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Les élémenloups
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Une ombre, un souffle, un sourire, le temps placide qui s'écoule plus lentement que du miel, tels étaient les soirs d'été. Shaya marchait d'un pas lent à travers le camp, évitant les loups trop pressés pour aprécier le meilleur moment de la journée qu'était la soirée. Une brise de vent souleva ses cheveux argentés, la faisant sourire. Elle tenait un petit bouquet de fleurs multicolores qu'elle avait cueillies dans la forêt après sa formation, et faisait bien attention à n'en faire tomber aucune. Le jeune louve se dirigeait vers la tanière familiale, celle qu'elle partageait avec son père, dans l'espoir qu'il soit rentré.
Cela faisait un mois que les cavernes avaient attaqué le clan. Un mois et demi que la bataille contre Akui s'était terminée. Un mois et demi que Shaya vivait dans l'angoisse de perdre son père, sans oser lui avouer de peur de le déconcentrer dans la bataille. Pourquoi avait-il accepté un rôle aussi dangereux ? Néanmoins, l'état de Gaor étant très préoccupant, il avait du le remplacer, soutenant Léone dans son rôle. Il se levait très tôt, et rentrait très tard. Les chaleurs n'avaient rien amélioré, accentuant encore les tensions. Finalement, Shaya n'avait pas pu beaucoup voir son père ces derniers temps, et elle voulait lui parler.
Elle arriva à la caverne, passant sa tête par l'embrasure. Elle le trouva là, à moitié assoupi , Fantom blotti contre son flanc, et sourit. Elle entra àa pas calfeutrés, puis posa le bouquet devant son musque, attendant que l'odeur prenante des fleurs le réveille. Elle dit d'une voix douce :
"Bonne fête papa !"
Dernière édition par echapp le 6/8/2019, 18:39, édité 1 fois
La journée avait été longue et éreintante. Il y avait maintenant un mois que les Cavernes avaient été renvoyés sur leur terres après avoir perdu leur chef. Mais cela faisait également un mois que Gaor était en convalescence, et que j'accomplissait de mon mieux, son rôle, aidé par Léone qui prenait plus de charge que ce qu'elle devrait, afin de palier à l'absence de Gaor. Je ne voyais plus beaucoup ma fille depuis quelques temps déjà. Avant la bataille des éléments déjà. Mon petit rayon de soleil me manquait, bien que je vivais avec. Et je ne doutais pas que je devais lui manquer aussi.
Je commençais gentiment, mais doucement à m'assoupir, mais je ne voulais pas. Je voulais attendre son retour, pouvoir lui parler, entendre sa douce voix. Qu'elle me raconte sa journée. Que nous partagions notre repas, que j'avais ramener avant de rentrer, ensemble. Qu'elle me dise comment se passait sa formation, si elle était satisfaite de la voix qu'elle avait choisi ou non ?
Une odeur douce me parvint à la truffe. Une odeur de fleur et aussitôt, je vis un champ de fleur tout entier s'étaler devant moi. Puis ce fut l'odeur de Shaya que je sentis. Me réveillant soudain, je vis ma petite princesse devant moi, qui souriait, attendant que je me réveille. L'odeur des fleurs persistait et je baissais la tête pour voir un bouquet de fleur posé au sol.
—"Bonne fête papa !"
Je lui souris, touché par son attention. Ce n'était nullement mon anniversaire, et elle le savait parfaitement, mais elle n'avait nulle besoin d'une réelle raison pour faire la fête à quelqu'un ou le lui souhaiter. Mon visage s'illumina d'un sourire et je répondis :
—"Mon petit rayon de soleil. Merci et bonne fête à toi aussi !"
Je lui offrit le lapin que j'avais rapporter pour le repas et l'invitait à s'installer près de moi.
Papa ouvrit finalement les yeux, probablement réveillé par l'odeur entêtante des fleurs devant lui. Il aperçut sa fille qui lui souriait, et il lui répondit d'un sourire, les traits tirés par la fatigué. Il lui souhaita également une bonne fête, et la queue de Shaya se mit à battre dans son dos. Évidemment, elle savait bien que ce n'était pas son anniversaire, ni sa fête, mais pourquoi ne pas fêter son papa, une fois de temps en temps ? Lui qui l'avait élevée après la mort de maman, il méritait bien un cadeau en guise de remerciement. Le beta tourna la tête, attrapant une carcasse fraiche de lapin et la posa devant Shaya. Cette dernière lui fit un grand sourire de remerciement avant de s'allonger et de commencer à déguster la viande. Cela tombait bien, elle n'avait pas mangé depuis ce matin ! —"Alors, comment s'est passé ta journée ?"
L'apprentie prêtresse dégluti lentement avant de répondre :
-"On a commencé par la prière du matin, comme tous les jours, puis la prêtresse en chef a essayé de nous ouvrir aux messages d'Iria, mais bon, ça n'a pas trop trop marché ... "
Shaya baissa la tête légèrement, pensive. Elle avait choisi la voie de religieuse car elle se sentait proche de la Déesse Iria, et la beauté l'émerveillait. Mais sa formation pour le moment n'avait donné aucun fruit concret. Elle savait, on l'avait prévenue, que se dévouer aux Dieux pouvait être un chemin ardu. Certains loups passaient leurs vie dans la dévotion sans jamais avoir de message des divinités. Elle devait se montrer patiente, et bienveillante. Finalement, elle releva la tête, un sourire sur ses babines. Elle n'avait pas besoin d'un message d'Iria pour voir que son aura était partout, depuis le lièvre qu'elle mangeait jusqu'aux fleurs qu'elle avait cueillies plus tôt. L'empreinte des Dieux se trouvait partout dans le monde, pour peu qu'on savait regarder.
-"Et toi papa, tu as fait quoi aujourd'hui ?"
Shaya était curieuse : finalement, quel était le rôle de l'alpha ? Était-ce si difficile que ça ? Elle ne connaissait Gaor que de loin, Léone encore plus car elle était une ancienne Terre. Elle avait du mal à comprendre comment des loups pouvaient sacrifier leurs vies pour diriger une clan comme celui de la Source. D'un autre côté, elle les admirait profondément : ils faisaient preuve d'une abnégation sans limite. Mais aujourd'hui, c'était son papa qui avait endossé ce rôle, temporairement, et son absence ne lui plaisait pas tant que ça. A quoi bon avoir du pouvoir si c'est pour sacrifier ses amis, sa famille ?
Un sourire illumina le visage de mon petit rayon de soleil lorsque je lui offris le lapin et elle se jeta presque dessus, m'arrachant un sourire. Trop prise par son apprentissage, elle n'avait sans doute rien manger de la journée, telle que je la connaissais. Lorsque je lui demandais comment s'était passé sa journée, elle avala sa bouchée, puis répondit, me racontant qu'ils avaient commencé par la prière du matin, puis que la prêtresse en chef avait tenté de les ouvrir aux messages d'Iria, mais qu'apparemment, cela n'avait pas été un franc succès. Elle semblait un peu déçue et rapidement, j'eus envie d'effacer cet air un peu triste de son si beau visage :
—"Ne t'inquiète pas pour cela. Lorsque ce serait vraiment nécessaire, les Dieux s'adresseront à toi. Ne desespère pas. Même s'ils ne répondent pas, les Dieux entendent vos prières et vos éloges à leurs égards, et c'est pour cela qu'ils continuent de faire prosperer les terres sur lesquelles nous vivons, qui nous envoient du gibier afin que l'on puisse nous nourir. Même si tu n'as pas de réponse, la voix que tu as choisie n'est pas inutile. Aucune ne l'est."
Mes paroles semblèrent fonctionner, car elle releva la tête, un grand sourire sur les babines et je lui souris en retour. Puis elle me demanda comment s'était passée ma journée :
—"Ho tu sais, les choses habituelles de bêta. Gérer les conflits entre les loups. Je trouve que dommage que cette fusion ait autant de mal à s'ancrer au sein de chaque loups, qui continuent chacun de voir les anciens clans de la Terre et de l'Eau plutôt que de se considérer comme un seul et même clan. Cela prendra du temps, mais je suis certain que cela viendra. Maintenant, la paix est là. Certains loups se sont sacrifier pour le clan et tout le peuple d'EL. J'espère que ces sacrifices ne seront pas vains et unifieront ce clan une bonne fois pour toute... Mais nos efforts ne sont pas encore terminés. Il y a moins de tension qu'au début surtout depuis que les Cavernes ont quittés le clan, mais il y en a encore malheureusement..."
Je lui adressais un petit sourire triste. Cette unification des deux meutes étaient longues. Cela faisait déjà 1 an que les meutes de la Terre et de l'Eau avaient fusionnés. Mais malgré tout, même si les tensions s'étaient un peu apaisée avec le départ des Cavernes, puis la fin de la Guerre, et enfin la victoire contre les Cavernes, il demeurait encore quelques réfractaires, comme Keiss. Le garde personnel de notre alpha avait une réelle animosité contre les Terres, j'ignorais d'où elle lui venait, mais il ne semblait pas pouvoir la mettre de coté. Malgré tout, il obéissait aux ordres, comme le bon soldat qu'il était... D'autres n'étaient pas aussi obéissants et montraient clairement qu'ils n'acceptaient toujours pas cette fusion... Je devais parfois user de la force, quand la diplomatie ne suffisait plus, pour les remettre à leur place...
Je secouais un peu ma tête, ma chevelure partant un peu dans tous les sens, histoire de revenir au moment présent et d'arrêter de broyer du noir. On ne se voyait que trop peu depuis ces dernières semaines avec mon petit rayon de soleil. Alors je ne voulais pas gâcher sa bonne humeur. Bien que je savais bien que presque rien ne pouvait entamer sa joie de vivre... Elle était vraiment mon rayon de soleil. Lorsque j'étais un peu morose, elle trouvait toujours les mots, ou autre chose, pour me remonter le moral et m'arracher des sourires.
"Ne t'inquiète pas pour cela. Lorsque ce serait vraiment nécessaire, les Dieux s'adresseront à toi. Ne desespère pas. Même s'ils ne répondent pas, les Dieux entendent vos prières et vos éloges à leurs égards, et c'est pour cela qu'ils continuent de faire prosperer les terres sur lesquelles nous vivons, qui nous envoient du gibier afin que l'on puisse nous nourir. Même si tu n'as pas de réponse, la voix que tu as choisie n'est pas inutile. Aucune ne l'est."
Shaya souffla légèrement, mais ne put s’empêcher de sourire. C'était ce que la religieuse leur avait dit, aux apprenties. Elle leur avaient dit cela avait une grand paix d'âme, un grand calme, mais les autres apprenties étaient du même avis que Shaya ... Peut-être fallait-il vieillir pour comprendre, pour acquérir cette patience. En attendant, la jeune louve ferait tout son possible pour satisfaire les Dieux.
"Ho tu sais, les choses habituelles de bêta. Gérer les conflits entre les loups. Je trouve que dommage que cette fusion ait autant de mal à s'ancrer au sein de chaque loups, qui continuent chacun de voir les anciens clans de la Terre et de l'Eau plutôt que de se considérer comme un seul et même clan. Cela prendra du temps, mais je suis certain que cela viendra. Maintenant, la paix est là. Certains loups se sont sacrifiés pour le clan et tout le peuple d'EL. J'espère que ces sacrifices ne seront pas vains et unifieront ce clan une bonne fois pour toute... Mais nos efforts ne sont pas encore terminés. Il y a moins de tension qu'au début surtout depuis que les Cavernes ont quittés le clan, mais il y en a encore malheureusement..."
Shaya bougea les oreilles doucement, regardant autour d'elle en laissant le silence s'installer. Elle avait elle aussi remarqué que la fusion avait été plutôt rude, même si elle ne se souvenait pas beaucoup du début. Chez les guerriers cela devait être encore plus probant ... En tout cas, elle avait remarqué que la majorité de ses amis étaient des anciens loups de l'eau. Elle hocha la tête intérieurement : elle aiderait son papa en essayant de se faire des amis chez les loups de la Terre ! Puis, une pensée jaillit dans son esprit, et elle se retourna vers son père, un peu inquiète :
"Tu penses que tu ... vas devenir alpha ?"
Elle pencha un peu la tête, interrogatrice. C'était une pensée logique, vu l'état de Gaor, et que son père était le seul beta issu de l'eau. Mais cela soulevait beaucoup de problèmes ... Elle qui ne le voyait déjà pas beaucoup le verrai surement encore moins. Et puis être alpha c'était être soumis à énormément de stress et de dangers. Il suffisait de voir l'espérance de vie d'un alpha pour bien le comprendre. Même si c'était une belle promotion, évidemment, Shaya s'inquiétait.
Mon rayon de soleil hocha la tête sans pour autant sembler convaincue. L'apprentissage de religieux était très dur pour les jeunes loups qui perdaient souvent patience en ne voyant jamais aucune signe des Dieux après leurs efforts. C'est en vieillissant qu'ils deviennent plus sage et comprennent enfin que les Dieux restent souvent caché lorsqu'ils répondent aux prières de leurs fidèles.
Elle souleva ensuite une question que je commençais à me poser également depuis l'attaque des Cavernes et l'état de Gaor. Mais je n'avais pas la réponse à cette question. Pour le moment, je faisais ce qu'on me demandait, et plus encore, du mieux que je le pouvais. Si cela pouvait conduire à ma nomination d'alpha, alors soit. J'accomplirais mon devoir, du mieux que je le pourrais. Je me déplaçais et vint m'installer contre ma fille, la prenant entre mes pattes, comme lorsqu'elle était petite. Ma queue s'enroula autour de nos deux corps et je repris la parole d'une voix douce :
—"Je n'ai pas la réponse à cette question ma princesse. Mais si la volonté du clan et de nos alphas devient celle de me nommer alpha, j'accomplirais leur volonté, et mon devoir, comme je l'ai toujours fait."
Je lui léchais affectueusement le sommet de la tête et fini par ajouter :
—"Mais ce que je ressens pour toi ne changera jamais. Tu es mon rayon de soleil, la chair de ma chair, mon sang et la prunelle de mes yeux. Tu seras toujours ce qui compte le plus pour moi dans ce monde. Je t'aime plus que ma propre vie, ma fille, car sans toi, elle n'aurait aucun sens..."
Je la serrais contre mon encolure pour lui faire un gros câlin et posais ensuite ma tête sur ses épaules avant d'ajouter :
—"Il faut dormir maintenant. Les journées sont longues et il est tard. Bonne nuit mon rayon de soleil."
J'attendis que le souffle de sa respiration devienne profond et régulier, signe de son endormissement, avant de céder moi aussi au sommeil qui suppliait aux portes de mon esprit.
Alors que la jeune louve faisait part de ses craintes à son père, il se leva et vint s'installer près d'elle, enroulant sa queue atour de son corps. Elle se blottit contre son papa, comme lorsqu'elle était enfant. Elle n'avait jamais connu sa mère, uniquement son père, et sa chaleur était pour elle l'équivalent de l'amour maternel dont tout loup avait naturellement besoin. Elle ferma les yeux, se laissant naturellement bercer par la voix rassurante de son papa.
Puis, il lui lécha la tête. Les yeux fermer, elle commençait déjà à glisser vers le sommeil. La façon dont son père exprimait ses sentiments, comme toujours avec beaucoup de simplicité, était un modèle pour elle. Elle voulait devenir aussi franche que lui. Elle voulait elle aussi comprendre l'amour de manière aussi intuitive que ce qui se trouvais dans la voix de son père. De manière incompréhensible, elle avait l'intuition que cet amour été lié à la Beauté, à cette Beauté qu'elle cherchait sans la trouver depuis de très longs jours. Le sommeil emportant ses pensées, le fleuve de son esprit devenait peu à peu plus calme, lent, onirique. Finalement, elle eut le temps en un souffle de répondre avant de sombrer définitivement dans le sommeil :
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