-Fuurin-

Fuurin rentrait paisiblement au camp. Enfin paisiblement en apparence : son esprit était toujours tourmenté par l'arrivée d'Akui et la position de combat que prenait le camp Eau. Elle suivait son chef avec fervence, mais ne pouvait s’empêcher de laisser son esprit vagabonder. Elle avait vu le Dieu. Elle avait vu sa puissance. Ils ne pourraient jamais la surpasser. Ils avaient une chance de vaincre tous ses disciples, mais certainement pas le Dieu en lui-même. La seule raison pour laquelle les loups étaient encore vivants, c'est qu'Akui voulait s'amuser. Elle secoua la tête : c'était un problème sans solution.

Ses pas l'avait amenée par hasard à proximité de Pyrrha . Elle fut soudain violemment éjectée de ses pensées par la voix brisée et dure de Pyrrha. Elle ne l'avait jamais entendue ainsi. Un frisson la parcourue : qu'est-ce qui pouvait bien mettre la louve blanche dans un tel état ?

Fuurin se tenait à bonne distance, mais put tout de même sentir l'odeur de Keiss. Ce dernier avait émergé il y a peu de son exil. Fuurin hésita : est-ce qu'elle pourrait tenter de les calmer ? Probablement pas. D'ailleurs ils semblaient avoir fini de parler. Elle vit Pyrrha partir furieusement vers sa tanière, et Keiss ,après un moment d'hésitation ,sortir du camp.

Fuurin hésita encore avant de se diriger lentement vers la tanière de Pyrrha. Ses grelots tintaient doucement au rythme de ses pas. Elle savait que Pyrrha la repérerait facilement, et si cette dernière voulait absolument rester seule, elle le manifesterait. Elle arriva presque à l'entrée de la tanière et hésita. Elle s'assit alors. Elle avait besoin de réfléchir à comment elle allait faire.

Quand Pyrrha rentra dans sa tanière et qu'elle fut certaine d'être seule, elle s'effondra. Les larmes roulèrent sous ses yeux. Elle avait passé des mois entiers à prier pour que Keiss revienne... Pourtant aujourd'hui, elle avait enfin la vérité. Le loup avait préféré fuir. Il l'avait abandonné en disant à tous que sa famille était morte.

Pyrrha n'avait été qu'une petite loupiote adoptée... Mais sa famille adoptive était bien plus forte que celle de sang. Elle aurait tout fait pour eux. Est-ce que leur amour était sincère ? Celui de Kario au moins ? Le louve serra les dents, il n'y avait pas de réponse de toute façon. Ils étaient morts. Et le seul survivant n'était qu'un ingrats.

Dans le silence, Pyrrha entendit des bruits de grelots. Elle repensa à ce qu'elle venait de dire, évidemment tout c'était passé au camps, devant tout le monde. Les loups devaient se poser des questions. La bêta secoua la tête... Et dire qu'elle devait se montrer calme et confiante. C'était raté.

Toujours très émue, Pyrrha sortie de sa tanière et vit la petite Fuurin. La messagère restait dans l'esprit de la bêta, une louveteau. Elle avait bien dû mal à la voir comme une adulte. La bêta essaya de faire un sourire, mais une très grande tristesse se lisait sur son visage.

-Tu n'as pas à t'inquiète Fuurin. Tout va bien.

Elle prit une respiration profonde. Maintenir les apparences, c'est la seule chose qu'il fallait réellement faire. Finalement, ce qu'elle ressentait ne comptait pas.

-Ce n'était qu'une dispute de famille.

Pyrrha la regarda. Fuurin avait été adoptée, comme elle. La messagère pouvait comprendre. Du moins, elle l'espérait.

-Fuurin-

Pyrrha sorti de sa tanière, visiblement affectée. Son pelage avait l'air légèrement humide, comme si elle avait pleuré. Elle tenta un sourire qui ne fit que montrer sa détresse. Fuurin senti son coeur se serrer. Pyrrha avait toujours été là, comme une figure calme et bienveillante du camp de l'eau. Elle avait subi de nombreux coups durs, mais là c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase.

-Tu n'as pas à t'inquiète Fuurin. Tout va bien.

Fuurin cligna des yeux et baissa la tête. C'était clair qu'elle cherchait seulement à rassurer la jeune louve.

-Ce n'était qu'une dispute de famille.

Fuurin ne savait pas quoi dire pour la réconforter. Pyrrha avait l'air tellement forte. Elle secoua doucement la tête et laissa le son des grelots à son cou détendre l'atmosphère. Elle sentait son pouvoir doucement agir autour d'elle. Fuurin n'était pas docteur, elle ne savait pas soigner les maux, mais si elle pouvait au moins faire en sorte que la louve blanche se sente un peu mieux ...


-Tu ... Enfin .. Ce qu'a fait Keiss, c'est vraiment insensible envers toi.

Fuurin détourna la tête. Elle n'avait pas eu le temps de préparer ce qu'elle allait dire, et ça se sentait. Elle était en freestyle. Elle se concentra pour transcrire au mieux son message. Après tout, c'était son job.

-Tu as le droit d'être en colère, personne ne t'en voudra. Et puis maintenant, il est là, sain et sauf.

Fuurin lui sourit gentiment. C'était certainement trop tôt pour parler de pardon à Pyrrha, ça prendrait très surement du temps. Mais l'idée était d'avancer, de ne pas se laisser embourber dans le passé.

Furrin fit sonner ses clochettes. Pyrrha sentie son corps se détendre peu à peu. Il faudrait du temps pour sa calme réellement, mais elle appréciait le geste de Furrin. C'était une bonne chose.

La petite messagère commença à parler avec gentillesse et sincérité. Il manquait de loup comme elle sur ces terres. Elle se posa à côté de la messagère.

-Nous verrons ce que ça donne. Notre alpha estime qu'il peut avoir sa place ici.

La louve blanche ne pu s’empêcher de parler de sujets plus difficiles... Mais au moins, elle ne parlait plus de Keiss. Cet ingrat qui avait été un temps son frère.

-Les temps qui arrivent vont être difficiles. Mais Gaor est un bon alpha, il saura mener le clan dans la bonne direction.

C'était tout ce qu'elle pouvait dire. Elle regarda Furrin, se demandant si cette petite louve serait prête à affronter les événements. Pyrrha elle-même se sentit démuni. Il n'y avait pas de victoire possible. Sans compter que Médée... Elle termina brutalement cette pensée. Mais elle savait. Pyrrha savait. Elle avait déjà failli mourir une fois de ses crocs, mais si Médée était devenue un membre respecté des sbires d'Akui. Alors... Alors...

Elle s’arrêta de réfléchir. Puis pensa un peu plus à Furrin. Elles se ressemblaient finalement, si ce n'est que la petite n'avait pas encore tout perdu.

-Il faut apprécier tout les instants de la vie. J'espère que tu le fais Furrin. Tu es aussi bien entouré, c'est bien.

La petite avait encore ses deux parents en vie et un ami d'enfance nommé Hyoga.

-Fuurin-

Pyrrha sembla se détendre un petit peu, ce qui fit sourire Fuurin. Son pouvoir était fait pour ça après tout... Pas vraiment utile, mais bien pratique dans certains cas. La louve blanche se posta à côté de Fuurin. Son odeur était forte et rassurante, et elle sentait presque la chaleur émaner de son corps malgré cette très ensoleillée journée de décembre.

-Les temps qui arrivent vont être difficiles. Mais Gaor est un bon alpha, il saura mener le clan dans la bonne direction.

Fuurin rendit son regard à Pyrrha. Ses entrailles se sérrèrent lorsqu'elle compris que les deux loves pensaient à la même chose. Akui était revenu, et il n'allait certainement pas s'en aller comme ça. Les jours étaient comptés avant qu'il ne revienne, ou envoie ses sbires détruire le camp.

-Il faut apprécier tous les instants de la vie. J'espère que tu le fais Fuurin. Tu es aussi bien entourée,c'est bien.

Fuurin baissa la tête pensa à ses parents, à Hyoga. Il y avait un problème majeur dans l'équation qui faisait qu'elle n'était absolument pas confiante : elle ne pourrait jamais les défendre en cas de besoin.

-Je profite mais je ne peux pas m'empêcher de penser au futur...

Fuurin leva des yeux pleins d'inquiétudes vers Pyrrha.

-Je ne sais pas comment je pourrait être utile en cas d'attaque. Je ne sais pas comment je pourrai les... Vous défendre.

Après un petit silence elle reprit.

-En tout cas merci à toi Pyrrha. Merci d'être là, d'être restée, et de continuer à apaiser le clan.

Pyrrha était toujours aussi crispée. Mais il était plus simple de ce préoccuper des malheurs des autres plutôt que les siens. Fuurrin n'était pas une guerrière.... Mais elle était utile. Sa présence était un vrai positif.

La bêta eut un sourire bienveillant, puis répondit.

-Tout le monde ne peut pas être un guerrier. Regarde-moi, je ne suis pas bien grande ni une bonne combattante. Je ne suis pas une grande chasseuse non plus. Et mon pouvoir n'est pas d'une grande utilité.

C'est vrai que dit ainsi, Pyrrha n'avait pas l'air de servir à grand chose. Elle comprenait la louve, elle-même avait vécu avec cette frustration. Plus jeune, elle avait voulu guerrière. Mais elle s'était bien vite rendu compte que c'était impossible.

-La force brute n'est pas la solution à tout les problèmes. Et ceux qui ont réellement fait changer les choses l'ont fait par la parole. Ton rôle de messager est primordiale. C'est toi qui fait passer l'information aux autres clans. C'est extrêmement important, surtout en cette période.

Une idée lui passa en tête. Gaor ne serait peut-être pas d'accord... Mais Pyrrha eut le sentiment que c'était ce qu'il fallait faire. Elle avait confiance en cette petite louve. La bêta prit un air plus sérieux, plus dure.

-Écoute moi bien... Et surtout ne donne cette information qu'aux loups de confiance.

Pyrrha prit une respiration, se remémorant les discussions avec les religieux.

-Il n'est peut être pas invincible. Il existe une pierre. Un artefact étrange. Noir avec des marques dessus. Elle permettrait d'annuler son contrôle de pouvoirs... Et dans ce cas, il serai possible de faire quelque chose.

Il y avait peut-être un espoir. Ou du moins, il fallait faire semblant d'y croire.

-Malheureusement cette pierre est introuvable. Il faut peut-être un pouvoir spécifique... Ou peut-être que quelqu'un sait où elle se trouve. J'aimerai que tu garde cette idée en tête lors de tes déplacements. Mais surtout ne te met pas en danger.

Elle se ravisa un instant sur la dernière phrase de la louve :

-Et pour le reste je t'interdit de faire quoi que ce soit pour me défendre. En cas d'attaque, ta présence sera déterminante mais pas de cette façon.

-Fuurin-

Pyrrha lui avait sourit avec bienveillance et compréhension. Fuurin en avait presque les larmes aux yeux. Elle était faible et les temps étaient durs, mais au moins la meute était là pour elle.

-Tout le monde ne peut pas être un guerrier. Regarde-moi, je ne suis pas bien grande ni une bonne combattante. Je ne suis pas une grande chasseuse non plus. Et mon pouvoir n'est pas d'une grande utilité. La force brute n'est pas la solution à tout les problèmes. Et ceux qui ont réellement fait changer les choses l'ont fait par la parole. Ton rôle de messager est primordiale. C'est toi qui fait passer l'information aux autres clans. C'est extrêmement important, surtout en cette période.

Fuurin lui sourit timidement. C'est vrai que chacun avait son rôle ici, et elle n'était pas en reste. Il fallait qu'elle se ressaisisse et qu'elle continue à s'entrainer. Soudain, elle eut conscience que la conversation avait dérivé du sujet initial, de Keiss et des problèmes de famille de Pyrrha. Cette dernière ne semblait pas vouloir s'ouvrir à propos de ça, et c'était normal. Fuurin espérait tout de même que la conversation lui avait changé l'esprit quelques minutes. Elle allait sûrement vouloir être seule pour digérer les évènements. Cependant, elle repris la parole d'un ton soudain plus dur :


-Écoute moi bien... Et surtout ne donne cette information qu'aux loups de confiance.

Le poil de Fuurin se hérissa légèrement alors que son attention se faisait soudainement plus vive. Quelle était donc cette information ? Pyrrha prit une respiration comme pour se préparer. Fuurin était toute ouie.

-Il n'est peut être pas invincible. Il existe une pierre. Un artefact étrange. Noir avec des marques dessus. Elle permettrait d'annuler son contrôle de pouvoirs... Et dans ce cas, il serai possible de faire quelque chose. Malheureusement cette pierre est introuvable. Il faut peut-être un pouvoir spécifique... Ou peut-être que quelqu'un sait où elle se trouve. J'aimerai que tu garde cette idée en tête lors de tes déplacements. Mais surtout ne te met pas en danger. Et pour le reste je t'interdit de faire quoi que ce soit pour me défendre. En cas d'attaque, ta présence sera déterminante mais pas de cette façon.

L'esprit de Fuurin fut soudain en roue libre : un artefact qui pourrait battre la source de tous leurs maux ? Son cœur battait la chamade. Elle ne pouvait actuellement rien faire, partir chercher la pierre serait beaucoup trop dangereux, et elle se doutait que la meute l'aurait déjà fait si ça avait été possible. Elle leva les yeux vers Pyrrha et acquiesça lentement. La dernière phrase de la louve blanche résonnait sinistrement dans l'air, comme une prophétie.

"Merci d'avoir partagé ça avec moi, j'y penserait quand je partirai en mission. J'essayerai de ne rien faire de stupide."

Fuurin lui sourit franchement. Il y avait de l'espoir finalement.

Pyrrha finit par baisser légèrement la tête. Elle avait les épaules lourdes. La bêta avait des responsabilités, peut-être trop. Mais sa présence était important, contrebalançant le caractère parfois un peu trop fort de Hasuo. Mais c'était sa façon d'être utile à la meute.

Pyrrha finit par se lever. Elle avait d'autres choses à faire et avait finit par rassurer la petite louve. C'était l'essentiel. Pour ce qui était de ses problèmes familiaux, elle espérait que les choses allaient se régler avec le temps. Pyrrha était toujours en colère contre Keiss, mais elle finirait bien par le pardonner. Elle était ainsi faîte.

Pyrrha sourit, regarda la messagère avec bienveillance.

-Bien.

La bêta espérait que la messagère puisse retrouver cette pierre ou guider ceux qui avaient le pouvoir de la retrouver. Puis elle la salua :

-A bientôt.

Puis la bêta retourna doucement dans sa tanière. Elle était fatiguée de tout ça.