la truffe, et il ouvrit ses yeux azurs, les pupilles rétractées. Devant sa tanière dormait sa louve, le pelage rouge caressé par le soleil. Il sourit, comme s'il était dans un rêve. Il n'aurait pas pu mieux tomber. A dire vrai, il se souvenait d'elle à présent, elle l'avait nourri pendant son long sommeil. Mais lui, trop épuisé, n'avait pas eu la force de la remercier. Il se glissa dans son dos, encore gorgé de rêves et de soleil, et glissa son museau dans son cou, comme prêt à se rendormir.

Bonjour Eris. Tu es belle.

-Aymeric-

La respiration de sa louve était calme, mais il la savait éveillée. Ses queues bougeaient lentement derrière son dos, et elle gonfla son pelage contre son museau, créant un nuage de poil rouges.


Les yeux toujours fermés, inhalant son odeur, il la sentit s'étirer et soupirer. Puis, elle s'appuya contre lui. Ils n'étaient pas au meilleur endroit, sur le sol dur et assoiffé par le long soleil, juste à côté de la tanière ou dormaient les deux Génésis. Mais pour Aymeric, c'était ici, le paradis. C'était ici sa maison. Il gronda doucement, ne voulant pas s'éveiller de ce qui semblait être un doux rêve au gout sucré et enivrant.

Toi aussi tu m'as manqué. J'ai tellement rêvé de toi pendant la course ...

Il soupira à son tour. C'était terminé à présent, était-ce vraiment nécessaire d'en parler ? Tout le monde lui avait manqué, sa famille, Eris, mais aussi tout le clan. Il ne comprenait pas comment les solitaires faisaient pour vivre aussi .... aussi seuls. Lui était profondément ancré dans ce contexte social, dans sa toile qui faisait de lui ce qu'il était. Sans les autres, il n'était plus rien. Il soupira de nouveau, essayant de chasser cette sorte de mélancolie qui l'avait pris. Aymeric était un optimiste, il ne pensait pas souvent au lendemain. Mais cette course l'avait fait réfléchir : allait-il garder la stabilité de son clan, de sa famille pour toujours ? Un doux contact le fit sortir de sa réflexion et ouvrir les yeux : une des queues d'Eris venait de l'effleurer. Il sourit, doucement. Il fallait qu'il profite de ce moment, peut-être parce qu'il n'y en aurait plus d'autres. Ne jamais oublier que tout pouvait s'arrêter du jour au lendemain. La voix d'Eris, comme répondant à ses pensées, résonna :


Aymeric ouvrit la gueule et s'esclafa, tout en restant peu bruyant.

Fière ? Pourtant, j'ai fini quatrième, au pied du podium, et gazé par des mini meuh ! Deux de mes soeurs ont fait mieux que moi, et je suis sûre que si Liz était plus grande, j'aurai fini cinquième derrière elle !

Sa bonne humeur retrouvé, sa queue battit l'air derrière lui. Il ne lui parla pas de sa triche, et de la cuisante honte que lui avait infligé Solar, non. Cela resterait entre lui et le Dieu. Et peut-être les quatre ou cinq loups qui l'avaient dépassé durant la journée ... Non, clairement, il n'avait pas brillé par son intelligence cette fois ci. Tricher, pourquoi pas, mais alors sans se faire prendre !

-Aymeric-

La demonia lui lécha tendrement le museau, et répondit. Quatrième, quatrième, ce n'était pas une place très honorifique. Mais en effet, il avait aidé ses sœurs à parvenir au bout, et il méritait son sort. Il n'aurait jamais du essayer d'utiliser ses ailes, même si la règle lui paraissait tout aussi stupide. Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir coupé les pattes de cette Source qui "tait si grande, et courrait donc plus vite ? Mais même si la course lui avait laissé un léger gout amer dans la gueule, tout ce qui comptait c'est qu'il soit de retour. Et si Eris était fière de lui, alors il était heureux.

Aymeric rit de bon coeur. Ces bestioles étaient une vraie plaie, même pour les chasseurs. Leur viande était pauvre, et elles étaient difficiles à chasser en raison de leur propension à fuir en énormes troupeaux. En plus, elles prenaient la place de meilleures proies, comme les lapins ou les cerfs. Peut-être qu'elles n'avaient plus assez de prédateurs ... La cornue qui se blottit contre lui le sortit de ses pensées. Il posa sa tête sur la sienne, comblé. Mais alors, les paroles de la belle rouge lui revint, ce qu'elle avait dit avant qu'il ne parte courir pendant de longs jours. Ensembles, chaque chaleurs étaient un risque, et Eris ne voulait pas de portée, pour le moment. Absorbé, Aymeric ne bougea pas. Ce qu'elle avait dit, le voulait-elle maintenant ?

(décision = 58) Cependant, le rouge n'arrivait pas à ouvrir la gueule et à en parler, trop timide pour cela. Et si elle se moquait ? Ce n'était pas très galant pour un mâle de remettre une chose comme ça sur le tapis, il n'était pas un ... obsédé ! Il baissa légèrement le museau, et lécha tendrement l'oreille d'Eris. Au moins il pourrait lui proposer de partir de l'entrée de sa tanière, qui n'était franchement pas un endroit idéal. D'autres pouvaient passer, y compris sa sœur, en plus le sol était dur. Alors, il proposa :

"Tu veux qu'on aille quelque part de plus confortable ?"

-Aymeric-

La rouge se retourna, lui lécha la truffe et accepta. Elle se leva, lui en suivant, mais il n'eut pas besoin de proposer un endroit : elle semblait décidée à le mener quelque part. La tête basse, souriant calmement, l'ailé la suivi, toujours groggy par le long sommeil qu'il venait de faire. Il en profita pour étirer ses membres, prenant son temps. Ils en avaient, du temps, quand ils étaient tout les deux. Tout le temps du monde.

Bien vite, Aymeric compris ou elle l'emmenait. Ils traversèrent la forêt des lys de feux, l'endroit de leur première rencontre. Il sourit, nostalgique. Il n'était alors qu'un tout petit louveteau, très très agaçant, et elle déjà presque une adolescente. Mais ils avaient quand même réussi à s'accepter, à s'apprivoiser l'un l'autre, le petit poulet agaçant et la dragonne aux yeux de démon. Lorsqu'elle écarta les dernières branches, il reconnut immédiatement l'endroit, féerique même de jour. C'était bien plus petit que dans ses souvenirs, mais il avait beaucoup grandi. Souriant, il entra dans la clairière en regardant autour de lui, comme revivant ses souvenirs d'enfants.

"Ça date, cet endroit."

Il la regarda, nostalgique. Elle était toujours aussi belle, et lui toujours aussi amoureux que lorsqu'il était enfant. S'il n'y avait pas cette drole d'histoire de rêves avec Jarks et sa nécessité de perpétuer la lignée, tout irait bien ... Tout irai bien de toute façon. Le mâle fit un pas vers elle, mais ne dit rien, regardant autour de lui. Il ne voulait pas casser la magie du moment en disant encore une bêtise, mais une question lui brûlait la langue. Pensait-elle encore à ce qu'elle lui avait dit avant la course ?

-Aymeric-

Et soudain, elle était contre lui, son front doux contre son poitrail, sa respiration qui lui chatouillait les poils, et le chasseur oublia tout le monde autour d'eux. Il prit une soudaine inspiration, surprit, avant de baisser le museau pour sentir sa louve, si proche de lui. Elle se collait à lui, comme si soudain, elle voulait lui faire le plus gros câlin qu'elle ne lui avait jamais fait. Aymeric profita du moment, respirant son odeur, puis lui lécha doucement l'oreille, le museau. Il était heureux, se sentait bien, très bien, peut-être même un peu trop. Mais le doute persistait sur les intentions de la demonia.

L'ailé enroula ses pattes autour de sa belle cornue, puis roula au sol, l'emportant avec elle et amortissant sa chute de son corps plumeux. L'attirant tout contre son corps, Aymeric rit légèrement, avant de reprendre ses léchouilles. Au bout d'un moment, il reprit un ton sérieux, et sans regarder Eris, il dit d'une voix un peu éraillée :

Dis, tu te souviens de ce que tu m'as dit ? Avant la course ?

Sa queue battait dans l'air sans vraiment qu'il puisse ne l'en empêcher. Mais il en avait envie, à vrai dire. Pas beaucoup, moins que pendant les chaleurs, mais il la voulait. Tout entière, pour lui.

-Aymeric-

Sa louve lovée contre lui, Aymeric sentait petit à petit son corps se mettre à chauffer, et son cœur battre de plus en plus fort dans sa poitrine. A force de tambouriner, la demonia finirait par l'entendre ... Mais peu importe. Aymeric sentit la patte d'Eris lui relever la tête, et il plongea ses yeux dans les siens. Un regard long, intense, comme si les deux âmes des loups se regardaient à nues, libérées de leur enveloppes charnelles. Comment était-ce possible d'aimer autant quelqu'un ?

Eris lui lécha alors le visage, et il gronda doucement, s'abandonnant à elle. Il roula doucement sur le côté, la déposant sur le sol, puis lui lécha l'oreille, le cou, la mordillant doucement. Il sentait, au fond, ce que la louve voulait. Ce n'était pas très dur. Mais l'absence de chaleurs lui permettaient de réfléchir la tête plus froide qu'à l'accoutumée. Il gronda de nouveau, sentant la sensation du manque et de la frustration pointer dans son ventre. Alors, le chasseur demanda, d'une voix faible et rauque :

"Tu es sûre que c'est ce que tu veux ?"

Elle n'avait jamais clairement dit oui après tout. Et Aymeric avait été bien élevé. Cependant, prononcer ces mots suffit pour embraser son corps de désir, et il avait bien du mal à y résister. Elle était si proche, si belle, il voulait la faire sienne dans cette clairière enchanteresse, oublier les autres et oublier qu'un jour, elle appartiendrait à un autre.

-Aymeric-

La louve rouge lui mordilla la patte, et il la laissa se dégager de lui avec regret. Elle lui lança un regard brûlant, intense, mais ... déçu ? Aymeric déglutit, la gorge sèche et le corps grondant. La frustration le prenait petit à petit, bien plus lentement que pendant les chaleurs, mais le prenait quand même. Mais pourtant elle ne lui répondait toujours pas ...


Il dressa les oreilles, la regardant faire demi tour avant de frapper dans un caillou. Mais .. Mais ? Il la regarda une seconde s'éloigner, ses queues fouettant l'air derrière lui, sentant la frustration le gagner. Il voulait seulement être galant ... Mais peut-être que les femelles n'aimaient pas tellement ça. Écoutant son instinct, il la rejoint en quelques pas bondissants, se plaquant contre son flanc, et lui mordillant l'oreille, plus fort. Il gronda de nouveau, sentant son corps lui hurler quoi faire. Il la voulait, rien que pour elle, et cette fois-ci plus besoin de demander l'autorisation.

Il se mit à lui mordre la nuque, avec un peu moins de ménagement. Écoutant son corps, le sien, tout contre elle, il attendit qu'elle lui donne l'autorisation. Ce qui ne tarda pas. Alors, gorgé de frustration et de désir, il la fit sienne, dans cette clairière ou pour la première fois il s'étaient vraiment rencontrés. Il fut un peu maladroit, mais tendre, et finit par se détacher de sa louve, le corps pleinement satisfait. Puis, il se coucha contre elle, sentant une énorme fatigue le prendre. Mais son esprit était en paix.