-Maishka-

La caverne avançait péniblement à travers la plaine savane, chaque pas lui arrachant un rictus douloureux. La terre, froide et dure, ne faisait rien pour améliorer la situation dans laquelle elle se trouvait. Elle releva le museau vers le ciel blanc, morne, qui encapuchonnait sa tête, renifla pour la forme, mais sans surprise, il n'y avait personne.

Cela faisait des semaines que la caverne était seule,totalement seule. Des semaines qu'elle se demandait ce que faisait son Roi, son clan. Des semaines qu'elle se demandait si sa mission en valait bien le coup. Lorsqu'elle était partie, au tout début, elle avait pensé que cela serait facile, que les cavernes reviendraient en nombre chercher leur Roi, leurs anciennes terres. Mais non. Il n'y avait plus personne, plus rien à quoi s'accrocher à part leurs territoires qui peu à peu se transformant sans eux. Elle grimaça, la froideur s'imniscant dans son cœur, venant le geler comme ses pattes et ses coussinets. Elle avait erré longtemps, mais à présent l'hiver venait. La chute de température brutale n'avait pas laissé à son corps le temps de s'adapter assez vite, et le sol trop dur lui avait brûlé les pattes. La caverne crème et vigne cherchait à présent un endroit où s'abriter pour la nuit, mais ne trouvait pas grand chose. Les plaines, de paradis pour la chasse en été, se transformant en désert de neige en hiver, et elle devrait rapidement rentrer si elle ne voulait pas se retrouver prise en sandwich.

Mais alors qu'elle s'adonnait à ses pensées stoïques, un son lui fit relever la tête. Au nord, devant elle, se trouvait une silhouette lupine, toute blanche, comme annonciatrice de la neige qui bientôt tomberait. Un message des dieux ? Non, plutôt un solitaire. Maishka grogna. Si c'était encore un mâle venu profiter d'elle pendant ses chaleurs, il allait regretter d'être venu au monde. L'imposante louve avait déjà défendu son honneur à plusieurs reprises, chaleurs en terres solitaires oblige. Mais alors qu'elle se rapprochait, elle sentit l'odeur fleurie de l'inconnu lui chatouiller la truffe : une femelle, elle aussi. Bien. Curieuse, et en manque d'interaction avec un autre loup, elle lança lorsqu'elle fut à portée de voix :

"He, toi, qu'est-ce que tu fais là ? Lorsque la nuit tombera, tu risques de mourir de froid dans ces plaines."

l'hivers avait finit par pointer le bout de sa truffe. Et avec elle, le froid se faisait de plus en plus ressentir. Hywel était..à bout de forces. Elle avait bien tenté d'approcher le clan du désert, mais effrayé par les premières personnes qu'elle y rencontra, elle avait fuit encore une fois.
Tout de façon ce n'était pas comme si elle était bonne à faire autre chose que fuir. Lorsqu'elle était plus jeune, on lui faisait souvent des compliment sur son apparence. Son visage adorable, ses petites pattes, sa fourrure duveteuse...Aujourd'hui elle maudissait ce même corps bien trop faible.

Le regard et la tête basse, la jeune louve errait sans but, son regard se perdant sur ses pattes sales dont la couleur aurait pu autrefois se confondre avec celle de la neige qui lui mordait les coussinets...Si minable..

"He, toi, qu'est-ce que tu fais là ? Lorsque la nuit tombera, tu risques de mourir de froid dans ces plaines."

Une voix la sortit de ses songe et elle releva la tête pour voir une louve qui, a son contraire se mêlait assez difficilement à ce paysage de glace. Elle était grande et robuste...Une caverne. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'en avait plus vu.
les oreilles en arrières, elle se racla la gorge, ne s'avançant pas vers l'étrangère, elle essaya toutefois de faire entendre sa voix

Je suis perdue, comme beaucoup de gens qui viennent dan ces plaines . Et vous que faites vous là ? Il y a encore des cavernes ici ?

Pour une fois elle laissa sa curiosité parler. peut être que l'étrangère prendrait mal sa dernière phrase et l'attaquerait ? Elle déglutit à cette pensée mais ne chercha pas à fuir. Elle préférait encore mourir de froid dans ces terres inhospitalières que de prendre le risque de se confronter à un mâle en cette période

-Maïshka-

La louve blanche s'immobilisa, semblant seulement l'apercevoir. Après tout, Maïshka était restée sous le vent, sans s'en rendre compte, mais elle n'avait pas l'intention de surprendre ou d'attaquer. Si loin de chez elle, elle n'était pas la menace, mais refusait d'être la proie. La blanche coucha les oreilles et se racla la gorge, avant de dire d'une voix faible couvrant à peine le vent :


La caverne plissa les yeux. Si cette solitaire connaissait le nom des cavernes, alors peut-être avait-elle fait partie d'un clan il fut un temps. Mais elle ne sentait aucune animosité dans la voix de la blanche, ni dans ses expressions corporelles. Le temps des cavernes, et du conflit avec la Source était loin à présent, et l'animosité des clans avaient diminué après la dissolution du clan. Trop heureuse de parler enfin à quelqu'un, Maïshka sourit avant de répondre sincèrement :

Justement, j'en cherchais, mais il n'y a plus personne apparemment.

Elle soupira, regardant autour d'elle. De loin, elle pouvait voir un bosquet de petits arbres chétifs, mais ne se souvenait pas de l'endroit ou se trouvaient les quelques tanières dont elle se souvenait. La lumière baissait rapidement à présent, et très vite le froid prendrait le pas sur le reste dans la plaine. Peut-être qu'elle pourrait demander à cette louve blanche de l'accompagner ? Après tout, si elle était perdue ... Enfin, si elle disait la vérité. Mais Maïshka n'était pas inquiète, de part la taille de la louve en face, sa stature, et sa méfiance naturelle face aux solitaire émoussée par le manque de liens sociaux. Elle sourit, et reprit :

Je cherchais une tanière pour la nuit, j'étais sûre qu'il y en avait par ici. Tu veux m'accompagner ? J'allais vers le bosquet là-bas.

Le regard peu confiant, comme si elle s'attendait que la caverne lui hurle dessus. Hywel attendit avec appréhension sa réponse. Surprise alors qu'elle vu cette dernière lui sourire:

Justement, j'en cherchais, mais il n'y a plus personne apparemment.

L'oreille de la blanche tiqua, visiblement étonné. Peut être bien qu'elle devenait paranoïaque face au caractère de ses semblables ?...Peut être bien que les gardes du désert était pas tous si mal attentionné aussi ?
Elle secoua rapidement la tête a cette pensée, la chassant par la même occasion. Non. On était jamais assez prudent. Surtout quand on était faible comme elle, il n'y avait que la prudence qui pourrait lui éviter des situation comme Svalrog ..

Je cherchais une tanière pour la nuit, j'étais sûre qu'il y en avait par ici. Tu veux m'accompagner ? J'allais vers le bosquet là-bas.

Elle cligna des yeux, semblant un peu hésiter. Peser le pour et le contre quelques secondes. Elle baissa alors le museau en fixant l'étrangère souriante. On lui avait toujours dit lorsqu'elle était à la source que les cavernes qui avaient suivit leur ancien roi étaient des grosses brutes.
Svalrog se vantait même d'en avoir décapité un...Mais peut être que comme beaucoup de choses, il ne s'agissait que des rumeurs qu'on disait à la source.

Je...p-pourquoi pas..

Elle s'avança alors, restant malgré tout à une distance raisonnable. Une chose est sure, malgré cette aide bienvenue, elle resterait sur ses gardes.
Et...mieux valait éviter que cette étrangère sache qu'elle avait fait partie de la source aussi..

-Maïshka-

La blanche la regarda, gardant toujours ses distances. Elle semblait sur ses gardes, bien plus que Maïshka, ce que l'on pouvait comprendre en voyant la différence de carrure des deux louves. Mais peut-être que finalement ce n'était pas très sage de chercher un refuge ensemble, qui sait, la blanche pourrait peut-être l'attaquer dans la nuit, l'avoir par surprise ? La caverne balaya cette pensée d'un coup de tête. Elle préférait rester au chaud pour la nuit, quitte à ne pas dormir pour pouvoir surveiller.

La caverne hocha la tête. C'était dit à présent. Elle emboita le pas à la blanche, respectant la distance de coutume entre solitaires. Elle savait que parfois, certains solitaires se regroupaient, s'entraidaient, comme le groupe qu'elle avait senti au nord-est. Mais elle n'avait encore jamais vu comment cela se faisait, tous les solitaires qu'elle avait rencontrés étaient .... définitivement pas faits pour rester en groupe. Mais la petite louve blanche, elle, semblait différente. Cela renforçait encore l'hypothèse d'une ancienne clanique. Maïshka répondit, alors que les deux marchaient vers le semblant de bosquet, sur un ton léger :

"Faut pas avoir peur, je ne vais pas te manger. Je peux comprendre qu'en cette période, être une solitaire soit plus tendu, mais on peut se serrer les coudes si tu veux."

Elle bailla pour se détendre, et montrer sa bonne foi. Le côté un peu manipulateur de Maïshka ressurgissait parfois, essayant de faire ami-ami avec leurs "voisin". Même si seul son clan l'importait, avoir des informations pouvait toujours être utile. Elle enchaîna, sur un ton toujours péger :

"Tu était une clanique avant ? Les solitaires qui connaissent le nom caverne sont assez rares."

La caverne face à elle hocha la tête, semblant pas plus que ça perturbé par son comportement. Ce qui, d'un certainement manière rassura un peu Hywel. Cette louve n'était pas du genre à forcer la patte, et pour quelqu'un comme elle qui avait besoin d'une certaine distance, c'était du pain bénis.
elle continua alors d'avancer en sa compagnie, laissant son regard se perdre dans le paysage. Essayant par reflexe de faire un plan mental de l'endroit où elles aillaient.

"Faut pas avoir peur, je ne vais pas te manger. Je peux comprendre qu'en cette période, être une solitaire soit plus tendu, mais on peut se serrer les coudes si tu veux."

l'oreille de la petite louve blanche tiqua et elle tourna son museau vers la louve qui baillait. hésitant un peu avant de lui afficher un léger sourire. La louve en face d'elle était forte mais ne devait pas échapper aussi aux avances parfois un peu lourdes de mâles en cette période également. Mais à sa différence, elle doutait que cette dernière ai énormément de mal à repousser les plus insistants.

"Tu était une clanique avant ? Les solitaires qui connaissent le nom caverne sont assez rares."

Malgré elle, Hywel se sentit imediatement plus crispé à cette question d'apparence innocente. Elle sentit ses muscles se tendre un peu, et alors qu'elle regarda sur le coté, semblant un peu reflechir, elle ajouta:

Et bien je..je faisais partit du clan de l'eau autrefois, lorsque la source à été formé, j'en suis partit, mais le nom des caverne ne m'a toutefois pas échappé. Cependant, je n'ai pas vraiment beaucoup de détails sur votre histoire à vrai dire..

Elle camoufla sans mal plusieurs détails de l'histoire. Son passé d'espionne lui ayant appris à mentir avec un naturel tout particulier. Elle regarda la louve caverne avec une certaine curiosité, continuant à la suivre de son pas léger.

-Maishka-

La louve blanche à ses côté sembla se tendre. Était-ce parce que la caverne avait devine son origine ? Elle ne connaissait pas bien les codes des solitaires, mais devinait que l'origine pouvait être tabou. Ou bien elle faisait avant partie de la source, voir même avait une dent contre les cavernes ? Elle jeta un rapide coup d'œil à la louve, comme pour se rassurer. Non, celle-ci ne pourrait pas lui faire de mal, elle était également mal en point, amaigrie.Maishka se sentait en confiance.


Et bien je..je faisais partit du clan de l'eau autrefois, lorsque la source à été formé, j'en suis partit, mais le nom des caverne ne m'a toutefois pas échappé. Cependant, je n'ai pas vraiment beaucoup de détails sur votre histoire à vrai dire..

La caevren hocha la tête. C'était logique, elle se doutait qu'un source ayant vécu l'attaque des cavernes sur son clan n'aurait pas été aussi sympathique avec une louve aussi ostensiblement caverne. Pourtant, ils n'étaient plus ennemis. Si elle avait bien compris ce que son Roi lui avait dit, alors elle devait faire profil bas auprès des clans, se faire oublier. Peut-être même que depuis le temps, les claniques avaient oublié l'attaque,mais elle ne saventurzit pas assez près des frontières source pour le savoir.

"Je vois"

Elle se tut, et continua à marcher. Bientôt, les deux loves arrivèrent près du bosquet ou quelques arbres chétif se battaient en duel au milieu d'une sorte de renfoncement. Elle se mit à flairer le sol : aucun trace récente de loup.

"Je crois qu'il y a une tanière par ici. L'endroit me dit quelque chose."

Restant à une distance raisonnable de la louve caverne. Hywel leva toutefois la tête pour observer les alentours et humer l'air. Ces terres étaient comme morte. L'herbe qui poissait ici était rêche et desséché, les loups qui y passait...D'autant plus rare.

"Je vois"

hywel se tut, assez attentive à la louve aux couleurs blanches et bordeaux. Si cette dernière ne semblait pas spécifiquement convaincu par ses dires, elle ne semblait pas lui en tenir rigeur pour autant.
Toute deux, elle avancèrent alors dans les anciennes terres du domaine caverne dans un silence plus ou moins pesant.
A un moment, alors que la caverne huma le sol desséché et la pierre, elle s'exclama:

"Je crois qu'il y a une tanière par ici. L'endroit me dit quelque chose."

Elle hocha alors la tête, continuant de la suivre jusqu'à arriver à une petite caverne bien caché et isolé de tout. Un leger sourire se dessina sur les babines d'Hywel. En effet, toute seule, elle aurait bien eut du mal à trouver telle refuge.
S'approchant alors, laissant entrer la caverne en première dans leur abris de fortune. L'ex source s'allongeant dans un coin assez sec et isolé, restant à une certaine distance de sa colocataire, elle leva toutefois le museau vers elle:

Au fait..Je me nomme Hywel

la petite louve blanche n'était pas vraiment prête de s'approcher ou de chercher le contact. Pour autant, quelque chose d'aussi simple qu'un prénom était pour elle déjà signe d'une certaine marque de confiance.
Cette caverne ne lui avait pas mentit en lui disant qu'elle cherchait simplement un refuge pour la nuit et elle lui en était assez reconnaissante.

-Maïshka-

La blanche ne dit rien, se contentant de la suivre. Maïshka marcha encore quelques mètres avant de repérer l'entrée de la tanière qu'elle avait repéré il y a quelques temps. Elle y passa la tête : l'endroit était étriqué, mais assez confortable pour deux. Et surtout, le sol était sec, la neige n'y étant pas tombé. Cela suffirait pour la nuit, et à deux, les louves se réchaufferaient mieux. Pas que Maïshka en ait besoin avec son pelage dense, mais peut-être que la banche pourrait user un peu de chaleur au vu de son état. La caverne n'était pas là pour faire la charité à tous les solitaires qui passaient, mais cette petite louve avait l'air gentille, et elle lui évoquait un peu de pitié.

La caverne alla s'installer sur un côté de la tanière, assez proche de la sortie sans toutefois oser se placer dans le courant d'air froid qui y entrait. Le soleil se couchait déjà sur l'horizon, embrasant malicieusement le ciel nuageux : quelques minutes de plus, et la nuit aurait rendu bien plus difficile la recherche de l'entrée. La caverne pose sa lourde tête sur ses pattes, mais garda les yeux ouverts : elle ne faisait pas totalement confiance à l'inconnue, et elle se doutait que l'autre non plus. Mais une semi-nuit au chaud valait mieux que pas de nuit du tout. Maïshka soupira. Son Roi lui manquait.


Maïshka la regarda du coin de l’œil. Elle s'était allongé elle aussi, gardant une distance de sécurité entre elles. Rien n'indiquait dans son comportement qu'elle comptait trahir le peu de confiance que Maïshka avait placé en elle. La caverne ferme un instant les yeux, laissant le silence ouaté des nuit d'hiver emplir la tanière qui s'assombrissait en même temps que le jour partait.

Moi c'est Maïshka.

Il y avait peu de chance qu'après cette nuit, les deux louves se recroisent. Les solitaires allaient et venaient, et au vu du physique de la louve blanche, celle-ci finirait probablement morte, violée ou clanique. La caverne espérait que la dernière solution serait la meilleure, mais elle ne pouvait pas l'aider plus que cela sans mettre en danger sa propre personne, et son clan. Elle ne pouvait pas faire la charité à tous les solitaires des terres. Alors, les yeux mi-clos, la louve se détendit peu à peu, laissant une torpeur demeurant alerte prendre ses sens pour la nuit.