Un lourd silence s'installa à la suite de la demande du jeune Atheris. A en juger par son expression, Ware semblait déjà connaître la créature et considérait intérieurement sa demande. Immobile, le loup venimeux attendit patiemment que son aîné reprenne la parole, le laissant pour l'heure seul à ses réflexions. Alors que le chef d'armée sembla vouloir lui donner sa réponse, les oreilles de l'Atheris se dressèrent sur le sommet de son crâne avec une attention et un sérieux tout particulier vis-à-vis du loup reptile.

« Je veux bien t’aider, même si je ne comprends pas bien à quoi ce venin pourra bien servir sachant que nos médecins sont déjà bien équipés. Je suis en mesure de secouer un moment le basilic. Mais comment compte-tu le trouver dans les Montagnes du Néant ? Et, plus important encore, comment comptes-tu transporter ce venin ? Il serait trop dangereux d’y toucher de façon directe tant il est nocif, j’imagine que tu as déjà réfléchit à une solution. »

Son oreille tiqua à sa première phrase. Malgré ses airs de vieille sage aigris, Nietzsche était indiscutablement curieuse et capricieuse; sa soif de savoir était insatiable même après toutes ces années passées chez les Viperae - Il semblerait d'ailleurs que c'est d'eux qu'elle la tient -. Mais au vu de tout ce qu'elle avait fait pour lui, il ne pouvait lui refuser ce maigre service. Sans elle, il ne serait qu'un pantin de plus dont le marionnettiste serait Najah; elle était celle qui avait permis de rendre le jeu d'échec auquel s'adonnait père et fils relativement équitable pour une raison que les deux Atheris ignore. Noxic lui en est néanmoins reconnaissant et se plie à ses volontés lorsqu'elle fait appel à lui.

Avec tout autant de sérieux et d'assurance, il répondit:
« C'est lui qui viendra à nous. »

En effet, les Atheris Viperae étaient capables d'émettre des ondes ultrasonores atypiques qui n'étaient perceptibles que par les serpents. Ces ultrasons véhiculait généralement un message court - quelques mots précis - et les reptiles étaient particulièrement sensible à celui-ci, les amenant généralement à obéir aux loup venimeux. Ainsi, Noxic ne doutait pas que le Basilic répondra à son appel ne serait-ce que pour saisir sa chance de se venger de ceux qui l'avait autrefois bannis et oubliés.
Noxic avait par ailleurs songer à plusieurs reprises à lui apporter une offrande mais il doutait fortement que la créature mythique se contente d'un vulgaire présent, ainsi l'Atheris préféra opter pour une position de force en s'imposant lui-même comme le maître du reptile, avec bien-entendu la complicité de Ware. Si cette option marchait, il songeait qu'il pourrait éventuellement ne plus avoir à recourir aux aides extérieurs pour s'entretenir avec lui et un accès libre à son venin serait un atout non négligeable pour le clan du feu. Il ferait part de cette théorie au Prédateur lorsqu'ils seront sur le chemin, pour l'heure il se contenta de répondre à ses questions.

« Pour ce qui est du venin, il n'est nocif que si il entre en contact direct avec l'organisme; donc à moins d'avoir des plaies, il ne devrait pas être problématique. Néanmoins, Nietzsche à trouver une vieille carapace de tortue qui pourrait faire l'affaire, je la récupérerais en partant. » Expliqua-t'il. Malgré l’inoffensivité apparente du poison, la guérisseuse lui avait déconseiller de rester à son contact trop longtemps donc mieux valait s'avérer prévoyant.

L'objet en question avait une forme sphérique semblable à celle d'un ballon et était coupée aux trois-quarts de sa hauteur par la carapace inférieure. Les trous naturels de la coquille étaient probablement assez large pour laisser entrer la pointe des crochets du serpent, permettant ainsi de récolter avec aisance le précieux poison. Nietzsche avait prit le soin d'y ajouter une corde tressée de lianes afin d'y transporter sans difficultés; ce qui la rendrait moins pénible à transporter.
Maintenant que Noxic avait donner à son interlocuteur les réponses à ses questions, il était prêt à partir et n'attendait que son signal de départ.

Le jeune héritier réalisa qu'il idolâtrait peut-être un peu trop Ware en prononçant ses paroles. Il est vrai que les exploits impressionnants du chef d'armée par le passé lui avait été vantés à plusieurs reprises, mais le Basilic du néant n'en restait pas moins l'une des créatures les plus dangereuses qui existe. Peut-être même plus que les dragons, qui sait? Peut-être en attrapait-elle au vol afin de s'en repaître. Ceci dit et ce par un étrange élan d'empathie, il ne souhaitait pas avoir la mort d'un tel guerrier sur la conscience.

« Es-tu bien sûr de l’idée ? Les crochets du Basilic du Néant font, au bas mot, ta taille Noxic. Tu pense qu’un si petit dispositif suffira à contenir une possible récolte ? D'ailleurs, le venin ne va pas tomber de ses crochets comme ça, il faudra appliquer une pression suffisante contre l’objet qui servira à transporter le venin. »

Noxic écouta Ware attentivement et savait pertinemment qu'il avait raison. Malheureusement il n'y avait que peu d'autres solutions et l'Atheris était ouvert à toutes suggestions car il avait étudier toutes les possibilités et n'avait pas de meilleures idées. Sans le couper et restant tout aussi attentif, Noxic l'écouta poursuivre son discours en continuant de le regarder dans les yeux non pas par défi, mais par respect.

« Je doute fort que cette carapace tienne le coup. Tu seras d’ailleurs juste en dessous et devra la maintenir en place pendant que je ferai pression. Si la carapace cède d’un seul coup, il y a de forte chance que le crochet te blesse et t’empoisonne en même temps ou que tu reçoive le contenu de la carapace sur les pattes et la tête. Si ça devait arriver, nous serions morts tout les deux car après usage de mon pouvoir, je suis assez affaibli. Si tu es empoisonné, tu ne pourras pas me soutenir pour s’éloigner rapidement et moi non plus. »

Il acquiesça ses paroles d'un léger mouvement de têtes tandis que le chef d'armée poursuivait son raisonnement. Il avait déjà songer à cette problématique mais n'avait pas de meilleurs idées et ce n'est pas cette vieille sorcière qui allait l'aider à faire en sorte que tout se passe comme prévu.

« Je comprends ton point de vue mais je n'ai malheureusement pas d'autres récipients à proposer. » Commença-t'il d'une voix calme et posée et démontrait ainsi de sa bonne foi et de sa non volonté de le défier d'une quelconque façon. « Je reste ouvert à d'autres idées ceci-dit. Peut-être y aurait-il des loups du clans aptes à forger un récipient convenable ? »

Sa question fut emprunte d'une légère curiosité. Il avait entendu parler des forges du Néant et vu plusieurs loups arborer diverses armures ou autres objet métallique mais il ignorait totalement si des loups de leur meute savait encore travailler le métal. Par ailleurs, il n'était pas impossible que Zal leur en interdisse l'accès étant donner qu'il semblait avoir développé une certaine paranoïa avec le temps. Justifiée - certes - mais le jeune mâle n'était pas de ceux qui voulait prendre le risque d'être réduit en cendres. Toutefois, cela leur permettrait d'avoir quelque chose bien plus adapté à la situation. A voir ce que le chef d'armée en disait.

« Cela fait bien longtemps que plus personne n’est capable de travailler les métaux des montagnes. Les divers objets que certains membres du clan, dont moi, portent datent d’il y a bien longtemps. J’ai reçu les miens de mon père, je n’ai jamais vraiment su qui les avait façonné. » Répondit-il en secouant négativement la tête.

Le jeune Atheris retint de justesse un soupire blasé qui avait voulu lui échapper et se résigna à l'évidence: Le chef d'armée allait refuser de participer à cette dangereuse expédition à laquelle Nietzsche avait assigner Nox. Il était compréhensible que le Prédateur ne mette pas sa vie en jeu pour ses caprices étant donner qu'elle avait déjà de quoi soigner la plupart des maladies pouvant frapper les membres du clan.
Son supérieur ayant l'air absent, Noxic se permis de balayer distraitement le camp du regard et celui-ci s'arrêta l'espace de quelques secondes sur la vieille philosophe en compagnie de son père. L'attention de l'Atheris revint alors vers Ware - en apparence - mais la vérité en était tout autre: Zal n'était pas le seul à frôler la paranoïa et Noxic en vint à se demander si - sur ordres de son père - le médecin ne l'aurait-elle pas assigner à cette mission dans le but de mettre le chef d'armée en danger ? De cette réflexion, l'expression du jeune mâle n'en trahis rien et si tel était le cas mieux valait pour eux que cette idée ne s'ébruite pas.
Toutefois, un profond sentiment de frustration l'envahit tandis qu'il avait cette désagréable impression de toujours n'être que le naïf pantin de son paternel. Cette haine qu'il lui vouait s'amplifiait chaque jours d'avantages et l'héritier attendait impatiemment de pouvoir inverser leurs places afin de devenir le marionnettiste.

« Je ne risquerai pas ma vie en plus de la tienne pour quelque chose d’aussi dangereux. Quant bien même on aurait un conteneur suffisant, impossible de le transporter à deux sur le retour. Je ne souhaite pas engager d’autres guerriers dans une mission qui est donnée par une médecin qui n’est même pas de la région et qui fait sa demande dans son propre intérêt : celui des Atheris Viperae. »

Noxic acquiesça ses paroles d'un mouvement de tête approbatif: Il n'y avait rien de plus à ajouter et encore moins à contester. Toutefois et bien que ce puisse être motiver par une réelle curiosité et non un potentiel complot à l'égard d'une personne se dressant à l'encontre de Zal, ce venin pourrait bel et bien être bénéfique à tout le clan: Un remède miracle, ce n'était pas négligeable si une épidémie venait frapper les terres d'EL durant l'hivers.

« Si c’est si important pour traiter quelque chose de spécifique aux Atheris Viperae. Pourquoi ne pas demander de l’aide à Najah ? Si c’est dans son intérêt, il t’aidera sûrement. Je refuse d’engager des vies dans quelque chose dont je ne comprends même pas l’intérêt final. »

Nox acquieça de nouveau d'un mouvement de tête avant de prendre la parole à son tour:

« Il serait impossible de mener à bien une telle expédition sans l'aide du Prédateur. Je comprend ton point de vue et je respecte ta décision. J'irais annoncer à Nietzsche que récupérer ce venin n'est pas envisageable dans l'immédiat. »

Sa dernière phrase mettait en effet un terme à la discussion, à moins que Ware souhaite s'entretenir avec lui sur un autre sujet, ce dont il doutait fortement. Ainsi, l'Atheris attendit poliment que le chef d'armée le laisse disposer avant de s'en aller trouver une autre occupation et de pouvoir évacuer toute cette frustration et cette colère montant en lui, invisible de l'extérieur mais pourtant bien présente.