Cela faisait un petit moment qu'elle n'était pas venue. La dernière fois s'était pour prier en compagnie d'autres juges pour demander la victoire des Élémenloupiens sur Ultimate. Puis avec la fin de cette bataille, il y a eu des conseils auxquelles elle avait assisté à certains histoire de soutenir Iren, parce que bien sur Fyre ne reprenait toujours pas ses fonctions. Il y avait aussi eut le mise bas de sa cousine et donc la venu au monde de la descendance : 4 boules de poils. Tout cela s'enchaînant au fil des semaines.

C'est en profitant d'un moment de calme qu'elle s'était échappée du camp, avant qu'on vienne la solliciter pour X raison, afin de venir en ce lieu. Accompagnée bien sur de Fralëth, venir en volant sur son dos était bien plus rapide et de plus la fuite avait put se faire en un battement d'aile. Même avec toutes les précautions du monde, elle serait surement tombée sur quelqu'un l'interceptant si elle était partie normalement en traversant le campement. Le vol fut agréable, il ne faisait pas encore très froid. Après quelques minutes dans les airs, la dragonne se posa devant le temple d'Eléonore. Sa "mère" sauta de son dos et à peine eut-elle fait deux pas que la dragonne reprit son envol, s'éloignant aussi vite qu'elle était venue. Idryss l'observa. Son vol était toujours aussi gracieux. Un looping, un cris et elle disparut dans les nuages.

La cornue observa le temple et soupira tout en faisant naître un léger sourire sur ses babines. C'était bien d'être ici, d'un côté elle se sentait revivre. Elle monta le petit escalier et s'engouffra à l'intérieur. Elle ne perdit pas une minute à contempler la beauté du bâtiment et se dirigea directement vers le tribunal. Pour finir, elle tourna, entrant ainsi dans la pièce sacrée. Elle fit quelques pas avant de s'arrêter. Elle regarda l'individu déjà présent. Elle l'a reconnue sans mal. C'était Kelekt, une autre juge. Celle-ci se tourna d'ailleurs vers elle dans un mouvement vif. Idryss reprit sa marche sans se soucier du sursaut ou de la gène qu'elle avait occasionné. Elle s'arrêta à la même hauteur que Kelekt, en étant éloignée d'une distance raisonnable, et s'assit avant d'observer la statue. Sans tourner la tête vers sa collègue, elle lui dit simplement Salut.. Après quelques secondes de flottement, elle détourna les yeux d’Éléonore pour poser son regard sur la louve.

Ça fait longtemps qu't'es là ?

Elle ne connaissait pas vraiment Kelekt, à part de nom, d'apparence, et elle l'a fréquentée "professionnellement" mais c'était tout. Elle ne connaissait rien de sa vie, rien de ses gouts, rien de ses peurs ou ses phobies, à part peut-être ce qu'elle avait put observer ou au cours d'une petite discussion. Et encore. C'était réciproque, enfin, c'est ce que pensait la louve rouge. Avec son père ou autre, Kelekt en savait peut-être plus sur elle qu'elle n'en savait sur celle-ci.

T'as d'la chance, moi ça fait un p'tit moment que j'ai pas pu venir... Puis elle lâcha un soupir presque silencieux.

La pièce était calme, très calme. Même avec les deux louves, l'endroit restait calme. Le moindre bruit ou le moindre mot dit normalement résonnait, même un murmure pouvait s'entendre facilement. Éléonore, fidèle à son poste, les regardait, dégageant un sentiment bienveillant sur ses élues.

Éléonore, déesse de la justice, fille d'Eden, veille sur notre clan ainsi que sur la descendance d'Irène. Fait que ces petits soient bon pour qu'ils deviennent des meneurs juste. Prête ta sagesse et ton sens de la justice à ceux qui doivent s'occuper des Ultimate restant. Donne de la force au clan de l'Air pour les aider à affronter la mort de Takeru Kaze, leur alpha. S'il te plaît.

Elle regarda encore un moment la statue, qu'elle n'avait pas quitter des yeux une seule seconde depuis qu'elle avait pris la parole. Par la suite, elle se tourna vers Kelekt :

Alors... La famille ça va ? D'ailleurs, c'est qui ta famille en fait ?...

C'était pas mal comme début de conversation, on pouvait faire mieux mais ça lui permettrait de situer sa famille au moins. Parce qu'elle ne connaissait pas du tout le famille de Kelekt ou alors peut-être, sans savoir qu'ils étaient liés. Elle espérait quand même qu'un membre de sa patrie m'était pas mort lors de la bataille... Commencer une conversation pour une boulette c'est vraiment pas l top.

J'ai une mère qui se porte bien aux dernières nouvelles, pourvu qu'elle vive encore longtemps. Quand à mon père... Je ne l'ai jamais vu, quand je fus en âge de le comprendre, ma mère m'a expliquée que mon père a préféré fuir plutôt que devenir paternel. J'en retiens un rejet pour les mâles, je n'aime pas leur contact, je les évite. Si tu veux savoir, j'ai même eu... Un accrochage...

Idryss pencha légèrement la tête sur le côté à sa dernière phrase. Elle posa les yeux sur sa blessure, c'était donc un mâle qui lui avait fait ça. Elle ne demanda rien. Elle n'avait pas envie d’arpenter un terrain douloureux. Et en vu de son ton hésitant et de son regard porté à sa patte, il ne valait mieux pas emprunter ce chemin. Peut-être qu'elle pourra lui demander plus tard, mais quand elle se connaitront mieux et si elles entretiennent une relation de copinage. Elle ne se permettrait pas de lui faire ressasser ce souvenir si elles n'étaient pas amies. Néanmoins, Idryss ne put s'empêcher de pensée que peut-être, avait-elle faillit se faire battre ou violer. La cornue resta silencieuse. Kelekt continua bien vite de parler :

Et toi ? Comment va ta famille ? Tu as mentionné les petits de l'alpha. Tu les a vu ?

De la curiosité teintée sa dernière question. Ces petites boules de poils, c'était LE sujet du moment. Ça ferait la une des couvertures si les magazines existaient. Idryss eut un léger sourire et pivota, restant toujours assisse, afin d'être en face de Kelekt et ne plus devoir tourner la tête vers elle. C'était plus simple et moins chiant.

Oui, hier. Elle a donné naissance à quatre boules de poils. Y a deux mâles et deux femelles. L'un des mâles est aveugle, malheureusement. Mais j'espère que cet handicape lui permettra d'avoir autant d'intuition qu'Eléonore. L'une des femelles à une queue bizarre, comme quatre crochets. C'était assez bizarre car dans la famille on a jamais eut de queue spécifique à part les queues multiples... D'ailleurs, deux d'entre eux ont plusieurs queues.

Elle marqua une petite pause et poursuivit.

Ils sont en bonne santé. Si tu veux... Je pourrais t'emmener les voir si tu le souhaites. Le garde te laissera passer sans problème avec moi.

Elle savait que Kelekt logeait ici et allait très peu dans le camp. Si ça se trouve, certaines personnes pourraient ne pas savoir qu'elle fait partie du clan et si c'est le cas du garde... Ça pourrait poser problème. Il vaut mieux être prévoyant, même si peut-être elle passerait sans problème en tant que juge.

- Ce sera avec plaisir, je ne suis pas aller au camp depuis un bout de temps. Dit-moi, tu as un lien de parenté avec l'alpha pour pouvoir l'approcher sitôt après sa mise à bas ? En général, seuls les médecins et les nourrices sont autorisés.
- Tu n'as pas l'air comme les autres femelles que je n'aime pas, alors je t'ai proposé. Tu es le genre de personne avec qui je pourrai bien m'entendre.

Par la suite elle afficha un léger sourire. Il est vrai que Kelekt semblait être une louve posée, sans manière. Elle était distante et se montrait méfiante aux premiers abords, mais Idryss préférait nettement cela à une inconnue qui viendrait lui parler comme si elles se connaissaient déjà, qui poserait tout un tas de questions même les plus personnelles et qui raconterait sa vie comme si cela était passionnant... Ça sent le vécus hein ? Et bien oui, ça lui est déjà arrivée d'avoir ce genre de cas dans sa tanière (ou ailleurs). Des personnes venant la voir pour X raison par rapport aux dieux ou pour essayer de voir si Idryss pouvait jouer les Madame Irma. C'est chiant. La personne lui demande quelque chose puis ça dérive sur la vie de celle-ci pour au finale aboutir à une conversation plus ou moins intéressante... Parfois, quand ce qu'on lui offre est satisfaisant, la cornue joue le jeu et fait semblant d'avoir une vision, comme ça l'autre est content tout en n'y voyant que du feu. Ça ne lui était arrivée que deux fois d'avoir une véritable vision pendant son petit manège. Oui, bon, ça pourrait être assimilé à de l'escroquerie, mais s'ils sont cons ce n'est pas de sa faute, ça s'appelle "leur donner de l'espoir"... Et puis si ça peut lui servir en retour, c'est tout bénef de devoir écouter leur blabla. Des fois elle envoyait boulet, il ne faut pas abuser non plus.

Oui, je suis sa cousine. Pour ce qui est des médecins, si j'ai bien compris il y en avait très peu. Odine était présente le jour de la mise bas. Puis elle continua, plus doucement tout en râlant et en regardant dans le vide : Et bien sûr j'étais pas là pour la voir...

Elle soupira légèrement, d'agacement avant de poser à nouveau son regard sur la louve blanche. Une question lui traversa l'esprit, elle la posa avant que l'envie ne devienne trop forte.

Pourquoi ne loges-tu pas au sein du camp ? Je ne t'y vois jamais. D'ailleurs, ou habites-tu ?

Kelekt commença à répondre à ses questions. Elle finit par regarder dans le vide en continuant de parler. Idryss ne l’interrompit pas. La blanche parlait encore, elle était partie pour faire une tirade. Elle l'écouta, ce n'était peut-être pas une bonne idée de demander ça. Sa consœur semblait déballer tout ce qu'elle avait sur le cœur. Et la cornue espérait que ça ne finisse pas en larmes car elle ne savait pas gérer quelqu'un qui pleurait. Par chance non, même si elle voyait que c'était à deux doigts d'arriver.

Ils étaient mal lunés ou quoi ? Des loups qui se battent, ce n'est pas rare. Lui dit-elle, toujours en la regardant. Surtout pendant les chaleurs, pensa-t-elle. Puis elle ajouta : Tsk. T'as dû tomber sur le genre de personne qui faut pas toucher si t'es pas un haut gradé... C'est stupide, ils sont stupides. Si on peut plus se défendre, chais pas où on va allé.

Elle marqua une pause, scrutant sa moindre réaction. Elle avait toujours cette appréhension que Kelekt se mette à pleurer.

Tu sais... Irène n'est pas très appréciée non plus. Si Fyre n'était pas tombé amoureux d'elle, elle serait toujours une guerrière devant se battre pour le respect des autres. Maintenant qu'elle est alpha, ils lui doivent le respect et ça leur fait chier... Je suis sûr qu'ils n'attendent qu'une chose : qu'elle abandonne son poste, que quelqu'un ose la défier ou qu'elle meurt. Tout en sachant ça, elle tient bon et reste forte. Alors toi aussi restes forte. Les mâles n'aiment pas trop que les femelles soient plus forte qu'eux. Et si ça ne va pas... Bottes leur le cul d'une façon ou d'une autre.

Tu as peut-être raison, mais je ne suis pas aussi combative qu'Iren. Si on me reproche encore cet incident, je ne sais pas... Comment je réagirai. Mais je peux au moins essayer. Vivre seule ne m'aide pas vraiment à aller mieux.

Kelekt était sceptique. Elle avait peur et hésité à réintégrer le campement. Après tout, qui ne le serait pas ? Ce genre de chose était toujours dure à surmonter. Certes, on dit qu'il faut "faire avec", ne pas écouter ce que les autres disent, mais c'est toujours dure d'y faire abstraction. Si on exclut les "je-m'en-foutiste" qui eux, y arrivent très bien.

Je peux t'aider si tu veux. Et il y a des tanières assez isolées des autres, je suis dans l'une d'entre elles.

Elle appréciait la louve blanche, elle pouvait faire ce geste. L'aider à réintégrer le camp pour y vivre ne la dérangeait pas. Et puis, cela allait peut-être être plus facile pour la blanche de savoir que quelqu'un pourra l'aider en cas de besoin plutôt que de se savoir seule. Si Kelekt réussissait à affronter sa peur, Idryss en serait heureuse. Vivre isolée de toute présence lupine devait être très bien et satisfaisant au départ mais assez lassant et ennuyeux à la longue. Surtout qu'ici, à part quelques bestioles qui trainaient dans les jardins, il n'y avait aucunes présence quels qu'elles soient ni même de bruit, c'était le calme absolut.

Quand tu voudras remettre les pattes au camp, la première chose que tu feras, enfin si tu le souhaites, c'est de venir me voir. Si je ne suis pas là, à toi de voir si tu veux le faire seule ou attendre. En tout cas, moi, je te soutiendrai et à mon avis, Irène aussi.

La louve blanche était heureuse, cela se voyait clairement sur son visage. Le soutient que lui apportait Idryss la rassurait. La blanche ne devait plus se sentir aussi seule qu'avant maintenant qu'elle savait qu'elle pouvait compter sur la cornue. Elles ne se connaissaient réellement que depuis aujourd'hui, mais Idryss n'avait pourtant pas hésiter à apporter son soutient et son aide. Chose assez rare, du moins pour les femelles.

Merci... Tu es l'amie dont j'avais tant besoin.

Les mots de Kelekt touchèrent Idryss qui en resta dans un premier temps stupéfaite. Une fois la surprise passée, un grand sourire étira les babines de la rouge. Elle était heureuse que sa consœur la considère comme une amie. Elle n'avait pas beaucoup de véritable amie femelle, deux en comptant sa cousine, le reste était considéré comme des connaissances, trainant depuis son enfance avec des mâles ce qui avait fortement déteint sur son caractère et sa façon d'être. Alors savoir qu'elle pouvait compter sur Kelekt dans son cercle d'ami était quelque chose de réjouissant. Elle avait tout de suite sentie que Kelekt était le genre de personne avec qui elle pouvait s'entendre et rester et son flair ne l'avait pas trompé.

De rien. Je suis contente que tu ailles un peu mieux.