Lagherta

Guerrière — Source

"La vie est si courte..."

L'attaque des Cavernes avait eu lieu il y a trois semaines. Nous avions gagné, mais à quel prix ? P'pa avait été gravement blessé et était passé à deux griffes de la mort. Heureusement, Odine avait pu intervenir à temps et le sauver, bien que sa convalescence se prolongeait. Léone, et Zéphilian se partageaient le plus gros du travail, afin de palier à l'absence du second alpha.

J'avais réalisé, lors de l'appel de secours pour P'pa, sur le champ de bataille, que j'aurais pu le perdre, lui aussi. J'avais déjà perdu Ragnar, et cela m'avait totalement brisée. Puis P'pa avait failli mourir, et si les frères cendré n'avaient pas tué Yogrenn, je suis presque certaine qu'il aurait éradiquer les enfants de son fils qu'il considérait comme un traître à sa race. Peut-être aurait-il également tué Wydis...

Après avoir longuement marché dans les territoires de la meute, réfléchissant à tout cela, je rentrais dans ma tanière, alors que le jour se levais. J'avais passé la nuit dehors, Keiss devait sans aucun doute être inquiet, mais je me doutais qu'il comprenait mon état. D'autant plus que j'avais repris un peu les rênes après l'attaque des Cavernes. Nous avions même eu les quatre boules de poils à charge, jusqu'au réveil de P'pa, trois jours plus tard, Wydis souhaitant rester à son chevet. Je ne pouvais pas dire que la première semaine avait été facile, mais je remontais doucement la pente et reprenait une vie à peu près normale.

Je me glissais dans notre tanière et même si Keiss était allongé, les yeux fermé, je savais qu'il ne dormait pas, pour la simple raison que je n'étais pas près de lui... Je m'approchais de mon compagnon, mon cœur se réchauffant à mesure que son odeur envahissait mes sens, et je me frottais contre lui.



Je lui léchais tendrement le museau et enchaînait avec ma décision. Nous en avions déjà parlé, mais avec ce qui était arrivé à Ragnar et mon état, cela était presque tombé à l'eau. Mais ma décision était prise :



Les larmes s'étaient mises à couler, mais ce n'était pas des larmes de tristesse, non, des larmes de joie concernant le fait que nous allions enfin fonder notre famille. Cette idée me remplissait de joie. Akui était mort, comme la plupart de ses adeptes, si ce n'est tous. Les Cavernes avaient été repoussés et sans Yogrenn, je doute qu'ils reviennent de sitôt. La paix est enfin là... Il était temps... Mon horloge interne me le disait...

Lagherta

Guerrière — Source

La vie est si courte

Mon compagnon demeura quelques instants silencieux après que je lui ai annoncé la nouvelle. Puis il pris la parole, semblant inquiet suite à mon choix :



Il avait secouer un peu la tête avant de continuer. C'était donc ça qui l'inquiétait ? Je pouvais comprendre. Mon frère était mort depuis peu de temps. Mais même si sa mort était la raison de ce revirement soudain, ce n'était pas dans le but de le remplacer que je voulais fonder ma famille. Tendrement, il replaça mes cheveux correctement. Je plongeai mon regard dans le sien et d'une voix douce mais sérieuse, je le rassurais :



Il eut un sourire et déclara qu'il serait heureux de fonder une famille avec moi, qu'il ferait de son mieux pour être un bon père. Un large sourire s'afficha sur mes babines, tandis qu'il sortait de la tanière, je le suivais et une fois dehors, je calais mon pas sur le sien, me collant contre sa fourrure et je repris :



Je lui léchais affectueusement la joue et j'adoptais un léger trot, l'invitant à me suivre. Il était libre de choisir l'endroit qui lui conviendrait le mieux. De toute manière, cette nuit serait notre nuit d'amour et d'union.

Lagherta

Guerrière — Source

La vie est si courte

Il me sourit et je lui rendit son sourire. Puis il dirigea nos pas vers les terres qui appartenaient anciennement au clan de l'eau. Finalement, c'est la steppe aux lucioles qui lui faisait envie pour notre nuit d'amour. J'en fus ravie, cette steppe était magnifique.

Sans prévenir, il se mit à courir et il ne me fallut qu'une fraction de seconde pour lui emboîté le pas. Rapidement, je le rattrapait et il rit en me voyant le dépasser. Son rire ne résonnait pas souvent, et de mémoire, je crois bien que j'étais la seule qui avait l'honneur de l'entendre. Beaucoup de loups de la meute se demandaient ce que je faisais, moi, une louve si joviale et enjouée, avec un loup comme lui, assez renfermé et réservé, qui était plus facilement du genre à tirer un peu la tronche et être bougon, contrairement à moi. Mais je leur clouais le bec tout simplement en leur disant qu'ils ne le connaissaient pas comme moi je le connais. Lorsqu'on est ensemble, il n'est que joie, bonheur, sourire et tendresse. Comme j'aimais le penser, il était mon roc, celui qui ne défaillait jamais, ou presque, et j'étais la lumière qui l'avait ramené dans le droit chemin.

Lorsque je m'étais battue pour qu'il vive, pour qu'il remonte la pente, je lui avais alors dit qu'un jour, je lui rendrais le sourire, que je lui redonnerai goût à la vie, et qu'il connaîtrait le bonheur. Et j'avais réussi. C'était certainement mon plus grand exploit et notre vie ensembles en était la preuve concrète. Tout le monde à droit au bonheur, et à une seconde chance.

Notre course s'arrêta aussi vite qu'elle avait commencé, et mon loup sombre se coucha dans l'herbe avant de déclarer aimer venir regarder les étoiles en ce lieu, surtout avec moi. Si j'avais pu rougir, je l'aurais certainement fait. Keiss avait fait énormément de progrès en matière de relation sociale, mais il lui arrivait encore d'être maladroit et ses compliments étaient rares. Même si je savais qu'il pensait un bien incommensurable de moi, il ne le formulait que rarement. Mais c'était d'autant plus plaisant lorsqu'il le faisait. Je m'allongeai à mon tour, me jetant presque sur lui, m'installant tout contre son corps chaud, confortablement. Il se mit à me donner quelques coups de museau taquin et je rigolais en lui donnant une petite bourrade, avant d'enfouir mon museau dans son encolure. Je m’imprégnais de son odeur musquée de loup, mon loup à moi. Pour le reste de ma vie.

Le moment était parfait, idéal. Nous étions seuls dans les environs, tendrement lovés l'un contre l'autre. Après quelques minutes ainsi, d'un tendre câlin, je me levais, et d'un coup de museau, je l'invitais à faire de même. Puis, je me retournais, de façon à placer ma croupe devant son museau. C'était l'heure, j'étais prête, j'en avais envie. Nous allions fonder notre famille, enfin ! Dès mon accord donné, il grimpa sur ma croupe et profita de ce moment de plaisir, tout autant que moi, je l'espérais.

Lorsque tout fut terminé, il s'allongea au sol, et il ne me fallut pas longtemps avant de me joindre à lui. Lovée contre lui, j'étais comblée, et je ne comptais pas rentrer ce soir. La nuit était fraîche, mais par les chaleurs extrême qu'il faisait ces jours, c'était plus qu'agréable. Je me lovais contre lui, plaçant ma tête sur ses pattes avant et avant de m'endormir, je murmurais :



Puis je m'endormis, épuisée, mais heureuse et comblée. Bientôt, notre famille allait s'agrandir. Nous serions parents...