La louve était partie pour une chasse, tôt ce matin là. Elle devait quitter son cœur et le laisser endormi dans leur tanière, mais elle avait découvert que c'était le matin que les proies les plus intéressantes étaient les moins méfiantes. Quand le soleil frappait l'horizon de ses couleurs flamboyantes, mais que la nuit envahissait toujours le ciel de l'autre côté de l'horizon.

Alexis savait qu'Akeba n'aimait pas ça, peut être lui proposerait-elle un jour de l'accompagner à l'une de ses chasses. Mais la jeune fille de Rahawk aimait œuvrer seule. Certes, cela diminuait son ratio de réussite, mais au moins elle était sûre que si sa chasse échouait, c'était de sa faute. Quoi qu'elle avait toute confiance en Akeba. Heureusement, n'était pas encore venu le moment où la louve à dent de sabre et aux griffes d'acier devrait s'allier avec l'un de ces autres membres de la meute.

Le temps avait passé depuis qu'Alexis s'amusait à les pestiférer et à les harasser. Elle n'avait plus besoin de ça aujourd'hui pour savoir sa valeur. De plus, force avait été de constater qu'Heindrick prenait en force. Il était intéressant pour Alexis de voir ses entrainements avec son père, bien qu'elle savait toujours le surpasser. Il n'était peut être pas aussi minable que ce qu'elle scandait à tue-tête il y a quelques mois encore. Dans la même idée, quand elle eut compris que la meute fonctionnait comme un système unique, elle avait constaté qu'avoir des loups volants n'était pas une si mauvaise chose, c'était même bien pratique. Trois poulets volants qui plus est, étaient profitables.

Mais au grand jamais Alexis ne devrait leur montrer qu'elle s'était avoué ça. Quand bien même il lui faudrait du travail pour réparer ses erreurs de jeunesse, celles du temps où elle n'était qu'une gamine inconsciente qui ne pensait pas que ses paroles, aussi vraies soient elles, puisse avoir un impact sur son propre futur.

Alexis avait donc rejoins son terrain de chasse favori, là où une harde de daims paissaient tranquillement. Elle ne devait pas les chasser trop souvent, ou ils partiraient et ne reviendraient pas, mais cela faisait plus de deux semaines qu'elle n'en avait pas ramené un, ça devrait faire l'affaire.

Les daims, contrairement aux cerfs géants, étaient heureusement de taille modérée et plus facile à chasser, surtout pour un loup seul. Mais ils n'en étaient pas moins agiles et une fois que l'un fuyait, tout le troupeau suivait, ce qui rendait la traque bien moins aisée. Heureusement ce jour là était un bon jour, et alors que le soleil déclinait, elle pu rentrer avec la carcasse qu'elle trainait depuis le début de l'après midi jusqu'aux tanières. Un mâle robuste qu'elle avait- avec beaucoup de chances, abattu rapidement.

Elle franchis les frontières posées par son père et se dirigeait vers la tanière servant de garde manger, quand une pléiade d'odeurs inconnues lui sautèrent à la truffe. Elle redressa la tête en lachant son fardeau, retenant un grondement. Elle aurait du être plus vigilante! La truffe si proche de sa proie, elle n'avait plus rien sentit d'autre que l'odeur d'herbe, de crottin et de pluie mêlé au sang du daim qu'elle trainait.

Mais si les odeurs étaient si multiples et si bien enfoncées dans leur territoire, Père devait certainement déjà être au courant. Elle avala son grognement, cacha vite son daim dans la tanière à bouffe, pour ne pas qu'on le lui pique, et se dirigea au trot vers les odeurs qu'elle sentait.


Plus elle se rapprochait, plus les odeurs se distinguaient. Il y en avait trois, trois individus femelles qu'Alexis ne connaissaient pas. Elle sentit l'odeur de son père non loin, et celle de Son Cœur. Méfiante, elle suivit la fragrance si douce d'Akeba.

Son frère se tenait assis, devant une louve cendrée, aux dents longues, et une crête noire et verte. C'était familier sans pour autant qu'Alexis ne l'aie jamais vu. Il y en avait une autre, tout aussi cendrée qu'elle, avec une crête elle aussi, couchée à côté d'une minuscule louve verte qui sanglotait.

Alexis se concentra sur celle qui était la plus proche de son Coeur. Les autres semblaient moins dangereux vu de loin. Elle avançait à pas lents, mais n'usait pas de discrétions, ses coussinets d'aciers cognant sans aucun doute sur quelques pierres et cailloux. Les oreilles en arrière, elle haussa la voix.

L'enthousiasme de son frère calma les nervosités d'Alexis, qui doutait que si la situation était dangereuse, Akeba n'aurait pas réagit comme ça. Elle accueilli les salutations de son Coeur en effleurant sa fourrure et en s'asseyant contre lui ensuite, écoutant attentivement.

Akeba avait posé des questions à l'étrangère avant son arrivée, aussi cette dernière se préoccupa d'y répondre. Alex l'écoutait avec attention, sa méfiance se dissipant peu à peu face aux faits, affichant alors un visage troublé. Mais son oreille se dressa néanmoins d'intérêt face aux dernières phrases de la louve.

Chasseuse grosses proies! C'était un désir ardent pour la louve aux pattes d'argent, de pouvoir chasser du gros gibier. Mais même si on lui apprenait , elle savait que seule elle n'y arriverait pas. Savoir que dans la famille, quelqu'un en était capable l'emplissait de fierté. Peut être que si elle essayait d'utiliser son pouvoir sur ses proies, elle y arriverait mieux? Il faudrait qu'elle essaye.

Mais l'heure n'était visiblement pas à l'enthousiasme. Alexis ne connaissait aucune des trois louves claniques, mais l'attitude de son père, en qui elle avait tant de confiance, et la ressemblance de ces individus, cela calmait sa méfiance.

Elle dévia la tête pour regarder derrière la louve cendrée et verte, observant avec minutie les deux louves allongées plus loin. Ainsi donc, la petite était sa grand mère. Elle devait être forte pour avoir pu créer un loup comme son père. L'autre était fine, mais couchée comme ça, elle ne paraissiat pas bien impressionnante, ni même forte.
Gothic, c'était le nom de leur lignée. Elle ne se souvenait plus si son père le lui avait dis ou non, mais aujourd'hui, la jeune louve grava ces mots au fer chaud en elle, elle était une Gothic.

Elle ignorait toujours la raison de la venue de ses deux tantes et de leur mère. Akeba savait probablement, s'il lui avait demandé, alors il lui raconterait. Elle se releva et plongea son regard dans celui de sa tante Cynthia.


Elle initia un pas en arrière, ouvrant la marche sans pour autant l'entamer, attendant un signe de son frère, et de sa tante, avant d'aller plus loin.


Mi question mi évidence, Alexis pouvait être brute, et sèche, et peu courtoise, mais la famille c'était ce qui comptait le plus, et il fallait en prendre soin.