-Fuurin-

Pour la première fois depuis "l'incident", les chaleurs de Fuurin étaient revenues. Elle aurait du s'y attendre, ses petits avaient plus de six mois, et son corps s'était doucement remit en fonctionnement après sa mise bas, comme les médecins lui avaient expliqué. Cependant, elle ne s'était pas attendu à l'impact que cela aurait sur son mental. Le premier jour fut le plus compliqué, son ventre la tiraillant, et ses souvenirs revenant au galop la hanter. Elle avait eu envie de se terrer au fond de sa tanière et de disparaître à jamais. Mais ils étaient là, eux. Ses trois petits. Et ils avaient besoin de sortir, de se dépenser, de jouer, de voir du monde. Alors, elle n'avait rien montré, de peur que sa propre peur déteigne sur eux, et qu'ils ne deviennent comme elle, névrosée, et elle était sortie avec eux.

Petit à petit, elle s'était habituée à la sensation, apprivoisant son corps et son esprit de nouveau. Cependant, elle n'avait pas hésité à confier les trois louveteaux aux nourrices un moment, pour pouvoir se reposer. Evidemment, elle les reprenait le soir, voir certaines journées, mais il était épuisant pour elle de les surveiller en plus de rester autant sur le qui-vive lorsqu'elle était hors de sa tanière, stressée par la moindre silhouette, la moindre odeur.

Ce jour-là, elle avait décidé de garder Yerwith, Yara et Abyss toute la journée. Yara était sûrement le plus facile à garder, à rattraper. Il lui semblait pourtant qu'avec des gènes de messager, il aurait du être un peu plus rapide, mais bon. Et il n'avait toujours pas prononcé plus que quelques mots, ce qui inquiétait légèrement Fuurin. Abyss et Yerwith étaient eux plus excités, tout le temps à courir partout. Abyss grimpait, et dès que Fuurin tournait le regard, elle disparaissait. Yerwith lui était un vrai moulin à parole dès qu'il avait appris à dire deux mots. Les deux se chamaillaient, ou s'alliaient, en fonction des jours. Les garder était tout simplement épuisant, et la grise se demandait souvent comment Lagherta avait fait.

Alors qu'elle gardait un oeil sur la petite Abyss, la grise vit son fils Yerwith partir en direction du garde-manger. Elle le laissa faire, il n'irait pas bien loin dans cette zone du camp. Mais très vite, elle entendit un cri :


Elle soupira. Il y avait souvent des bestioles dans la nourriture, et cela n'avait jamais gêné personne, mais le petit louveteau semblait outré devant chaque flaque de boue. Avant qu'elle n'ait pu répondre, Abyss lui cria qu'il n'avait qu'à les manger. Elle sourit, imaginant mal son petit roitelet de fils le faire. Elle resta là, surveillant ses deux autres rejetons et attendant que le troisième les rejoignent. Mais au bout de plusieurs minutes, ne le voyant pas revenir, elle s'inquiéta : il n'avait pas décidé de lui fausser compagnie, si ? D'un geste, elle se leva, et fit signe aux deux autres de la suivre. Elle s'aventura alors un peu plus dans le camp, vers le garde manger. Marchant derrière ses enfants, elle surveillait, aux aguets. Les autres tournaient autour d'elle, comme des vautours, sans la voir. Elle devait rester invisible, mais il lui semblait que les battements de son coeur s'entendaient à des kilomètres à la ronde. Puis, elle était arrivée. Elle cligna des yeux, reconnaissant son fils.


Elle sourit en entendant la voix fluette du petit mâle. Elle lui fit une léchouille sur la touffe de poils blancs qui dépassait de son crâne, avant de répondre :

"C'est bien Yerwith. Tu veux me montrer comment tu chasses ?"

Elle fit un signe de museau vers un endroit plus boisé, un peu plus loin. Cachant son anxiété, elle n'en oubliait pas moins sa fuite : il fallait qu'elle sorte de cet endroit, il y avait bien trop de monde.

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'Combat' :

-Fuurin-

Fuurin sourit, soulagée, avant d'accompagner Yerwith jusqu'au parterre fleuris. Enfin, fleuris, c'était vite dit, quelques fleurs tardives avaient subsisté au froid qui était tombé il y a peu. Mais elles étaient belles, touches de couleur sur le sol froid et dur. Elle s'assit, se détendant : ils n'étaient plus dans l'axe principal de passage, cela était mieux. Les yeux posés sur son fils, elle l'observait. Il était vif, très vif pour son âge, enfin elle trouvait. Il cherchait déjà à apprendre le plus possible, et la chasse l'interessait tout particulièrement. Peut-être ferait-il un bon chasseur plus tard ? Fuurin en serait fière. Elle n'avait aucune attente pour ses trois enfants, seulement qu'ils grandissent bien, et ne fassent pas trop de bêtises. Peut-être qu'ils ne deviennent également pas oméga par défaut, ou pas deshonneur également.

Alors que Yerwith s'était positionné, il se redressa pour observer les fleurs. La grise resta silencieuse. Il était bien trop jeune pour apprendre à chasser, enfin à chasser comme un apprenti le ferait. Il était normal que sa capacité d'attention ne soit pas assez grande pour pouvoir mener à bien une chasse, même d'un jolie fleur. La grise se coucha en sphynx, souriant légèrement en regardant son fils ramasser les dernières fleurs du camp. Elle ne savait toujours pas pourquoi les Dieux lui avait infligé ce qu'elle avait vécu. Cependant, elle n'en voulait pas à ses trois enfants. Ils étaient beaux, et parfois le soir lorsqu'ils s'endormissaient, elle se disait qu'elle pouvait même les aimer.


La voix fluette du louveteau la tira de ses pensées. Il avait amassé un joli tas de fleurs, et le lui présentait nouées par la tige. La grise se redressa, avant de prendre délicatement le bouquet dans ses crocs, et de le poser au sol devant elle. Elle le sentit, dernière bouffée d'été avant l'arrivée de l'hiver, et donna un coup de langue sur le petit museau de Yerwith.

"Que c'est beau Yerwith, tu es très doué, je suis impressionnée."

Il s'assit devant elle, mais semblait un peu ... nerveux ? Fuurin avait du mal à détecter certaines émotions complexes chez ses enfants, et cela n'allait pas aller en s'arrangeant. Lorsqu'ils étaient petits, tout était facile. Ils avaient faim, besoin de jouer, de câlins, de rire. Mais des adultes, ou pire, des adolescents ?


Elle se leva, secoua ses poils denses avant de donner un petit coup de museau au gris pour le laisser la suivre. Elle le mena sur quelques mètres, juste assez pour les entourer de quelques arbres, sans pour autant faire disparaître les bruits du clan. Puis, elle posa sa truffe au sol, et senti, attentive. Il n'y avait pas grand chose ici. Quelques insectes, mais pas de proies, le camp était trop loin. Tant pis.

"Il faut commencer par trouver ta proie. Ici tu ne trouveras pas de lapin, ni de sangliers, mais peut-être un joli insecte. Pour cela, utilise tous tes sens, l'odorat, les yeux, l'ouïe."

-Fuurin-

Le petit mâle gris était tout excité à l'idée d'apprendre .... Bien trop excité d'ailleurs ! La louve réputée une des plus calme du clan se demandait bien ou est-ce que ce petit avait pêché ça. Mais elle sourit, amusée. Les réactions toujours exagérée de l'enfant la distrayait, lui permettait d'oublier un peu les soucis qui s'empilaient dans sa tête. Même si elle ne se retrouvait dans aucun de ses trois petits, c'était un peu un retour en enfance avec eux. Elle pouvait réapprendre, jouer de nouveau, découvrir de nouveau, et même si elle ne leur disait pas, leur en était reconnaissante.

Alors qu'elle donnait ses explications, le petit mâle se figea, à l'écoute. Lorsqu'il le voulait, Yerwith pouvait être très attentif. malheureusement, ces moments étaient bien trop rares comparés à ceux ou il faisait le pitre. Lorsqu'elle eut terminé, le silence retomba entre eux deux. Elle vit le petit gris se concentrer, humant l'air autour de lui. Seule une araignée vint répondre à son appel, ce qui créa la panique chez Yerwith :


Il secoua sa tête dans tous les sens, emmêlant ses cheveux blancs et fins. La louve pouffa, mais n'osa pas imaginer le mal qu'elle aurait ce soir à recoiffer le petit loup avec tous ces noeuds. Pour peu que l'araignée reste coincée dedans et elle l'entendrait hurler pendant des heures ... Pourtant, c'était bon les araignées ! Ça croustillait, et c'était plein de vitamine. Elle le regarda se dépêtrer seul, estimant que cela ferait office de leçon pour aujourd'hui. Finalement il se retourna vers elle, exempt de tout animal sur son crâne :


Fuurin s'approcha avant de remettre un peu en place les cheveux de l'énergétique louveteau.

"Tu aurai gagné si tu l'avais attrapé, petit loup. Ta proie s'est enfuie et tu restes le ventre vide."

UP ! C'est à toi Miklyëoth

-Fuurin-

Yerwith se tut, et le silence qui envahit leur conversation était inhabituel. Fuurin étira sa gueule en un sourire : elle l'avait sûrement déstabilisé avec son histoire de manger des araignées, son fils était un loup propre sur lui, qui n'aimait pas toutes les bestioles rampantes. Mais parfois les temps étaent durs, et Fuurin se souvenait d'avoir croqué quelques insectes et rats durant l'exil des loups de l'Eau, dans les souterrains. Une bien triste époque, qu'elle était contente d'avoir laissé derrière elle.


ça y est, le moulin à parole était relancé ! Cependant, le petit gris avait l'air bien plus inquiet par la santé mentale de sa mère qu'autre chose. Fuurin pouffa, se sentant un peu plus légère. Yerwith était un petit enfant phénoménal.


Il s'était approché pour poser ses pattes avant sur les épaules de Fuurin, l'air très sérieux. La joie de son fils avait fini par enlever la tension qui habitait Fuurin, et elle lui lécha le front avant de confirmer :