En temps normal, Akila ne s’occupe pas d’autrui. Mais ça, c’est bien sur, en temps normal. Aujourd’hui, c’est à sa sœur aînée qu’il pense, et pour laquelle il s’inquiète. Non non, pas Cynthia, elle est trop forte et orgueilleuse pour que des mots et des actes ne la fassent souffrir outre mesure. Mais bien Verd. Cette louve de la famille qui ne semble pas avoir un jour aimé ses frères et sœurs cadets. Akila tient à elle malgré lui, elle est sa sœur après tout. Jolie, gentille, élégante, douce, agréable, sensible, féminine, sa sœur quoi.

Elle a toujours été la délicatesse et la douceur incarnée aux yeux d’Akila, lui qui n’est que violence et bêtise et qui aime tant ses quelques vices qui l’habite. En ce moment elle a l’air malheureuse et blessée par la vie qui court, et cela fait souci au petit mâle. Il n’a cependant pas la prétention de pouvoir l’aider ou la soutenir. Mais juste lui dire qu’il est là au besoin. Et qu’elle pourra compter sur lui s’il le faut.

S’étirant dans le fond de la tanière où il vivait encore avec ses parents, il sortit lentement, ses queues s’éparpillant dans son dos, il les laissa basses et effleurer le sol de leur multiples pointes. Secouant la tête et agitant les oreilles, il se mit en quête de sa sœur ainée avant de pensé qu’il était encore tôt et qu’elle n’avait peut être pas encore mangé. Désormais âgé d’un an et demi, et ayant suivit avec une grande attention les enseignements de Cynthia et la louve elle-même, le jeune mâle commençait à être relativement bon chasseur pour les petites proies.

Il sorti alors tranquillement du camp, songeant qu’il devrait amener quelque chose pour sa sœur. En plus ce n’est pas comme s’il la voyait souvent. Alors c’était plus polie de lui offrir un petit quelque chose… Il se mit alors en quête d’une proie de petite taille capable de remplir en partie l’estomac d’un seul loup. Se mettant alors sur la piste d’un lièvre, il n’eut, par chance, pas de mal à trouver l’animal. C’était une bête boiteuse qui avait dû se blesser seul et cherchait à retrouver son lieu de vie. Mais la fatalité allé bientôt s’abattre sur le pauvre animal. Car tapis dans l’ombre Akila n’attendit qu’un instant pour bondir et tuer le lièvre au pelage baie parsemé de blanc par la venu de son poil hivernal.

Fier de sa prise il se mit désormais en quête de la fameuse sœur blessée par la vie. Il la chercha un moment, longuement, avant de l’apercevoir sous un arbre du campement. Se dirigeant vers elle avant sa proie, Akila la posa à quelques pas de Verd et la poussa doucement vers elle.

« Pour toi grande sœur… »

Il releva la tête et agita doucement les oreilles avant de s’asseoir devant la louve. Rabattant ses queues de chaque côté de son corps. Il pencha doucement la tête en la détaillant calmement.

« Comment tu vas ? »

Il était de sa famille, il savait très bien qu’elle n’était pas en forme en ce moment. Ne pas le savoir reviendrait à manquer cruellement d’intérêt pour sa propre famille. Une chose qu’Akila aimait plus que sa propre existence et qu’il avait en très haute estime.

Sa sœur avait été prise par surprise, et elle avait reculé, sans doute craintive de ce qu’il pourrait lui faire. Pourtant Akila était inoffensif, personne ne pourra jamais le retourner contre sa propre famille. C’était une certitude dans l’esprit du petit loup. Il savait discerner ce qui ferait du bien ou du mal au sien. Et il ne voulait pas blesser ses proches qui lui étaient si chers et essentiels à son bien être. Elle lui avait sourit pourtant, prouvant inévitablement qu’elle avait un peu d’amour et d’attachement pour lui. Akila était mauvais pour ressentir ses choses là, alors il ne savait jamais vraiment ce que sa sœur pouvait bien penser de lui. Il agita les oreilles en l’entendant et les mit à l’horizontal, comme blasé et las.

« Menteuse… je t’ai vu reculer… Je te fais peur ? »

Observa-t-il d'une voix douce mais soucieuse et inquiète à la fois. Akila ne voulait pas faire peur à sa sœur, ni même la rendre inquiète ou soucieuse. Alors pour lui faire comprendre qu’avec lui elle était une reine et lui un simple petit serviteur il se mit dans une position plus soumise. Les désirs de ses frères et sœurs avaient toujours été des ordres aux yeux du loup. Et il ne voulait pas que l’une de ses ainées lui en veuille ou vienne à le craindre. Il ne s’en remettrait pas.

Elle le félicita, mais affirma qu’elle n’avait pas faim. Puis il se rappela de la rumeur courant qu’elle avait été empoisonné. Il n’avait pas encore vengé sa sœur en empoisonnant l’empoisonneur, mais il y songeait encore. Il agita les oreilles et ramena la proie vers lui.

« Dommage, on aurait pu partager. »

Il étira un sourire taquin et doux à la fois avant d’arracher un morceau de chair de sa proie et de le manger a plein crocs et de continuer sur une autre bonne bouchée. Comme pour lui prouver que ça n’était pas empoisonné et qu’elle pouvait avoir confiance en lui.

Elle se dirigea vers la sortie, il la suivit du regard avant de l’écouter et d’avaler une autre bouchée pour reposer ses yeux sur la proie. Puis sur la femelle.

« Non, c’est pour toi que je me suis levé et que je suis allé chasser, si tu ne la mange pas, je la mangerais par petit bout moi-même dans la journée… »

Elle avait refusé son cadeau, il n’irait pas l’offrir à un autre. C’était pour elle et uniquement pour elle qu’il s’était adonné à la chasse malgré son désir extrême de rester dans sa tanière. Il s’était dit qu’il ne pouvait pas aller la voir sans lui amener un petit quelque chose. Puis il entendit sa proposition et la rejoignit.

« Avec plaisir ! Où veux-tu aller grande sœur ? »

Il remua vivement ses queues, son regard doux et bienveillant posé sur Verd. Avec elle il arrivait à être doux, pourquoi alors qu’il n’y arrivait jamais avec les autres ? Parce que c’était Verd ? Sans doute. Il se sentait bien avec ses sœurs… Et puis il était compliqué d’être en colère avec Verd tant elle inspirait la paix et le calme. Tout comme il avait du mal à se mettre en colère et à ne pas se contenir en présence de Faubaru.