Aimer, Vivre, Survivre, Mourir ?

Arrivé bien avant Liessen, j’étais allé me coucher au fond de ma tanière. Je n’aimais pas me prendre la tête, pourtant mon cerveau se disputait seul avec mes pensées. Je ne suivais même plus leur course, elles étaient trop confuses, trop vives et trop inaccessibles pour moi. Je ne voulais pas m’attarder sur elle. Peser le pour et le contre ne m’intéressais pas non plus. De toute façon ce n’était pas mon genre. Moi, ce que je faisais en général, c’était de suivre le cours du temps et des choses et de laisser la vie faire de moi ce qu’elle voulait. Il n’y avait que mes instincts les plus violents et mes idées les plus marquantes pour me faire bouger. Le reste était inutile, trop fugace pour s’y attarder vraiment. Alors pourquoi je faisais ça au juste ? Pourquoi lui avoir dis de me rejoindre ? Je n’aurais pas pu partir sans prévenir, juste m’en aller un matin, et revenir un autre ? J’étais comme ça moi, égoïste et indépendant ! Oui mais… mais voilà que je n’y arrive pas avec elle. Soufflant dans ma queue, je fermais les paupières, je voulais oublier tout cela, que ça ne soit qu’un lointain souvenir inutile que je jetterais sans doute très rapidement.

Mais je sentis sa présence reconnaissable entre tant d’autres. Mes oreilles se dressèrent alors, et se dirigèrent calmement vers l’arrière. Je restais en boule, immobile et silencieux. Elle non plus ne parlait pas après tout, et je n’avais pas envie d’engager la conversation. Le silence ne me faisait pas peur, il ne me dérangeait pas non plus. Chez moi c’était un vieil ami qui parfois me manquait. Je voulais sans doute retrouver un peu de sérénité en venant me planquer là. Mais je crois que celle-ci m’avait fuit à l’instant où la louve était arrivée, comme si celle-ci était nuisible à ma quiétude. Finalement elle parla, le son de savoir résonna dans l’écho de la petite tanière et eut vite fait de rentrer dans mes oreilles. Elle était là ? Oui, je savais qu’elle était là, je n’étais pas idiot, et je n’étais pas sourd non plus. Surtout pas moi un jeune et élégant vampire ! C’était plutôt elle, la veille sourde… Après tout, Liessen est plus âgé que moi. Mais à quoi je pense moi ? On s’en fiche de tout ça ! Serait-elle mieux sans moi ? Sans doute… Serais-je mieux sans elle ? Probablement… Pour qu’elles raisons égoïste je veux partir ? Aucune…. Est-ce que j’ai peur ? Si oui, c’est bien une première pour moi.


Ma voix s’était élevée dans le silence que j’avais laissé se réinstaller. Elle c’était faite forte, froide, tranchante comme du métal glacé. Est-ce qu’elle pouvait me demander de rester ? Je n’avais jamais rien interdit à personne, et je ne commencerais pas aujourd’hui ! Je me relevais, mes ailes faisant un bruit de plumes qui tombent. Je me retournais vers l’entrée et me recouchais, me museau en dehors de la tanière a fixer la femelle. J’attendais sa réaction. Je savais qu’elle allait mal réagir, mes oreilles étaient déjà l’horizontal. Je me préparais à sa colère. Je ne savais pas exactement quand est ce qu’elle tomberait, mais elle ne tarderait plus.

Elle et moi avions nous un avenir avant même de commencer notre relation ? J’en doute. Je voulais juste me divertir, m’occuper, oublier. Liessen n’avait pas eus de chance en me tombant dessus. J’étais manipulateur et j’aimais ce fait. Je savais, au fond de mon être, que j’avais toujours préféré un mâle à Liessen. Mais je tenais aussi à elle, malgré moi, et c’était la raison pour laquelle je voulais la briser. Je voulais qu’elle s’énerve, je voulais qu’elle pleure, puis je voulais qu’elle me haïsse. Qu’elle me déteste au point de m’attaquer et de me chasser elle-même. Au moins ça sera plus simple pour moi, et plus facile pour elle… Enfin, je crois… Je vais le regretter n’est ce pas ? Je suis un idiot… Peut être, en fait, je ne sais plus. J’étais arrogant fier, indépendant, désagréable, manipulateur et moqueur. Enfin, c’est ce que je croyais, mais avec elle, je n’y arrivais pas toujours…. Pourquoi ?


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Aimer, Vivre, Survivre, Mourir ?

J’avais vu la femelle se décomposer complètement. Son air était misérable, miteux, j’avais de la peine juste en la voyant. Et voila que j’eus soudain des remords, choses que je n’avais quasiment jamais éprouvé de toute ma vie. Le seul remord que j’avais toujours eus était de ne pas avoir suivit Halloween quand elle avait disparu… J’aurais dû aller à sa recherche, c’est ce que j’avais toujours pensé car elle était la seule que j’appréciais, respectais et à qui je tenais. Elle était la seule qui rassemblait tout ça. Car souvent j’appréciais sans respecter, ou je tenais à un loup sans l’apprécier juste parce qu’il me divertissait. Les questions de Liessen arrivèrent, je fus étonné que ça ne sois pas de la colère ou de la haine, ça aurait pu après tout. Mais non chez Liessen c’était mué en inquiétude ou peut être même en détresse. Ses questions m’étonnèrent et me firent pousser un long et très profond soupir.


Ou tout du moins je n’étais pas suicidaire et je tenais à garder ma tête sur mes épaules. Liessen se mit à faire les cent pas devant moi et cela me stressa rapidement. Je n’aimais pas la voir comme ça, c’était désagréable. Et je commençais a songer que je devrais peut être resté car j’aimais ces terres et ces loups. Je soufflais longuement avant de sortir de la tanière pour m’asseoir juste devant. Je finis par lever la queue devant elle pour l’arrêter. Finalement elle fut rapidement assise avec un nouvel air misérable. Je la détaillais du regard. La perspective de mon départ lui faisais donc tant de mal ? A sa question je mis les oreilles à l’horizontal, puis en arrière.

Oui je comptais partir seul. Pas parce que j’en aimais une autre ou un autre, pas parce que je ne l’appréciais pas. Mais parce qu’elle devait rester. Sa mémoire lui manquait et ça n’était pas à mes côtés qu’elle la retrouverait. Il fallait qu’elle cherche sur les territoires de EL. Il fallait qu’elle retrouve la mémoire. Qu’elle aille vivre dans un clan si cela peut lui faire du bien. Qu’elle retrouve sa famille si elle en a une. Ma queue se rabattit sur mes pattes et je me surpris moi-même, mais pourtant ce fut bien un petit coup de museau affectif que je lui donnais sur la joue pour la calmer et la rassurer un peu.



Mais la femelle semblait complètement abattue par mon annonce. Le museau vers le bas, les oreilles pendantes et les ailes traînantes. Je levais le museau vers le ciel, un soupir me prenant rapidement alors qu’un vent froid vint frapper dans nos sombres pelisses. La femelle n’était qu’un battement de cils dans ma longue vie de vampire. Mais ce n’était pas pour ça qu’elle n’était rien. Je l’appréciais bien malgré moi. Je ne contrôlais pas mes idées, mes pensées, et encore moins mes sentiments. Je les laissais filer le plus loin possible, il fallait que tout cela soit sauvage et tempétueux pour que ça soit divertissant et intéressant.

Mais je ne voulais pas de mal à Liessen, je ne voulais pas la faire souffrir ou la voir en détresse. Pourtant j’avais réussi. Mes oreilles toujours en arrière, je l’entendis dire Non. J’entendis dans sa voix un déchirement et une douleur intense. Elle tenait tant à moi qu’elle en souffrait à ce point ? J’avais grand mal à le croire, elle le montrait si peu… Ma queue fit un mouvement lent avant de se placer dans mon dos. Je penchais la tête et tendit le museau vers elle. Comment pouvais-je faire pour la sortir de son état de douleur ? Je ne pouvais pas partir et la laisser comme ça, c’était plus qu’ignoble de ma part, je ne m’étais jamais venté d’être méchant. Et puis m’occuper d’elle pourrait m’occuper me divertir et me faire oublier la présence d’un dieu fou sur nos terres… Nos terres… les siennes aussi, celle du loup bleu qui murmure… Cela fait longtemps que je ne l’ai pas vu et je l’apprécie beaucoup. Lui aussi sera en danger, il a tout un clan pour le protéger, mais je l’aime beaucoup, plus que Liessen, et je n’ais pas envie de le laisser non plus. Surtout sans le prévenir. Je reposais mes yeux sur la louve.


Si elle m’aimait à ce point cela ne devrait pas être difficile pour elle de me retenir, de trouver milles et une raisons pour me faire rester. Enfin je l’espérais, sinon c’est que je me trompais et que c’était juste le choque qui la faisais réagir de la sorte. Du moins c’est ce que je pensais. Bizarement je me mis à espérer qu’elle trouve de bons arguments pour me faire rester. Je voulais me sentir important pour elle. Je voulais être essentiel pour elle, et continuer à jouer de mon indifférence pour qu’elle cherche mon attention. J’étais comme ça, à jouer sur la distance pour créer l’envie et le désir chez le partenaire que je convoitais.

Mais Liessen était une partenaire un peu à part, et c’était bien la première fois de ma vie que je m’en voulais de voir souffrir un individu par ma faute. Jamais ça ne m’étais arrive de toute mon existence. La louve noire était la première à me faire regrette mes actes et mes paroles. Cela me dérangeait, me troublait, et m’énervait profondément. Moi je n’étais pas comme ça d’habitude, mais Liessen me faisait complètement changer et c’était frustrant pour l’arrogant et fier vampire que je suis ! Alors, j’espérais qu’elle aurait de bonnes raisons de me faire culpabiliser, sinon je risquais de m’énerver en plus de regretter, et je n’étais pas sur que le mélange de ces émotions soient la meilleures choses au monde…
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Aimer, Vivre, Survivre, Mourir ?

La femelle semblait vraiment désemparé, mais j’avais besoin de la quitter pour me retrouver. Je ne me sentais plus moi. Je me sentais enchaîné à elle et je n’aimais pas cela. Je devais retrouver ma liberté, ma fierté. Plus je passais de temps avec elle, plus l’étau qu’elle avait mit sur moi se resserrait. Je l’écoutais alors me gronder dessus, oui, c’est bien, déteste moi, haïs moi, maudis moi… Je te rassurerais plus tard, sans doute, je crois… je le pense, et je veux le croire. Mes oreilles s’agitèrent calmement avant que je ne rabatte ma queue sur mes pattes.



Elle semblait effondré et en colère, mais je refoulais tout les sentiments que j’avais. Lorsque je la vis se déchiré une griffes mes oreilles se mirent à l’horizontal et je détournais les yeux, quelle horreur ! Mais je ne fis cependant pas de remarques, me contentant d’observer la louve qui affirma vouloir me blesser. Je plantais alors mon regard dans le sien, la mettant au défi de faire ce qu’elle venait de dire. Je battis vivement de la queue en la fixant.



Je voulais qu’elle s’énerve contre moi, qu’elle souhaite me voir partir. Mais elle brisa tous mes espoirs quand elle affirma qu’elle souhaitait que je l’emmène. Un soupir m’échappa et mes yeux se dirigèrent vers le ciel. Si seulement j’avais une petite aide salvatrice. Mais pas du tout, j’étais livré à moi-même face à la détresse profonde de la femelle, et je ne pouvais rien y faire. Je ne changerais pas d’avis pour elle. J’étais lâche et surtout indépendant. Je ne me plaisais plus vraiment ici, je ne me sentais plus moi. Je voulais vivre une vie de sauvageons qui se fiche des autres et qui explore. Je voulais voir plus loin que je bout de mon museau et avoir plus de conquêtes, plus de jeu, plus de divertissements et d’amusements. Je secouais négativement la tête en observant la femelle.


C’était la première fois que je proposais une telle chose. Mais je ne pouvais la laisser mourir seule. Si elle voulait elle pouvait me rejoindre quelques mois avant de s’éteindre. Et si elle ne le voulait pas elle n’avait qu’à hurler mon nom, je finirais par l’entendre et lui revenir pour être avec elle avant la fin. Je n’avais pas pu être là pour Hallo, je ne voulais pas refaire la même erreur avec Liessen. Je sais que c’était une maigre compensation, mais peut être que cela la soulagera. Je ne voulais pas qu’elle soit en dépression par ma faute, je voulais que l’idée de me revoir puisse la soutenir. Moi je ne l’oublierais pas. Je n’oubliais jamais les loups auxquels je tenais. Alors si elle revenait me voir je pourrais m’occuper d’elle, lui faire du bien, la soutenir avant qu’elle ne parte pour un long voyage où je ne pourrais pas l’accompagner. Mais avant il fallait qu’elle me laisse libre !

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Aimer, Vivre, Survivre, Mourir ?

Face à la louve, se sentais aussi bien sa colère que sa peine, deux sentiments que je n’appréciais pas parce que je n’étais pas capable de les éprouver. Je ne savais pas être malheureux, je me remettais facilement des mauvais coups de la vie, j’avais appris à me détacher du monde, à être indifférent et à ne plus souffrir des aléas de l’existence. De toute façon les mortels disparaissaient tous sur le long chemin de mon existence. Je marchais déjà depuis longtemps sur un sol de cadavres. Au début de ma vie c’était moi qui les avait éparpillé ces cadavres, maintenant c’était la vie qui s’en chargeait alors que je ne le souhaitais pas forcément. Mais je ne pouvais rien retenir entre mes pattes, de toute façon j’étais un destructeur, un monstre, un assoiffé de sang. Lorsque j’étais frustré ou énervement mon désir lointain de me nourrir de sang de loup revenait et la bête que j’avais un jour été se manifestait mais je la renvoyant toujours à la niche en luttant plus que de raison. Observant Liessen s’arracher son masque et dévoiler son visage meurtri, je ne sourcillais pas, je m’étais accoutumé à toute vision de chair, même la chair brûlée ou carbonisée. Ma queue eut un mouvement lent, mes oreilles à l’horizontale, j’attendais son jugement, j’attendais qu’enfin elle baisse les armes et accepte ma décision.

Enfin elle accepta, elle était énervée et triste, mais elle avait enfin accédé à ma décision. Le soulagement se lut un instant sur mon visage alors que mes oreilles se redressaient. M’approchant de cette louve que j’avais appris à aimer malgré moi, je lui donnais un coup de langue doux sur la partie abîmé de son visage avant de glisser mon museau dans son poitrail et de reculer enfin. Je lui lançais un regard avant de m’incliner un peu moqueur.


Je me retournais alors dans un mouvement vif et élégant à la fois. Mon pas fus lent, et quand une pensée me traversa la tête je la redressais avant de tourner mon museau de trois quart vers la louve. Je penchais alors la tête en l’observant un instant.


Mon sourire fut charmeur, ma voix aussi suave et caressante que la première fois que nous nous étions vue. Puis enfin je pris la route, m’éloignant de la femelle et de ce caractère qui n’est plus le mien en sa présence. J’ai dis quelque chose de doux, romantique, et philosophique… ça n’est vraiment pas moi ça, beurk ! Moi je suis un loup fier, arrogant, détaché, joueur, moqueur ! Mais je ne pouvais définitivement pas lutter contre mon amour pour elle… Je crois que partir me fera du bien. Finalement après un moment au pas je m’engageais au trot, puis au galop avant de sauter agilement au dessus d’une barrière de buisson pour continuer ma course au loin en direction d’au-delà des frontières d’EL !

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