Par-delà la terre, le ciel, par-delà l'existence même [PV. Achlys]

Chérubin

Par-delà la terre, le ciel, par-delà l'existence même

Chérubin ne voyait rien que des ténèbres insondables. Il se sentait flotter, livré à un courant qui n’avait pas de direction précise. Vers le haut, le bas, la droite, la gauche, en avant, en arrière, tout y passait à un intervalle plus ou moins régulier. Où se trouvait-il ? C’était à ça que ressemblait la mort ? Rien de réjouissant, plutôt un environnement profondément déprimant. Ou peut-être que c’était une passe ? Un endroit où les morts réfléchissaient à ce qu’ils avaient vécu ? Ce qu’ils avaient fait de bien, ou de mal ? Peut-être que c’était la méthode d’Éléonore pour juger les âmes. Au fond, l’ange n’en savait rien car il n’avait jamais assisté à ce genre de séance, la Déesse de la Justice étant secrète sur ce sujet.
Chérubin se mit à réfléchir sur lui-même. Qu’avait-il fait de bien ? Qu’avait-il fait de mal ? Qu’avait-il fait tout court ? Il a été créé par Rhéa elle-même et fut désigné pour être son scribe pendant des centaines d’années. Il avait écris bien des choses pour la Déesse de la Vie et était devenu très ami avec elle. Au fond, peut-être que Rhéa l’avait souhaité ainsi en le créant : un être plein d’énergie et de positivité avec une attitude souvent enfantine mais qui cachait un savoir immense.
Chérubin avait vécu cette vie, puis il avait observé les mortels depuis le plan divin. Il observait leur vie, leurs habitudes, leur système, tout. L’ange s’était pris de passion pour eux. Un jour, il avait souhaité les rejoindre dans leur monde, quittant ainsi le paisible plan divin. Ce souhait fut un jour exhaussé par un archange du nom d’Eladriel. Il rejoignit le Clan du Feu en tant que paladin. L’ambition du petit ange en ce temps-là était de répandre la lumière et la positivité sur ce monde, peut-être jusqu’à vaincre le mal lui-même.
Le temps avait passé et Chérubin avait voulu revoir Eladriel, pour le remercier de tout ce qu’il avait fait pour lui. Mais son ami angélique était introuvable. Il a appris bien plus tard qu’Eladriel avait disparu et était probablement mort. Dans la même période, ses idéaux furent remis en cause par Angélis. Cette louve mi-ange l’avait fait réfléchir. La lumière ne pouvait exister sans ténèbres car sans mal, que serait le bien ? Le paladin avait alors abandonné cette idée, se contentant de faire ce qu’il estimait juste. Mais ses pouvoirs étaient très limités. Sa constitution de louveteau et ses pouvoirs très spécifiques ne lui permettait pas d’avoir le moindre impact.
Chérubin avait été témoin de bien des catastrophes. Pandore, la création d’Akui, et son armée de mort-vivants qui avait assombri la région entière pendant des années. Ultimate, une meute de loup d’une autre région qui avait décidé de s’emparer des terres solitaires avant de s’attaquer aux clans. Au milieu de ça, il y avait eu les Anarchistes, un groupuscule de loups qui souhaitaient détruire tout ce qu’ils pouvaient. La Terre avait beaucoup souffert de leur attaque pendant qu’ils étaient aux prises avec Ultimate. La catastrophe suivante fut Zal, un psychopathe pyromane qui n’avait pas de limites. Il avait tué Iren en la provoquant alors que celle-ci avait mis bas récemment. Il avait tué presque tous les petits, deux ayant été sauvés et confiés au Clan de l’Air. La louve Atamagahen qui avait été sauvagement abusé par Zal et s’était confiée à Chérubin. Puis était venu Akui. C’est là que Chérubin songea à ce qu’il avait été capable de faire dans ses conflits.
Pour Zal, l’ange avait pu avoir de l’importance car il était allé avertir Hydromos, l’Alpha de l’Air, que le Feu souhaitait vaincre Zal. Comme il était insignifiant aux yeux du pyromane, il n’était pas surveillé. Un mouvement s’était mis en place et c’est finalement Ware, avec l’aide de deux bêtas de l’Air, qui avait tué le tyran et pris le poste d’Alpha. Durant la présence d’Akui, le paladin s’était cru bien incapable de quoi que ce soit. Mais c’était avant que Ragnar et Verd, un jeune couple de la Source, soient venus le voir pour lui demander son aide. Son grand savoir avait pu servir une cause juste ! Il avait permis de dénicher l’Artefact et cette armure d’or pure, tout ça dans la salle de travail des mythiques Forgerons ! Il avait été désigné par Zexal comme étant l’élu qui vaincrait Akui de façon indirect car l’armure ne pouvait être portée que par lui vu sa taille. Chérubin était allé sur le champ de bataille, entouré de loups des clans de la Source et du Désert. Quand Ragnar lui avait passé l’Artefact au cou, l’ange s’était senti capable de bien plus. Il avait été capable de mettre à bas un dieu incarné et pas n’importe lequel : Akui. Mais à quel prix ? Son immortalité avait été consumée pour arriver à ce but. C’était ce dernier événement qui le menait à là où il se trouvait actuellement : un grand vide, sombre et silencieux.

Soudainement, Chérubin se sentit tiré en avant et vers le haut. Une lumière apparue et devint de plus en plus grande jusqu’à l’éblouir complètement. L’ange sentait un sol sous lui et entendait quelques petits animaux s’agiter, des oiseaux chanter. Ses yeux mirent un moment à s’acclimater à la lumière, faute d’avoir été dans le noir complet aussi longtemps. Il se releva et cligna longuement des yeux avant de pouvoir observer autour de lui. Le paladin était dans une vaste plaine verdoyante. Quelques arbres et collines étaient visibles et de nombreux petits animaux se trouvaient ça et là. Mais ce qui retint presque aussitôt l’attention de l’ange, fut l’immense louve qui lui faisait face. Elle devait faire au moins deux mètres au garrot. Sa fourrure était majoritairement gris clair avec un ventre plus foncé. Des cheveux roses et blond ornaient sa tête et un arc-en-ciel faisait le tour de sa taille. Aussitôt, le petit loup se prosterna. Il faisait face à la Déesse de la Vie en personne : Rhéa. Il lui adressa.

« Déesse Rhéa. Pardonnez-moi, j’ai mis beaucoup de temps à vous reconnaître car... »

« Ne soit pas désolé, Chérubin. Je t’ai tiré du monde des esprits et je sais à quel point ce lieu est sombre. »

La voie de la Déesse était si douce, si agréable. Le paladin ne l’avait plus entendu depuis des dizaines d’années. Il fut le scribe de Rhéa, écrivant nombre de textes sous sa diction. En un temps ancien, ils étaient de bons amis, bien que Chérubin restait toujours déférant face à elle.
Une patte vint se glisser sous son museau pour lui faire relever la tête, une patte bien plus petite. Chérubin remarqua que la Déesse avait modulé sa taille, étant à peine plus grande que lui à présent. Elle lui souriait chaleureusement, sourire qu’elle perdait bien rarement. L’ange le lui rendit naturellement.
Alors que le paladin portait un instant son regard sur lui-même, il se rendit compte qu’il était comme immatériel, fait d’une sorte de poussière d’étoiles. Il hasarda alors, un peu perdu.

« C’est à ça que ressemble les âmes ? De la… poussière ayant la forme de l’individu ? »

Rhéa rigola brièvement avant de faire un geste de la patte vers Chérubin. Celui-ci retrouva alors son corps organique de louveteau. La Déesse de la vie répondit.

« Il n’est pas question que mon scribe finisse comme une simple âme mortelle. Tu es tellement plus à mes yeux, Chérubin. Comptes-tu rester à présent ? Je ne pensais pas te voir revenir de cette façon, je l’admets. »

Chérubin était pris de court par la question. Il ne savait pas vraiment… Cet endroit était idyllique. Mais pour autant, il le connaissait par cœur et c’était pour découvrir le monde des mortels qu’il l’avait quitté. L’ange songea de nouveau à la façon dont il était revenu et se souvint qu’il avait nombre de questions et que Rhéa était probablement la mieux placée pour y répondre. Il se lança.

« Que s’est-il passé quand… quand j’ai disparu. Je ne sais pas bien ce qui est arrivé ensuite. Avant que je me réveille dans cet endroit étrange… »

Rhéa s’assit, Chérubin l’imitant. Elle commença à répondre.

« Quand tu as prié pour que je transforme ton immortalité en une puissance capable de vaincre Akui, je n’aurai pas cru que ça serait aussi puissant. Tu renfermais un grand potentiel Chérubin, mais tu n’as jamais pu l’exploiter et c’est en te sacrifiant pour les mortels qu’il s’est révélé. »

« Mais je ne suis pas un combattant ! Je n’en ai jamais eu ne serai-ce que l’apparence. Que pouvais-je faire de plus que ce que j’ai fait ? »

« Tu as fait beaucoup, Chérubin. Tu as renvoyé Akui sur le plan divin. Il a d’ailleurs eu droit à sa punition. Dalnar l’a condamné à porter un inhibiteur de magie similaire à ce que vous avez appelé « l’Artefact ». »

Chérubin pivota la tête.

« Cet objet avait un nom au départ ? »

Rhéa opina avant de répondre.

« La Pierre d’Onyx était son nom. Mais bien peu l’ont su et tu n’étais probablement pas de ceux-là, Chérubin. Ce nom s’est perdu à peine deux générations plus tard. Mais vous avez su vous en servir avec brio. »

Chérubin réfléchit un instant. Il se demandait si tout ça… tout ce qu’il avez vécu… Est-ce que c’était prévu ? Il hasarda.

« Déesse Rhéa. Est-ce que… vous saviez tout ce qui allait se passer ? »

La louve divine ne réagit pas tout de suite, scrutant simplement l’ange avant de répondre.

« J’ai quelque chose à te montrer. »

Sans plus d’explications, Rhéa se leva et se dirigea vers un arbre immense. Une ouverture se trouvait dans son tronc et la Déesse de la Vie y entra, suivie par Chérubin. Ce dernier observa l’intérieur et fut époustouflé. Des parchemins se trouvaient à perte de vue, rangés de façon plus ou moins ordonnée, ou selon un ordre que seule la déesse comprenait. Un oiseau fait d’une lumière bleue descendit d’une hauteur difficile à déterminer, portant un parchemin qu’il remit à Rhéa. L’objet se mit à léviter et se déplier, révélant un texte écrit de la patte de la louve divine elle-même, le paladin étant capable de reconnaître son écriture entre mille. La divinité prit la parole, prenant un ton plus sérieux.

« Il est des choses que tu ignores, Chérubin. Des choses qui échappent même à notre propre compréhension, nous, les dieux. Il y a quelque chose au-dessus de nous. Quelque chose d’insaisissable et d’instable. Nous l’avons appelé : le Destin. Cette entité ne nous apparaît qu’à travers des visions. Nous entendons alors une voix tantôt féminine tantôt masculine nous annoncer quelque chose de façon vague et énigmatique. Sur ce parchemin se trouve l’une d’elle. Je vais te la lire. »

« Un jour prochain, un dieu de blanc vêtu se dressera contre les terres des mortels, projetant son ombre menaçante sur eux. Quand le dieu s’attaquera aux mortels de la Source et du Désert, alors un élu seul pourra l’arrêter. Un élu d’une armure d’or vêtu et capable de manier les mots. »

Chérubin resta incrédule. De manière relativement imagé, ce récit décrivait ce qu’il s’était passé dans la région d’Élémenloups ces deux dernières années. Aussitôt, l’ange réagit.

« Alors pourquoi ne jamais en avoir parler ? C’est évident qu’il devait s’agir d’Akui, non ? »

Rhéa secoua la tête avant de répondre.

« En ce temps là, Source et Désert n’existaient pas. Un dieu « de blanc vêtu » pouvait être n’importe qui. Il aurait très bien pu s’agir d’Arka ou Jibrail. Aussi, un élu portant une armure d’or pouvait être aussi bien toi que n’importe quel dieu ou mortel. De même pour la capacité à manipuler les mots. Ce pouvait être un orateur de génie, un manipulateur, quelqu’un de mauvais peut-être… ou un scribe. »

Chérubin ne comprenait pas où elle voulait en venir. La Déesse de la Vie poursuivit.

« Quand j’ai eu cette prophétie, je l’ai partagé à mes égaux divins. Nous y avons longuement médité et aucune réponse ne avait paru évidente. Mais avec le temps, je me suis dis que cet élu serait peut-être toi. Tu es bon, Chérubin, et je savais que même Akui ne te ferait pas abandonner les mortels, pour peu que tu ais de quoi lui faire face. Alors les choses se sont mises en place. Dalnar t’as guidé à la Chambre des Forgerons le jour où il leur à remis la pierre, sachant qu’Akui ne viendrait jamais t’interroger toi. Les Forgerons ont, sous l’instruction de Zexal, conçu une armure à ta mesure, ne pouvait aller que sur ton corps de louveteau. Cette armure, imprégnée d’une magie runique unique et d’un peu de la puissance divine de Zexal, serait capable de te donner de grands pouvoirs le moment venu. Mais certaines choses n’ont pas été comme prévu. Vous avez mis beaucoup de temps et il était presque trop tard quand vous avez affronté Akui. Mais maintenant, nous savons ce que signifiait cette prophétie. Pour toi, elle est évidente à présent. Mais à l’époque de son écritures, il y a des centaines d’années, nous n’aurions jamais pensé à ce déroulement. »

Des papillons de lumière dorée vinrent se disposer sur la surface de l’écorce, créant une fresque circulaire autour de Chérubin et Rhéa. Cette dernière commença à placer un texte sur chaque illustration.

« Tu es d’abord descendu du ciel, pareil à une petite lumière dans un monde d’obscurité. Tu t’es caché pour te préserver du mal, tout en agissant pour réduire son influence quand tu t’en sentais capable. Tu as ensuite brillé une première fois en découvrant la position de la Pierre d’Onyx. Puis, tu as rencontré Zexal au cœur des forges, te désignant comme l’élu. Tu as revêtu l’armure d’or de l’élu et tu l’as porté sur le champ de bataille. Alors que tout semblait perdu, tu décides de mettre tout ton être dans une ultime frappe. Alors, tu disparaît dans un rayon de lumière pure, en même temps que le dieu de blanc vêtu. »

La fresque se dissipa en reprenant la forme de papillons dorés. Rhéa ajouta

« Tu as accompli la prophétie Chérubin. Si tu en avais connu le moindre détail, tout aurait été différent. C’est pour ça que tu n’as rien su. C’est pour ça que nous avons été très discret face à tes appels. Nous ne devions pas te mettre sur la piste de la prophétie avant que le moment soit venu. Au final, nous n’avons pas eu à te mettre sur la voie, le cours des choses, ou le Destin, s’en est chargé pour nous. »

Comme l’ange ne répondait pas, Rhéa poursuivit.

« Tu as vécu de belles aventures parmi les mortels. C’était ton souhait, non ? Cette prophétie fut l’accomplissement de ton existence. Maintenant c’est terminé et tu peux choisir de rester ici, ou d’y retourner. »

Le paladin regarda la Déesse, scrutant ses pupilles arc-en-ciel, avant de lâcher.

« Vous pourriez me faire retourner là-bas ? »

Elle lui avait donné le choix. C’était donc possible. Rhéa eut un léger rire et secoua légèrement la tête avant de répondre.

« Ho toi alors. Tu es vraiment unique Chérubin. Aucun mortel ou immortel qui se serait retrouvé ici n’aurait souhaité repartir. Mais, je peux comprendre. Tu connais ses jardins comme ta fourrure puisque tu y as passé quelques siècles. Soit, je me passerai de ta compagnie dans ce cas, même si j’aurai souhaité que tu restes un moment. J’apprécie toujours autant ta compagnie. »

Les deux êtres divins ressortirent de l’arbre géant, retournant dans la plaine où de multiples animaux de toutes tailles se promenaient sans craindre la moindre attaque. Rhéa se retourna d’un coup.

« Ho j’oubliais. Je pense que ceci pourrait t’intéresser. »

Rhéa fit apparaître une étrange orbe émettant une lumière dorée. Chérubin observa la sphère et s’assit pour la prendre entre ses pattes, l’observant avant de demander.

« Déesse Rhéa. Qu’est-ce que c’est ? »

La Déesse de la Vie rigola doucement.

« Tu ressembles à un vrai louveteau quand tu poses des questions de cette façon. C’est une orbe de pouvoir. Ce sont des artefacts émis par les dieux en personne. Celui-ci, c’est moi qui l’ait fait. Il te permettra de retrouver le corps que tu avais durant la Bataille des Éléments ainsi que de nouveaux pouvoirs. Ce ne seront pas les mêmes que durant la bataille car Zexal avait déjà dépensé pas mal d’énergie alors qu’il est plutôt conservateur au départ. »

Chérubin opina et posa sa truffe sur la sphère qui se mit aussitôt à luire plus fort. Elle se dissipa en un flot de lumière qui enveloppa l’ange. Il reprit alors sa forme de loup adulte pourvu de vraies ailes de couleur dorée. Il en regarda une un moment avant que Rhéa attire de nouveau son attention.

« Je me dois de te prévenir Chérubin, tu reviendras sur les terres d’Élémenloups en tant que mortel. Tu seras soumis aux âpres de leur existence. Ainsi tu sauras vraiment comment vivent les mortels, et tu reviendras plus rapidement auprès de moi. »

La Déesse de la Vie eut un petit sourire malicieux. Alors il n’aurait d’ange plus que l’appellation ? Son immortalité avait été complètement consumée et même Rhéa ne saurait la restaurer ? Tant pis alors, ce serait une vie brève, mais sans doute bien plus passionnante que sa longue éternité. Dans un sens, Chérubin était satisfait de cet état de fait. Il pourrait ensuite redevenir le scribe de la déesse qui l’avait créé. Cette dernière ajouta.

« D’ailleurs, tu ne partirais pas sans ton armure. Ce serait dommage de la laisser dans le plan divin. »

Elle tapa de la patte au sol et l’armure que portait Chérubin pendant la bataille vint se replacer sur lui. Rhéa ne lui laissa pas le temps de parler et continua.

« Aussi, j’aime beaucoup le titre d’Égide. Mais il faut bien être l’égide de quelque chose. Comme tu as reçu ta puissance de Zexal, je te nomme archange et « Égide de Zexal ». Tu seras le gardien de l’Arène et des mortels pour aussi longtemps que tu t’en sentiras capable. »

La Déesse de la Vie avait pris un air solennel au milieu de ses propos. Elle reprit son naturel plus sympathique pour ajouter.

« Profite de cette nouvelle vie Chérubin. Maintenant, tu seras capable de protéger ceux auxquels tu as décidé de dédier ton existence : les mortels. »

Rhéa leva une patte qui se mit à briller et un halo de lumière vint entourer Chérubin. La Déesse de la Vie parla alors d’un ton de nouveau solennel.

« Moi, Rhéa, Déesse de la Vie, je te rends ton droit de vivre et te renvoie sur le plan des mortels. »

Chérubin se sentit aussitôt partir, tout devint sombre et il crut perdre connaissance. La louve divine l’observa partir et soupira avant de lâcher.

« Bon, je vais devoir continuer à écrire mes textes moi-même… »

Quand Chérubin reprit conscience, il était en train de descendre lentement du ciel. Il était encore à une dizaine de mètres du sol. L’ange, ou plutôt archange, remarqua qu’un halo de lumière dorée l’entourait, faisant tomber avec lui une poussière de la même couleur. Après quelques minutes, le paladin atterrit doucement au sol en position couché avant d’être à nouveau libre de ses mouvements. Il était un peu perdu. Est-ce que tout ce qu’il venait de vivre avait été un immense rêve ? Il regarda sa tête et découvrit de vraies griffes, des pattes puissantes et une partie d’armure. Non, il n’avait pas rêvé.

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Depuis quelques temps, Achlys rêvait.
C'était quelque chose dont elle avait jamais droit de base, alors cela eu le mérite de perturber grandement la demonia.
Depuis que Akui était retourné au plan astral, orochi était partagé. D'un coté il jubilait de la défaite du dieu blanc, se moquant de lui comme il avait autrefois pu subir ses railleries.
Mais d'un autre coté, la perte de leurs pouvoir, ou plutôt du sien, provoqua chez lui un sentiment de malaise profond. Enfermé dans ce corps, il était déjà pour lui difficile de faire transparaître qu'un dixième de sa puissance. Alors ne plus pouvoir user de magie du tout ! c'était bien pire que d'être en cage. D'autant plus avec la banalité consternante de leur quotidient

Dit moi Achlys...Pourquoi on a plus le droit de venir aux tribunaux...on est juge non ?

Poussant un soupir, le même visage inexpressif qui la caractérisait tant, Achlys repondit machinalement au démon

Car t'entendre hurler et te moquer des prisonniers mit à mort avait tendance à malaiser tout le monde mon cher..

restant silencieuse un moment, l'ombre de la louve sembla ne pas comprendre tout de suite les "accusations", répondant de sa voix rauque

Pourquoi cela les gêne tant ? Si ces loups sont mit à mort, ils ne pourront se plaindre de nos railleries ?

Car le but des juges est d'offrir malgré tout un mort noble...même au pire des criminels. On ne peux pas se moquer Orochi, c'est comme ça

Un silence se faisant entendre, le démon ne semblant décidément pas comprendre a logique derrière tout ça, il se tut. Laissant alors la louve avancer pendant de longues minutes pour arriver au pied de la statue de Zexal.
En effet, depuis la disparition de cherubin..peu de religieux pouvait veiller sur cette dernière. Et bien que de base, le rôle de paladin était historiquement attribué qu'aux mâles.
Le clan avait prit malgré tout la directive d'attribuer une juge à sa garde. Il avait toujours été difficile pour eux de mettre Achlys sur le devant des tribunaux, en partit à cause d'Orochi et de la peur qu'il inspirait.
Toutefois, elle faisait une excellente gardienne. Une louve qui, malgré sa finesse faisait peur à la plupart, même aux plus endurcis.

Tout d’abord gardienne de la porte du palais lumineux, elle se devait maintenant chaque jours se poster devant la statue de Zexal, veillant à ce que quiconque venait prier le fasse dans le respect. Elle écoutait alors chaque jours les discours des paladins, veillant à ce que personne de mal intentionné ne s'attaque à eux.
C'était en général assez tranquille..Il fallait dire que la présence et la voix d'orochi était parfois suffisante pour limiter ce genre d'accidents.

Ce matin là, elle arriva donc à son poste, se posant en sphinx devant la statue malgré la chaleur assommante qui régnait dans l'arène. Autour d'elle, aucun bruit ne se faisait entendre.

Il semblerait que tes collègues les paladins ont encore décidé de ne pas venir aujourd'hui. Pourquoi on ne ferait pas comme eux hein ? Tu devrais voir ta tête avec cette chaleur tu va devenir plus rapidement ridé

poussant alors un éternel soupir comme à son habitude, Achlys repondit à son ombre sur le même ton neutre.

On a un poste Orochi, on doit y rester...que les paladins viennent ou non

Chérubin

Par-delà la terre, le ciel, par-delà l'existence même

Chérubin se leva doucement. Sur le coup, il fut surpris par la hauteur qu’il prenait. L’Arène avait une dimension bien différente quand on faisait cette taille ! Tout semblait bien moins immense autour de lui, sans doute car il était devenu vraiment grand. Grand, mais mortel. L’archange se demandait ce que ça faisait, d’être un mortel. Qu’est-ce qu’il allait vivre ? Sans doute allait-il vieillir comme eux ? Voilà une optique aussi intéressante que désagréable. Il avait vu de vieux mortels et ils lui faisaient parfois beaucoup de peine à voir. Mais bon, d’après Rhéa, son corps avait trois ans. Il était simplement un adulte dans la force de l’âge si on peut dire. Enfin, fort, le paladin ne l’était pas vraiment. Malgré cette imposante stature et le port d’une armure qui le renforcerait sûrement, il ne sentait pas vraiment capable d’ôter la vie d’un loup ou même de le blesser gravement, que ce soit sur le plan mental comme physique.
Une fois qu’il eut fait le point, Chérubin observa un peu les alentours. L’endroit semblait désert, curieux. Mais une voix qui ne lui était pas inconnue se fit entendre.

« On a un poste Orochi, on doit y rester...que les paladins viennent ou non »

Cette sonorité, le nom d’Orochi. Était-ce Achlys qu’il entendait ? L’archange l’avait à peine revu depuis leur rencontre alors qu’elle était encore louveteau. Ils s’étaient aperçu parfois mais sans plus de discussion. C’était l’occasion rêvé de savoir comment elle avait évolué depuis son retour dans son clan d’origine qui devint le Désert ensuite.
Quand il s’approcha, Chérubin fut étonné que l’armure qu’il portait ne génère pratiquement aucun bruit. Il devait vraiment y avoir quelque chose de spécial dans la conception de cet équipement, au-delà du fait qu’il était dimensionné pour lui convenir parfaitement. La louve semblait être en train de griller au soleil. Un peu gauchement car il ne maîtrisait pas encore très bien leur nouvelle envergure, le paladin déploya son aile droite pour faire de l’ombre à Achlys qui fut sans doute surprise. Il lui sourit et lui adressa.

« Salut Achlys ! Ça faisait longtemps qu’on ne s’était plus revu. Tu as beaucoup grandi depuis la dernière fois... »

Chérubin s’arrêta sur ces mots car sa voix le perturbait. Elle était si profonde, si puissante, bien plus que sa voix fluette et aiguë qu’il possédait à l’origine. Son ton enjoué devait sonner bizarrement avec une voix pareille. Un peu dérouté par lui-même, l’archange ne dit rien de plus, souriant simplement à Achlys en guettant sa réaction.

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Dernière édition par Atamagahen le 10/8/2019, 18:31, édité 1 fois

La mine boudeuse. Agacée d'entendre orochi se plaindre en plus de la canicule qui commençait à l'épuiser. Achlys ne lui répondit pas, balayant juste le sol de ses queues.

Achlys! Arrête de m'ignorer, tu sais bien que j'ai raison.. On serait bien mieux à la rivière de la roche !

Tournant alors la tête à sa propre ombre. Achlys fut toutefois étonné de sentir une ombre au dessus d'elle, rapidement suivit d'une odeur plus que familière.
Ignorant toujours orochi, elle tourna la tête en sa direction. Entendant une voix qu'elle ne reconnu pas malgré son timbre doux

« Salut Achlys ! Ça faisait longtemps qu’on ne s’était plus revu. Tu as beaucoup grandi depuis la dernière fois... »

Ouvrant la gueule. Un peu sur le cul pour une des premières fois de sa vie. Elle essaya d'articuler, se faisant bien rapidement couper par le demon qui rigola un peu exaspéré.

"qu'est ce qu'il fait la le petit louveteau ? Moi qui me réjouissait de te savoir en confettis. Belle armure, je me demande combien de fois tu à suc.. "

"la ferme Orochi !"

S'ebrouant doucement, son poil ayant gonfle alors qu'elle monta le ton. Achlys essaya de rapidement reprendre de son calme. Répondant d'un voix bien plus posé.

"pardonnez les manières de ce stupide serpent maître paladin.. On m'a demandé de garder la statue de Zexal et les paladins

Doucement elle esquissa un sourire, reprenant

mais la chaleur de ce soleil doit être sacrément forte. Pour que seul un mort réponde à son travail

Chérubin

Par-delà la terre, le ciel, par-delà l'existence même

Achlys tourna la tête vers Chérubin et c’est en voyant ses yeux qu’il se souvint : elle est aveugle. Sans doute le changement dans sa voix lui avait mis un doute. Mais elle sembla dérouté et alors que la louve allait prendre la parole, c’est Orochi, le démon vivant en elle, qui prit la parole.

« qu'est ce qu'il fait la le petit louveteau ? Moi qui me reougissait de te savoir en confettis. Belle armure, je me demande combien de fois tu à suc.. »

Il fut interrompu par celle qui l’hébergeait.

« la ferme Orochi ! »

Ce démon était toujours aussi loquace… et distingué… Mais bon, l’archange se fichait pas mal de cette entité. Elle était moins menaçante qu’à l’époque où il était un louveteau face à une louvette qui ne voulait pas reconnaître la vérité. Cette dernière, devenue adulte depuis un moment sans doute, s’ébroua pour faire retomber sa fourrure avant de s’adresser au loup en armure d’un ton plus neutre et posé.

« pardonnez les manières de ce stupide serpent maître paladin.. On m'a demandé de garder la statue de Zexal et les paladins »

Un instant, Chérubin pensa qu’elle l’avait oublié. Évidement, elle était très petite à l’époque et avait peut-être perdu le souvenir de cette rencontre. Il ignorait comment les loups aveugles se souvenaient des autres. Probablement bien plus par l’odeur que la moyenne. La sienne ne semblait pas avoir changé pourtant. Achlys afficha un sourire avant d’ajouter.

« mais la chaleur de ce soleil doit être sacrément forte. Pour que seul un mort réponde à son travail »

L’archange éclata de rire, son aile toujours tendue au-dessus de la louve pour lui faire de l’ombre. Il rétorqua.

« Les paladins n’ont que rarement été assidus ici. J’ai toujours gardé cet endroit alors je peux en témoigner. »

Prenant un air plus sérieux, il poursuivit.

« Nous nous sommes déjà rencontrés il y a quelques temps déjà. Tu peux m’appeler Chérubin, pas la peine de faire des manières. Tu étais une louvette seule et apeurée en ce temps-là. J’ai su plus tard que tu étais retournée à l’Air, puis au Feu qui devint plus tard le Désert. Je n’ai pas eu l’occasion de venir te trouver plus tôt. »

Le loup ailé réfléchit un instant avant d’ajouter.

« Mais tu ne peux être paladin alors… Ils t’ont placé ici à cause de ton acolyte je suppose ? »

Il était désolé pour elle. Achlys devait subir une discrimination par la crainte depuis qu’elle avait rejoint ce clan. Elle n’avait pas choisi d’avoir ce démon attaché à elle. C’était injuste, mais il ne pouvait pas y faire grand-chose, à part en se tenant près d’elle pour que la louve ne resta pas seule avec sa créature.

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RPG PROFIL

» Au delà des montagnes FT Okazeh
» Un regard par delà la tempête [Liessen, Kaporal]
» Victime d'un monde à la folie grandissante. [Attaque du clan de la terre /Pv les anarchistes & Terre\]
» Désobéissance [PV Achlys]
» I'm sorry, bro', I'm really sorry ! [Achlys, Jeff]

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