Eris attendait patiemment non loin de la salle d'audience. Elle se sentait d'ordinaire chez elle ici, elle était née au palais et y avait grandis, ne le quittant qu'au moment d'entreprendre sa formation de médecin. Mais jamais autant qu'aujourd'hui elle se sentait mal à l'aise en ces lieux.

Le procès de Jarksobann se tenait à huit-clos. Même si le public avait été autorisé, la louve à cinq queues n'aurait pas supporté d'y participer. Quand Jarksobann était entré, suivant l'alpha, Eris n'avait pu se résoudre à le regarder en face, déçue, dégoutée et anxieuse quand à ce qui lui restait à faire. Elle avait eu tout son temps pour y réfléchir, et le procès mettrait fin à ses tergiversions.

Aucun bruit ne perçait des portes de la salle, Eris se tenait en retrait, patiente. Elle devait savoir quel serait le verdict, et c'est pour ça qu'elle attendait. Elle voulait se jeter dans les pattes de son compagnon pour le rassurer et le consoler, mais aujourd'hui, quelque chose de plus important encore la tiendrait éloigné de lui. Eris devait parler à Ydriss.


Un bruit sourd perça le silence religieux des lieux et Eris se releva. Petit à petit les membres de l'audience sortirent, et la médecin héla la démonia dès qu'elle la vit.


Elle n'avait pas crié, elle n'avait pas haussé la voix. Peut être qu'Ydriss ne la remarqua qu'en la voyant. Eris s'éloigna du chemin et la laissa la rejoindre. Elle tenait ses oreilles en arrière, le coeur serré.

Un peu à l'écart, la juge s'assit et sa fille l'imita peu après. Elle regarda sa mère les yeux plein d’appréhension, mais un soulagement la pris quand sa mère lui annonça le verdict.

Jarks n'avait pas violé Aymeric. Il n'y avait pas eu viol, donc tout allait bien, ils avaient du rêvés, ils étaient saouls, et ont mal interprétés leurs souvenirs, c'était certainement ça. Elle pouvait enfin respirer normalement. Elle irait s'excuser auprès de Jarks, et quand ça serait retombé, irait lui proposer cette portée afin d'en finir une bonne fois pour toute.

Sa mère afficha un air dubitatif, et Eris dressa les oreilles quand elle poursuivit. Mais... pourquoi le punir, s'il n'avait rien fait? S'il n'y avait pas eu viol, pourquoi ne pas en être resté là?

Le monde chancela sous Eris qui même assise dut mieux prendre appui au sol pour ne pas tomber. Ils l'avaient fait... sans contrainte et sans forcer l'autre.

Ils l'avaient fait volontairement.


Elle fixa le sol, la respiration bloquée, Jarks n'avait pas violé Aymeric, Aymeric l'avait laissé faire, ils s'étaient adonné à cette pratique, sans reculer. Ses yeux piquèrent tandis que tout ce qu'elle pensait s'écroula.


Elle ne faisait que répéter ce que sa mère lui avait annoncé, qu'elle l'assimile et l'enregistre, elle ne pouvait pas y croire, pas son Aymeric, pas son Aymeric...

Eris ne regardait pas sa mère mais ses oreilles étaient toute tournées vers elle. Au fond peut être n'avait elle pas tord. Il faudrait qu'Eris aille parler à son compagnon, les choses ne pouvaient pas rester telles qu'elles. Quand à Jarks...

Lui, cela serait beaucoup plus dur, elle ne pouvait décemment pas offrir à ses futurs petits un loup qui a été suspecté de viol. Si Eléonore l'a jugé non coupable, que dirait le clan? La vie pour ce loup dragon et pour ces petits serait trop difficile, et Eris ne voulait plus attendre.

Elle reposa une fraction de seconde sa tête sur la patte de sa mère, puis pris une grande inspiration en fermant les yeux. Cela ne changerait pas ce qu'elle s'apprêtait à faire.


Elle ouvrit les yeux pour la regarder.


Elle releva la tête, l'air triste, elle ne savait pas si elle serait à nouveau prête pour lui. Heureusement ,elle ne lui avait encore jamais parlé de son projet, peut être aurait il refusé, et ça aurait alors conduit au même pour la Démonia. Elle pencha la tête, hésitante. Elle n'osait pas se lancer, Eris avait peur, même si pour elle il n'y avait pas d'autre solution. Elle rassembla finalement tout son courage.


Et en l'état, jamais elle ne pourrait demander cette faveur au loup dragon, et jamais il n'accepterait.

Idryss connaissait les plans possibles de la louve médecin, aussi Eris savait qu'elle ne serait pas surprise, mais elle fut soualgée d'avoir son aval.

Eris ne savait pas encore si elle allait être a ccompagnée ou non, mais elle devait d'abord parler à Aymeric, et si elle partait, elle ne pouvait pas le faire sans prévenir l'alpha. Il serait en effet fort idiot qu'elle se retrouve bannie pour désertion.

Non, elle comptait bien revenir, elle espérait qu'Okazeh la laisse partir, peut être pourrait elle lui faire confiance. Mais elle devait lui parler sans plus tarder. Plus tôt Eris partait, plus tôt elle rentrerait.


Elle regarda sa mère dans le fond des yeux puis posa son front sur elle sans que leur cornes ne se touchent.