Cynthia et Ystrelle étaient partie tôt ce matin, avant que le soleil ne pointe le bout de son nez. Aujourd'hui, le groupe de chasse de maman avait décidé d'y aller de bonne heure. Des mammifères migrateurs allaient bientôt se remettre en route, alors il fallait les avoir avant que les retardataires ne se joignent au rassemblement. Chose faite, la gigantesque foule herbivore partira vers le pays voisin. Une fois la frontière de la vallée arc-en-ciel franchit, il faudrait également la traverser pour poursuivre ce gibier. Certes, c'était une terre libre, mais il y aura sans doute concurrence avec un autre groupe de chasseurs de ces terres. Alors, pour ne pas devoir empiéter sur l'autre pays, il fallait agir en cette matinée.
Bien qu'elle était à présent en apprentissage, Cynthia n'était pas obligée de venir pour cette fois, mais la cendrée avait tenu à les accompagner contrairement aux autres. Au moins, c'était une apprentie motivée. Lorsque les deux femelles quittèrent la tanière familiale, les deux mâles dormaient encore.
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En récompense pour sa motivation et d'être venue, elle avait eu le droit de donner le dernier assaut et de choisir la proie, c'est d'ailleurs grâce à elle que le groupe avait choppé un mâle, car bien entendu, la cendrée avait choisi une proie plus combative que la simple femelle. Fort heureusement, le gibier en question ne demandait pas une énorme technique de chasse et à son niveau, Cynthia avait été capable de l'avoir. Elle lui avait bondi dessus, tandis qu'ils l'encerclaient. Avec son poids et sa force, elle avait ainsi envoyé la proie au sol et le groupe avait fendu dessus pour l'y maintenir jusqu'à sa mort. La chasse se termina ainsi.
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Peut-être deux heures plus tard, le groupe rentra au campement, ramenant un butin généreux. Ils avaient réussi à attraper deux femelles et un jeune en plus du mâle, de quoi permettre au clan de se nourrir comme il faut pendant environ 2 ou 3 jours. Cynthia avait tenu à porter le mâle sur le retour, et bien qu'il avait fallu l'aider un peu ou faire des pauses, elle le tenait encore. Faisant fi de son épuisement, elle resserra sa prise et se redressa fièrement de toute sa hauteur, quand elle vit les autres apprentis de son groupe et qu'ils passèrent devant eux. Elle leur lança un regard presque hautain tandis qu'ils la regardèrent bouche bée de la voir tirer ce mâle faisant facilement plus que le gabarit d'un guerrier du clan, sans aucune difficulté apparente.

Une fois qu'ils eurent posé le gibier dans le garde manger, Cynthia repartit vers leur tanière dans le but de dormir. En arrivant, elle entendit des pleurs et la voix rauque de son père qui pourtant était basse et rassurante. Intriguée, elle s'avança doucement et vit sa sœur Verd blotti contre leur père. Celui-ci dégageait une aura à faire trembler quiconque et son regard était tout aussi transperçant qu'un poignard. Cynthia frissonna un instant à cette vision de son père si dangereux, non pas par peur, mais par instinct. La louve verte pleurait dans le pelage de papa. Sentant l'énervement monter, Cynthia lui demanda ce qui s'était passé et qui lui avait fais ça. D'abord surprise, Verd consentit à répéter ce qu'elle avait dit plutôt à leur père. Les réponses données, Cynthia quitta la tanière sans plus de cérémonie. Cette fois-ci, s'en était trop. Celui qui avait faits pleurer sa sœur était toujours le même. Il voulait jouer les caïds, mais les boss de leur génération c'étaient elle et Rahawk. Puisqu'il ne voulait décidément pas se plier à leur dominance, alors il était tant d'y aller plus fort. Le tuer, elle y avait déjà pensé et sans une once de scrupule, elle en avait touché deux mots à Rahawk qui semblaient tout à fait d'accord avec elle. L'instinct d'assassin de Gothic les avait d'ailleurs arrêté à temps dans cette folie. Mais cette fois-ci, au diable l'interdiction de leur père.

Suivant à la trace les deux acolytes de ce petit caïd, elle leur tomba finalement dessus. Sans demander quoique ce soit, elle leur passa d'abord un savon, les frappant plus précisément, devant deux femelles qu'ils essayaient de draguer. En plus de leur refaire salement le portrait, elle leur piétinait toutes chances d'obtenir un rendez-vous avec ces deux filles. Quand elle s'arrêta, elle leur hurla qu'elle voulait savoir où était l'autre débile. Ce à quoi, ils répondirent en suivant qu'ils l'avaient vu se faire traîner par Rahawk vers le temple de Pandore. Elle les lâcha et se mit en route. Sans nul doute que cet énergumène était déjà en pièces.

Arrivant sur les lieux, elle entendit des hurlements. Elle tendit l'oreille et trottina vers la scène du crime. En vue des cris, Rahawk avait commencé le travail comme elle le pensait. Elle arriva derrière son frère, qui actuellement était plus grand qu'elle de plusieurs centimètres. Elle jeta un œil derrière elle avant de s'asseoir et de dire à l'intention de son frère, qui ne l'avait certainement pas entendu arriver :

On devrait en finir avec lui. Toute façon, papa est tellement vénère contre lui que si ce n'est pas toi, ce sera lui qui s'en chargera. Puis, à l'intention de la victime, elle lança d'un regard glacial : Pas sûr que ce soit mieux pour toi.

Elle partit se mettre à côté de son frangin et enchaîna, tout en continuant de fixer ce sale rat : En tant que dominants, on a été trop gentil avec lui. Je suis sûre que reine Karara l'aurait déjà puni plus sévèrement que nous, s'il avait contesté sa dominance comme il a fait pour nous.

Cynthia ne faisait rien, et pourtant, elle voyait clairement que sa simple présence suffisait à enlever de la joie à son frère adoré. Elle n'avait rien dit de mal non plus, mais ses paroles agaçaient profondément l'adolescent. Pourtant, elle était de son côté et ne faisait que l'encourager dans sa démarche. Rahawk était étrange parfois. La crêteuse cendrée roula des yeux et partit se mettre plus loin, comprenant le message. Assise à quelques mètres de la scène, elle pouvait tout aussi bien regarder, sans être à côté de son frangin qui s'amusait tant tout seul. Après tout, c'est lui qui l'avait trouvé le premier, alors il est normal qu'il lui donne la correction.

Déjà mal en point, Rahawk se chargea de l'amocher encore plus. Vu comment l'adolescent avide de faire souffrir s'enjallait, sans nul doute que cette fois-ci, le loup des cavernes trouvera la mort. Il n'avait qu'à pas les chercher. Ils l'avaient bien avertit à maintes reprises, lui donnant des corrections toujours plus douloureuses. Même Gothic était partie menacer les parents, excédé de voir sa petite Verd adorée revenir en pleur ou blessée par cette brute. Néanmoins, les menaces n'avaient pas fait grand chose, puisqu'ils furent obligés d'en arriver là.
Quelque chose intrigua Cynthia. Elle observa Rahawk attentivement. Elle ne l'avait jamais vu si heureux, si frétillant. Il prenait un plaisir sordide à faire souffrir sa victime, se délectant de ses cris, des blessures infligées et du sang qui coula. Son regard brillait d'émerveillement, sa queue balayait l'air énergétiquement. Il était trop heureux selon elle, ça cachait quelque chose ! Fronçant les sourcils, elle continua de l'observer jusqu'à ce qu'elle remarque quelque chose de bizarre entre ses pattes arrières. C'est quoi ça ? C'était la première fois qu'elle voyait cette chose sur son frère. Depuis quand il avait une tâche rougeâtre sur lui ? Elle pensa d'abord à une blessure, mais en regardant plus attentivement, elle vit que ce n'était pas du tout ça. Et puis, ça sortait du même endroit par où il pissait. Étrange. Son esprit était à présent occupé à autre chose, oubliant complètement le massacre qui se déroulait. Finalement, elle vient rapidement à la conclusion suivante : Faudra que je lui demande... Elle reporta son attention sur la tuerie de son frère. Le loup des cavernes avait cessé de crier, il couinait encore, mais il était étalé au sol, n'osant plus bouger, tremblant. Sans nul doute qu'il allait bientôt rendre l'âme.

Cynthia commençait à en avoir marre. Bien que le spectacle était amusant (oui c'était amusant de voir un type de son genre se faire maltraiter, juste retour des choses), être simple spectatrice c'était pas très cool. Le type ne se défendait pas, subissant et ne faisant que crier. D'ailleurs, il va pas bientôt la fermer ? Il commence à m'agacer avec ses cris... Les oreilles plaquées pour atténuer le bruit, elle foudroya ce gars. En retour, il ne lui donna qu'un regard écarquillé de terreur et de douleur, comme depuis un certain temps. Depuis le temps, il s'était mis à pleurer, sans s'arrêter. Il y avait eu une phase où s'était mis à appeler à l'aide, en vain, puis sa mère. Que croyait-il ? Que sa mère était là ? Pff, c'est bien parce qu'elle ne risquait pas d'être ici que Rahawk l'y avait emmené. Ce bout de territoire était au clan de la Terre, mais mis à part quelques sentinelles de temps en temps, il n'y avait pas beaucoup de monde pour venir en ce lieu vestige d'une horrible ère. En dernier recourt, il avait supplié Cynthia de faire quelque chose contre son frère, mais après une réponse acerbe, il avait compris qu'elle n'était là que pour se délecter de sa mort. Effrayant.

Couchée, une patte pliée pour soutenir sa tête, elle se mit à bailler. Ça commençait à faire long... En tout cas, elle devait bien admettre que ce sale rat avait de la résistance. Enfin, il avait arrêté de brailler. Par contre, il ne semblait plus réagir à rien. Il paraissait mort, mais il respirait encore. Comme une proie à l'agonie, il était en train de mourir doucement. Il suffit qu'il lui pince la jugulaire pour qu'il meurt. Rahawk avait également fait ce constat, puisqu'il arrêta sa séance de torture. Il observa son travail, sembla étudier son œuvre. Il était temps de partir. La frangine se leva et s'ébroua. Elle s'avança vers le loup en fin de vie et l'observa de plus près. Ils n'avaient jamais vu leur père torturer quelqu'un, ils ne pouvaient pas faire de comparatif sur l’œuvre de Rahawk. Ainsi, elle ne dit rien. Maintenant, il fallait parler de ce qu'ils allaient faire... Le laisser ici ou le larguer ailleurs ? Tandis qu'elle y réfléchit, elle vit son frère s'éloigner du coin de l’œil. Elle entendit un grognement, puis quelque chose de lourd s'écrouler. Se retournant, elle vit son frère étalé au sol.

Qu'est-ce qui t'arrive ?

Durement, il leva un peu la tête pour la regarder. Il était définitivement cloué au sol. Et si elle appuyait sa patte sur lui pour voir à quel point il a mal ? Elle afficha un sourire machiavélique et ses yeux brillèrent dangereusement. Elle leva sa patte et l'abaissa rapidement en direction de son crâne. Seulement, elle l'arrêta à quelques centimètres et lui donna une petite tape comme on en donne sans but de faire mal. Elle lui tira la langue.

Contrecoup... de ... Mon pouvoir... Cache le putain de cadavre !

Comme son frangin lui avait si bien ordonné, elle s'occupera du cadavre. Non pas pour suivre son ordre, mais parce qu'elle préférait faire ça plutôt que d'aider Rahawk à marcher jusqu'au campement. Ou l'y traîner. Le traîner pourrait être une chose merveilleuse, surtout qu'il ne pouvait pas bouger et trop protester verbalement. Mais les preuves devaient disparaître. Maintenant, il fallait trouver une solution. Trainer le cadavre jusqu'aux plantes mouvantes ? Hum, trop risqué. Elle allait sans doute croiser des membres de son clan durant le retour et ils seront grillés. Il ne faut pas oublier qu'elle est complice du meurtre, elle devait faire attention. Pourquoi pas simplement le larguer dans la vallée et dire qu'il s'est fait attaquer par un cerf géant ? Ça pouvait passer. Après tout, Rahawk était lui aussi en sale état. Ils pourront dire qu'il s'est juste fait charger tandis que l'autre a été victime de l'acharnement du cerf. C'était une éventualité, mais est-ce que les blessures collaient avec ce que le cerf aurait pu infliger ? Elle savait qu'un mâle pouvait fracturer des os et même, tuer ses prédateurs, mais le loup des cavernes avait des marques de morsures... Les marais Tamashi ? C'était la meilleure éventualité. Elle pourrait le larguer dans la flotte et un monstre le mangera. Les marais n'étaient pas loin, d'ici une demi-heure, elle aura probablement fait l'aller-retour. Bien. Il ne restait plus qu'à s'y mettre.

Ne bouge pas de là ! Je vais le balancer dans les marais et je reviens. On doit rentrer ensemble sinon, ça va pas coller !

De toute façon, pour l'instant, le mâle ne risquait pas de bouger. Néanmoins, elle préférait préciser si jamais son état lui permet de se mouvoir avant qu'elle ne revienne. On ne sait jamais. Elle attrapa le cadavre par la queue et traîna le sale rat en direction du marais.