Lagherta

Un matin plutôt cendré

Ce matin, je m'étais réveillée tôt, beaucoup trop tôt pour me rendre à l'entraînement. Le soleil n'était même pas encore lever, il me faudrait attendre plusieurs heures avant le début de l'entraînement de la journée. Alors je décidais qu'aller me dégourdir les pattes et découvrir un peu les nouveaux territoires ne me feraient pas de mal. Je me levais, pointait le museau hors de ma tanière, puis je m'étirais de tout mon long, en avant, puis en arrière, avant d'adopter un léger trot et de prendre la direction de la sortie du camp. Je ne savais pas exactement où je me rendais, tout ce que je savais, c'était que pour sortir du camp, il fallait passer par les plantes mouvantes. Je n'aimais pas spécialement passer par ces plantes, mais elles constituaient une bonne protection pour le camp, tout de même.

Rapidement, je sentis la texture du sol changer sous mes pattes. Encore plus douce et moelleuse que l'herbe fraîche. Je baissais les yeux et remarquais que le sol sous mes pattes était recouvert d'une sorte de duvet blanc-gris. Quelques particules de cette textures flottaient dans l'air, soulevés par une légère brise. Je trouvais cela magnifique et décidais d'y galoper un peu histoire de soulever un peu cette poussière et de faire un peu de bien à mes coussinets sur cette texture si moelleuse.

Après un moment à courir, je m'arrêtais et prise d'une impulsion de louveteau, je me jetais sur le sol et m'y roulais allégrement, recouvrant mon corps de cette poudre blanc-grise si douce. Puis je restais un moment, ainsi allongée dans ce duvet de coton, profitant de la solitude, de la douceur et de la fraîcheur de l'air. L'hiver approchait, mais il n'était pas encore là. Pour l'instant, l'air était juste plus frais et après les immenses chaleur qu'il avait fait cet été, cette fraîcheur était bienvenue. Bien sur, d'autres loups souffraient plus que moi de ce froid, mais ma fourrure était dense et chaude. J'étais allongée sur le dos, les 4 pattes en l'air et je fermais les yeux un moment.

Soudain, une voix me tira de mes pensées. J'inspirais un coup, l'odeur m'indiqua que la nouvelle venue faisait partie de ma meute, j'ouvris les yeux pour voir à qui j'avais à faire, tout en me remettant sur le ventre. Mais je restais néanmoins allongée dans le confortable manteau blanc. Je reconnu la louve aux grelots. Nous avions joué quelques fois ensembles lorsque nous étions louveteaux, et je savais également que c'était elle qui avait prit soin de Trinity.



Nous avions toutes deux grandis et je ne savais pas ce qu'elle était devenue. Petite, nous nous entendions bien, mais parfois, en grandissant, même les meilleurs amis prennent des chemins si différents qu'ils ne peuvent pas rester amis. J’espérais que ce ne serait pas le cas avec Fuurin. Je manquais cruellement d'amis et essentiellement d'amiEs, et cela ne me ferait pas de mal d'en retrouver une.

Lagherta

Un matin plutôt cendré

La jeune louve aux grelots me souri en me voyant, mais je la sentais quelque peu anxieuse, et cela se confirma lorsqu'elle jeta un coup d'oeil par dessus son épaule, comme pour vérifier qu'elle n'avait pas été suivie. Il ne me semblait pas que la louvette qu'elle était était du genre à faire des bêtises. Il me semblait même avoir un souvenir d'une louvette plutôt calme et sage, lors de notre enfance. Avait-elle changé ? Je choisis néanmoins de ne pas me mêler de ses affaires personnelles, du moins pas de suite. Elle agita une de ses pattes dans la poussière devant elle, et des cendres s'élevèrent devant nous, dans les airs, en un doux spectacle, puis elle prit la parole :



Avant cela, elle m'avait gratifiée d'un grand sourire que je lui avais retourné volontiers. Même si nous étions sûrement très différentes, comme lorsque nous étions louveteaux, j'avais apprécié cette louve, et j'espèrais que cela était réciproque. Attendant ma réponse, elle tentait d'attraper des cendres qui volaient devant elle, pour jouer. Mais elle n'était pas aussi sereine qu'elle voulait le laisser penser. Je sentais dans ses émotions qu'elle avait une certaine inquiétude en elle, et elle continuait de surveiller les alentours. Je finis par répondre à sa question :



Je sondais une dernière fois ses émotions, et n'y voyant aucune once d'hostilité, je décidais que je pouvais me permettre de me remettre sur le dos, pour profiter encore un peu de cette texture moelleuse. Si elle souhaitait se joindre à moi, il était évident qu'elle était la bienvenue.

Lagherta

Guerrière — Source

Un matin plutôt cendré

Fuurin ne mit pas longtemps à me rejoindre, allongée sur le sol. Elle mangea un brin d'herbe ou deux. Je la regardais faire, mais ne m'en inquiétait pas plus que cela. Après tout, les loups mangent parfois quelques brins d'herbes, c'est bon pour l'estomac. Après, il ne faut pas en abuser... Au moment où je lui demandais si elle était certaine d'aller bien, je vis qu'elle allait prendre la parole à son tour, et je m'en voulu un peu de l'avoir ainsi coupée dans son élan. Elle fronça légèrement les sourcils, puis fini par me répondre :



Je roulais dans la douce poudre, de façon à me retrouver à nouveau sur le ventre, et je haussais les sourcils un peu. Je penchais la tête sur le coté et fini par demander, d'une voix qui se voulait le plus douce possible :



Elle roula ensuite sur le dos et je l'imitais pour ne pas la mettre mal à l'aise. Lui faire comprendre que j'étais détendue vis à vis de sa présence et qu'elle pouvait également se détendre aussi.

Lagherta

Guerrière — Source

Un matin plutôt cendré

La jeune messagère sembla hésiter à me répondre et je penchais la tête sur le côté de manière interrogatrice. Je ne lui voulait pas le moindre mal, bien au contraire, je ne voulais que son bien-être. Et quand les médecins cherchent quelqu'un, ce n'est, en général, pas très bon signe... Finalement Fuurin se coucha sur le flanc et plongea son regard dans le mien, et mon regard se fit doux et confiant. Finalement, elle lâcha le morceau :



Un nuage violet, étrange, je comprenais l'avis des médecins qui voulaient sûrement s'assurer que tout allait bien, surtout si Ulfeym avait présenté un comportement inquiétant. Mais je comprenais tout autant le désir de Fuurin de leur faussé compagnie, j'aurais fais pareil. Et P'pa m'aurait cherché partout, sans relâche, jusqu'à me retrouver dans le but de me sermonner, et de s'assurer que j'allais bien, bien évidemment, mais laisserait sûrement tombé le sermon ensuite. Penser à ce genre de chose qui s'étaient déjà produites plusieurs fois, me fit sourire et ne voulait pas que Fuurin interprête mal mon sourire, je repris :



U petit rire s'échappa de ma gorge et insouciance de la courte enfance que j'avais eue, grâce à Gaor, me gagna quelques instant. Puis, je me repris et demandait tout de même à mon amie :



Si elle était incapable de m'assurer qu'elle était bien portante, je lui conseillerais gentiment de retourner voir les médecins. J'activais à nouveau mon pouvoir, afin de sentir si elle disait ou non la vérité, lorsqu'elle me répondrait. Il est facile de mentir, mais pour une louve comme Fuurin, mentir allait lui faire ressentir une certaine honte, ou de la culpabilité, j'en étais presque certaine, elle était si douce et gentille... Néanmoins, si elle allait réellement bien, elle n'avait aucune raison de craindre que je la renvoie auprès des médecins, que je n'alerte ceux-ci. J’espérais juste qu'elle serait honnête avec moi...

Lagherta

Guerrière — Source

Un matin plutôt cendré

Elle prit le temps de réfléchir avant de répondre à ma question. Elle semblait s'interroger elle-même avant de me répondre. Je sentais, avec mon pouvoir ses interrogations à elle-même, même s'il m'était impossible d'en connaître leur nature profonde. Finalement, elle secoua la tête et me répondit enfin :



Puis elle me sourit, et je sentis, à travers mon pouvoir, qu'elle ne mentait pas. Cela me convenait donc. Je désactivais mon pouvoir et lui souris également. Un détail me revint en mémoire. La dernière fois que j'étais allée voir Trinity, ma respectée mentor, j'avais bien constaté que quelqu'un s'occupait d'elle, en dehors des médecins qui ne lui prodiguait que les soins nécessaire. Non, j'avais senti que quelqu'un prenait soin d'elle, et se préoccupait sincèrement de Trinity. Et l'odeur qui appartenait à cette personne, je l'avais reconnue. Et je m'étais promis de remercier celle qui avait pris soin de mon mentor :



Je m'étais rendue compte qu'après coup du mal que j'avais fais à Trinity lorsque j'avais user de mon pouvoir afin de la sonder... Depuis, je n'étais pas retournée la voir. Il faudrait que j'y aille d'ailleurs. Il y avait déjà bien trop longtemps que nous ne nous étions pas vues...

Lagherta

Guerrière — Source

Un matin plutôt cendré

La louve grise hocha lentement la tête. Elle semblait apparemment au courant que ma dernière entrevue avec mon ancienne mentor s'était mal terminée. Elle étira tranquillement son arrière train avant de répondre tranquillement :



Ce fut à mon tour de hocher la tête en assentiment de ce qu'elle répondait. Elle souriait gentiment et je lui rendis son sourire.



Je regardais le soleil, et soudain ça me frappa, comme une météorite. Il était déjà haut. J'allais être en retard. Je me levais d'un bon et lançais à la hâte :



Et sans attendre, je filais, vive comme le vent. Valkaa allait me le faire payer cher si j'étais en retard à l'entraînement...