Akui était d'humeur joueur.
Il était assez heureux de ses petites interventions. Le clan de la terre et le clan de l'eau se souviendraient de sa venue longtemps. Il eut un sourire mauvais en pensant à Gaor. Le désormais alpha du clan de l'eau, était gravement mutilé. C'était devenue le symbole vivant que nul ne pouvait s'opposer au dieu. Il repensa aussi à la louve des bois. Il ne l'avait pas tué, pas vraiment, elle était juste figée dans le temps et la douleur. C'était très drôle. Akui avait détruit physiquement Gaor et il avait tué celle qui avait été l'amour de sa vie.

Le Dieu avait l'impression de regarder un mauvais feuilleton. Tant de drames et tant de ridicules. C'était très drôle. Mais le mieux ne restait qu'à venir. Akui était en train de trouver les meilleurs joueurs pour passer à la suite de son plan... et justement il avait repéré un loup en particulier.

Ades était un modèle de perversion et de toute ce que pouvait avoir de mauvais en ce monde. Le Dieu était quelque part étonné qu'un loup aussi mauvais soit le descendant de la création de Rhéa. Akui n'était même pas intervenue. Le Dieu en était presque déçu, à quelques petites choses près, les habitants des élémenloups pourraient se détruire eux-même. Il ne suffirait qu'à donner que quelques coups de pouces à Ades pour que ça se passe mal.

Et justement, Akui voulait que ça se passe mal. Le drame est toujours plus intéressant que la joie.

Il avait trouvé le loup sans trop de problème. Le défaut principal du loup était qu'il pouvait se mutiler gravement lui-même. Ades pourrait se tuer lui-même. Ce qui serait dommage. Akui ne pourrait pas lui donner un pouvoir comme pour Rahwak. Ca serait trop dangereux. Le Dieu devait réfléchir.

Akui était dans une forme éthérée. Il n'était pas là physiquement, mais il voyait tout. La terre du marais se mit en mouvement, attrapant la patte du solitaire, le tirant vers le fonds de l'étang. C'était brusque et violent, quelque peu douloureux aussi. Mais ça devrait faire plaisir à Ades. Akui laissa le loup juste assez de hauteur pour ne pas s'asphyxier dans l'eau du marais.

L'eau se mit à mouvement, se mettant à chauffer, puis format une forme de loup. La forme s'arracha du marais. Akui était en train de prendre forme. On pouvait voir clairement ses yeux rouges et les formes noirs le distinguant. La lumière semblait se faire absorber par ce corps aqueux.

Akui prononça d'une voix profonde :
- Alors on chantonne ?

Joué par Puccazaza

Au début le mortel n’avait pas prêté attention au sol qui s’était refermé sur sa patte. Il était certainement habitué au terrain capricieux des marécages. Mais quand il ne parvint pas à se dégager, il s’agita plus vivement, se mettant à grogner. Malgré sa lutte, il finit par se retrouver enseveli jusqu’à la mâchoire inférieure. Pensait-il pouvoir lui résister ? AUCUN mortel ne résistait à sa puissance divine.
Quand l’avatar d’Akui eu terminé sa matérialisation, amas aqueux qui ne rendait pas vraiment hommage à sa magnificence, mais c’était suffisant pour qu’on puisse le reconnaître. Le mortel ne sembla pas savoir comment réagir quand il lui adressa la parole. Il osa alors éclater de rire. Si ce mortel ne se calmait pas dans la minute, il tâterait de sa puissance. Même si ce n’était qu’un avatar, le Dieu blanc était parfaitement capable de réduire ce mortel en bouillie en quelques instants. Il savait que le blesser était inutile, ce mortel semblant étrangement aimer souffrir. Heureusement pour son intégrité, le mortel se calma rapidement avant de lui répondre.

« Le temps était agréable, doux, cela me semblait propice. Que faites vous quand il fait beau ? »

L’ironie était palpable dans cette phrase. Cela irritait Akui qui aurait tôt fait de se débarrasser de cet impudent si il n’avait pas un réel potentiel en tant que sous-fifre.

« Pardonnez moi de ne pas pouvoir me prosterner comme il se doit, Seigneur, mais je pense que la position vulnérable dans laquelle je suis peut vous suffire. C'est dommage, je venais de me nettoyer. »

L’avatar ne bougea pas, mais Akui, lui, soupira. Ce mortel était d’une lourdeur. Encore heureux, il s’exprimait de façon un tant soit peu respectueuse, malgré son rire précédent et son ton ironique. Le mortel cessa de parler un moment, laissant au Dieu des éléments le temps de réfléchir au pouvoir qu’il pourrait donner à un tel individu. L’intéressé finit par prendre de nouveau la parole.

« Et bien, et bien, et bien. Que me vaut la visite si impressionnante de sa Majesté? En quoi puis-je vous être utile ? »

L’avatar d’Akui se mit à tourner autour du mortel. Il était bien conscient que ce dernier ne pouvait le suivre complètement car son corps et sa tête étaient bloqués. Il faisait cela pour voir quelle tête faisait ce mortel quand il était frustré. Il s’adressa à lui sur un ton impérieux.

« Bien que ton comportement me révulse, je pense que tu peux m’être utile. »

Après avoir tourné pendant deux bonnes minutes autour du mortel prisonnier de la terre du marécage, l’avatar se planta devant lui et fixa son regard rougeoyant dans celui du mortel.

« Ta soif de sang m’intéresse. Sert-moi fidèlement et je saurai te le rendre. Cela implique d’obéir à mes ordres et de ne pas tuer certains individus qui ont aussi choisi de me servir. Cela te convient-il ? »

Sa dernière phrase était presque rhétorique. Ce mortel n’était pas vraiment en position de refuser. Pourtant, Akui était presque sûr qu’il allait protester ou demander quels avantages il aurait à le servir. Ce mortel faisait ce qu’il voulait, alors se retrouver sous ses ordres ne lui plairait probablement pas. Le Dieu des éléments se demandait ce qu’il allait répondre. Son impudence promettait peut-être de rendre la situation intéressante.

Akui avait senti une certaine crainte émaner de ce mortel. Finalement, il était peut-être plus intelligent que ses premières paroles l’avaient laissé penser. Le mortel n’avait pas semblé spécialement dérangé par le fait de ne pas avoir l’avatar du dieu dans son champ de vision. Serait-il capable de calme ? Ou était-ce la pression que représentait sa divine personne sur sa misérable existence de mortel qui le calmait ? Peut-être bien. Le Dieu des éléments avaient senti la volonté de se rebeller faiblir au sein de ce mortel. Il reconnaissait la puissance, et le danger mortel, que représentait Akui. Bien, il ne serait peut-être pas difficile à convaincre finalement.
Quand le Dieu blanc avait planté le regard rougeoyant de son avatar aqueux dans les pupilles vertes du mortel, il avait lu en lui comme dans un livre ouvert. Il avait peur de mourir, comme tous ces misérables mortels. Mais il aimait tuer, il aimait faire souffrir et même souffrir lui-même. C’était un individu hors-norme, qui avait tout de même assez d’intelligence pour ne pas le défier.
Alors qu’Akui avait formulé son offre, il gardait le regard de son être d’eau fixé dans celui du mortel. La réponse tarda un peu à venir, mais il doutait qu’elle soit négative. Ce mortel semblait avoir compris qu’il n’était pas en position de refuser. Il répondit finalement.

« Seigneur, aurais-je le droit de me servir chez ceux qui vous refusent ? »

Il était un peu lent à la détente, même si il était vrai que le Dieu des éléments n’avaient pas dit cela explicitement. Un léger rire se fit entendre, l’avatar n’ayant pas d’expression facial ne laissa pas voir le sourire qui était apparu sur les babines d’Akui. Ce dernier lui répondit.

« Ceux qui s’opposent à moi seront autant de proies desquelles tu pourras faire ce que bon te sembleras. Il se peut que je te demande d’en éliminer certains en particulier. »

Après un bref moment de flottement, la terre qui emprisonnait le mortel se leva, puis redevint la masse presque liquide du marécage. En quelques instants, le mortel fut de nouveau pleinement libre de ses mouvements. L’entité aqueuse, qui n’avait pas bougé de sa place et fixait toujours son regard rouge sang sur celui du mortel, fit de nouveau entendre la voix impérieuse du Dieu des éléments.

« Retrouve-moi dans la salle du trône du Château du Crépuscule. Je t’y ferai un don à la hauteur de ta servitude et de ta fidélité. »

Sur ces mots, l’entité sembla perdre son intégrité et s’écroula sur elle-même, redevenant l’eau qu’elle était au départ. Akui n’avait plus qu’à attendre que son nouveau disciple arriva jusqu’à lui. Il ne savait peut-être pas ce qu’était le château, ni où il se trouvait, mais le Dieu des éléments était sûr qu’il saurait trouver son chemin jusqu’à lui.