La journée était déjà bien avancée. Le Soleil avait déjà atteint son zénith depuis longtemps, tous les loups étaient levés et chacun vaquaient comme à leur convenance, à leurs occupations respectives dans le Camp du Clan de l'Eau. Hyōga, petit louveteau du Clan de l'Eau s'était levée tôt aujourd'hui. Il avait été le premier de la tanière debout. Néanmoins, il n'ayant pas oublié les règles de vie en communauté, il n'avait fait aucun bruit afin de ne pas réveiller sa famille. Il ne voulait nullement se faire disputer par ses deux parents et encore moins par son amie, Fuurin, même s'il savait, au fond de lui, qu'elle n'oserait pas lui faire la tête plus de cinq minutes. Nonobstant, le louveteau au pelage bleu ne se risqua pas à faire un geste, un bruit. Il préféra reposer sa tête sur ses pattes et attendre que ses parents ou sa sœur adoptive vienne à se réveiller à leur tour. Il n'avait qu'une hâte, qui pouvait se lire dans ses deux iris, il souhaitait sortir, aller jouer avec sa meilleure amie, ou bien même faire ce qu'elle voudrait, il voulait simplement ne pas rester inactif, ainsi, dans la tanière. Cette situation le gênait souvent, à chaque fois, qu'il se réveillait avec les autres. Malgré le danger que cela représentait de bouger et de sortir hors de la tanière, le petit ne put pas tenir plus de cinq longues minutes. Se dandinant tel un vers, il se défit de l'étreinte de sa mère et de sa meilleure amie. Aussitôt que ce fut chose faite, il se précipita dehors et pus observer ainsi tout le village sous-marin qu'était le Camp du Clan de l'Eau. Il pouvait voir le teint encore sombre de l'eau, trahissant l'aube qui n'allait pas tarder. Rien n'était plus beau comme spectacle que l'aube au Camp du Clan de l'Eau. Les magnifiques rayons de différents teintes de couleurs qui venaient s'infiltrer dans l'eau et lui donner à elle aussi des nuances allant du rouge au jaune, en passant pas des teintes très différente, comme l'orangé. Hyōga n'avait eu l'occasion de ne voir ce spectacle que peu de fois, mais il pouvait ajouter ce jour à la courte liste.

Le reste de la matinée s'était vite déroulée. En effet, les parents du louveteau avaient fini par se réveiller et avaient laissé dormir encore Fuurin. Cette dernière s'était levée au beau milieu de la matinée et Hyōga avait alors couru à sa rencontre. Rapidement, il avait pris des nouvelles de la louve et tous deux, après avoir dégusté un morceau de viande, étaient partis jouer. La matinée n'avait été consacrée qu'à des petits jeux n'ayant que vie dans leurs pensées. En effet, les deux louveteaux se plaisaient à s'imaginer vivre de grandes aventures alors qu'ils ne quittaient même pas leur Camp. Leurs imaginations à tous les deux étaient sans limite et chacun avait sa propre idée du monde extérieur, des Camps des autres Clans... Ils s'étaient fait tous deux des idées différentes et à la fois similaires sur certains points. Ils partageaient tous deux leurs idées et chacun se battaient pour ses idéaux. Néanmoins, ces batailles n'étaient guère violentes, elles étaient tout simplement imaginatives, au même titre que les lieux qu'ils pensaient être comme tels ou comme cela. Ces batailles étaient d'ordre verbales, à coup d'arguments ne tenant généralement pas debout, mais cela permettait aux deux petits de passer le temps. Ainsi, la journée se passa sans plus d'évènements notables.

Le Soleil amorçait sa descente. Hyōga et Fuurin continuait de jouer, plus calmement, dans le Camp. Ils n'avaient eu de cesse depuis ce matin, changeant souvent de jeux. L'âge voulait le changement. Les petits ne pouvaient pas jouer à la même chose pendant longtemps. Ils leur faillaient du changement, il fallait qu'ils ne fassent pas toujours la même chose, sinon quoi, ils finissaient part s'ennuyer et ils finiraient part haïr le jeu auquel ils pouvaient bien jouer. Ainsi, après avoir passé la matinée à partir à l'aventure dans leur lointain imaginaire, il avait pendant l'après-midi fait plusieurs débats sur ce comment ils voyaient les choses, leurs avenirs, leurs camarades et les territoires extérieurs. À présent, ils se lançaient de petit défi, c'était à la fois des défis ayant pour but de prouver le courage des petits. Ainsi, Hyōga envoya Fuurin parler à un Guerrier qui avait pour réputation d'être plutôt sympathique, en échange cette dernière lui proposa d'aller parler à Atamagahen, une louve qui avait le rang d'assassin et qui était réputé pour ne pas avoir bon caractère. Après avoir hésité, déglutit, le petit avait finalement accepté le défi que lui proposais sa meilleure amie, il ne voulait pas passer pour un froussard, ce qu'il n'était pas. Résolu, il s'était levé et avait cherché du coin de l'oeil le pelage gris de la femelle. Il avait fini par la trouver, allonger, semblant presque dormir. Aussi silencieusement que possible, le lupin se rapprocha de la louve. Une fois qu'il fut face à cette dernière, il se mit à trembler intérieurement. Il prit une inspiration et du bout de la patte, il secoua la femelle. Ajoutant des paroles à son geste, il essaya de parler avec assurance, ce qui ne fut pas réellement le cas :

« Euh... Bonjour... Atamagahen... »

La petite boule de poils se mit à trembler, sans qu'il puisse y faire grand-chose. Il ne pouvait l'avouer devant sa grande amie, mais à lui, il pouvait se l'avouer. Il avait peur de cette femelle. Elle n'avait pas un rôle des plus attirants et encore moins un rôle des plus pacifistes. Son but était de tuer, rien de plus. On ne lui demandait que cela. Tuer sur une simple demande, sans jamais de poser de question. En échange de quoi, elle gagnait une pièce de gibier, une place au chaud dans un Clan sans plus participer à la vie de ce dernier. On lui offre également une réputation, certes pas forcément une réputation douce ou qui donne envie aux gens de vous connaître, mais on vous craint, rien qu'à l'articulation de votre nom. Si l'on a le malheur de vous rencontrer, on comprend ce pourquoi cela arrive. On comprend également que si ce n'est en tuant, on n'arrivera pas à revoir un jour se lever. On comprend que si on lutte contre vous, c'est contre la mort qu'on lutte. On comprend que le dilemme est énorme. Alors là, il y a deux ou trois façons de réagir. Les plus courageux inspirent profondément puis après un instant de répit, ils tentent de lutter, ils se battent pour poursuivre leur vie, ce sont-là les plus valeureux, les plus courageux et les plus dignes à vivre. Il se peut aussi que tétaniser par la peur, certains ne bougent pas la moindre moustache. La tâche de l'assassin est ainsi facilitée, la seule chose que l'on gardera en vous en mémoire, c'est que vous n'avez pas eu de chance, que vous vous êtes retrouvé contre plus fort, vous n'aurez pas lutté, mais vous n'aurez pas non plus abandonné tout votre honneur. La dernière possibilité est la fuite. On peut tenter de fuir son destin, fuir la mort, la faucheuse. Cependant, cela est à double tranchant. Soit l'on vit, soit l'on meurt. Dans les deux cas, notre honneur disparaît, toute dignité s'effondre et l'on doit vivre ou mourir dans l'ombre, sans jamais pouvoir revoir cette l'humeur qui anime les braves.

Le mâle au pelage bleuté inspira tranquillement et essaya de calmer ces tremblements qui commencèrent à devenir gênant. Il ne voulait pas avoir l'air d'une mauviette. Dans son cas, il sera dans la seconde possibilité pour le moment. Or, ce n'était pas ce qu'il voulait. Non. Il ne faisait pas partie de cette caste de personnages. Lui, il faisait partie des braves. Dans un élan de courage, il se redressa, se campa haut sur ses pattes, leva tête et queue et cessa de trembler. Une nouvelle lueur brilla dans son regard. Et puis, il n'avait rien à craindre. Personne n'avait pu lui ordonner de le tuer, de deux choses l'une, il était du même Clan que cette dernière et de plus, il n'avait jamais commis aucun crime. Il n'y avait donc pas lieu d'avoir peur de cette louve qui n'était ni plus ni moins qu'un membre du Clan de l'Eau. Rien de plus. Rien de moins. Ce n'était pas un sur-être. Ce n'était qu'un loup comme les autres. Certes, elle avait choisi une voix particulière, mais il faut bien de tout pour faire un monde et si elle aime se salir les pattes, si elle aime ôter la vie, si elle s'épanouit là-dedans alors soit. Il n'y a pas de raison pour la rejeter. Il n'y a pas de raison pour faire de différence. Il n'y a pas non plus de raisons pour se permettre de trembler devant elle. Quelque part, c'est de l'irrespect. Elle n'est en soit, pas si différente des autres. Et en quoi est-ce mal d'être différent ? Certains se moquent des différences, les autres doivent se moquer des similarités de ces personnes.

« Salut... »

Hyoga soutint son nouveau regard et sa nouvelle attitude. Il vit la louve se retourner vers lui. Ainsi, il put mieux l'observer. Son pelage était d'un gris uniforme, seuls quelques traits d'une couleur jaune plutôt flambantes venaient rompre cette monochromie. Au bout de ses grosses pattes, le louveteau dénota de longues griffes noirs se recourbant sur elles-mêmes. Il fut étonné de leur longueur et de leur courbure. Il observa les siennes, qui étaient, disons-le, ridicules face à celle de l'assassine. Elles étaient toutes petites et toutes droites. Est-ce que les loups assassins étaient choisis pour leurs griffes spéciales ? Hyoga ne savait pas grand-chose sur ce point. Il savait seulement ce qu'il rêvait d'être, un messager. Il voulait parcourir les territoires pour livrer des messages. Son physique fin, agile, lui permettrait de courir vite et bien, longtemps également et il aurait le courage de s'adresser à quiconque se dressant sur son chemin. Il saurait également loyal à la parole donnée, il ne faillirait pas à un de ses devoirs. Il filerait comme le vent, à travers vent et marée, tempête et sécheresse. La femelle avait parlé à Hyoga sur un ton égal, sans laisser transparaître d'émotion. Le petit louveteau admira ce pouvoir. Lui en était incapable. Ses parents, même des parfaits inconnus, décelaient facilement ses émotions. Ainsi, il ne pouvait rien cacher à personne, du moins pour le moment. On l'entendait à sa voix s'il mentait, ses phrases n'étaient pas les mêmes. Cela variait également en fonction des situations, s'il était joyeux, triste...

« Tu voulais me demander quelque chose ? »

Le petit louveteau dénota le même timbre de voix que précédemment. Une voix grave, sans plus d'émotions qu'auparavant. Il se mit à réfléchir à tout allure. Il ne pouvait pas dire qu'il venait ici pour un pari. Cela n'allait pas. Cela ne se faisait pas. Il n'avait pas été élevé ainsi. Soudain, il sentit une curiosité grandissante le gagner. Il se posait tellement de questions sur le rôle de la femelle, son passé, son futur, ses devoirs... Il pensa alors que cette personne, Atamagahen, était la meilleure pour répondre à ses questions, malgré sa réputation. Au fond, il ne la craignait pas tant que cela. Ses parents lui avaient souvent raconté des histoires à propos des assassins, menaçant que les assassins d'autres Clans ne viennent le tuer durant la nuit s'il faisait des bêtises. En général, cela fonctionnait, puisque le louveteau suivait alors toutes les recommandations de ses parents. Néanmoins, cela était à double tranchant puisqu'il lui arrivait de faire des mauvais rêves, des cauchemars à causes de ces histoires à dormir debout. Peut-être que s'il apprenait à comprendre ce rôle, peut-être qu'il en aurait moins peur. Prenant son courage à deux pattes, il inspira profondément, s'assit devant la louve, afficha un grand sourire sur ses lèvres de canidé et dit calmement :

« Je voulais juste te poser... hum... des questions... Enfin... si tu me le permets... Ce serait vraiment gentil... de hum... répondre à mes interrogations. Je t'en serais... hum... reconnaissant. Je pourrais jouer avec toi si tu veux, tu as l'air de hum... t'ennuyer. Tu sais... je n'ai pas peur de toi moi... Tu n'es qu'une louve... pas vrai ? Tu es comme les autres hein ? Tu n'es pas un démon comme beaucoup le dise...  Pas vrai ? »

HRPG: