La petite louve trapue s'affairait dans sa forge, comme tous les jours de toute l'année. Il était très rare de la voir prendre un jour de congé, car pour elle forgé n'était pas un travail mais un loisir. Les jours de congé n'était donc pas nécessaire aux yeux de la petite louve. De temps en temps¸ lorsqu'elle manquait d'inspiration, elle partait se promener, soit au sein du camp, dans la forêt, près de la plage, où tout autre endroit, à la recherche d'inspiration afin de créer de nouvelles pièces de métal. Parfois¸ elle quittait également son atelier pour partir à la recherche de divers métaux, ce qui est quand même la matière principale de son travail. Mais d'une manière générale¸ on la trouvait plus facilement dans son atelier que partout ailleurs. Et lorsqu'elle s'absentait, elle avait pour coutume de mettre une pierre gravée à l'entrée de sa forge ; les gravures indiquaient son absence, ainsi que son retour prochain à ceux qui lui rendaient éventuellement visite.

Ce jour-là, la naine se trouvait dans sa forge, elle se disait qu'il serait bientôt nécessaire de partir quelques jours à la recherche de métaux. En effet, ces réserves commençaient à diminuer. Mais il fallait avouer, qu'elle fut relativement surprise de voir la petite louve grise à l'entrée de sa forge. La messagère était venue il y a un bon moment de cela, avec diverses pièces de métal, en lui demandant de faire le tri, en sortant le cuivre et le zinc. Malheureusement pour la grise, elle avait ramené que trop peu de zinc et de cuivre pour le projet qu'elle avait. La naine n'avait pas oublié la proposition qu'elle avait fait à la grise ; celle de l’accompagner dans un voyage de plusieurs jours à la recherche du zinc et du cuivre dont elle avait besoin. Mais il y avait de ça maintenant des lunes, et la naine avait fini par penser que la grise avait abandonné, surtout après son viol, puis sa portée. Car oui, même si la naine vivait en marge du clan, elle faisait en sorte de se tenir informée de ce qu'il s'y passait. Elle avait voulu aller présenter son soutien à la messagère grise, mais la naine était un peu trop bourrue et pas très douée avec les mots, et Ronan ne l'avait pas beaucoup aidé à trouver les mots. Alors ayant peur de faire plus de mal que de bien, elle avait préféré s'abstenir, espérant que la grise ne lui en tiendrait pas rigueur.

"- Salut Fuurin, tu reviens pour l'expédition ? Où puis-je faire autre chose pour toi ?"

La grise possédait une petite sacoche sur son dos et semblait déterminée, bien qu’une légère angoisse pointait dans son regard. Mais elle confirma néanmoins qu’elle était là pour l’expédition, qu’elle était prête. La forgeronne lui offrit un sourire sincère et déclara de sa habituelle voix forte :

–«Tu tombes à piques. Je commence justement à tomber à cours de métal et je prévoyais une expédition prochaine. Juste le temps de me préparer et on pourra y aller»

La forgeronne avait toujours un sac près pour un départ en voyage de quelques jours. Mais si lorsqu’elle partait quelques heures, elle laissait le feu de sa forge brûler, lorsqu’elle partait plusieurs jours, elle préférait l’éteindre, même s’il lui fallait attendre plus d’une journée qu’il soit assez chaud lorsqu’elle le rallumait, c’était plus sûr, personne au camp ne saurait contrôler le feu de sa force si jamais il s’en échappait… Elle ne voulait pas risquer de brûler sa forge, la nature et selon le temps et le niveau de sécheresse, le feu pourrait rapidement prendre une ampleur phénoménale et atteindre le camp à très grande vitesse. Non, décidément, c’était trop risqué.

Une fois le feu éteint, elle vérifia que tout était bien à sa place et elle prit ensuite sa sacoche de voyage avant de rejoindre Fuurin à l’entrée de la forge. Elle prit encore soin de laisser la pierre qui disait qu’elle partait pour plusieurs jours, puis elle sourit à la grise et l’invita à ce qu’elles se mettent en route.

–«Bon, alors, toi, tu voulais du zinc et du cuivre, il y a un spot pas trop mal à la plage Naïgma…»

Elle adressa un signe de tête à la grise pour qu’elles se mettent en route.