Douce nuit. La pleine lune inondait le lieu de sa lumière, reflétant sur la nature calme. Plus particulièrement sur ces lys, allumés de leur éclat magique, faisant danser leur flamme à l'image de leur couleur. Le sol neigeux était tapissé ci et là de boules de feu orange, bleu, rose ou blanc qui dégageaient une douce chaleur et un parfum agréable. Cette chaleur, très appréciable en cette nuit d'hiver particulièrement froide, réchauffée le corps et l'esprit. La neige autour des différents groupements de lys avait même quelque fondue à force de subir ces flammes. Postée sur un rocher à la surface plate et faisant office de promontoire, Midéro profitait de cette chaleur. Assise dans la neige qu'elle avait un peu balayée de sa queue, et entourée de ces fleurs particulièrement plaisante, elle observa la rivière de La Roche. L'eau était gelée, offrant une passerelle pour celui ou celle souhaitant passer du Feu à l'Air. Bien que la plaque de glace doit y être fragile. De plus, la froideur plus que négative du désert devait en rétracter plus d'un également. Elle posa ensuite les yeux sur la rive opposée : ce désert de sable noir. C'était calme. Il n'y avait pas un bruit, pas un chat, que ce soit ici ou chez les Airs. Le silence régnait en maître et ce fut un vrai bonheur d'être dans ce silence bienfaisant. Mlle.Midéro contempla par la suite la lune. C’était tellement beau. Une fois qu'elle posait les yeux sur une pleine lune, elle avait du mal à s'en défaire. Cette lune avait une emprise réelle sur elle, et sur les loups en général. La dame avait envie de hurler. Elle hésita quelque peu. Elle ne sut pourquoi. Après tout, qui l'empêchait de hurler ? Et puis, ce n'est pas comme si son pouvoir pouvait se déclencher par inadvertance en faisant cela. Alors qu'elle s'apprêtait à céder à cette pulsion, elle entendit des chants provenant du campement. L'instinct naturel prit le dessus et accompagna sa décision récente. Elle leva la truffe vers le ciel étoilé et se mit à hurler. Répondant ainsi à son clan, mais également à l'astre lunaire. Bien vite, les précédents chanteurs entendirent son appel et la rejoignirent. Des hurlements s'ajoutèrent bien vite, ceux qui n'étaient pas encore endormis, avaient cédé à l'appel du hurlement eux aussi.

Cette sérénade lupine dura bien plusieurs minutes, durant lesquelles tout le monde se répondirent. Elle crut même entendre des loups du clan de l'Air, mais ce n'était peut-être que son imagination. Pendant ce laps de temps, elle était bien trop plongée dans ses pensées et sa sérénité pour pouvoir capter ce qui l'entourait. Elle envoya la dernière note et se tut. Elle respira un grand coup, les babines étirées en un sourire satisfait. Elle ouvrit ses yeux qui se posèrent directement sur la lune. Elle la contempla encore quand un bruit lui parvint. Elle tourna aussitôt la tête en cette direction et aperçut dans l'ombre de la nuit Hexx.

Dans les ombres de la nuit Xef avait prit plaisir à s'étirer longuement et à fuir la cacophonie de la meute qui c'était mit à chanter la lune. Ne pouvaient-ils pas la respecter et la vénérer dans le silence ? Lui n'arrivait plus à la prier comme il le voulait et c'était une horreur. Lui avait toujours prié la lune, il ne la chantait pas, il allait la priait religieusement comme un pauvre être vivant qui se traînait avec respect vers une divinité. Mais ici les loups chantaient lorsque la lune était pleine et il n'arrivait ainsi plus à la prier en paix.

Alors il avait quitté la meute dès que tous avaient fait entendre leur voix. Il était parti le plus loin possible et ici aussi il avait retrouvé quelqu'un qui faisait entendre sa voix. Il reconnu le timbre de Midéro et en approchant il découvrit sa silhouette avant de baisser les oreilles. Oh que son chant pouvait se montrer aïgue. Enfin, ce n'était pas bien grave, chacun avait son timbre de voix après tout. Et puis il appréciait Midéro, et peut être qu'elle ne serait pas comme les autres tout excité devant la lune. Il souffla alors et la rejoignit tandis qu'elle terminer ses notes.

Quand elle se retourna de trois quart et qu'elle l'aperçu il inclina la tête en signe de salut et de respect aussi. Si elle hurlait seule c'était beaucoup plus agréable que si tous se mettait à hurler d'un coup et que cela faisait une cacophonie disgracieuse et désagréable à l'écoute. Il redressa alors la tête avant de venir vers elle et de la rejoindre.

"Bonsoir Mlle Midéro, comment vous portez vous ?"

Il la respectait sincèrement et savait combien le respect était important pour elle. Il l'avait très vite comprit dès sa première rencontre avec elle le jour de son arrivé où il avait rencontré Zal. Il agita alors les oreilles avant de s'asseoir prêt d'elle et de poser ses yeux sur la lune. Il agita alors les oreilles avant de couler son regard toujours caché vers elle.

"Ici elle me semble très différente de ce que je voyais dans mon ancienne meute..."

Mais en fait tout lui semblait très différent ici, même le vent dans son pelage et l'eau contre ses pattes. C'était étrange et troublant pour lui. Mais pas désagréable pour autant. Et puis il commençait enfin à réellement se sentir chez lui dans la meute, alors il avait aussi la sensation que tout était encore nouveau pour la deuxième fois ce qui était perturbant. Mais ça ne le dérangeait pas, découvrir et redécouvrir c'était ce qu'il aimait.

Xef, toujours aussi respectueux, inclina la tête en signe de salutation. Mlle.Midéro lui retourna son geste. Elle le vit, par la suite, s’avancer. Afin d'être à la même position, elle se leva et descendit de son perchoir. Elle sentit inévitablement la froideur de la neige sur ses coussinets. Cela ne la dérangeait pas, mais le contact l'avait surprise. Assise sur ce rocher à faire le vide et hurler, elle avait oublié qu'elle se trouvait dans un endroit enneigé.

- Bonsoir Mlle Midéro, comment vous portez vous ?
- On ne peut mieux ! Cette nuit est des plus agréables.

Elle afficha un sourit. Elle aurait put se sentir gênée en sachant que Xef l'avait entendu hurler à la lune, mais il n'en était rien. Elle se sentait trop bien pour sentir une quelconque gêne vis-à-vis de cela. De plus, Hexx était différent. Elle se sentait bien en sa présence. Avec lui, elle n'avait plus à jouer un rôle vis-à-vis des autres membres du clan et à faire attention à ce qu'elle disait. Xef n'était pas natif du Feu, ni même du pays. Cela l’arrangeait dans sa relation amicale envers lui. Elle l'appréciait sincèrement. Elle ne connaissait pas son passé et cette ignorance lui allait totalement. Elle ne cherchait pas à le connaître depuis la démonstration qu'il lui avait faite dans les cachots. Lui non plus ne connaissait pas le sien et il valait mieux qu'il ignore son passé de tueuse.

Le noble agita ses grandes oreilles et tourna un peu plus la tête en sa direction. Elle en vient à la conclusion qu'il la regardait directement. Elle n'avait jamais réussi à apercevoir ses yeux et elle doutait qu'elle les verrait un jour. Ce loup était des plus mystérieux, mais cet aspect ne la dérangeait guère.

Ici elle me semble très différente de ce que je voyais dans mon ancienne meute...

Cette phrase l'intrigua. Elle pointa le museau vers le ciel et caressa la lune de son regard fantomatique. Elle ne voyait pas trop de quoi il parlait. Pour elle, la lune était tout à fait normale : ronde, brillante et attractive. Après cette vérification, elle abaissa le museau et posa à nouveau ses yeux sur lui. Curieuse, elle posa cette question :

Comment était-elle chez vous ?

Peut-être était-elle naïve. Hexx avait sans doute dit ceci, car la lune lui inspirait à présent un autre sentiment qu’autrefois. Mais, c'était une tout autre conclusion à laquelle Midéro en était venue. Après tout, la magie recouvre le monde. Des étrangers l'ont connu bien avant d'arriver ici. Peut-être que là-bas, elle était réellement différente d'ici.

Le rouge et noir laissa la femelle venir vers lui. Elle était toujours aussi élégante et délicate. Cette femelle avait une démarche troublante mais réellement agréable à observer. Il souffla longuement et l'observa entrer en contact avec la neige, elle semblait troublée par ce nouveau froid. Sans doute l'avait-elle oublié durant son hurlement.

La voix mélodieuse et agréable de la femelle fila à ses oreilles. Il était assez content que la louve ne soit pas gênée par sa présence. Après tout il était venu jouer les trouble faits alors qu'elle terminait de hurler. Pour lui chanter la lune était quelque chose d'intime. Alors il aurait comprit qu'elle soit dérangée par sa présence nouvelle, mais elle ne l'était pas et il avait apprécié ce fait plus que de l'entendre hurler la lune. Car il était la seule qu'il avait apprécié d'écouter. Peut être parce qu'elle était hors de la cacophonie du clan et qu'il aimait déjà sa voix parlé.

Il la vit lui sourire, elle semblait détendue, et il l'était aussi, prêt à une discussion, a un moment avec elle. Il aimait la présence de la louve. Elle était agréable, elle ne cherchait pas à connaître son passé bien noir, et elle acceptait ce qu'il était. Pour lui cette relation d'amitié était des plus douce. Et pour lui cette relation amical était des plus agréables à vivre. Il la vit l'observer, il se demanda alors si elle était dérangée par le fait qu'elle ne puisse voir ses grands yeux démoniaque.

"C'est vrai que cette nuit est des plus agréable. Et puis je dois dire que la lune est splendide."

Puis il observa la femelle un moment avant de se rappeler de la question qu'il c'était posé. Lui il pouvait voir ses beaux yeux nacrés, mais elle ne pouvait même pas apercevoir les siens. Il pencha alors la tête, un sourire amusé, mais doux à la fois se dessinant sur ses babines.

"ça vous trouble de ne pas pouvoir croiser mon regard ?"

Puis elle sembla surprise par sa remarque et lui posa la question qu'il s'attendait à avoir. Il agita alors les oreilles avant de poser son regard sur la lune au dessus d'eux. D'abord il ne ressentait ppas la même chose en la voyant, ainsi il n'avait pas la sensation qu'elle était la même que dans sa meute d'origine. Et puis elle était vraiment différente car elle n'avait pas la même couleur. Le mâle souffla alors longuement.

"Là d'où je viens la lune à une teinte orangé, et elle est toujours ronde. Et puis ma vie est différente ici que là bas alors je ne ressens pas la même chose lorsque je la regarde. Mais... Le jour où j'ai quitté mon ancienne meute, quand je me suis retourné, la lune était immense et teinté d'un rouge sanguin. J'avais la sensation que le sang de mes frères l'avait teinté. Et puis le paysage était cauchemardesque et il n'y avait qu'elle pour voir l'horreur de ce qu'il se passait, et j'avais presque l'impression qu'elle pleurait..."

Sa voix avait été douce, mais également emprunte de tristesse. Jamais il ne se remettrait de ce qu'il avait vécu. Ou du moins pas complètement. Ses oreilles à l'horizontal, une certaine peine émanait du mal. Mais il chassa rapidement ses pensées et ce souvenir. Il secoua alors son épais pelage rougissant avant qu'un nuage de fumé ne s'élève au dessus de lui. Il soupira alors en faisant un mouvement de tête désapprobateur et désespéré. Mais bon, ça fumée faisait parti de lui, il fallait s'y faire. Le loup n'existait pas sans sa fumée. Mais certains l'évités pour éviter de respirer cette fumée noir qui brûle souvent le museau.

"Excusez moi pour ce désagrément... "

- Ça vous trouble de ne pas pouvoir croiser mon regard ?
- Un peu. Je n'ai pas l'habitude de voir quelqu'un cacher ses yeux. Et je me demande aussi quelle couleur ils pourraient avoir.

Elle afficha alors un petit sourire. Bon nombre de femelles devait sans doute lui rétorquer la même chose, ou du moins, une équivalence. Outre ce questionnement de couleur, elle se demandait parfois s'il la regardait elle, ou quelque chose d'autre. Avec cette crinière devant les yeux, il était parfaitement aisé pour lui de regarder où bon lui semble. Ce, sans que son interlocuteur ne s'en rende compte. Il pouvait très bien regarder derrière elle ou à côté, sans qu'elle ne le sache aucunement. Cette chevelure constituait à la fois un atout, mais aussi potentiellement une contrainte. Quelqu'un pourrait se faire des idées et croire qu'il le snobe par exemple. Cependant, Midéro trouvait cette part de lui mystérieuse. Cacher ses yeux, rajoutait un côté ténébreux au loup qui l'était déjà. Et elle mentirait si elle disait qu'elle ne trouvait pas cela intéressant voir même, ayant un côté excitant. Elle-même s'amusait parfois à cacher tout son côté gauche à l'aide de sa chevelure bouffante.

Elle lui posa alors la question. Celle en rapport avec la lune de son chez-lui. Il leva le museau vers l'astre lunaire et sembla l'observer. Après plusieurs secondes de contemplation, il lui répondit.

Là d'où je viens la lune à une teinte orangé, et elle est toujours ronde. Et puis ma vie est différente ici que là bas alors je ne ressens pas la même chose lorsque je la regarde. Mais... Le jour où j'ai quitté mon ancienne meute, quand je me suis retourné, la lune était immense et teinté d'un rouge sanguin. J'avais la sensation que le sang de mes frères l'avait teinté. Et puis le paysage était cauchemardesque et il n'y avait qu'elle pour voir l'horreur de ce qu'il se passait, et j'avais presque l'impression qu'elle pleurait...

Sa voix s'était faite à la fois douce et triste. À travers cette réponse, il lui avait livré une petite partie de son passé. Elle comprit tout de suite ce qu'il insinua. Elle baissa les oreilles à cette constatation. Ce n'est pas étonnant que personne ne connaisse son passé. Un passé comme celui-ci, on n'a guère envie de le ressasser. Elle ne put cependant s'empêcher de penser qu'une lune orangée devait être des plus belle, émanant des halos d'or. La lune rouge, sanguinaire, elle n'apprécia guère cette idée.

Midéro l'observa. Les oreilles basses, la tristesse l'envahissait. Il plongea dans ses pensées. Il en revint presque aussitôt, se secouant pour se libérer de cette emprise. De la fumée se dégagea de lui, ce qui surprit aux premiers abords la noble. C'était la première fois qu'elle le voyait émaner ceci. Il soupira par la suite.

Excusez moi pour ce désagrément...

Cette fumée devait l'agacer. Il avait d'ailleurs du avoir des remarques vis-à-vis de cela et plus d'une fois. Midéro ne dit rien. Après tout, cela faisait sans doute partie de son pouvoir et il ne devait probablement pas pouvoir contrôler ces apparitions. Sinon, il aurait empêché qu'elle apparaisse. Passant outre ceci, elle continua la conversation comme si de rien n'était.

Vous avez perdu votre meute si je comprend bien...

Mlle.Midéro prit la décision de s'approcher de lui. La fumée s'étant dégagée flottait encore. Elle souffla devant elle et fit un grand mouvement de queue pour essayer de la dissiper. Elle se doutait que ce n'était pas dangereux, sinon il l'aurait averti de ne pas s'en approcher. La fumée s'était quelque peu dispersée, mais persistait malgré tout. Pas grave, elle irait là-dedans quand même. La fumée lui chatouilla et lui picota légèrement les narines. Elle ne put retenir un éternuement, pas des plus classe cependant. Elle continua tout de même et se posta à côté de lui. Elle regarda derechef la lune, songeuse, elle prononça :

Vous n'êtes pas le seul à avoir un sombre passé. C'est une bien maigre consolation que je vous donne, mais sachez que je comprend votre tristesse. Moi-même j'ai un passé noir et glacé.

La fin de la phrase faisait clairement allusion à Pandore : cette louve noire au pouvoir de glace, entre autres. Cependant, Hexx ne saurait probablement pas reconnaître la référence. Après tout, plus personne ne ressassait vraiment cette période, mis à part les conteurs, nourrices et parents pour que les générations futures connaissent l'Histoire. Les adultes préféraient taire entre eux ce règne disparu il n'y a pourtant que 3 ans. Mais d'autres évènements, entre-temps, avaient aidé à chasser cette période de leur esprit.

Elle le regarda de son regard fantomatique, voilé par la fumée. En se positionnant à ses côtés, elle avait graduellement rétréci la distance qui les séparait. Mais elle s'en fichait. À vrai dire, elle ne s'était pas rendu compte de leur soudaine proximité.

Xef s’approcha soudainement d'elle. Il vient lui donner un léger coup de museau au bord de l'oreille. Prise de surprise, elle se tendit à ce contact, ne s'attendant aucunement à ceci. Ce geste avait été léger et rapide, mais elle le sentait encore.

Merci. Vous parler est déjà une grande consolation. Et que vous me compreniez est un soutient énorme...

Cette phrase, dite avec tant de douceur au creux de son oreille, lui fit rater un battement de cœur. Elle ne dit rien et ne bougea pas non plus, toujours tendue. Il s'extirpa soudain de cette proximité. Voyant cela, elle expira calmement, se surprenant à avoir retenu sa respiration. Elle papillonna des yeux et l'observa, déconcertée par ce qu'il venait de se passer. Elle en restait sans voix et ne savait quoi en penser. À vrai dire, elle n'arrivait plus à penser.

Dites Mlle Midéro, votre Territoire, il s’étant jusqu’où ?

À l'entente de cette question, elle reprit doucement ses esprits. Il venait de la sortir de sa torpeur. En réalisant ce qu'il lui avait demandé, elle bascula légèrement la tête sur le côté. Elle ne pensait pas vraiment qu'il lui poserait ce genre de question. Personne ne lui avait donc appris quoique ce soit ? Elle pensait que le clan aurait été bien plus amical et qu'il lui aurait expliqué l’essentiel. C'est ce que l'on faisait en général avec les nouveaux, on leur faisait un topo. Elle tourna les yeux, fixant un point invisible. Puis, elle claqua de la langue l'air mécontent. Sa queue s'agita légèrement sous le coup de l'agacement. Le "garant" ne pouvait pas être Adara, sinon elle l'aurait fait. Le noble qui avait intégré Xef au clan était un bon à rien ! Cela l'a désespéré. Quand Adara apprendra ça, le noble en question passera un sale quart d'heure ! Mlle.Midéro soupira. Cela ne servait à rien de s'énerver maintenant. Elle attendra demain pour régler cette histoire. L'air plus détendu, elle reposa les yeux sur son interlocuteur.

Notre territoire s'étend des montagnes du Néants jusqu'à cette forêt. Ce sont nos plus gros territoires. Ils font aussi office de frontière avec le pays voisin. Surtout les montagnes. Nous sommes plus ou moins tout en longueur comparé aux autres. La rivière de La Roche est une frontière, entre nous et les Airs, qui nous appartient.

Bien qu'elle soit encore un peu agacée par cette nouvelle, elle lui adressa un sourire. Après tout, il n'y était pour rien, il n'avait pas besoin de subir sa mauvaise humeur naissante. Néanmoins, elle ne put s'empêcher de penser à toutes ces choses qui lui étaient inconnues. Le pauvre devait être perdu et avoir plusieurs questions en tête. Rien que sur les territoires en eux-mêmes et leur répartition par exemple. Une idée lui vint alors. C'était aussi un peu de sa faute de ne pas s'être inquiétée plus que cela de son intégration.

Xef. Si tu as besoin d'un guide pour te montrer nos terres et les neutres, cela ne me dérange pas de t'accompagner. Et de t'expliquer certaines choses en même temps.

Réalisant l'impact de cette proposition, elle se tut, n'ajoutant rien de plus. S'il acceptait sa proposition, cela voudrait dire qu'ils passeront bien plus de temps ensemble. À cette constatation, elle s'assit, baissa le museau et bougea la tête. Sa chevelure abondante descendit sur son visage, cachant toute sa partie gauche ainsi que l'entièreté de son museau. Il ne restait plus grand chose de visible : son œil droit et sa joue. Elle jeta un coup d’œil curieux au noble. Bien sûr, passait du temps avec lui ne l'a dérangé pas. Au contraire, elle aimait être en sa compagnie. Cependant, il y avait un je-ne-quoi qui rendait la chose pas comme les autres. Elle ne saurait dire quoi exactement, mais ce n'était pas pareil avec lui qu'avec une autre personne. Il était différent des autres mâles qui ne pensent qu'à s'entraîner ou qui ne pensent qu'à leur besoin personnel ou leur personne. Il n'était pas égoïste. Elle ne le connaissait pas assez, mais pour elle, il ne l'était pas. Ne pas savoir ce qu'il y avait entre eux de si paisible, l'a dérangé un peu. Elle n'arrivait pas à mettre la patte dessus. Elle repensa alors à ce qu'il s'est passé entre eux il y a quelques minutes. C'est peut-être simplement lui et son côté ténébreux que j’apprécie tant. Elle fixa d'autant plus la neige au sol et se sentit rougir. Ses pommettes blanches cassées prirent une légère teinte rosée. Elle se sentit gênée et elle espérait qu'il ne le remarque pas. Elle commençait à avoir chaud. De sa patte, elle joua nerveusement avec la neige.

Xef refusa poliment l'aide de mademoiselle Midéro. Bizarrement, ce refus l'atteint plus qu'elle ne l'aurait pensé. Normalement, elle ne devrait pas être affectée par cela, mais présentement, son cœur se serra un peu. Certes, ce n'était pas son devoir de réparer les erreurs des autres, mais elle l'avait aussi proposé pour passer du temps avec lui. Elle ne côtoyait pas vraiment les personnes du clan. Il était rare de la voir se balader tranquillement avec quelqu'un à ses côtés. Ça arrivait, bien sûr, mais ce n'était que quelques échanges amicaux qui ne duraient jamais longtemps. Une fois qu'ils avaient fini de partager quelques frivolités avec elle, ils partaient. En somme, elle n'avait pas de réels amis, juste des connaissances. Les deux seuls amis qu'elle avait, ce sont des solitaires ex-Mort tout comme elle. Ainsi, elle part très souvent du campement pour les rejoindre. Parfois, elle part du clan pendant plusieurs jours. Xef était un loup de son clan et qui plus est, il appréciait la compagnie de mademoiselle Midéro. Alors, elle le voulait comme ami. Il serait son seul véritable ami faisant partie de son clan...

Midéro prit la décision de s'asseoir, Xef la suivit. Le froid de la neige n'était finalement pas si désagréable. Quelques lys s'éteignirent, ayant recraché toute leur lumière emmagasinée. Il devait être bien tard. Tout le monde devait dormir à l'heure qu'il est, mis à part quelques gardes nocturnes peut-être. Les hurlements à la lune s'étaient tût depuis un moment déjà, achevant les prières à Moon. La noble avait le regard bloqué sur lui, caché par sa chevelure. Elle était dans ses pensées et ne se rendait pas compte qu'elle était fixée sur lui. Soudain, elle baissa légèrement le museau pour se concentrer sur la neige. Elle espérait qu'il ne l'ait pas vu rougir subitement. Il n'en dit rien. À la place, il reformula la proposition de Midéro faites auparavant. Elle pourrait l'aider, mais d'une autre manière. Plutôt que de lui montrer l'étendue des terres du Feu, elle pourrait lui donner de plus amples renseignements sur le pays. Mlle.Midéro leva le museau et le regarda derechef.

Ce serait avec plaisir. Que souhaites-tu savoir ?

Le regard pétillant et un sourire aux babines, elle serait tout à fait apte à répondre à ses questions. À défaut d'avoir eut des amis, autres que les deux solitaires, elle s'était beaucoup renseignée sur le pays dans lequel elle vivait. On pouvait dire qu'elle connaissait pratiquement tout. Même des légendes et histoires qui sont un peu méconnues. Elle connaissait même le nom de certains clans des pays voisins. Elle avait d'ailleurs déjà foulé le sol de l'un d'eux et conversé avec un petit groupe de leurs sentinelles. Fort heureusement pour elle, ils ne s'étaient pas montrés hostiles et après une explication de sa part, ils l'avaient accompagné durant une journée sur ces terres inconnues pour elle.

Elle pivota son corps vers lui afin d'être plus apte à le regarder sans devoir tourner la tête. Ce serait plus pratique et poli pour entamer cette nouvelle discussion. La nuit entre les deux n'allait pas se terminer maintenant, mais ce n'était pas grave, la fatigue n'était pas encore venue frapper à la porte.

Le mâle sembla satisfait de l’enthousiasme que la femelle donna à sa réponse. Seulement, il fut quelque peu gêné pour une raison inconnu. Midéro perçut cette légère gêne dans sa position devenue un poil tendu. La noble cornue observait beaucoup les gens. De ce fait, elle pouvait déceler le moindre changement d'attitude ou de sentiment, même léger. La raison de cette petite gêne arriva bien vite.

Je… Crois que j’ai besoin d’avaler quelque chose. Cela vous conviendrez si j’allais chasser et que je vous retrouvez au camp pour vous poser mes questions ?

Il se releva et afficha un air désolé. Il attendit tout de même une approbation ou non de la part de Midéro pour partir à la chasse. Elle ne pouvait pas lui refuser cela. S'il avait faim, il fallait qu'il assouvisse ce besoin. Elle n'allait pas le lui refuser juste par envie de rester avec lui. Si la chasse avait été son fort, elle lui aurait proposé son aide, mais la chasse et elle, ça faisait deux. Étant de famille noble et ayant toujours eut un bon statut, elle n'avait jamais vraiment bien appris à chasser. Dans sa famille, les femelles ne chassaient pas. Elles n'apprenaient que le strict nécessaire concernant cet acte.

Bonne chasse.

Elle lui adressa un sourire avant de se lever à son tour et d'emboiter le pas vers le campement. Elle ira dans sa tanière en attendant son retour. Seulement, elle dormira peut-être quand il viendra. La fatigue commençait à pointer le bout de sa truffe, bien que très supportable. Mais une fois bien installée dans sa tanière douillette, elle pourrait succomber au pouvoir de Morphée.