LYDIA

Lydia dormait profondément entre sa mère et sa soeur quand un vent froid la réveilla. Maman s'était levée et regardait par la fenêtre. Il faisait encore nuit et un vent glacial passait par l'ouverture étroite. Elle grogna et se serra plus étroitement contre sa soeur pour profiter de sa chaleur. Elle se rendormit quand sa mère vint reprendre sa place contre son dos.

Le lendemain, elle fut de nouveau réveillée par un courant d'air froid, mais cette fois, Shailin non plus ne lui tenait plus chaud. Elle grommela avant d'ouvrir un oeil. Maman vint la pousser du museau dans le cou. Son deuxième oeil s'ouvrit.

Lydia ma chérie, viens, réveille toi, j'ai quelque chose à te montrer.

Elle se redressa et bailla à s'en décrocher la mâchoire. Elle regarda autour d'elle, Shailin n'était pas dans la pièce, elle était encore partie vadrouiller. Ça inquiétait maman, mais sa soeur s'en foutait. Elle se leva et s'étira avant de suivre la grande louve noire. Elle la suivit dans les couloirs, rasant les murs quand elles croisaient des adeptes. Il faisait particulièrement froid aujourd'hui, et la vieille bâtisse en pierre était aussi bien isolée qu'une passoire...

Elles arrivèrent enfin dehors, et un espèce de truc blanc épais et froid couvrait le sol. Elle se figea. Qu'est-ce que c'était que ce truc?! Maman se jeta dedans, sautillant, visiblement très contente. Lydia la regarda avec des yeux ronds. Elle n'avait jamais vu sa mère comme ça. Elle posa une patte circonspecte sur la surface blanche. C'était très froid. Elle grimaça.

Maman... C'est quoi ce truc?...

LYDIA

Sa mère se roulait allègrement dans cette chose blanche et froide, elle qui était craintive, ce qui rassura la petite sur la non dangerosité du truc. Mais quand même... C'était vachement froid! La petite dansait d'une patte sur l'autre sur le pallier de la porte. Sa mère revint vers elle.

C'est de la neige ma chérie, il n'y en a que quand il fait très froid, ce sont larmes d'un ange qui sont tombées du ciel. Viens n'aie pas peur, c'est froid mais c'est très doux!


Lydia la regardait, dubitative. C'était quand même très très froid tout ça... Imryu tassa un chemin dans la neige, Lydia reposa sa patte dessus, bon au moins elle ne s'enfonçait plus. Elle posa une deuxième patte, incertaine. Pourquoi fallait-il que ce soit froid? Et pourquoi cela brulait-il ses coussinets? Pourquoi maman aimait-elle autant ce truc? Elle renifla le sol. Même pas d'odeur rigolote. Elle était vraiment dubitative.

Vas-y, essaie.

Elle grommela. Ça y est, elle avait les quatre pattes sur ce truc. Elle avança vers sa mère, se demandant en quoi ça pouvait bien être amusant cette chose.

LYDIA

Elle avançait lentement dans les traces laissées par sa mère, se rassurant peu à peu sur la dangerosité de la masse blanche et glacée qui recouvrait le sol. Visiblement, ça n'allait pas la manger. Imryu, elle, se roulait allègrement dedans. Quand elle l'a vit s'approcher elle se retourna, le museau partiellement sous la neige, le regard pétillant. Voir sa mère aussi heureuse lui fit agiter la queue. Elle ne l'avait jamais vue comme ça...

On peut faire plein de choses avec la neige. Souvent elle garde la forme qu'on lui donne, elle garde les empreintes c'est plus facile pour chasser. Mais c'est aussi beau, regarde.

Sa mère lui montra sa patte avant de l'appuyer doucement sur la surface blanche. Quand elle la releva, l'emprunte scintillante parfaite des coussinets de la louve noire apparut. Les yeux de la louvette s'écarquillèrent et elle voulut essayer. Elle posa sa propre patte dans l'emprunte de sa mère, elle comblait à peine le coussinet de paume de sa mère. Quand elle souleva sa patte, le dessin laissé par la mère et la fille était adorable. Une petite patte dans une grande patte, unies jusqu'à ce que quelqu'un passe par dessus ou que les beaux jours ne fassent fondre la neige.

La neige est précieuse car elle est rare. Sur les terres du pays elle ne tombe pas souvent, et encore moins avec autant d'ampleur. Elle est malléable, on peut faire tellement de choses avec. Un peu comme le sable qui se trouve sur la plage, je t'y emmènerai un jour, l'eau est magique et rend invisible tout ce qui s'y plonge.

La petite louve regarda sa mère avec un mélange de crainte et d'envie. Elle avait peur qu'une eau qui rend invisible ne puisse la faire disparaître à jamais. Elle avait toujours peur. Elle n'avait connu que ça, malgré l'amour de sa mère, malgré la présence de Shailin à ses cotés, elle qui était si téméraire. Lydia avança encore un peu dans la neige. Maintenant qu'elle était rassurée par la non dangerosité de cette chose, elle voulait en découvrir plus.

Elle leva la patte et tapa dans un monticule de neige. La chose blanche explosa en million de flocons et la petite bondit en arrière. Elle frissonna, c'était son premier hiver et sa fourrure n'avait pas poussé au point d'être aussi dense que celui de sa mère. Déjà, ses pattes et son ventre étaient trempés.

Maman, j'ai froid...

Sa voix s'était faite plaintive, avec un léger trémolo qui annonçaient des sanglots. Lydia était très sensibles aux émotions, et la peur et la surprise, la découverte, exacerbait sa sensation de froid. De plus les louveteaux de son age se fatiguaient vite.