L'espoir, ou était-il ? Plus d'un mois s'était écoulé depuis qu'Akui avait été vaincu, provoquant d'innombrables pertes, que ce soient des visages familiers qu'il n'avait pas vu revenir de la bataille, ou bien la soudaine perte de son pouvoir.... Il s'était couché un jour, et ne distinguait plus que la froideur de la nuit et ses propres songes, comme s'il se contentait de flotter dans le néant de son esprit, piégé dans ses propres rêves, à la merci de ses cauchemars....
Il pensait que son pouvoir s'était mis en sommeil, mais d'autres cas se firent connaître et bientôt, c'était la quasi-totalité des membres du clan qui furent touchés. Les pouvoirs avaient-ils disparus pour de bon ?

Dans la vie du petit fennec, sa seule passion, sa seule joie et raison de vivre était que les gens puissent profiter de leurs rêves, chassant leurs peurs au loin. Le monde des rêves était le seule endroit ou le petit être couleur sable pouvait se changer à volonté et il faisait le plus souvent le choix de ressembler à un loup, se sentir "ordinaire"... Mais sa seule joie avait disparue depuis ce qui lui semblait être une éternité.
Il avait l'habitude d'user de son pouvoir la plupart du temps, passant ses journées comme il le pouvait, se levant uniquement pour satisfaire ses besoins vitaux, quelques fois pour bouger un peu car son sommeil avait un effet catastrophique sur ses muscles.... Mais le reste du temps, il dormait, rêvait avec les autres créatures du monde, aidant qui il pouvait, s'amusant, riant, imaginant.... Mais tout ça était terminé.

Il avait commencé son périple, marchant à son rythme de fennec, son trajet avait duré plusieurs jours, il n'avait plus l'habitude de faire autant d'activité mais à force de tentatives, son sommeil était plus court, moins fréquent également. Il avait précisément choisi son itinéraire en partant du camp, il s'était dirigé d'instinct vers le désert, se retrouvant là ou les combats avaient éclatés, là ou de nombreuses vies avaient été prises. Il ressentait toute la férocité de cette boucherie, comme si le désert lui communiquait sa peine, il se raidit et poussa un profond jappement avant de se coucher sur le sable, la tête basse en signe de respect pour ceux qui avaient péris.
Il patienta encore un moment avant de reprendre sa route de plusieurs jours et fini par atteindre sa destination, le Puits aux Vœux. Sous les rayons de la lune, le petit être était faible, il continuait d'avancer par automatisme, des douleurs inondant son corps tandis qu'il se laissa tomber au bord du puits, les pattes avant pendant dans le vide alors que son regard n'exprimait plus que la tristesse.
Sa seule raison de vivre était partie, il restait seul, abandonné par les siens, sans réel lien, il ne manquerait à personne. Il n'avait rien.
Alors qu'il dirigea son regard vers l'astre lunaire, des larmes commençaient à perler au coin de ses yeux, coulant le long de ses joues pour finalement tomber de son visage, poursuivant leur route vers le vide noir et profond du puits. Il renifla et posa sa tête sur le côté, il n'avait plus de raison de se battre, il laisserait faire, le temps, le monde, la famine... La mort, ou était-elle ?