Lagherta

Que reste-t-il du rondin?

Pour mon plus grand soulagement, Keiss allait mieux. Le sermont de Gaor l’avait assez secoué pour qu’il recommence à s’alimenter et se laisse soigner. Ses jours n’étaient plus en danger, à proprement parler. Je m’étais promis d’aller voir Trinity, je savais qu’elle avait été blessée lors de la bataille contre Guerre, et je n’avais pas eu le temps d’aller la voir. Enfin, le temps, je l’aurais eu, mais l’état de Keiss était trop préoccupant pour que j’ose le laisser quelques heures seul, sans avoir l’angoisse de le retrouver mort qui me nouait les entrailles. L’urgence d’aller voir Trinity se fit plus présente lorsque l’une des fois où j’étais aller chercher à manger pour Keiss et moi, j’avais entendu quelques échos arriver à mes oreilles. Des ragots de la meute que j’espérais sans fondement, qui disaient que Trinity n’avait eu que ce qu’elle méritait en ayant été reléguée au rang d’Oméga après les nombreux loups mort à cause d’elle. Pire même, certains disaient qu’elle aurait due être bannie ou même tuée. Je n’avais jamais eu que faire des ragots colporté au sein de la meute, mais néanmoins, ceux-ci ne quittèrent plus mes pensées depuis lors. Je devais aller voir Trinity, ne serait-ce que pour savoir si c’était vrai ou non ! Keiss dormait près de moi qui ne trouvais pas le sommeil… J’avais quelque peu perdu la notion de jour et de nuit, enfermée dans ses souterrains, et je me doutais qu’il devait en être de même pour la plupart des membres de la meute. Finalement, je me levais et m’approchais de Keiss, je lui murmurais doucement à l’oreille que je m’absentais quelques heures, mais que je reviendrais, comme toujours. Puis je partis à la recherche de Trinity.

Je dû plusieurs fois demander mon chemin pour savoir où elle se trouvait et chacun des membres de la meute à qui je m’adressais me jetèrent un regard mauvais, mais pour la plupart, ils me répondirent tout de même. Ce premier détail m’interpella quelque peu, je ne pouvais le nier. Enfin, j’arrivais non loin de là où on m’avait dit que se trouvait mon mentor. Je m’avançais donc et avant de la voir, je la senti. Son odeur m’était devenue familière, et plus encore. Mais il y avait quelque chose de changer en elle... Autour d’elle, plusieurs odeurs se mêlaient. Celles des produits de soin dont je ne fis pas cas, je savais qu’elle avait été blessée. Mais également des odeurs de honte et de désespoir… Mon ventre se noua, mais je continuais malgré tout d’avancer. Je devais savoir ! Et si c’était vrai, me voir lui ferait peut-être du bien. Quoique, elle n’avait jamais montré la moindre trace d’affection à mon égard. Peut-être qu’elle me détestait, tout simplement. Mais moi pas… Puis je la vis, et mes doutes se confirmèrent, comme un poids qui s’abattit sur moi, au point de presque me couper les pattes. En la voyant ainsi, allongée au sol, comme abattue, cela me fit un choc. Elle était bien une des dernières personnes que j’aurais imaginé voir un jour dans cet état. Son regard semblait comme éteint… Je refusais de croire les ragots que j’avais entendus, mais malgré tout, les preuves étaient flagrantes. Trinity n’était pas du genre à se laisser abattre ainsi… Je ne savais pas quoi dire… Que peut-on dire dans ce genre de cas… Mes yeux se remplirent de larmes alors que la vérité me frappait de plein fouet. Malgré tout, je parvins à garder une voix à peu près correcte lorsque je pris la parole :



Je l’avais toujours vouvoyée au sein de mes entraînements et je ne changerais pas ma façon de faire, ni le respect que j’avais à son égard sous prétexte qu’elle était devenue une Oméga. Je ne savais pas quoi faire d’autre... D’un coté, j’avais envie de m’installer près d’elle et de lui offrir un peu de chaleur, elle qui était désormais considérée comme la tare de la meute… Mais j’ignorais si elle me laisserait faire. Les câlins, ce n’était clairement pas son genre. Je poussais un long soupir, puis je vins m’installer face à elle, m’allongeais et posait l’une de mes pattes sur la sienne, en signe de soutien… Je ne savais que faire d’autre.

Lagherta

Que reste-t-il du rondin ?

Le regard de mon mentor semblait si vide, s'en était totalement déroutant. Malgré tout, je crois que le fait que je viennes la voir lui fit plaisir, mais trop douée pour cacher ce qu'elle ressent, je ne pouvais pas en être absolument certaine. Le silence se prolongea quelque peu et je me sentis encore plus mal à l'aise que je ne l'était déjà. Je ne savais pas quoi faire, ni quoi dire. Je me doutais bien que rien de ce que je pourrais dire ne lui remonterait réellement le moral... Lorsque je déposais ma patte sur la sienne, en signe de soutien, elle la regarda, mais ne retira pas la sienne. Je constatai que j'avais grandit bien plus que ce que je ne le pensais. A l'époque de mes premiers entraînements, Trinity était plus grande que moi. Ce n'était plus le cas. Ma patte était deux fois plus volumineuse que la sienne. Néanmoins, je ne relevais pas se détail et attendit la suite. Elle me regarda dans les yeux, puis elle lança :



Ses paroles me déchirèrent le coeur. J'avais bien compris la situation, mais entre le comprendre et se l'entendre dire par la principale concernée, cela faisait une énorme différence. Ma tête ne trouvait rien à répondre, mais je savais que je ne pouvais pas rester muette ainsi... Alors je laissais parler mon coeur, qui lui, débordait de choses à dire :



Ne connaissant pas exactement les raisons qui avaient poussé P'pa a la déstituer de tout titre, je m'abstins de dire à Trinity que je pensais qu'il avait eu tord... Elle n'avait pas lâcher mon regard une seule fois. J'admirais tant son courage et sa vaillance.



Pouvais-je seulement lui dire que je m'occupais de Keiss. Beaucoup de la meute lui en voulait pour ce qu'il avait fait, car selon les apparences, il nous avais trahit et avait tenté de livré la bêta de la meute... Moi, je connaissais la vérité, et P'pa aussi, mais combien d'autres ? Mon regard toujours ancré dans celui de la louve blanche et noir qui avait été mon mentor, finalement, je tentais de nuancé un peu la vérité, sans pour autant mentir.

Lagherta

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Durant toute ma tirade, Trinity, comme à son habitude, ne montra strictement aucune réaction. Moi, j'avais du mal à retenir mes larmes, je m’inquiétais pour elle, pour Keiss et l'odeur d'urine était oppressante, à tel pour que mes yeux en coulaient presque d'eux-même. Les loups de la meute avaient été loin dans la déchéance de Trini, ils avaient été jusqu'à lui uriner dessus. Quels loups immondes. J'avais peine à croire qu'il s'agissait de ma propre meute ! Certes, elle avait été rétrogradée au rang d'oméga, mais ce n'était pas une nécessité de lui uriner dessus... Je n'osais pas prononcer le nom de Keiss, pourtant, je ne souhaitais pas lui mentir non plus. Alors je décidais d'être franche sur mes activités, sans cité le loup dont je m'occupais... Elle baissa la tête et ferma les yeux. Puis, je crus halluciner, et je baissais et penchais la tête pour être certaine de voir ce que je croyais avoir vu. J'ouvris de grands yeux l'espace d'un instant. Trinity souriait ! Jamais je ne l'avais vu sourire ! Et lorsqu'elle releva la tête, des émotions pouvaient se voir dans ses yeux. Il s'y trouvait une flamme que je n'avais jamais vue avant chez elle. Et je me doutais même que personne ne l'avais jamais vue avant...



Je sus à ce moment que Trinity savait parfaitement de qui je m'occupais. Au moins, elle ne le pensais pas coupable de trahison, si elle m'encourageais à continuer de m'occuper de lui. Elle ne faisait pas que m'encourager, même, elle me poussais à augmenter encore d'avantage mon soutient. Je ne savais plus vraiment quoi penser. Trinity n'avait jamais montrer aucune émotions depuis que je la connaissais et la voilà qui souriait et qui m'encourageait. Lors des entraînements, pas une seule fois elle ne m'avait sourit ou encourager... Non, elle ordonnait ! C'était donc d'autant plus déroutant pour moi de la voir ainsi...



Puis, avec grande peine, elle se leva. Sa position n'était pas clairement debout, mais elle n'était plus allongée au sol. Je fus tentée de lui apporté mon soutien pour se lever, et même de lui offrir un appui, mais je m’abstins, estimant que sa fierté avait probablement bien assez souffert de cette situation, alors je ne bougeais pas de ma place et la laissais se lever seule, attendant sagement la suite :



Puis ses pattes tremblantes lâchèrent et elle s'effondra sur le sol. Mais au moins, elle s'était levée. Keiss était dans le même état, si faible qu'il tenait à peine debout quelques secondes... Je ne pensais pas voir un jour Trinity dans cet état et cela accentua encore la douleur que je ressentais pour elle...



Puis elle baissa la tête et toute trace de sourire quitta son visage, redevant la Trinity que je connaissais, qui ne montrait jamais rien de ce qu'elle ressentait. Elle fini par lancer :



Voilà pourquoi je n'avais pas compris son comportement à ce moment-là. Ce n'était pas sa volonté propre. Je choisi de ne pas exprimer ma colère à ce sujet. J'estimais que prendre le contrôle de quelqu'un ne devait pas se faire, et surtout pas pour se soumettre. Malgré tout, je savais également que si Trinity n'avait pas fait cela, Keiss serait probablement mort. Alors je choisi de rester neutre sur ce point et d'ignorer mes émotions. A la place, je lançais à la louve :



Je fis une pause de quelques instants, poussant un soupir. Parfois, depuis quelques mois, j'avais l'impression que P'pa ne cherchait qu'à diriger ma vie à distance, sans jamais rien me dire avant... Je n'avais pas menti à Trinity, je ne connaissais pas la nature des sentiments grandissant que je ressentais pour Keiss. Néanmoins, s'ils évoluaient dans le sens de l'amour, P'pa n'aurait pas d'autre choix que de l'accepter. Il ne pouvait pas décider de qui j'avais le droit d'aimer ou non ! Je repris ensuite la parole à l'intention de Trinity :



J'estimais avoir tout dit et si elle n'ajoutait rien, ou ne me demandait pas explicitement de rester, je songeais ensuite à partir, autant pour la laisser se reposer, que pour aller voir si Keiss allait bien... Néanmoins, je ne montrais, pour l'instant, rien de mon intention.

Lagherta

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Les gouttes de sang qui tombaient sur le sol ne m'échapèrent pas. Une des plaies de Trinity devait s'être ré-ouverte lorsqu'elle s'était levée. L'effort avait été immense, il fallait le dire aussi, cela se voyait sur elle. Ma réaction face à son aveux, concernant Keiss ne lui échappa pas, même si j'avais fais de mon mieux pour rester neutre. J'étendis mon pouvoir pour capter ce qu'elle ressentait à ce moment-là et j'y trouvais alors de la peine, du chagrin face à ma colère et une pointe de déception également, mais cette dernière restait légère... Je choisi de revenir sur le sujet pour tenté de la tranquilliser un peu :



Puis elle m'écouta parler de ce que je ressentais par Keiss, des promesses que je lui avais faites, et des craintes que j'avais pour le futur, sans bronché. A la fin, elle reprit la parole :



Ce qu'elle venait de me dire, je le savais très bien, mais j'avais l'impression que lorsqu'il s'agissait de Keiss, tout comme lorsqu'il s'agissait de Gaor, ma rationalité me faisait totalement, ou presque, défaut. Je devais changer cela, et vite. Ou alors, peut-être était-ce un signe ?



Mon regard était franc et planté dans le sien, pour bien lui montrer que ce n'était pas des paroles en l'air. Puis, mon regard dévia vers la petite flaque de sang qui commençait à se former sous la louve noire et blanche. Je la contournais doucement et regardais la situation :



J’espérais qu'elle me laissera la soigner et qu'elle avait du matériel par-là, sinon, j'irais en demander non loin de là...

Lagherta

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Sans avoir besoin de mon pouvoir, je vis la colère de Trinity, ses pupilles s'étaient rétractées et elle refusait de croiser mon regard, gardant la tête tournée tout au long que je parlais. Je me rendis compte à ce moment-là que j'avais fais une terrible erreur en tentant de sentir ses émotions. Trinity est une louve secrète, qui ne montre pas ses émotions, ou ce qu'elle ressent, j'aurais du savoir qu'elle n'accepterait pas que j'use de mon pouvoir sur elle. Néanmoins, même si la situation était différente, elle devait bien s'avouer aussi qu'elle avait fait pareil avec Keiss. Mais je savais aussi que Trinity était une louve fière et elle ne se remettrait probablement pas en question si je la confrontais maintenant, elle risquait même plutôt de m'en vouloir et notre relation en souffrirait. Alors je choisis de me taire et d'attendre la suite.

Lorsque je lui proposais de la soigner, évidemment, elle refusa mes soins. Compte-tenu de sa colère, il était évident qu'elle allait refuser. J'hésitais un moment entre insister pour la soigner, même si c'était en silence, ou tout simplement la laisser tranquille, ce qui était probablement ce qu'elle souhaitait, après mon intrusion dans ses émotions.



Il était bien évident que je parlais du fait qu'elle m'avait clairement montrer qu'elle tenait un temps soit peu à moi, et qu'elle avait une certaine estime à mon égard également. Néanmoins, si mon erreur devait me coûter ce prix-là, je la payerai bien cher... C'est pour cela que je lui avais glisser un petit rappel, tout le monde faisait des erreurs, c'était un fait, mais certaines erreurs ne méritaient pas forcément le prix le plus cher à payer... Je tournais les talons, la queue basse et m'en allait. Je marchais dans les galeries souterraines jusqu'à trouver un médecin, et lorsque ce fut le cas, je l'interpelait gentiment :



Sans même attendre la réponse, je repris ma route et me dirigeai vers l'alcôve que je partageais avec Keiss. Ce fut un soulagement de constater qu'il dormait encore, je n'avais pas réellement envie de lui parler de ce qui n'allait pas, parce que je n'aurais pas le choix de lui dire ce que Trinity lui avait fait durant la bataille contre Guerre. Et comme je l'avais dis à Trinity, c'était à elle de lui dire, pas à moi. Mais comme mon état découlait de ça, il valait mieux qu'il dorme, le temps que je puisses effacer tout ça de mon physique. Comme à mon habitude, je vins me coucher près de lui, mais aujourd'hui, j'avais besoin de chaleur, alors je m'installais tout contre lui, très délicement, pour ne pas le réveiller. Je me roulais en boule et enfoui mon museau sous ma queue et fermait les yeux. Quelques larmes coulèrent sur mes joues, mais je m'appliquais à le faire dans le plus grand silence, et comme je tournais le dos à Keiss, il ne s'appercevrait de rien. Puis je finis par m'endormir.