RP effectué à la Statue d'Amiria

-Shaya-

Le calme était plus ou moins revenu après les récents évènements à la Source, et petit à petit, le deuil du compagnon de Shaya s'était fait. Son père était décédé il y a quelques semaines, voir mois maintenant, et sa mort avait durement affecté sa famille. Shaya avait fait de son mieux pour être présente pour Gladys, et n'avait pas pu s'empêcher de penser à la mort de son propre père. La mort de Léone était encore gravée dans sa mémoire, et elle avait peur qu'un jour, un loup assez fort viendrai et tuerai son père. L’interdiction du combat à mort l'avait un peu rassurée, mais pas longtemps : comment lutter contre un loup assassin ?

Durant tout ce temps, Shaya avait lutté avec ses propres démons. Sa tristesse de ne pas pouvoir enfanter avait tourné à l'obsession, et elle avait du mal à se concentrer durant les prières, ce qui en général était mauvais signe pour la religieuse. Alors, un jour ou Gladys était en entraînement, elle avait décidé de rendre visite à Amiria. Elle était restée longtemps devant la statue de la déesse, avec les autres religieuses vivant autour, lui posant ses questions en prière. Mais malgré tout, aucun signe de lé Déesse ne vint l'apaiser.

Alors que la nuit tombait et que le ciel s'embrasait de mille couleurs, Shaya entendit un bruit derrière elle. Elle avait entendu parler de l'Ours, le monstre immortel qui surveillait la statue de la déesse d'Amiria. Peut-être que c'était là le signe qu'elle attendait ? Elle se leva, et interpella de manière peu sûre la masse sombre qui bougeait dans les fourrés :

"... Monsieur l'Ours ? C'est vous ?"

-Shaya-

L'ombre bougea lentement, et sorti des fourrés pour peu à peu prendre la forme d'un loup épai, immense et recouvert de terre et de végétation : l'Ours. Shaya ne bougea pas, regardant avec curiosité l'Immortel qu'avait fait Amiria s'avancer puis s'arrêter à bonne distance. Il était terrifiant, mais la religieuse savait qu'il ne lui ferait pas de mal. Elle venait simplement pour demander conseil.

« Oui, prêtresse d’Amiria ? »

Shaya sourit, baissant les yeux avant de répondre d'une voix un peu intimidée par le roc millénaire qui se dressait face à elle :

"Oh, je ne suis que prêtresse d'Iria. Je viens pour vous demander conseil."

Elle leva vers lui un regard brûlant de toutes les questions qui n'avaient pas de réponse. Elle avait demandé aux Dieux de nombreuses fois, mais jamais ils n'avaient répondu. Etait-ce bon de chercher la voix d'un immortel ? Ne devait-elle pas mieux chercher par elle-même ? Devant l'immense monument qu'était le Gardien d'Amiria, elle hésitait. D'une voix timide, elle commença, un peu péniblement :

"Je ... j'ai demandé conseil à Amiria, mais je n'ai pas encore trouvé de réponse. Je ..."

Elle soupira. Le dire à voix haute était pénible, et son émotion l'empêchait d'être efficace. Elle détourna le regard, regroupant son courage, avant d'expliquer à l'Ours, tout en regardant le sol :

"Je ne peux avoir d'enfants. Mon corps est trop faible pour porter les petits, pour les mettre au monde. Mais moi je ... je veux devenir mère, je veux perpétuer ma lignée, et celle de mon compagnon. Je ne sais pas quoi faire. Vous pensez que .... vous pourriez m'aider ?"

-Shaya-

Le géant avait secoué la tête de gauche à droite, serrant le coeur un peu plus de Shaya, écrasant ses derniers espoirs.

L’Ours ne peut t’aider. Amiria ni aucun autre dieu non plus. La vie est parfois cruelle, mortelle. Ceux qui ont tenté d’outrepasser les règles l’ont payé de leur vie. La seule issue est de renoncer à ce rêve.

La louve sentit ses yeux piquer, les larmes perlant au coin de ses paupières. Elle ne pouvait pas croire que ses espoirs venaient d'être réduits à néant, une nouvelle fois. Comment pouvait-elle avoir cette envie si fort d'enfanter, mais qu'on lui le lui refuse ? Comment était-ce juste ? Devait-elle renoncer, encore une fois, à quelque chose de "normal", que tous pouvaient faire, seulement à cause de sa maladie ? Non, elle ne pouvait pas l'accepter, il devait y avoir un moyen. Écarquillant un peu les yeux, elle se rapprocha de la montage, levant la tête jusqu'à se faire mal au cou :

"Non, ce n'est pas possible ... Il doit y avoir un moyen !"

Elle avait l'impression de taper sur un mur, de s'y briser les griffes, et les espoirs. Etait-elle la dernière ici à avoir encore l'espoir de transmettre les gènes de son père, de Gaor ? Les deux fiers guerriers méritaient de voir leur sang couler sur cette terre encore longtemps, et Shaya se sentait mal, si mal d'être celle qui devait la finir. Elle aurait fait n'importe quoi .... N'importe quoi.

-Shaya-

La montagne ferma les yeux, comme pour se protéger des émotions bien trop violente de la petite louve à la chevelure grise. Shaya recula alors d'un pas, consciente qu'elle avait peut-être dépassé les bornes. Il était un immortel après tout, et peut-être qu'elle insultait Amiria en se révoltant contre ses desseins. Mais était-ce vraiment un mal de se battre pour ce qu'elle voulait, pour ce qu'elle pensait juste ?

« Ta santé fragile ne peut être changée. Mais tu peux être la mère d’un louveteau perdu ou rejeté. Tu ne seras pas mère de sang, mais tu peux être mère d’esprit. »

Non, elle ne pouvait pas accepter ça, elle ne pouvait pas. Elle ressentait en elle .... Au creu de son ventre, de ses reins, ce besoin viscéral de porter ses enfants, de les garder en elle jusqu'à les faire naître dans la douleur et le sang. C'était ce qu'elle voulait le plus au monde. Elle voulait transmettre tout ce que son sang et celui de son compagnon portait. Ses épaules s'affaissèrent et elle baissa le museau, les larmes coulant silencieusement le long de son museau.

Puis, une idée germa. L'histoire de l'Ours était connue du clan, du moins des religieux. Shaya n'était pas sure de tout, mais elle savait que l'Ours était né d'une mère infertile, comme elle. Elle releva lentement les yeux avant de parler, d'une voix pus calme, plus basse :

Mais vous, Monsieur l'Ours, vous êtes nés d'un miracle non ? Auriez-vous préféré ne pas exister ?

-Shaya-

La masse rocailleuse vint se pencher au dessus d'elle, coupant toute lumière sur le visage de la petite louve. Instinctivement, Shaya se recroquevilla sur elle-même, un peu effrayée. Il avait beau avoir une réputation de pacifiste, l'Ours pouvait d'un coup de croc lui broyer le crâne et lui ôter la vie. Elle regretta instantanément d'avoir été assez courageuse pour poser la question, mais en même temps, aurait également regretté de ne pas avoir insisté.

« L’Ours ne répondra pas à ce genre de questions. »

Il ferma les yeux, comme si la fatigue avait frappé cet être centenaire. Shaya resta immobile, tendue jusqu'à ce qu'il se retire pour reprendre une posture plus calme.

« Ce qui s’est passé ne doit jamais se reproduire. »

Shaya baissa le museau. Elle n'aurait pas du demander, mais avait finalement eu sa réponse : c'était déjà arrivé. Mais cela avait probablement eut des répercussions qu'elle ne pouvait pas comprendre, en tant que mortelle. Peut-être était-ce lié à l'apparence de l'Ours, ou pas. En tant que prêtresse d'Iria, elle en savait moins que les autres sur l'immortel d'Amiria. Alors, elle se redressa, et reprit un sourire poli, bien que ses yeux restaient tristes :

Merci, Monsieur l'Ours d'avoir répondu à mes questions. Je vous souhaite une bonne nuit.

Elle le salua, reprenant son masque souriant, mais son cœur pleurait. Elle pleurait les enfants qu'elle ne pourrait jamais avoir, elle pleurait cette instinct maternel puissant qui la forçait à combattre pour ce qu'elle voulait. Elle qui avait toujours prit la vie comme elle venait, avec gratitude, aujourd'hui elle en voulait au monde entier. Elle se détourna, et parti, son sourire fanant une fois qu'elle eut disparu dans les ombres.