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Les élémenloups
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Le soleil venait à peine de se lever, ses premiers rayons touchant le camp de la Source encore endormi et l'illuminant d'une lumière blanche, presque irréelle. Pourtant, malgré l'heure et malgré le froid de la nuit qui était encore présent, Fuurin était debout, et bien réveillée. Elle arpentait le camp d'une démarche rapide et silencieuse, la queue battant derrière elle. Son sommeil avait été agité de rêves perturbants qui l'avaient réveillés de multiples fois, et elle arborait aujourd'hui des traits tirés et des poches sous les yeux. Aussi, le lever du soleil avait presque été un soulagement pour elle, car elle pouvait enfin se permettre de se lever.
Les pensées se bousculait dans le crâne de la messagère alors qu'elle marchait vers la tanière de son amie Lagherta. Elle avait eu du mal à assimiler la nouvelle que la Faucheuse lui avait apportée le jour d'avant. Beaucoup de mal. Pourtant elle avait vu la mort de ses yeux, elle était assez grande pour la comprendre. Mais elle l'avait refusée. Puis peu à peu était venu la douleur, ses racines grandissant dans le coeur ankylosée de la grise, jusqu'à devenir presque insoutenable. Fuurin devait faire quelque chose. Tellement de pensées tournaient dans sa tête, des sentiments contradictoires de culpabilité, de désespoir, de choc, qu'elle ne savait plus ou donner de la tête. La seule chose qu'elle savait, c'est que Trinity n'était plus là.
Ce n'était pas juste. A chaque pas que Fuurin faisait, elle ressentait cette injustice dans tout son être, la rage prenant peu à peu toute la place, écrasant ses autres sentiments. Ce n'était pas juste ! La guerre était finie. Elle était enfin heureuse. Et Trinity ... Etait morte. Elle avait envie de hurler, de mordre, de crier et d'insulter les Dieux pour lui avoir prit son amie alors qu'elle pensait enfin être à l'abri. Mais elle se contenait tant bien que mal.
Elle était arrivée à la tanière de Lagherta et Keiss. La guerrière était enceinte, de beaucoup, et ses rondeurs gracieuses allaient bientôt laisser place à des petits qu'il faudrait nourrir. Mais heureusement, le terme n'était pas encore là. Fuurin passa le museau dans la tanière, apercevant le ventre rebondi de Lagherta, et chuchota :
Lagherta ! Réveille toi !
Sa queue battait furieusement l'air derrière elle, et les yeux légèrement exorbités, elle attendait le réveil de son amie. Elle allait se grouiller oui ?! Après avoir vu bouger la masse considérable qu'était le ventre de la guerrière, elle ajouta :
Il faut qu'on aille quelque part
Dernière édition par echapp le 22/11/2019, 22:46, édité 1 fois
La grossesse se passait à merveille. Keiss était heureux, et je l'étais également. Wydis m'avait confirmer que tout allait bien, il y a à peine deux jours. Et elle avait également accepter de m'assister lors de l'accouchement, ce qui me soulageait grandement.
Ce matin, comme tous les matins, Keiss m'avait fait un câlin et une léchouille avant de partir, posant sa tête sur mon ventre, pour sentir les petits bouger un peu. Cela semblait le mettre de bonne humeur et l'aider à affronter les journées les unes après les autres. Je lui avais souris, et après qu'il fut parti, je me rendormis un moment.
Je fus réveillée par un chuchotement qui me demandait de me réveiller. Je levais la tête et aperçut le museau de ma meilleure amie. Elle qui d'habitude était si douce et gentille, semblait être dans une colère sourde et noire. J'avais appris la mort de Trinity, la veille, sans avoir les détails. Des sentinelles avaient rapportés la nouvelle du Faucheur dans le campement. Tout ce que je savais c'est qu'elle était avec Ekynox, qu'ils avaient été pris en chasse par une cerf géant. Ekynox avait sacrifié sa vie pour sauver mon ancienne mentor, mais que celle-ci était ensuite tombée sur un monstre des marais... C'était Keiss qui m'en avait parlé, puisque je ne quittais presque plus notre tanière et ses environs. J'avais pleuré, et m'étais promis d'aller voir Fuurin et la famille Gothic aujourd'hui. Mais Fuurin avait été plus rapide... Ce qui me choqua le plus était cette colère qui l'habitait. J'aurais plus facilement pensé qu'elle se mettrait à déprimer dans sa tanière. La colère, ce n'était pas son truc... Difficilement et lentement, je me levais. Mon ventre commençait vraiment à m'handicaper dans mes mouvements quotidiens. Mais je ne pouvais pas laisser mon amie dans cet état. Je sortis enfin de ma tanière et la regardais. Sans douceur, elle m'annonça qu'on devait aller quelque part, et elle se mit en route. Je la suivis docilement, ne souhaitant pas me battre avec elle.
Sa colère semblait réellement l'aveugler, plus rien ne semblait exister, et elle commençait à me distancer. Quelques mètres derrière elle, je dus crier pour qu'elle m'entende :
—"Fuurin, ralentis ! Je ne peux pas aller si vite..."
Je devais trouver une solution pour qu'elle puisse évacuer cette colère. Une fois la colère évacuée, le chagrin prendrait sa place. J'allais aussi vite que je le pouvais, mais je ne pouvais pas courir dans mon état... Je ne voulais pas laisser seule pour affronter cela, mais elle devrait m'attendre... Elle se trouvait encore plusieurs mètre devant moi, mais je tentais de réduire la distance du mieux que je le pouvais...
Après avoir vérifié que Lagherta s'était bien réveillée, et levée, Fuurin s'était mise en route d'un pas nerveux. Sa queue fouettait l'air derrière elle comme pour chasser des mouches, et elle devait se retenir de courir pour que Lagherta suive. Elle expira du museau pour évacuer sa frustration. Toute la nuit, la vision du corps de Trinity, à moitié dévoré par un monstre des marais, l'avait hantée, et continuait encore à la hanter. Il fallait qu'elle y aille. Il fallait qu'elle retrouve l'endroit ou ça s'était passé, et s'il restait quelque chose, n'importe quoi, de son amie. Mais alors, pourquoi était-elle allé chercher Lagherta ? Elle n'en savait rien. Peut-être qu'elle ne voulait plus rester seule, peut-être qu'elle voulait partager sa douleur avec quelqu'un, quelqu'un qui pouvait la comprendre.
"Fuurin, ralentis ! Je ne peux pas aller si vite..."
Fuurin fit volte-face. Ses pensées l'avait tellement occupée qu'elle n'avait même pas réalisé qu'elle marchait beaucoup trop vite. Elle serra les dents. Ils avaient déjà trop attendus, il fallait qu'elles se dépèchent ! La louve s'était arrêtée, laissant Lagherta le temps de la rattraper. Son regard glissa vers son ventre, si imposant, et elle plissa les yeux. Sa voix éclata, beaucoup plus forte qu'elle ne l'aurait voulu :
Tu pourrais te dépêcher ! On n'a pas tout notre temps
Mon amie fit volte-face suite à ma demande. Elle semblait très clairement contrariée et je tentais de la rattraper le plus rapidement possible. Elle attendit que je sois à sa hauteur avant de glisser un regard sur moi et mon ventre, plissa les yeux et balança d'un ton fort et presque acerbe qui me fit mal au coeur :
—"Tu pourrais te dépêcher ! On n'a pas tout notre temps"
Mes oreilles se couchèrent tandis que mon regard se faisait coupable. Je voulais être présente pour elle, mais dans son état de fureur extrême, elle se montrait méchante avec moi, qui faisait tout ce que je pouvais pour rester présente pour elle. J'aurais pu l'engueuler de me traiter ainsi, mais elle allait mal, et je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir et me mettre à la sermonner.
—"Fuurin, je ne peux pas continuer. C'est trop risquer au stade de ma grossesse..."
Je savais qu'elle allait sans doute être en colère face à ma réponse, mais peut-être qu'en explosant de colère, elle pourrait ressentir ensuite le reste. Alors j'étais prête à encaisser, consciente que c'était sa douleur de la mort de Trinity qui parlerait, et pas vraiment elle-même...
La messagère jeta à peine un regard à son amie, et à son regard coupable, avant de repartir à vive allure. Elle avait la gorge nouée par la colère, et regrettait amèrement d'être allé chercher Lagherta. Qu'avait-elle pensé ? Qu'à quelques jours du termes, elle voudrait bien l'accompagner ? Cette cruche était quand même là, à haleter derrière elle, à faire tout ce qu'elle pouvait pour suivre Fuurin. Mais pourquoi faisait-elle ça ? Et puis, pourquoi même Fuurin faisait ça ? La louve grise secoua la tête. Elle avait envie de cogner quelque chose, ce qui était très inhabituel chez elle. Ses pensées furent interrompues par Lagherta :
"Fuurin, je ne peux pas continuer. C'est trop risqué au stade de ma grossesse..."
Fuurin fit demi-tour, bien plus vite qu'elle ne l'aurait voulu. Elle bouillait d'une colère inexpliquée, et alors que son esprit rationnel tentait vainement de la calmer, elle répondit d'une voix grondante.
"Et bien reste, reste là, j'irai toute seule"
Elle tourna la tête, mais se sentait soudainement incapable de partir. Elle ne pouvait pas faire un pas, elle ne pouvait pas quitter Lagherta comme ça. Elle savait qu'elle le regretterait, à jamais. Elle planta de nouveau son regard dans celui de la louve engrossée, et y lu de la pitié, une pitié qu'elle ne voulait pas. D'une voix trop forte, elle cracha :
"De toute façon tu t'en fous non ? C'est pas comme si sa mort te fait quelque chose."
Elle serra les dents et ferma les yeux un instant. Les mots sortaient de sa bouche sans vraiment qu'elle ne les retienne, sans vraiment qu'elle ne les pense. Mais elle en voulait au monde entier, elle en voulait même aux Dieux, de lui avoir fait subir cette injustice. D'un excès de rage, elle frappa au sol, soulevant une ridicule petite motte de terre, puis regarda de nouveau Lagherta.
"C'est injuste, injuste, tu vas devenir maman, tout allait bien, et, et ..."
Elle finit sa phrase en un grognement rageur, regardant le ciel. Elle donne un coup de patte dans un caillou qui trainait, l'envoyant valser à plusieurs mètres. Elle ne tenait pas en place, mais ou aller ? Elle n'avait nulle part. Elle ne pouvait pas aller chercher le corps de Trinity, c'était stupide. Et elle n'avait pas la force de retourner dans sa tanière, encore moins celle laissée froide de feu son amie. Elle était perdue. Si sa colère s'en allait, que resterait-il d'elle ?
Mon amie n'accorda presque aucune importance à mon regard coupable, et se remit en route. Alors que je lui disais, me sentant minable, que je ne pouvais pas aller plus loin, elle fit demi-tour et gronda férocement :
—"Et bien reste, reste là, j'irai toute seule"
Ses paroles étaient crues, mais malgré tout, lorsqu'elle se tourna pour repartir dans la direction qu'elle voulait qu'on se rende, elle ne bougea pas d'une patte. Elle tourna à nouveau la tête vers moi, et plongea ses yeux jaune dans les miens et sembla y voir quelque chose qui ne lui plu pas, elle cracha :
—"De toute façon tu t'en fous non ? C'est pas comme si sa mort te fait quelque chose."
Les larmes se mirent à couler de mes yeux, mais je tins bon. Ce n'était pas ma meilleure amie qui parlait, c'était sa colère face à la situation. Elle frappa le sol de sa patte, et de la poussière se souleva. Je répondis, avec un ton franc, sans pourtant qu'il n'y ait de colère dans ma voix :
—"Tu sais que c'est faux. Trinity comptait beaucoup pour moi. J'avais beaucoup de respect pour elle."
Elle me regarda puis lança à nouveau :
—"C'est injuste, injuste, tu vas devenir maman, tout allait bien, et, et ..."
Sa phrase resta en suspens, seul un grognement furieux la termina. Elle shoota un caillou, de rage. Nous avions donc enfin trouver le fond du problème. Tout comme moi, elle trouvait la mort de la louve bicolore injuste. Mais elle ne savait pas comment exprimer sa souffrance face à cette injustice, hormis la colère. Alors je décidais de la pousser à bout, afin qu'elle hurle sa colère, qu'elle la laisse sortir, et qu'elle puisse ressentir le reste. Je ne comptais pas la laisser tomber, alors je pris une voix plus grondante et je la provoquais :
—"Continues Fuurin ! Hurles-moi dessus, je l'ai mérité, je ne suis même pas capable de t'accompagner !"
Cela me faisait cruellement mal de la pousser ainsi à me faire du mal volontairement. Je savais qu'elle s'en voudrait cruellement par la suite. Mais laisser sortir sa colère, était le seul moyen pour qu'elle puisse aller mieux ensuite. Alors s'il fallait que sa colère se dirige sur moi, j'étais prête à faire cela pour elle. Si je n'avais pas été enceinte, je l'aurais même pousser à me frapper, afin qu'elle puisse se défouler. Des bleus et des contusions, je n'en avais que faire, si c'était pour aider une amie, mais là, je n'étais pas seule en cause. Je ne pouvais pas risquer la vie de mes petits...
Keiss était heureux. La grossesse de Lagherta se déroulait bien. Sa dulcinée était en bonne santé et les petits aussi. Le loup se demandait sans cesse de quelle taille allait être la portée. Parfois, il s'imaginait avec ses enfants leur apprenant à se défendre mais aussi à découvrir ce qu'il y avait de bon en ce monde. Lorsqu'il avait tout perdu, le loup s'était demandé s'il y avait des choses biens sur ces terres. Il avait tellement été triste, tellement été mal qu'il avait voulu mourir. Aujourd'hui, Lagherta lui avait fait redécouvrir la beauté du monde. Il l'aimait. Elle était la lumière dans les ténèbres.
Le guerrier était retourné raidement au camp pour alerter les médecins. Un entrainement avait dégénéré, laissant des méchantes égratignures à un des loups du camp. Alors qu'il retournait au terrain d'entrainement, il avait entendu des éclats de voix. Il s'était figé pendant un instant, puis lorsqu'il avait entendu le voix de Lagherta, il s'était mis à courir vers l'origine du bruit. La scène était saisissante. Keiss lutta contre son premier réflexe, qui était de se jeter contre la messagère et de lui mettre une raclé. Mais la situation n'était pas aussi simple... Et c'était l'amie de Lagherta.
Le loup se rendit auprès de sa compagne, puis la dépassa pour se placer entre elle et Fuurin. La petite louve était en colère. Elle souffrait. Elle avait perdu une amie... Trinity. Keiss l'avait aussi perdu et il avait absent pour elle. Mais il n'était clairement pas aussi touché que cette petite. Elle était tourmentée.Et aujourd’hui, elle devenait une menace pour Lagherta.
-Ca suffit !
Le loup fit encore un pas vers la messagère, entrant clairement dans son espace vital.
-Tu vas arrêter de hurler contre elle maintenant !
Keiss parlait d'une voix grave et forte. Il regardait la louve dans les yeux, ne perdant pas son regard et la poussant dans ses retranchement. Il continua, plus calme mais implacable.
-Trinity est morte. Et tu es en colère. Tu es en colère contre le monde, contre toi, contre elle de t'avoir laissé. Mais cette colère, elle va te ronger et te bouffer. A force de repousser tout le monde, de faire souffrir les autres... Tout ce que tu vas faire c'est t'enfoncer dans les abysse.
Il avança sa tête, touchant presque le museau du Fuurin. Il parlait de plus en plus bas.
-Et lorsque tu sortiras de ce cauchemar, tu sauras vraiment ce que signifie la mort, car tu seras seule.
Le loup lui donna un violent coup de tête dans l'épaule afin de la repousser, de la provoquer.
-Affronte-moi. Mets-y toute ta colère.
Le guerrier était beaucoup plus grande que la messagère. Il était entrainé. Keiss avait l'avantage, mais il savait que la haine pouvait amener les individus à se transcender. Alors, il se méfiait. Le loup la repoussa encore. Il voulait la pousser à bout. Il fallait qu'elle libère toute sa colère maintenant. Keiss n'avait pas de lien particulier avec Fuurin, mais il ne la laisserai pas sombrer comme lui l'avait fait.
La messagère n'attendait rien. Ou plutôt, elle attendait quelque chose qu'elle ne pouvait avoir. Elle n'osait même plus regarder Lagherta, de peur que le regard de la louve enceinte ne la fasse craquer. Elle se raccrochait à sa colère comme à un radeau dans un naufrage, ballotée par des émotions et des pensées incontrôlables. Aussi, lorsqu'elle entendit la voix forte de la fille de Gaor, elle tourna la tête, surprise.
"Continues Fuurin ! Hurles-moi dessus, je l'ai mérité, je ne suis même pas capable de t'accompagner !"
Fuurin ouvrit la bouche. Elle en était incapable. Lagherta n'avait rien demandé, elle n'était pas responsable, personne ne l'était. Le silence s'installa pendant quelques secondes avant qu'un bruissement ne se fasse entendre. Surgissant du chemin, Keiss vint se placer entre elle et sa compagne. Il avait du s'inquiéter, ce qui était compréhensible, de l'absence de Lagherta, et les voix l'avaient guidées vers les deux louves. Un voile trouble passa devant les yeux de Fuurin. Il s'approcha d'un pas, venant mettre la pression à la messagère.
Ca suffit ! Tu vas arrêter de hurler contre elle maintenant !
Fuurin déglutit. L'entrée en jeu de Keiss l'avait déstabilisée, et elle était encore plus perdue qu'avant. Le sentiment de culpabilité revint, encore plus fort qu'avant, et elle était incapable de le chasser.
Trinity est morte. Et tu es en colère. Tu es en colère contre le monde, contre toi, contre elle de t'avoir laissé. Mais cette colère, elle va te ronger et te bouffer. A force de repousser tout le monde, de faire souffrir les autres... Tout ce que tu vas faire c'est t'enfoncer dans les abysse.
Il s'avança encore, presque jusqu'à toucher la louve grise, qui tressaillit. Instinctivement, elle montra les crocs, et plissa les yeux. Allait-il l'attaquer ? Pensait-il vraiment qu'elle était capable de faire du mal à Lagherta ? Sa voix grave était de plus en plus basse, comme une menace, une prédiction.
Et lorsque tu sortiras de ce cauchemar, tu sauras vraiment ce que signifie la mort, car tu seras seule.
Soudain, Keiss la percuta de sa tête, la faisant reculer de quelques pas. Le choc la surprit d'autant plus, lui faisant se hérisser le poil. Elle n'avait pas peur, mais la colère laissait peu à peu place à un vide, un vide immense ou se précipitaient toutes ses pensées entremêlées, la laissant pantoise.
Affronte-moi. Mets-y toute ta colère.
Fuurin resta sur la défensive. Elle encaissa le poids de Keiss une deuxième fois sans effort : il ne tentait pas de lui faire mal. Elle baissa la tête. La colère qui l'avait habitée la quittait peu à peu. Elle avait peur. Elle avait peur du vide qu'elle laisserait en partant, mais à présent c'était trop tard. Elle était fatiguée, elle était triste, et se sentait infiniment coupable, et toute l'énergie qui lui avait permise de se lever et de partir était épuisée. Elle-même, était épuisée. Elle releva la tête, l'air perdu. Chercha Lagherta du regard. Mais elle ne voyait que le regard dur de Keiss. Elle fit un pas en arrière, secouant la tête. Elle jeta un coup d'oeil derrière elle, mais elle savait qu'elle ne devait pas fuir. Elle ne pouvait pas fuir. Finalement, elle ouvrit la bouche et dit en un souffle.
Je ... Je ne veux pas
Elle secoua la tête. Elle ne savait plus. La culpabilité la rongeait, et elle fit un pas de côté pour essayer de retrouver le regard de Lagherta. Pour essayer de s'y raccrocher, de se raccrocher à quelque chose.
Jespérais que ma provocation ferait son effet et que la petite messagère allait s'énerver encore plus. Que sa colère allait sortir totalement, et complètement, la laissant ensuite ressentir le reste. Mais alors qu'elle ouvrait la gueule, aucun mot de vint. Puis soudain, mon compagnon me passa devant et se plaça devant moi en grondant que c'en était assez.
Je couchais les oreilles sous la reprimande. Je ne voulais pas qu'il fasse du mal à mon amie, même si je comprenais son inquiétude et donc sa colère. Elle avait simplement besoin de se défouler, d'évacuer la colère qu'elle ressentait face à la mort de la louve qui avait été sa plus fidèle amie, même plus fidèle que moi, je devais bien l'admettre, à mon plus grand regret. Je restais prête à intervenir et arrêter mon compagnon si jamais il allait trop loin avec Fuurin, mais je restais à ma place, regardant ce qu'il se passait. Peut-être comprenait-il ma démarche et tenterait de l'exécuter à ma place, lui, il le pouvait...
—"Tu vas arrêter de hurler contre elle maintenant ! Trinity est morte. Et tu es en colère. Tu es en colère contre le monde, contre toi, contre elle de t'avoir laissé. Mais cette colère, elle va te ronger et te bouffer. A force de repousser tout le monde, de faire souffrir les autres... Tout ce que tu vas faire c'est t'enfoncer dans les abysse."
Il s'avança un peu vers elle, et son museau toucha presque le sien. Fuurin montra les crocs, mais je me doutais que cela était plutôt un refléxe défensif qu'une réelle provocation. Elle n'avait plus aucun repère, elle était totalement perdue... J'étais toujours prête à intervenir, alors j'avançais moi aussi de quelques pas, sans faire le moindre bruit, ni être trop près pour les déranger. Mon beau loup reprs d'une voix un peu plus calme et basse :
—"Et lorsque tu sortiras de ce cauchemar, tu sauras vraiment ce que signifie la mort, car tu seras seule."
Les larmes se mirent à couler sur mes joues. Il avait su trouver les mots juste. Mais après tout, il était le mieux placé pour les trouver. Il avait vécu cela. Lorsque je l'avais connu, il n'avait plus personne, il avait tout perdu et attendait que la mort vienne le chercher à son tour, estimant ne plus mériter de vivre... Je me rendais compte à quel point je l'avais ramener de loin... Soudain, il donna un coup de tête dans l'épaule de la frêle messagère qui recula de quelques pas sous le coup. Sa fourrure se hérissa, mais elle ne fit rien.
—"Affronte-moi. Mets-y toute ta colère."
Il la bouscula une nouvelle fois. Intérieurement, j'étais fière de mon compagnon. Je ne savais pas s'il avait compris mes intentions et les exécutait à ma place, ou si c'était de son propre arbitre qu'il tentait de pousser la petite messagère à bout, mais en tous les cas, le résultat était là. Enfin, Fuurin allait pouvoir laisser exploser sa colère et une fois celle-ci évacuée, elle pourrait laisser venir tout le reste... Je vis qu'elle me chercha du regard, mais Keiss ne lui laissa pas ce loisir, suivant ses mouvements afin qu'elle ne puisse voir que lui. Mais si Fuurin m'avait vu, elle n'aurait vu que de la compassion à son égard. Je ne lui en voulait aucunement de m'avoir presque traînée jusqu'ici, ni d'avoir déchaîner sa colère sur moi...
Moi par contre, je la voyais. Et je voyais surtout qu'elle était en train de craquer. Elle n'attaquerait pas mon compagnon, sa colère était en train de la quitter. Et effectivement, peu après, elle avoua qu'elle ne voulait pas affronter mon compagnon. Puis elle me chercha du regard. Et je me décalais pour lui permettre de me voir. Elle était totalement perdue, elle cherchait un repère, n'importe quoi. Sa colère l'avait quittée, la laissant vide, seule et plus perdue que jamais. Même si j'étais déjà épuisée, je rejoignis mon amie au trot, dépassant mon compagnon, et je la serrai dans mes pattes, fort. Voulant lui transmettre par cette forte étreinte que je serais là pour elle, et que je l'aiderais à aller mieux. Qu'elle pourrait toujours compter sur moi.
J'adressais un regard à mon compagnon, un regard qui en disait tellement. Je voulais le remercier d'avoir fait ce que je ne pouvais pas faire dans ma condition actuelle. D'avoir brusquer mon amie, juste ce qu'il fallait, pour que sa colère la quitte. De m'avoir laisser l'atteindre lorsqu'il avait touché le fond, pour ensuite le remonter à la surface avec moi. Et de la vie que nous avions à présent. Je le remerciais pour tout, et je l'aimais pour tout... Je reportais ensuite mon regard sur mon amie :
—"Tout ira bien Fuurin, je suis là pour toi. Je ne partirais pas, je te le promet. Je serais toujours là pour toi !"
Elle serait libre de quitter mon étreinte dès qu'elle le souhaiterai, néanmoins, je pressentait l'arrivée de ce que sa colère avait enterré. Même s'il fallait que je reste plusieurs heures à la laisser pleurer entre mes pattes, je le ferais sans la moindre hésitation. Elle n'affronterait pas cela seule, quelque soit ma condition actuelle.
La messagère grise avait baissé les oreilles, toujours sur la défensive. Soudain elle sentit un souffle, et elle releva la tête à temps pour voir Lagherta, son ventre de louve pleine pendant, lever ses pattes pour l'enlacer. Le poids de son amie lui fit presque fléchir ses pattes affaiblies, mais le contact et la chaleur de Lagherta lui fit comme un électro choc. Elle resta immobile, tremblante, la culpabilité rongeant son coeur, ses sentiments tournoyant comme la mer lors d'une tempête.
"Tout ira bien Fuurin, je suis là pour toi. Je ne partirais pas, je te le promet. Je serais toujours là pour toi !"
La louve grise ferma les yeux, sentant son cœur battre dans sa poitrine. Sa tête résonnait de questions qu'elle ne pouvait pas formuler. Elle ne se comprenait plus. Elle sentit les larmes perler aux coins de ses yeux et les laissa tomber dans ses poils, puis dans ceux de Lagherta. Toutes ses forces l'avait quittée, et elle ne put que murmurer :
![[Fini] Colère [PV Lagherta,Keiss] 31068710](https://i.servimg.com/u/f43/17/96/29/92/31068710.png)
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