Hydromos pouvait profiter de l'après guerre récente pour se reposer un peu. Pour l'instant, il y avait des blessés à panser et des jugements à donner. Lui, Ware, Aslan et Okazeh pouvaient profiter un peu de cette pause. Bientôt, ils devront se réunir avec les nobles conseillers pour une réunion post-guerre, quand tout se sera un peu calmé. Ce, afin de connaître avec plus de précisions les pertes, les handicapes potentiels et leurs effectifs. Le conseil se réunissait quelques minutes chaque jour où une juge venait leur faire un compte-rendu des jugements s'étant déroulés dans la journée. Mis à part ça, ils étaient libre de souffler pour l'instant.

L'alpha paon se trouvait dans sa tanière lorsqu'il entendit des bruits de pas vers chez lui. Il tourna le museau vers son entrée, attendant de voir si c'était pour lui ou si la personne allait simplement passer. La réponse ne mit pas longtemps à venir, une louve demanda son attention et se présenta. L'hybride se leva et sortit de chez lui, trouvant Imryu presque couchée, oreilles vers l'arrière et queue cachée.

Imryu. Il ne risquait pas d'avoir oublié son nom. On lui avait suffisamment parlé d'elle au château du Crépuscule et aussi, elle s'y était faite attraper. Si elle était libre, c'est que son jugement était passé. Cela avait dû se produire aujourd'hui, car le conseil n'avait pas encore eu de rapport vis-à-vis d'elle. Ainsi, les juges ne lui ont pas donné la peine capitale. Tant mieux. Cela aurait été injuste que les filles d’Éléonore optent pour ce verdict et qu’Éléonore elle-même approuve cette finalité. Il ne savait pas dans les détails comment tout ceci se déroulait, mais apparemment, la déesse de la justice donnait un avis lors du verdict final. Il s'était déjà demandé de quelle façon elle apposait son choix. En tout cas, si Imryu est encore en vie, c'est que Pélops n'avait pas menti à son sujet.

Tu peux te relever. Si tu es là, c'est que les juges t'ont rendu libre. Il lui adressa un sourire amical afin de ne pas paraître austère. Que souhaites-tu me dire ? Dit-il en s’asseyant, l'écoutant.

Il se posa la question : intégration ou exile ? Si l'exile avait été son sort, les gardes l'auraient gardé jusqu'à la fin des jugements pour ensuite l'emmener avec d'autres individus potentiels à une frontière. Remarque, peut-être a-t-elle demandé à voir un haut-gradé et que ça lui a été accordé. Cependant, il ne lui demanda pas, il allait sans doute le savoir dans quelques instants.

La louve se détendit un peu et se releva, bien que gardant les signes montrant qu'elle se soumettait totalement à l'hybride. Imryu n'était pas trop à l'aise, sinon elle ne conserverait pas autant ce langage corporel. Hydromos n’assoyait pas sa dominance dans sa posture. Si ce n'est son port de tête haut que tous nobles et hauts-gradés ont généralement, qui peut signifier sa supériorité.

Oui, les dieux se sont montrés cléments et les juges m'ont déclarés innocente. Affirma-t-elle avant de poursuivre : Elles m'ont offert l'asile ici, me disant que j'étais libre et que je pouvais rester si je le souhaitais. J'ai pu retrouver ma fille Lydia.

L'intégration fut le verdict final. Les juges ont permit à l'ex-Feu de retrouver ses anciens camarades. Seront-ils clément de la savoir de retour ? Elle a été innocentée et donc, reconnue comme étant "adepte esclave". En théorie, ils n'ont pas de motif pour lui faire des misères. Au contraire, il faudra l'aider à se réintégrer après les horreurs qu'elle a dû voir et le calvaire qu'elle a dû vivre.
Lorsqu'elle mentionna Lydia, elle sembla se détendre encore, sa queue remuant même un peu.

J'ai perdu trois de mes petits et je tenais à vous remercier d'avoir accepté sa présence, d'avoir pu prendre soin d'elle, alors que j'aurai du être là.

Les yeux de la mère s'embuèrent à ce souvenir. Hydromos ne pouvait la châtier en lui reprochant sa non-présence, puisque ce ne fut pas du ressort de la mère. Elles l'ont subit. Si cela avait été volontaire, alors l'alpha aurait déjà rétorqué sèchement, renvoyant les remerciements d'un revers de la patte.

Il fut normal d'avoir intégré votre fille, alors qu'elle était malgré elle dans les rangs d'Akui. Cela aurait été cruel de la tuer ou de l'exiler alors qu'ils essayaient de s'en servir comme d'un outil. Elle a prouvé qu'elle ne voulait pas de cette vie et de ce dieu.

Par contre, trois petits perdus ? C'était une nouvelle information. Lydia les avait renseigné sur le fait qu'elle avait des frères et sœurs, dont une ayant fait partie de l'attaque avec elle, mais elle leur avait dit qu'ils étaient trois et non quatre. Le cadavre d'une louvette avait été retrouvé et emmené à la frontière avec le pays voisin. Avec les dires de Lydia, ils surent après qu'il s'agissait de cette sœur. De cette attaque, seul cet "adepte" fut éradiqué. Même si en réalité, ce fut une victime collatérale qui aurait pu être sauvée. Lydia avait eu de la chance d'être resté en retrait et qu'Adrian lui soit tombé dessus. Ainsi donc, seule Lydia est en vie parmi ses enfants. Une bien triste histoire qui n'est pas si surprenante en sachant où ils vivaient. Au contraire, il aurait été fortement surpris de savoir toute la portée survivante après la bataille des éléments.

Imryu avait baissé la tête. Il ne voyait plus l'expression de son visage, mais peut-être hésitait-elle à dire quelque chose. Attendait-elle qu'il lui permette de disposer ? Il décida d'attendre quelques secondes encore avant de réagir.

Malheureusement, j'ai décidé de partir, et Lydia a décidé de me suivre. Je serai éternellement reconnaissante de la bonté du clan du désert, toutefois je suis née ici et j'y ai vécu quatre ans, et je crains que ça ne soit pas une bonne idée pour moi et pour tout le monde ici que je reste. Je ne suis qu'une adepte ayant trahis son clan pour servir un dieu fou...

Ah, elle souhaite partir... En vérité, ça ne le surprenait pas tellement. La nourrice expérimentée à laquelle il avait confié Lydia, était venue à lui pour un entretient de suivi. Il y a de ça un moment maintenant. Elle lui avait appris que Lydia avait beaucoup de mal à s'intégrer, préférant observer et rendre des services qu'on lui demandait. Elle cherchait à accomplir des tâches, mais elle n'avait pas de but particulier. Elle n'avait pas entamé de formation, prenant d'office le statut d'oméga. Rang auquel elle jugeait sa place. La sécurité qu'apportait la vie dans le Désert la rassurait, mais étant catégorisée comme une adepte, il semblerait que certains jeunes n'aient pas compris ce qu'elle était et qu'elle se faisait persécuter. Pour Imryu, il pouvait comprendre aussi. Elle a été enlevée, du moins jusqu'à ce que le rapport du jugement tombe, afin de servir de mère porteuse. Un guerrier jugé compétent devait être le père et sans nul doute que ce n'était pas un tendre. Entre des êtres mauvais, des déserteurs et des bannis, les colocataires ne devaient être guère plaisants. La louve bicolore doit être changée à jamais après cette vie dans le château. Un retour à la normalité dans un clan serait très difficile.
Après un temps de silence qui parut peut-être long, sa voix résonna de nouveau.

Très bien. Vous pouvez quitter le clan. Je sais que Lydia n'arrive pas à s'intégrer. Ses seules relations sont les nourrices, dont sa tutrice. Elle n'a pris part à aucun apprentissage, choisissant d'office d'être oméga et d'œuvrer en effectuant diverses tâches pour les autres. Toutes les deux, je pense que vous n'arriverez pas à vivre convenablement ici. Ce que vous avez vécu vous en empêchera. Visiblement, vous avez juste besoin de vivre ensemble, dans un coin calme. Je ne peux que vous conseiller la forêt Talaïala. La partie sud, en partant du lac, est restée terre neutre.

Après une pause, il termina sur un ton bien plus sérieux, l'avertissant :

Par contre, Imryu, toi et Lydia avez une dette envers le Désert.

Il ne risquait pas de l'oublier, s'étant retrouvé dans l'affaire des deux cas. Imryu et Lydia, peut-être que le Désert ne les sollicitera jamais, néanmoins, Hydromos ne pouvait pas les laisser partir sans leur contracter cette dette. Peut-être qu'un jour, ils auront besoin de renseignements que seuls des solitaires pourront connaître ou avoir.

C'est évident, alpha. Nous sommes éternellement reconnaissants envers le clan du Désert et si un jour nous pouvons lui être utile, de quelque sorte que ce soit, nous nous ferions un honneur de rembourser cette dette.

Imryu s'était redressée, un peu plus à l'aise à présent maintenant que l'alpha leur accordait son aval. Hydromos n'avait rien de plus à ajouter. Imryu ne s'opposait pas à cette dette contractée et elle en était même consciente. Pour elle, ça coulait de source. L'hybride hocha la tête et lui dit qu'elle pouvait rejoindre sa fille et partir. Une fois que cela fut fait, il appela Rock'N'Roll afin qu'il délire aux sentinelles le message que c'est normal s'ils ne voient pas revenir Imryu et Lydia dans les terres, car elles quittent le clan.