LAIDA

Laïda était partie explorer les abords du camp. Elle était méthodique, d'abord, elle avait exploré le clan de fond en comble, elle savait parfaitement à qui était chaque tanière du clan, où étaient les différentes réserves et les voies d'évacuations. Elle avait trouvé la fosse à déchets et avait observé un moment les asticots se repaître des restes pourris et les mouches tournoyer autour pour y pondre leurs oeufs. Elle venait régulièrement pour les observer. Elle savait qu'il y avait un lien entre les asticots et les mouches, car ils allaient toujours de paire, mais elle ne l'avait pas encore trouvé.

Elle avait donc pour le moment choisi d'élargir un peu son cercle d'exploration, mais la promenade s'était montrée décevante. Le clan était totalement entouré par les plantes mouvantes, or, elle ne les connaissait pas suffisamment pour s'y aventurer sans craindre de se perdre. Il lui faudrait donc glaner des informations auprès des loups du clan. Or les plus bavards étaient sans conteste les omégas et les anciens. Elle décida de se mettre en quête d'un omega.

Mais celui-ci ne fit que lui raconter des histoires improbables sur une énorme bête vivant dans les alentours du clan et étant sensé le protégé. Elle eut beau glisser des allusions sur la géographie des plantes mouvantes, cet abruti lui parlait de tout sauf de ce qui l'intéressait. De frustration, elle le planta là et rentra à la tanière familiale. Elle avait horreur de passer une journée entière sans rien apprendre de nouveau.

Arrivant devant la tanière, elle passa devant l'entrée sans voir sa soeur et s'affala à coté des racines de l'arbre qui se trouvait à coté. Elle posa la tête sur ses antérieurs quand elle sentit un poids puis des crocs se planter dans sa queue. Elle jappa de douleur et se redressa d'un bond, renversant Urielle qui tenait encore sa queue dans sa gueule.

URI!!!

Elle lui arracha sa queue rageusement. Elle n'aimait pas les contacts physiques, quels qu'il soit mais Urielle semblait s'obstiner à ne pas le comprendre. Elle montra ses petits crocs à sa soeur et gonfla sa fourrure. Bien sûr elle ne lèverai pas la patte sur elle, c'était un coup à se faire engueuler par papa et maman, ou pire, par Gladys...

D'ailleurs, Urielle était toujours fourrée avec Balder, or il n'était pas là. Elle regarda nerveusement autour d'elle, au cas où il lui sauterai dessus à son tour, mais il n'était vraiment pas là. Elle soupira. On ne pouvait jamais rien dire à la petite louve brune de toute façon. Elle recouvrit ses crocs et sa fourrure repris sa place. Elle retourna se coucher à côté de l'arbre.

C'était nul aujourd'hui...

LAIDA

Urielle s'était aplatie devant elle. Mais malgré le fait que Laïda la repousse à chaque fois, elle revenait toujours vers elle. Laïda trouvait ça stupide, mais elle devait aussi reconnaître que si elle ne revenait plus, elle serait peut-être un peu triste. Elle n'aimait pas les contacts, mais dire qu'elle n'aimait pas du tout les membres de sa famille était un peu exagéré. Elle les aimait, mais de loin, quand ils ne lui imposaient pas leur présence.

Urielle s'approcha d'elle en rampant et en couinant légèrement. Laïda se laissa emporter par sa frustration. L'avantage de sa soeur c'est qu'elle n'irait jamais répéter ce qu'on lui disait, aussi était-elle la confidente idéale.

Les adultes sont stupides Uri... Tu leurs demande de t'expliquer un truc, et ils te répondent totalement à coté de la plaque! Je veux visiter les plantes mouvantes moi! Sauf que je suis pas une adulte stupide, je n'irai pas si je ne sais pas où je vais!

Elle s'était relevée et faisait les 100 pas. Son cerveau s'activait. Comment pouvait-elle obtenir l'information qu'elle voulait sans fait comprendre aux adultes ses intentions. Elle était jeune pour sortir du camp, la plupart essayeraient de l'en dissuader. Elle ne pouvait clairement pas demander à Maman, et Papa ne lui dirait rien non plus...

LAIDA

Comme la bonne petite soeur qu'elle était, Urielle acquiesçait à tout ce que disait Laïda. Hochant vivement la tête à chaque mot qu'elle pouvait dire à l'encontre des adultes stupides. En même temps, vu qu'elle ne parlait pas, tout le monde la pensait stupide. Sa soeur ne pouvait se mentir, elle aussi avait tendance à la penser moins intelligente, mais elle avait le bon sens de ne pas le lui montrer.

Puis tout à coup elle regarda à droite et à gauche avant de s'élancer vers la frontière du camp. Puis elle se tourna vers elle, remuant les fesses comme pour l'inviter au jeu. La louvette regarda sa petite soeur avec de gros yeux. Elle lui suggérait d'aller dans les plantes avec elles? Mais elle venait de lui dire qu'elle n'irait pas si elle n'avais aucune idée de la topographie des lieux.

Elle glapit. Les yeux de Laïda s'arrondirent encore plus.

Naaaan! Toi! Toi tu as désobéis à Maman!!

Elle trottina vers sa soeur. A tout les coups elle y était allée avec Gladys. La fille de Gaor ressentit une bouffée de jalousie. Son frère avait plus ou moins la même curiosité, mais il était plus téméraire qu'elle. Il apprendrait donc plus vite qu'elle. Piquée au vif, elle se dirigea droit vers sa soeur. Il n'était pas question qu'elle prenne du retard sur son frère.

LAIDA

La jeune louvette avait trottiné jusqu'à la frontière du camp, mais une fois passé les feuillages épais, elle fut plus circonspecte. Aller là dedans sans aucune préparation impliquait de faire confiance à sa soeur, or, Laïda n'était pas une adepte de ce genre de choses. Donner sa confiance à quelqu'un, même un membre de sa famille, la rebutait un peu. Elle préférait se baser sur les connaissances qu'elle avait elle-même collecté. Mais elle n'avait pas le choix aujourd'hui. Gladys avait pris de l'avance, ce qui lui était proprement intolérable.

Urielle l'attendait, popotin en l'air, tête penchée, langue pendante... Elle était ridicule... Mais la louve crème et bleu n'avait qu'elle sur qui compter. Elle leva les yeux au ciel face à la tronche de sa soeur qui remuait la queue. La louvette soupira.

Allez, montre-moi le chemin maintenant, avant qu'un adulte ne regarde par ici!

Elle souffla par la truffe. Si elles ne se bougeaient pas un peu, elle ne pourrait jamais trouver un nouveau sujet d'étude, et devrait recommencer son travail d'investigations sur la topographie des plantes. Topographie dont elle savait qu'elle était instable car les plantes bougeaient continuellement. Elle esperait que la petite muette ne les ferait pas se perdre...

LAÏDA

Urielle compris son agacement et reprit une position moins ridicule. Elle avait également compris que sa sœur souhaitait, tant qu'à faire, éviter d'être repérée avant d'avoir pu ne serait-ce qu'observer un peu ce nouvel environnement.

La petite muette avançait truffe au sol. Laïda jetait fréquemment des regards en arrière, le camp était toujours visible à travers les feuilles ce qui était rassurant. Mais le pelage des deux petites n'était pas du tout idéal pour se camoufler dans ce genre d'environnement. Si un adulte venait à regarder dans leur direction, il ne pourrait manquer de les voir.

Soudain, un bruissement d'ailes retentit alors qu'Urielle avait dû déranger un oiseau qui se nourrissait. La louvette crème et bleu sursauta, sa sœur éternua. La petite creature à plume s'éleva gracieusement dans les airs avant de se percher sur une branche et de leur piailler un air mécontent. La petite muette se retourna en fretillant vers sa sœur. Mais Laïda avait le regard fixé sur la créature.

Elle n'avait jamais vu d'oiseau de cette sorte. Ses couleurs étaient vibrantes et chaleureuses. Il avait de grands yeux jaunes et fixes et un petit bec court qui semblait très dur. La jeune louve aurait voulu l'observer de plus prêt, mais elle était trop petite pour atteindre les premières branches. Elle commença à faire le tour de l'arbre pour voir si elle pouvait trouver un autre moyen de monter mais elle n'en trouva pas. Elle retourna à son point de départ.

Aide moi à monter Uri.

Elle lui montra la branche. Sa sœur ne pouvait parler mais elle était mieux bâtie qu'elle. Elle avait pris la carrure des ytens alors qu'elle même tenait plus des oshurs. Elle serait sûrement assez forte pour la laisser monter sur son dos. Avec ce tremplin improvisé, elle pourrait monter sur la branche et s'approcher de l'oiseau.