La tête pleine de pensées tortueuses et emmêlées les unes autres, je voulais chasser Akui de celle-ci. Il fallait aussi que je pense à mon état mental si je voulais être capable de défendre ma meute comme il se doit. Je n’étais capable de rien sous le stress ou l’angoisse. Hydromos devait le savoir puisqu’il ne m’avait pas retenu confiné dans le clan à donner des ordres. Il fallait que je m’aère, bien que je continue encore et toujours de rassurer les plus craintifs face à la menace dominante d’un dieu. Mais je commençais à arriver au bout de mon stock d’idées… Je ne savais plus comment rassurer les miens. Pour le moment il n’y avait pas eut d’intrusion étrangère, pas d’attaques, et pas de nouvelle menace. Soit Akui et ses fidèles avaient élus domicile dans le château du crépuscule, et si l’idée de le déloger nous avait traversé, la mission suicide n’avait pas été entreprise. Comme le Dieu ne semblait pas nous attaquer, pour le moment du moins, nous n’avions rien tenté de ce côté.

Que les autres dieux nous gardent, ou au moins nous protéger de celui-ci. Secouant mon pelage, je m’étais éloigné du camp avec en tête d’aller faire un petit tour dans le cimetière. Un lieu que je trouvais particulièrement plaisant pour trouver un peu de calme dans cette cacophonie émotionnelle. M’arrêtant sous une plante géante, j’étirais mais pattes avant en baillant longuement. Je n’avais pas croisé Milenko, ni même Platalya, ils devaient sans doute tout deux avoir énormément de travail de garde. Je les plaignais, et espérais qu’ils pensaient au moins à prendre des pauses et à se reposer. Parcourant tranquillement le territoire, l’idée de chasser quelque chose me traversa l’esprit, ça faisait longtemps que ne m’étais pas mit à courir comme un louveteau derrière une proie. Cette pensée me fit frémir de plaisir et ma queue s’agita avec joie en laissant tomber un manteau de neige blanche sur le sol.

J’humais alors tranquillement l’air à la recherche d’une proie de petite taille qui suffirait à mon estomac seul. Mes oreilles s’agitèrent quand un mouvement dans l’herbe me fit tourner la tête. Je vis alors la silhouette brune d’un lièvre se redresser et me lécher les babines. Toi mon petit gars, tu vas pas vivre longtemps… Me tapissant dans les herbes je commençais à suivre la bête pour faire durer mon plaisir. Je n’avais pas envie de l’attraper tout de suite. Je voulais me défouler un peu, et avoir aussi une raison de rentrer un peu plus tard. Commençant à trotter quand le lièvre en fit de même, je m’élançais à sa poursuite avant de me figer net en voyant l’animal s’arrêter. J’humais alors l’air avant de sentir un autre loup, un solitaire cette fois. Un grondement m’échappa, cela fit peur à la proie qui prit la fuite tandis que je me redressais avant de tomber museau à museau sur une femelle que j’avais déjà vu autre fois. Mon grondement s’arrêta aussitôt et un sourire effleura mes babines.

« Anvie ? » demandais-je pour être sur.

L'attrait du voyage. C'était un carburant auquel la louve du cimetière tournait facilement. Un pas après l'autre, Anvie s'amusait à s'émanciper petit à petit des règles que lui avait autrefois imposé sa mère.
La louve au pelage cendré était maintenant adulte et bien assez grande pour décider d'elle même ce qu'elle voulait.
Tout comme son père, elle était plutôt robuste et grande, parfois effrayante, d'autant plus avec l'aura de chaleur qu'elle dégageait au naturel. Anvie était une casse cou qui n'avait pas peur de grand chose et maintenant qu'elle était adulte, rare étaient ceux qui souhaitait se frotter à elle pour sa simple assimilation à Zal.
Libre comme l'air, la louve à la lanterne s'était donc rendu dans un lieu qu'on lui avait raconté enfant: les prairies du monde.
Bon, pour être tout à fait honnête, ce n'était pas la première fois qu'elle s'y rendait. Certains loups la regardait mal lorsqu'elle y pénétrait mais peut lui importait. Quand on avait déjà l'habitude d'être vu comme la peste, le regard des autres ne faisait plus vraiment effet.
Elle marcha donc, d'un pas assuré. L'herbe la chatouillait entre les coussinets mais c'était une sensation qu'elle trouvait plutôt agréable. Plus loin, se trouvait un spot parfais pour faire la sieste aux rayons du soleil et elle n'allait pas s'en priver.
Tandis qu'elle avançait, une voix fit frissonner ses oreilles:

« Anvie ? »

Elle s’arrêta, regardant autour d'elle. Rare était ceux qui connaissait son prénom. A vrai dire, le seul clanique qui avait eut dont d'un tel secret c'était :

yarhnam ?

Un sourire se dessina sur ses babines lorsqu'elle reconnu la silhouette du loup blanc, elle s'approcha de lui, sa queue battant doucement l'air.

Je pensais pas que tu te souviendrais de moi. Mais je suis contente de te revoir !

Bon, elle espérait également qu'il n'ai pas la merveilleuse idée de lui demande de dégager comme ses congénères clanique. Mais dans ses souvenirs infantiles, Yarhnam était un loup sympathique.

La femelle en face de moi semblait aussi surprise que je l’étais. Elle se redressa et ses oreilles se mouvèrent. Elle avait énoncé mon prénom comme si elle ne me reconnaissait pas. Un sourire effleura alors mes babines. Oui c’était bien elle, je le reconnaissais à son timbre de voix. Ma queue fit un mouvement lent dans mon dos.

« Qui d’autre sinon ? »

Oui, qui d’autres à part moi dans le clan de l’air la connaissait ? Un simple garde l’aurait chassé avec un peu de violence. Un loup lambda du clan l’aurait envoyé boulet en la forçant à partir. Moi pas, je risquais fortement de me faire gronder pour avoir négligé de renvoyer un solitaire là d’où elle venait. Mais pour moi Anvie n’était pas une solitaire comme toutes les autres. Je l’appréciais, et la connaissais un petit peu, je savais en tout cas qu’elle aurait sans doute plus de désirs d’aventures que de mauvaises intentions.

Elle s’étonna que je me souvienne de son prénom et je mis les oreilles à l’horizontal. Mon regard semblant aussi blasé que désappointé.

« Dis donc jeune louve, ce n’est pas parce que je suis plus âgé que toi que j’en suis devenu sénile. »

Non mais ho, c’est quoi ça ? Mon ton avait été aussi doux que joueur et blagueur. Dans mes yeux brillant une petite touche de joie de la revoir. Au moins elle n’était pas morte tuer par Akui, et elle ne portait pas son odeur non plus, ce qui me rassurait d’avantage et me confirmais un peu plus l’idée qu’elle n’était pas du tout une ennemie. Ma queue s’agitant je m’assis calmement face à elle.

« Comment vas-tu depuis ? En tout cas, je peux voir que tu es tout en beauté et que tu as finis par sortir du Cimetière »

Je me demandais si elle était allée faire un petit tour au marais Tamashi. Mais je gardais la réponse pour plus tard. Quoi que, pour venir ici elle les avait forcément traversé. Elle avait donc dû gagner en force et en discrétion. Ma joie de la revoir transparaissait dans le mouvement doux mais régulier de ma queue, à la différence de mon regard qui était redevenu aussi impassible qu’à l’accoutumé.

Un sourire effleurât les babines de son interlocuteur lorsqu'elle prononça son nom. C'était bien lui, il n'y avait pas de doute là dessus. La louve se souvenait à merveille de sa longue fourrure blanche certainement un peu chiante à entretenir et de son air faussement autoritaire.

« Qui d’autre sinon ? »

C'était vrai que souvent, lorsqu'elle allait dans un territoire qui n'était pas sien. Les loups avaient plus tendance à vouloir la chasser que lui dire bonjour. Yarhnam était une exception à cette règle.
Il pris d'ailleurs un air presque vexé lorsque la cendré s’étonna qu'il ai retenu son prénom :

« Dis donc jeune louve, ce n’est pas parce que je suis plus âgé que toi que j’en suis devenu sénile. »

Anvie rigola à la remarque. Elle n'avait jamais vraiment été fine dans ses paroles et c'était typiquement le genre de repartie qui l'amusait :

ça vaaaaa. pas la peine de te vexer ! Si ça peut te rassurer, tu n'as pas changé d'un poil !

Elle avait pris un ton mi dragueur, mi moqueur. c'était une seconde nature chez Anvie, elle aimait taquiner les gens qu'elle appréciait un minimum. Face à elle, le loup blanc s'assit :

« Comment vas-tu depuis ? En tout cas, je peux voir que tu es tout en beauté et que tu as finis par sortir du Cimetière »

La cendrée bomba légèrement le torse. Elle aimait que l'on flatte son égo de la sorte. Quel gaspillage ça avait été d'être resté aussi longtemps au cimetière. heureusement, maintenant elle était libre de vagabonder comme elle l'entendait.

Ca aurait été dommage pour une louve comme moi de se cacher pour le restant de ses jours entre ces tombes. Maintenant j'ai l'âge d'être libre comme l'air et de faire ce qui m'amuse.

Du haut de ses 3ans, elle déjà avait tellement de choses à rattraper. Cependant, elle en avait clairement la motivation nécessaire. Ses oreilles pointèrent légèrement en avant.

Et toi ? tu deviens quoi de beau dans ton cher clan ?

La queue battant lentement dans mon dos, j’attendais la réaction de la jeune louve face à moi, et celle-ci ne tarda pas. Comme je l’avais souhaité en lui répondant cela, elle se mit à rire. Un rire mélodieux et chantant qui me fit beaucoup de bien. Cela faisait longtemps que je n’avais pas entendu une forme de joie aussi sincère. Je ne savais ni ce que je pensais vraiment d’elle, ni ce que je ressentais à son égard, mais je savais qu’en sa présence j’étais détendu et que j’oubliais en grande partie mes problèmes quotidien. A si seulement elle avait pu être clanique. J’aurais perdu moins de temps à souffrir de la mélancolie. Assit sur mon derrière j’entendis sa remarque et haussais un sourcil avant de me relever en faisant rouler mes épaules sous mon pelage, redressant la queue.

« Je suis donc toujours aussi beau, c’est cela que tu veux dire ? »

Ma voix c’était faite aussi amusée que dragueuse un peu comme la sienne. Elle m’avait tendue la perche je l’avais prise sans attendre après tout. Je ne comptais guère me lasser d’une flatterie ou deux, surtout de la part d’une de mes seules et rare camarades étrangères. Les louves de mon clan étaient parfois beaucoup trop cruches pour imaginer à quel point elles m’insupportaient.

Elle bomba le torse, prenant une allure qui me sembla plus fière et un peu plus lumineuse. Souhaiterait-elle se mettre en valeur ? Je l’écoutais attentivement en dressant les oreilles. C’est vrai qu’il aurait été fort regrettable de tenir une si belle louve dans un lieu aussi médiocre que le Cimetière. Il fallait que la jeune femelle qu’elle était puisse s’épanouir.

« Effectivement, cela aurait été fort dommage. J’imagine que tu es allée visiter les coins don je t’avais autre fois parlé ? »

Je me souvenais très bien de notre rencontre, de notre échange, et de notre séparation. Sa mère l’avait appelé, mais je n’avais pas pu voir la femelle qui avait engendré une si charmante femelle. J’avais parfois eus envie de savoir pourquoi une louve avait des petits en tant que solitaires. Je trouvais cela triste, et dangereux d’élever des louveteaux sur des territoires comme ceux des solitaires. Je n’aimais d’ailleurs pas particulièrement les loups n’appartenant pas aux clans. Mais je les préférés largement aux loups des autres clans qui mettaient parfois sur un piédestal des Alpha complètement cons…. Alors quitte à choisir le préférais échanger avec un loup sans appartenance clanique qu’avec un loup qui me plomberait les oreilles avec ces bêtises sur son clan.

Puis elle me demanda ce que je devenais et je dressais les oreilles en revenant à l’instant présent. J’aurais dû lui poser la question aussi. En apprendre plus sur elle était quelque chose qui éveillait sérieusement ma curiosité et mon intérêt. Mais puisqu’elle avait posé la question la première, je me devais de répondre.

« Oh, et bien je suis devenue beau grand père de trois boules de poils insupportables éduquées par ma nièce. Et après t’avoir rencontré je suis également devenu Bêta du clan de l’Air. Et toi chère amie, qu’es-tu devenue a part une magnifique jeune louve ? »

Il fallait se le dire, elle l’était vraiment, magnifique. Elle n’était pas chétive, mais pas grosse, juste bien musclée et élancée. Elle avait beau ne pas être l’incarnation de la grâce. Elle avait ses propres manières qui la rendait à la fois mignonne et intrigante.