Elle n'avait plus autant de temps à consacrer à sa déesse qu’auparavant. Son rôle de religieuse était passé au troisième plan. Son statut de guerrière était passé en premier, vient ensuite quelques réunions auxquelles elle devait assister. Ensuite, elle n'avait plus la force ou l'envie pour se tourner vers Éléonore. Les heures de repos dans son emploi du temps, elle se les réserve pour se reposer, sortir du campement pour se vider la tête, passer du temps avec Fralëth et/ou Kelekt ainsi que d'autres divertissements personnels.

Cela doit faire au moins un mois qu'elle n'est pas venu en ce lieu. Le palais fut son foyer principal pendant le règne de Zal et après. Maintenant, elle avait regagné sa tanière au sein du campement et délaissé cet endroit. Trop de choses à gérer. Elle avait eut entraînement ce matin et là, elle avait le reste de la journée de libre. Elle s'était dirigée vers le palais de sa déesse pour renouer un peu avec elle. Néanmoins, étant la déesse du jugement, elle ne devait pas en vouloir à Idryss. Après tout, la guerrière juge s'est tournée vers la protection de son clan. Ce n'est pas par manque de croyance qu'elle a délaissé sa déesse. Éléonore devait comprendre son absence.

Voilà maintenant deux heures que la cornue est en ce lieu. Cela lui faisait un grand bien. Elle se sentait bien et légère. Un poids de culpabilité s'était envolé. Dès son arrivée, elle était partie prier la statue pendant plusieurs minutes, s'excusant et demandant certaines choses. Puis, elle était partie dans le jardin tropical qu'elle trouvait toujours autant merveilleux et dingue. C'était son endroit préféré du palais. A présent, elle arpentait les couloirs en direction de l'extérieur. Elle avait bien l'intention de s'allonger dehors. Au détour d'un couloir, arrivant bientôt au corridor de l'entrée, elle fut interpeller.

Bonjour, Madame ?

Elle s'arrêta et tourna la tête pour tomber truffe à truffe avec un inconnu. Elle le regarda de la tête aux pattes, maintenant un port de tête haut. C'était un mâle blanc aux accessoires noires avec des cicatrices aux pattes et au visage. Les cicatrices de couleur rouge donnaient l'impression qu'il les avait eut récemment. C'est peut-être le cas. Il possédait une longue chevelure tout aussi blanche que son corps, coiffée et tressée par endroit.

Bonjour. Dit-elle calmement avant de poursuivre sur un ton curieux : Vous êtes ?

Il était forcément nouveau dans le clan. Depuis le temps que la fusion a eut lieu, elle n'aurait pas pu louper un loup venant de l'Air. Probablement un autre solitaire venant fuir la menace des adeptes d'Akui. Cela fait un moment que ce n'est pas arrivé. Après tout, il ne doit rester qu'une dizaine de solitaires bien cachés.

Irwell, médecin.

Ensuite, il inclina quelque peu la tête. C'était court, concis. Elle n'avait pas besoin de plus. Un nom et son rang. Ça lui suffisait largement. Elle n'avait pas besoin de savoir d'où il venait, cela lui importait peu.
Ils continuaient de se regarder sans aucune animosité ou défis, mais de façon neutre. Quoique le regard d'Idryss est teinté d'un air supérieur, noble, de part sa posture également. Elle se demanda ce qu'un médecin venait faire ici. Aucune juge n'était blessée ou malade à sa connaissance. Néanmoins, c'était peut-être le cas. Vu son absentéisme, elle était loin de tout savoir sur l'état de santé ou l'état mental de ses consœurs...

Je suis membre récent du clan du Désert… Je suis confus par rapport à vos dieux, je voulais savoir si vous pourriez m’éclairer sur certains sujets ?

Membre, récent, elle l'avait bien compris. Il n'avait pas encore l'odeur mélangée du clan et il ne portait pas sur lui des restes de celui de l'Air. Il voulait des précisions sur les dieux, la religieuse rouge se tourna pour lui faire face, devenant plus avenante, abandonnant sa posture droite pour quelque chose de plus décontractée. En tant que religieuse, il était de son devoir de chasser la confusion vis-à-vis des dieux de l'esprit d'Irwell. Elle avança même de quelques pas tout en disant :

Je vous éclairerai avec plaisir. Ici, vous êtes dans la demeure d’Éléonore : déesse de la justice. Elle doit être très fière vu le palais qu'elle a fait construire. Mais aussi, sûre d'elle et impassible, pouvant sans doute s'énerver facilement, vu la posture qu'elle a prise pour sa statue. Peut-être même hautaine dans certaines situation.

En somme, une déesse avec un sacré caractère, tout comme les juges choisit d'ailleurs. La déesse Éléonore devait rendre des verdicts bien salés pour les accusés coupables... Histoire de leur faire passer l'envie de recommencer.

Souhaitez-vous voir la statue pour mieux comprendre ?