Fichus jeunes du clan de l’Eau ! Ils paient vraiment rien pour attendre ! La prochaine fois il leur arrachera les dents pour en faire des cures dents ou un collier tient ! Non mais ho ! Les queues battantes de colère et d’agacement, Akila avait les crocs légèrement dévoilés et les oreilles plaquées contre son crâne, le pelage de la nuque encore légèrement hérissés. Ils s’étaient mis à plusieurs pour le faire partir, celui qui l’avait cherché était en piteux état. Le jeune mâle lui avait arraché de nombreuses touffes de poils et lui avait fait de nombreuses blessures légères telles que des morsures et des griffures.

Cependant Akila n’était pas en reste non plus. Le canin lui avait arraché un peu de chair derrière l’oreille ainsi que quelques mèches de cheveux et un morceau de l’eau vers l’omoplate gauche. Il sentait un petit picotement à ses endroits, mais il n’était pas du genre à se plaindre et il n’était pas non plus fragile. Plutôt brute de décoffrage, il faisait pourtant de son mieux pour ne pas se battre et revenir avec des plaies. Mère détestait ça, à chaque fois elle le grondait et lui faisait un sermon qu’il avait finit par connaître par cœur. Faubaru aussi n’aimait pas qu’il s’engage dans un combat. Mais il aurait pu gagner aujourd’hui, si seulement ce petit con n’avait pas été une mauviette qui avait appelé des plus grands pour l’aider à se défendre. C’était franchement lassant et ridicule à la fois.

Akila n’avait jamais demandé d’aide à personne lorsqu’il se battait. Il assumait pleinement ses écarts et gardait toujours la tête haute même quand on l’engueulait. De toute façon il était comme ça et il n’y pouvait rien. Mais l’autre imbécile l’avait vraiment énervé cette fois. Ce n’était pas la première fois que ce fils de chienne lui cherchait des puces. Cette fois il les avait trouvé ces fameuses puces, et il les avait même avaler de travers avec ces poils de chiot ridicule qui va chercher son copain pour l’aider. Ah Akila était à nouveau de mauvaise humeur…

Il traversa le campement d’un pas lourd, presque funèbre, en grondant de manière à peine audible pour faire comprendre à autrui qu’il ne fallait pas lui chercher des noises. Il était d’une humeur massacrante, pas question d’aller maintenant chez un guérisseur, il risquerait bien de faire bouffer ses médicaments à ce dernier alors qu’il est totalement innocent. Il sauta sur un rocher et râla contre la douleur de son épaule. Il devait avoir quelques bleus masqués par sa pelisse brune.

Tournant plusieurs fois sur lui-même il se coucha violemment sur le flanc et croisa ses pattes avant. Posant alors son museau sur ses pattes il ferma les yeux et redressa lentement les oreilles pour écouter les sons. A l’orée du campement il espérait que personne n’allait venir l’enquiquiner. Ou que personne ne viendrait encore lui dire que c’est un associable reclus. S’il est associable c’est pas pour rien non d’un chat ! Il lâcha un grognement sourd avant de sentir une odeur familière et agréable. Rouvrant alors les yeux son regard tomba sur celui de Ruby qui se trouvait là, juste en contre bas du rocher, à quelques centimètres de ses pattes.

« Tu devrais pas rester là Ruby… Je suis d’une humeur sadique… »

Observa-t-il pour faire comprendre à sa sœur qu’il voulait qu’elle parte uniquement pour ne pas lui faire du mal à elle aussi. Il était vraiment agacé et n’arrivait clairement pas à se détendre. Mais il savait Ruby très douce et absolument adorable. Il paraît que Verd l’est aussi mais il la connait très mal sa sœur ainée. Il agita les oreilles, espérant que la femelle partirait vers le camp.

Ruby avait une nouvelle fois provoqué les pleurs d'un louveteau. Elle ne comprenait pas, elle lui avait simplement dit bonjour avec une voix douce. Il venait tout juste de rejoindre la nurseries, sa mère devait reprendre les entraînements. La nourrice en chef était donc venue la voir et lui avait demandé de quitter la nurseries. Une journée offerte, de toute façon elle n'avait pas besoin d'elles, les titulaires étaient suffisamment nombreuses pour gérer le nombre de louveteaux.

Elle s'était donc éloignée du camp, hésitant entre joie d'avoir encore une journée de libre et déception de ne pouvoir en profiter pour côtoyer des tout petits. Elle avait croisé quelques mâles qui revenaient au clan avec des presents, ah oui, c'était de nouveau les chaleurs et ils rentraient pour séduire leur belle. Deux d'entre eux lui jetèrent un regard étrange qu'elle avait déjà vu chez d'autres, dont l'ami ailé de son père. Sa mère n'avait jamais voulu lui dire ce que signifiait cette expression, son père et ses sœurs aînées non plus. Le reste de sa fratrie restait toujours évasive et changeait rapidement de sujet ou detournaient son attention du loup qui lui jetait ce regard. 

Pensive, elle avança vers le rocher contre lequel elle avait l'habitude de s'appuyer pour se reposer. Mais cette fois, la place était prise, par son frère Akila. Celui-ci était visiblement de mauvaise humeur et à la vue de ses plaies, s'était encore battu avec des loups plus forts ou en surnombre par rapport à lui. 

Bien que d’une humeur de chacal, il était vrai qu’Akila ne lèverait jamais la patte sur un membre de sa famille. Ça ne s’était jamais produit, et ça n’arriverait jamais. Du moins s’il continuait de s’entraîner à garder son calme et à chercher la douceur inexistante qui l’habitait peut être. Il était toujours à la recherche vaine d’une éducation à la bienveillance et à la gentillesse. Mais il n’avait encore trouvé aucun professeur. Ses queues se mouvant lentement dans son dos, il croisa le regard de sa sœur qui l’observait.

En l’entendant il mit les oreilles à l’horizontal et releva la tête, il avait oublié l’arrogance que sa sœur pouvait parfois avoir. C’était très prétentieux de sa part de croire qu’il ne lui ferait strictement rien. S’il ne levait pas les pattes, il avait toujours la langue vicieuse et le vocabulaire désagréable. Mais il poussa un soupir et mit les oreilles à l’horizontal. Quand elle monta à ses côtés, sans doute par instinct, il se déplaça. Ruby était bien gentille, mais elle devait forcément savoir que le contact c’était pas son fort, vu qu’elle vivait avec lui.

Puis il pencha la tête, se rappelant que théoriquement, à cette heure si de la journée, la femelle s’occupe encore des petites choses rampantes et couinantes auxquels ils avaient un jour ressemblait. Mais il semblerait que les petits soient comme les autres individus, des petites natures qui avaient irrémédiablement peur de l’apparence étonnante de Ruby. Le pire c’est que personne n’avait encore osé le lui dire avec honnêteté… Pas que le monde était peuplé d’abrutis, il suffisait d’avoir les yeux ouverts et un peu de cervelle pour le savoir… Mais que si elle avait si peu de travail c’était bien à cause de son apparence que certains trouvés hideuses tandis que d’autre la trouvait inquiétante.

Akila aurait bien fait bouffer leur langue à tous ceux qui parlait ainsi de sa sœur. D’ailleurs les petits de l’Eau n’avaient pas été très futés à lui parler de sa petite taille. Qu’il soit insulté à ce sujet ne dérangeait pas le petit canin. Mais dès que ça partait sur ses frères et sœurs ça n’allait plus. L’autre imbécile avait osé dire qu’Ystrelle avait donné naissance à une fratrie de monstres et qu’ils étaient tous bons à être enfermés et observer comme des bêtes de foires. Ça ne lui avait pas plus du tout et il avait répondu… Mais les choses s’étaient envenimés et … et qu’elle importance maintenant ? Il entendit sa sœur lui dire qu’il s’était encore battue et haussa vaguement les épaules.

« Jolie sens de l’observation Ruru… Tu as pas des mioches à garder ? »

Il se releva et s’étira, faisant craquer quelques os avant de secouer son épais pelage brun et d bailler ouvertement. Se recouchant sur l’autre flanc pour bien voir sa sœur. Il attendit sa réponse en la connaissant déjà. C’était plus un moyen de la faire parler et de ne pas avoir à causer lui-même qu’une véritable question. Il ferma finalement les yeux en soufflant, c’est pas en étant désagréable qu’il allait apprendre la gentillesse.

« Pardon… Je t’avais prévenu que j’étais de mauvaise humeur… Désolé pour mon comportement de gros ours désagréable... »

Akila était sincère, il ne voulait pas se montrer si désagréable avec sa soeur. Mais sa colère n'était pas encore retombée... La routine quoi, quelqu’un avait-il déjà vu Akila de bonne humeur ? Oui sa mère, rarement, mais elle l’avait vu. Avec Faubaru c’était cependant un peu moins exceptionnel. Ah, Faubaru, lui aussi il allait râlait en voyant ses plaies. Mais pourquoi ils grondaient tous quand il se battait, c’est pas comme s’il était en danger après tout… Il comprenait vraiment pas leur comportement parfois. Enfin il s’y était ait, et puis il aimait à ce dire que c’est parce qu’il était aimé et que les autres s’inquiétaient tout simplement pour lui. Mais bon dernièrement il s’était profondément calmé. Depuis qu’il avait environ 9 mois il était beaucoup plus calme et posé et rentré beaucoup plus rarement avec des plaies ou des marques de combats…

En même temps il faisait très attention à ne pas répondre aux provocations de quelques petites frappes stupides qui connaissaient son engouement pour le combat. Il ne se battait désormais plus qu’à l’extérieur du campement et avec des animaux sauvages dont il ramenait là plus part. Et il faisait aussi excessivement attention à ne pas se blesser outres mesures…

Akila était toujours un petit peu trop vif et désagréable. Les autres n’étaient que des petites natures faibles à ses yeux. Il détestait de plus en plus les pleurnichards et ceux qui avaient besoin d’aide pour se sortir d’un problème qu’il trouvait hautement risible. Ses queues bougeaient légèrement dans son dos, signe qu’il était toujours très agacé. Mais la présence de sa sœur risquait de le détendre très vite, ce qui n’était pas plus mal. En l’entendant lui dire que c’était lui le mioche qu’elle devait garder il étira un fin sourire doux alors que son regard brillait d’un sentiment d’affection tout à fait pur pour sa sœur.

« Je te souhaite bien du courage pour t’occuper de celui-ci… »

Si même Ghotic et Ystrelle ensembles avaient parfois du mal à le contenir, ce n’était pas sa sœur ainée de quelques instants qui allait mieux y parvenir. Il posa calmement sa tête entre ses pattes en l’observant. Il n’avait jamais été gêné ou bien dégoûté par son apparence. Il l’appréciait et était habitué à elle. Après tout il avait grandit en sa compagnie. Il ne comprenait donc que très difficilement ce que les autres jeunes lui trouvaient d’ignoble ou monstrueux.

A sa question il mit les oreilles à l’horizontal et râla avant de la voir approcher de son fessier. Il se décala alors pour l’esquiver même si au final elle l’effleura quand même.

« Il a dit que maman avait mit au monde une bande de monstres… Qu’on me traite de nain ne me dérange pas. Qu’on insulte ma famille m’horripile. Il a osé dire que… »

Ah ça lui redonnait envie de partir à la castagne. Il grogna un bon coup avant de reposer sa tête sur ses pattes en frappant vivement ses queues sur le sol. Celui-ci l’avait vraiment énervé. Il l’aurait bien égorgé s’il n’avait pas été de sa meute. Personne ne se serait plein de la disparition d’un petit con si ?

Heureusement Akila savait se contenir, il savait éviter que les autres ne touchent à son dos et ne s’y coupent. Son adversaire n’avait rien de grave, c’était juste un pleurnichard mais il pourrait retourner au combat d’ici ce soir. Enfin si il ne s’agissait pas d’une lavette. Il entendit sa sœur lui dire qu’un jour ils iraient trop loin et lui lança un regard légèrement vexé.

« Hé, je sais pas si ça t’a effleuré mais je fais tout pour me contenir moi… Et aux dernières nouvelles je ne réponds ni à papa ni à maman. Je respecte leur autorité… »

Akila voulait bien être porteur de nombreux défauts, il ne voulait cependant pas entendre des accusions mensongères. Tout le monde, même les loups extérieurs à sa famille, avait remarqué qu’il faisait énormément d’effort pour se contenir, se calmer et ne pas blesser les autres. Il avait encore la langue mauvaise, mais il ne frappait plus autant qu’avant. D’ailleurs il désirait sincèrement et profondément apprendre le calme et la douceur. Il agita les oreilles avant de tourner la tête pour lécher une de ses plaies.

« Et puis… C’est pas comme… Si ça me faisait plaisir… de me faire enguirlander… ou d’être vu comme… Le petit mouton..noir »

Déclara-t-il entre ses coups de langues. Jamais il n’admettra chercher un professeur de douceur et bienveillance. Mais il devait au moins reconnaître que ce n’était pas un plaisir pour lui de se faire taper sur les coussinets. Il préférait rentrer sans blessures et sans s’être battu de la journée. Les choses se passaient mieux à la maison à chaque fois. Et puis il savait très bien que ça inquiétait Ystrelle et que ça mettait Ghotic en colère. Il savait que sa mère avait peur qu’un jour il s’en prenne à définitivement plus fort que lui et qu’il ne rentre pas du tout… Alors non, ça n’était pas un plaisir pour lui d’être comme cela et il travaillait beaucoup sur lui-même.

Bien sûr qu’il était encore agacé, il lui fallait souvent un peu de temps pour complètement se détendre. Akila se connaissait à force. Il savait qu’il n’était pas juste un monstre brutal et têtu, il savait faire preuve de douceur et de bienveillance, mais aussi de gentillesse. C’est juste le côté tactile qui le dérangeait, on avait tendance à se couper en l’étant trop avec lui. Et ce au sens propre du terme. Mais les autres jeunes de son âge ne le voyaient pas de cet œil. La plus part pensait qu’ils étaient juste asocial par plaisir, et l’embêter avec ça. Mais Akila avait finit par n’avoir que faire des ragots que l’on pouvait lui sortir, ce qu’il détestait était surtout que l’on dise du mal de sa famille.

Il observa sa sœur rester pensive, elle semblait réfléchir à ce qu’il disait. Il agita les oreilles, se redressa et rabattit ses queues contre lui en la détaillant du regard. Oui elle était vraiment partie dans ses réflexions les plus profondes. Il se racla alors la gorge pour la ramener sur terre et remua ses queues.

« Tu sais Ruby, a défaut de t’occuper des tout petits sous le regard des nourrices, comme ta profession est d’en être une, tu peux proposer aux jeunes parents de garder leurs enfants dans leur tanière pendant leur absence. A force de te voir travailler les petits et les grands comprendront peut être que tu es vraiment douée ? »

Il ne savait pas s’il était bon de dire à sa sœur que les jeunes avaient en réalité peur d’elle, comme la plus part des adultes aussi. Il avait peur qu’elle le prenne mal et ne finisse toute malheureuse comme Verd. Et la souffrance occasionnelle de sa sœur ainée lui était suffisamment désagréable pour qu’il n’ai envie que Ruby soit malheureuse aussi. Il ne savait donc pas trop quoi faire, ni comment le lui dire, et fit un tour sur lui-même avant de se rassoir en soupirant et en agitant les oreilles hésitant à parler. Au et puis merde.

« Ruby écoute, sincèrement… En réalité tu fais peur à la plus part des individus… »

Il valait mieux qu’elle le sache au final, parce qu’elle souffrait déjà de ne pas pouvoir faire pleinement son travail, et elle ne comprenait pas les refus de la plus part des nourrices. Elle souffrait durant les jours de congés inexpliqués qu’elle avait et semblait même parfois se morfondre au point d’en perdre le sourire. Sourire que Akila aimait beaucoup voir s’afficher sur le visage de sa sœur bien aimée. Il espérait cependant que lui dire ne lui ferait pas mal trop longtemps ni que ça serait trop dur. Il espérait aussi que sa famille ne lui tomberait pas dessus pour avoir osé dire la vérité. De toute façon Ruby n’était pas con elle finirait bien par le découvrir.