Son souvenir devenait déjà flou. Avait-il réellement existé ? Sa voix, son odeur, sa taille ou même juste sa présence, qui pouvait affirmer que c'était réel ?

Seul, entouré par les plantes, comme soutenu et consolé par ses dernières. Balder était assit sur le sol encore humide. Il pensait attendait. Il n'avait pas de tâches à effectuer, la petite grise allait mieux mais pour le deuil était encore lourd. Il n'avait pas eut le courage de revoir la famille jusqu'à présent, dormant soit ici aux plantes, soit à la tanière médicale.

Le mâle était encore un peu bouleversé, mais en lui grandissait une colère. La colère d'avoir était abandonné. Balder ce sentait seul et délaissé, il n'avait plus de figure paternel à qui se confier, à qui demander de l'aide ou des conseils. Lui qui avait déjà fait des erreurs... Ce confier à sa mère était peut être plus simple mais il avait des choses, des choses que seul un père peut dire et entendre. Mais ce père il n'était plus là. Envolé, disparut, décédé.

Ce manque physique mais aussi émotionnel avait donc déclenché une petite crise existentielle. Un besoin de faire mieux, de devenir mieux. S'occuper de sa filleule avait aussi, un peu, déclenché une autre envie. Celle de perpétuer la famille de son père, le rendre fier de lui et pourquoi pas effacer cette terrible erreur de jeunesse. Balder voulait, devait être père. Il savait que Shaya et Gladys ne pourraient pas avoir de petits, sauf adoption. Pour le moment sa soeur Urielle était avec la fille de Fuurin... Mais aucun, aucun louveteaux ne portaient en lui le sang de Gaor, de son père.

Et alors ? Balder ne pouvait pas sauter sur la première femelle venue comme il l'avait fait avec Kaleea ... Se serait décevoir toute sa famille à nouveau. La seule femelle qu'il aime, elle ne le sait pas, elle est plus âgée que lui et puis surtout, elle déjà des louveteaux. Cette femelle a subit un choc émotionnel et il serait vraiment étrange qu'elle accepte de toute bonté de devenir à la fois mère à nouveau mais encore moins sa louve.
Il soupira, renifla, et essuya sa larme. Le caverne regardait les plantes, les fleurs printanières autour de lui, toutes semblaient aussi tristes que lui, pourtant en entendant cette voix douce et familière, un petit parterre de fleur jeune se mit à fleurir quand le mâle redressa la tête.

- Hello Balder.

C'était elle.

- Dame Fuurin ? Bonjour.

Il essaya de cacher sa mine triste par son air enjoué habituel. C'était très surprenant de la revoir depuis que... Pa' était partit. Le bicolore se releva pour se tourner face à la louve, tandis que les petites fleurs jaunissaient le sol entre les deux loups. Comme le mâle était un peu désabusé par ses pensées, la mort, la naissance et l'amour, son pouvoir lui jouait un peu des tours. Mais peut être que la femelle ne remarquera pas grand chose ? Après tout, il pourrait lui faire pousser un gros bouquet de roses juste pour elle, mais ... Il ne connaissait pas encore sa fleur favorite.

- Je ne pensais pas voir voir ici, je suis content. dit-il tout sourire.

Fuurin se rapprochait de lui, sans savoir si c'était la situation endeuillée ou autre chose, mais la femelle, tout comme lui, était hésitante. Balder n'avait pas le coeur à discuter des heures, ou à l'écouter comme avant. D'ailleurs, il y a quelques mois en arrière s'il l'avait vue ici, le mâle aurait surement demandé à la femelle si tout aller bien, est ce qu'elle avait mal quelque part ? Mais là le chagrin gagnait son coeur mais aussi son esprit.

- J'ai entendu pour ton père. Je suis désolée.

[91] Le mâle manqua un battement de coeur. Sa gorge se serra à nouveau et les larmes commençaient en embuer ses billes bleues. La louve n'avaez pas l'air de voir l'état du mal, son museau était bas. Mais lui avait la vue trouble. Il renifla bruyament avant de laisser échapper un couinement. Il fallait qu'il arrive à se calmer un peu, mais [88] la situation était vraiment compliquée pour lui.

Balder ne savait plus, il ne savait plus ce qu'il devait faire, au fond de lui son coeur se tordait de douleur à la fois pour la mort de son tendre père mais aussi et parce qu'il avait en face de lui la louve la plus belle et la plus douce du clan ... Louve qu'il ne s'autorisait pas à toucher et à qui il avait peur de déclarer sa flamme... Mais alors que son corps perdait pattes, son esprit lui divaguait. Les pissenlits jaunissant le sol, créant un tapis d'or se changea tout doucement en tapis blanc, comme une légère couche de neige. Son pouvoir était toujours actif et les pissenlits étaient en train de créer leurs fameux parachutes, avant de faner délicatement.

- C'est toi qui les a fait fleurir ? C'est beau.

Heureusement que la louve était là pour détendre un peu le mâle et changer de sujet. Elle semblait un peu ébahit devant les fleurs qui poussaient. Si seulement elle savait pourquoi ses petites fleurs sortent de terre, est ce qu'elle serait toujours là ? Proche de lui ?
[31] Le caverne ravala un peu ses larmes même si son coeur et son corps était encore douloureux, ses joues humides et ses yeux rougit. Mais au moins elle était là, il fallait se concentrer sur le présent et le positif.

- Oui c'est moi, pardon je ne contrôle pas trop mon pouvoir ses jours ci...

Sa voix n'était pas aussi claire que d'habitude mais il faisait de son mieux pour parler distinctement. Il prit un moment de pause pour asseoir son arrière train, cela évitera à ses jambes de trembler. Ses yeux glacés prirent le temps de scruter la louve, ses cheveux blancs, longs et si doux. Fuurin avait une morphologie très belle, son pelage gris et ses rayures, c'était une louve parfaite. Il voulait lui offrir un cadeau, mais il n'avait rien hormis ses fleurs ? Est ce qu'avec un simple bouquet il aurait le courage de lui avouer ses sentiments ? Il racla sa gorge et dit, essayant un sourire un peu coincé :

- Qu'elle est votre fleur préférée Dame Fuurin ?

[63] Balder essayait de faire au mieux pour ne pas sembler le plus triste du monde, il ne voulait pas non plus ennuyer ou forcer la louve à rester près de lui. Ce n'est pas parce qu'ils sont très proches qu'elle lui doit quelque chose, Balder a toujours fait son devoir de médecin, rien de plus. Mais la voir ici, lui faisait vraiment du bien, finalement peut être qu'au delà de la simple relation médecin et patiente, il y avait au fond un peu d'amitié de la part de la louve.

Elle s'approcha doucement, il pensait qu'elle venait se mettre à ses côtés comme d'un simple réconfort. Lorsque, d'un coup, délicat et souple, Dame Fuurin vient poser sa truffe fraîche sur la joue chaude du mâle. [5] Balder écarquilla les yeux et fit fleurir des violettes tout autour de lui alors que la grise venait de lui lécher ses larmes. Il resta un moment interdit, ne comprenant pas totalement ce qui venait de se passer. Est ce que Dame Fuurin venait réellement de lui faire un ... "Bisous" ? Non ce n'était pas possible, la femelle n'avait pas les même sentiments que lui au fond de son coeur ... Puis elle se recula un peu souriante. Il n'avait jamais vu un sourire aussi éclatant qu'après cette douce attention. Si seulement elle le savait, peut être que lui aussi pourrait être aussi démonstratif avec cette belle louve.

- Je préfère te voir avec un sourire, ça te vas mieux. Quant aux fleurs ...

Balder la fixait, ce n'était pas méchant, ce n'était pas charmeur, juste interrogatif. [14] C'était sur est certain que la louve n'avait pas agit de cette façon par hasard. Il y avait forcément une raison autre qu'un simple soutient émotionnel. Il faut dire tout de même que les deux amis avaient eu une sorte de rendez vous il y a longtemps. Mais malheureusement Balder n'avait pas réussit à réitérer une telle demande en dehors du contexte médical... Il serait peut être temps ?

- Je crois que c'est le coquelicot.

Le coquelicot, cette belle fleur rouge, parfois jaune qui pousse dans les champs ou aux abords des chemin. C'est une fleur efficace pour retrouver le sommeil, il suffit de faire infuser les pétales dans l'eau frémissantes et de boire la tisane quatre à cinq fois par jours. C'est peut être une des première choses qu'il avait apprit, le coquelicot n'est pas toxic. Au contraire c'est un allié contre le rhume et les bronchites. C'est marrant ça, les bronchites. C'est exactement un des maux qui troublera la vie d'Aeryldis, la fille de Fuurin. Est son remède sera la cure de coquelicot, plante favorite de sa mère. En un sens c'est comme s'il y avait toujours ce lien pour les unir...

- Le coquelicot, symbole de la vie, de la plénitude et du bonheur. Je pense que cela vous décris parfaitement Dame Fuurin, vous êtes devenue une louve tranquille et pleine de bonheur avec votre famille désormais. Ca me fait chaud au coeur.

Il avait dit cela en souriant, même si le mot famille était difficile à sortir depuis quelque temps. C'était réellement la pensée du Caverne, cette louve avait souffert plus que d'autres et pourtant aujourd'hui elle arrivait à être mère, fière de ses louveteaux. Fuurin est comme notre joli coquelicot elle ne sait que soigner et apaiser ! La preuve c'est que maintenant c'est elle qui vient en aide au médecin pour le soutenir dans sa douleur. Une louve formidable.

- Dommage qu'il ne pousse qu'à partir du moi prochain, sinon je vous aurais offert un bouquet pour vous remercier.

[21] Le mâle allait mieux, la présence de la louve avait obligé la tristesse à s'évaporer. Certes son minois n'était pas des plus attrayant, truffe qui coule, billes rouge et gonflées, poils humides. Au moins il ne pleurait plus.
La louve leva ses yeux vers lui, l'observant en train de parler. [74] Trop timide Balder détourna légèrement le regard sur la fin. Il le savait, son coeur était à cette femelle, il ne savait pas l'expliquer mais lorsqu'elle était proche de lui, son coeur palpitait, ses yeux pétillaient et maintenant son pouvoir se déréglait. C'était sur, cette louve était la louve.
Donc en effet maintenir son regard orangé, puissant et perçant devenait compliqué pour le jeune mâle. Il ne voulait pas rougir devant elle ou faire le loup timide mais c'était difficile de contenir autant de sentiments.

- Ce n'est pas grave, ce que tu as fait fleurir est déjà superbe.

[87] Soudain la louve s'approcha, son museau toucha tout doucement celui du caverne qui écarquilla ses yeux bleus. Son regarde d'ambre si brillant, il ne pu faire abstraction et sans le vouloir... Il laissa échapper sa petite langue qui vient caresser doucement la truffe de la femelle. Comme prit par son coeur et non par sa raison.

La femelle s'écarta assez vite alors que le mâle rougit. Il avait un peu honte. Fuurin avait du reculer à cause de sa léchouille ? Ou par respect .... Ou quoi ? Il ne savait plus, est ce que tout ça avait vraiment eu lieu ? Pourquoi la grise avait eu cet élan si proche d'un coup, elle qui d'habitude garde toujours une distance, cela était la deuxième fois déjà aujourd'hui... [37] Et si contrairement à ce qu'il pense depuis des semaines, elle aussi était amoureuse ? Balder tiqua un instant. C'est vrai qu'après tout, ils avaient eut un rendez vous et depuis plus rien car il pensait qu'elle n'était pas attachée. Mais là toute cette démonstration était surement un moyen de lui faire comprendre. [33] Gêné, rougissant, laissant fleurir quelque plantes autour de la louve, Balder s'éclaircit la voix.

- Pardon mais, est ce que vous m'aimez ?

[8] Balder ouvrit grand les yeux en même temps que la femelle releva la truffe vers lui. Tout d'eux semblaient choqués par cette question. Même lui, pourquoi, pourquoi il avait dit ça ? Encore une fois il était complètement nul en relation sociale ! Il ne voulait pas offusquer Dame Fuurin ou la blaisser et voilà qu'il venait de totalement là perturber. Et alors qu'il allait ouvrir la gueule pour essayer de rattraper son manque de tacte ... La louve prit la parole avant lui d'une voix très aigüe encore inconnue de ses oreilles.

- Je ... Quoi, je, non ! Pourquoi ... ? Non pas du tout ! Enfin non, je veux dire...

Non ? Fuurin venait de lui dire non ? [11] Balder avait vraiment était con de poser cette question ... Il le savait au fond de lui, la femelle était mère et bien sur qu'elle ne pouvait pas aimer son médecin. Cette proximitée n'était qu'amicale rien de plus et voilà que maintenant il l'avait totalement faite fuir...
Dame Fuurin avait caché sa tête avant de partir en courant et il s'en voulait vraiment de lui faire ressentir toute cette gène. [35] Il avançant de quelques pas dans sa direction, recula d'un pas. Il se mordit la babine en baissant la tête. Il était tant de prendre son courage entre les pattes et d'avouer ses sentiments pour ne pas créer plus de polémique avec la louve grise.

Il s'élança et se mit à courir après elle, l'ancienne messagère était toujours aussi rapide et le caverne avait un peu de mal à suivre... Il cria son nom avant d'arriver enfin à elle, essoufflait et tout perturbé, il lança sans trop réfléchir :

- Je, je ne voulais pas vous, vous faire de la peine mais...

Il souffla un grand coup et reprit assez clairement :

- Je vous aime, pardonnez moi Dame Fuurin...

Il avait la tête basse et sentait son corps prendre feu en lui. Le stress, le coeur battant, il avait peur de la réponse, peur de la claque ou du coup de crocs... Mais une chose est sur il n'osait pas la regarder en face.

Comme il le pensait la louve resta choquée, gueule ouverte. Elle était si belle et si mignonne. Mais il ne pouvait pas la regarder de trop, son coeur battait déjà fort et il avait bien trop peur de ce qu'il lui arrivait. Balder avait le corps chaud et en total ébullition. Le caverne n'avait pas les idée claire mais il n'osait même pas imaginer tout ce qu'il pouvait se passer dans la tête de la grise...

- Mais j'ai deux fois ton âge ! Je ... ce n'est pas ...

Sa voix si aiguë fit sursauter le médecin, il se redressa et vit le regard de la femelle, fixé sur lui. Elle avait clairement tout les symptômes de la peur et de la panique. Mais il avait bien compris qu'elle n'avait pas du tout les même sentiments que lui pour elle... C'était encore une fois comme un échec pour le mâle mais en même temps elle avait raison, il pourrait être son fils en quelque sorte.
Pour lui l'age avait peu d'importance car l'amour peut être plus fort que tout. Ses propres parents se sont aimés, perdus de vue et retrouvés comme au premier jour. Lui aussi il aurait bien voulu vivre ça et il pensait pouvoir le faire avec elle...

- Je sais que vous ne pouvez m'aimer... Je ne vous demande pas de m'aimer. Je pensais qu'il y avait peut être plus de votre côté aussi et je me suis fourvoyé ... Pardonnez moi.

Il détourna le regard essayant de ne pas tout briser entre eux ... Fuurin était une louve belle et formidable qu'il voulait absolument garder dans son cercle d'ami proche. Si la femelle le refusait, il sera décidément anéanti... Surement qu'il fera lui aussi comme Urielle, vivre dans les plantes mouvantes pour toujours.

- Pourrions nous tout de même rester amis ? Je ne souhaite pas vous perdre ...

Il essaya de tenir un peu son regard dans les yeux doux de la louve grise. Mais c'était dur, son coeur saignait pour Gaor et maintenant pour cet amour avorté trop jeune. Si seulement elle pouvait lui dire oui, lui dire "je t'aime" ... C'était surement peine perdu. Et à cette idée ses yeux bleus commençaient à sa remplir de petites larmes alors que son poils lui donnait bien trop chaud pour la saison.
Quoi qu'il arrive, le mâle lui laissera tous les jours au moins un coquelicot devant sa tanière jusqu'à se faire pardonner.

Le coeur du caverne se serra de douleur lorsqu'il prononça le mot amis. Il entendit aussi le gémissement de la louve. Mais il ne savait pas pourquoi, peut être car elle ne voulait peut être plus être son amie ? Après tout, elle devait avoir raison, lui il était jeune, elle plus âgée, cela pourrait renvoyer une mauvaise image de lui ou même d'elle face au clan, et Balder ne pouvait pas imaginer voir la louve qu'il aime blâmée pour ses sentiments. A la base ils n'étaient que des loups exécutant leurs fonctions, lui de médecin et elle de messagère blessée. Mais au fil des traitements, au fil du temps, elle avait finit par éveiller en lui une sensation, ce petit picotement dans le ventre. Balder n'avait pas ressentit cela pour d'autres femelles, mais est ce que en faite c'était pas juste à cause du temps passé près d'elle ? C'est vrai que finalement le caverne avait passé bientôt plus de temps avec la grise que sa propre soeur par exemple... Alors est ce ça qui développe les sentiments d'amour ? Est ce ça l'amour ?

- Balder je ... j'ai peur de te faire du mal. Toute ma vie je l'ai passée à perdre et voir les autres détruits sans pouvoir rien faire. Je ne comprends pas ... Ce que tu vois en moi.

Il redressa la tête au doux son de voix tourmentée. Elle avait peur de lui faire du mal ? Elle ? Fuurin était la louve la plus douce, la plus aimable et adorable qu'il avait pu rencontrer dans sa vie. Elle n'avait aucune once de méchanceté dans son coeur ni dans ses yeux profonds. De quoi pouvait-elle parler, de quoi est ce qu'elle pouvait avoir peur ? La femelle n'avait même plus son pouvoir ... Elle était si seule et sans défense, et puis ... Actuellement c'est plutôt le crème qui la fait souffrir.
Balder remarqua la larme perlant sur le museau de la grise, il s'en voulait tellement de lui faire du mal, de la faire souffrir. Il ne voulait que la rendre heureuse, joyeuse et la protéger autant qu'il le peu. Lui qui n'aime pas les conflit se retrouve dans une situation insupportable. Son coeur saigne et son esprit s'égare. Mais alors qu'il allait lui répondre, qu'il allait lui dire pourquoi et tout ce qu'il voit en elle, la femelle reprit la parole laissant le mâle la gueule entre ouverte.

- Je ne veux pas te perdre non plus, je veux simplement ... que tu soit heureux. Qu'on soit heureux. Je ... suis amoureuse de toi.

[10] Le temps venait de s'arrêter. Les yeux du loup ne bougeait plus, son souffle était coupé, sa bouche ne s'était pas refermée. Un long moment passa, comme si le monde avait arrêté de tourner. Le mâle ne savait pas. Il ne savait pas s'il avait comprit correctement, est ce qu'elle avait bien dit ça ? "Amoureuse" de ... lui ? Il bougea enfin, pointant le museau vers le sol et clignant des yeux à plusieurs reprises. Puis il releva la tête vers elle.

- T-t-tu m'aimes ? Pour de vrai ?

Il regarda la louve, avec un petit sourire, ni trop imposant ni effacé. Il n'osait pas se réjouir trop vite. Lui qui il y a même pas cinq minute pensait être le seul à ressentir de tels sentiments pour la louve ... Est ce que tout ce qui venait de se passer était vraiment réel ou juste un rêve, une hallucination face à la douleur émotionnelle ?
D'ailleurs son corps était comme apaisé, comme détendu, mais toujours avec une pointe d'inquiétude. Il attendait confirmation avant de sauter de joie, mais on pouvait clairement lire dans son regard que ce qu'il avait entendu le réjouissait déjà d'une vie plus heureuse et épanouie que jamais.

Fuurin resta un moment le museau bas, toujours pointé vers le sol, fuyant le regard du mâle. Il avait finit par comprendre que ce n'était pas fait de manière impolie, mais plus par honte. Cependant la louve grise ne devait pas avoir de honte de ça, de l'amour. C'était plutôt quelque chose de beau et de doux qui venait la prendre et la porter délicatement. Balder aussi avait quand même un peu de stress et de honte, il faut dire que ce n'était pas si simple d'assumer ses sentiments, si seulement on lui avait apprit à assumer clairement cela, peut être que cela aurait évité la course poursuite...

La femelle releva ses yeux d'ambre sous le regard déjà aimant du médecin. Il était si jeune mais avait envie de devenir le meilleur des adulte, des compagnon de vie pour elle. Fuurin était une femelle extraordinaire pour lui et il était clair qu'il ferait tout pour le rendre la plus heureuse. Avec lui elle n'aura plus de peur à avoir. Ce moment de flottement, tête à tête, yeux dans les yeux, fit frissonner le mâle qui sentit tout son poil gonfler et hérissait, surtout sur ses joues. C'était donc ça la sensation réelle de l'amour ? Si c'était ça, il voulait le ressentir à chaque jours qui passe à ses côtés.

- Oui

Un silence mais surtout un grand sourire éclatant se forma entre les babines du mâle caverne. Son coeur battait toujours mais les battements étaient devenus comme plus doux, moins perforant, son esprit était libéré d'un poids, celui de l'inconnu. Fuurin l'aimait, elle avait dit "oui". Ce "oui" ce petit "oui" semblait rien mais pourtant c'est la plus belle chose que le mâle aurait pu entendre aujourd'hui. Il releva la tête au ciel, papa devait être fier de son fils qui devient grand. Outre faire la guerre, il essaye de devenir un loup respectable et respecter à sa façon.

Il redescendit sa tête vers elle, Balder voulait lui sauter dessus et la prendre dans les pattes, mais il savait que ce n'était clairement pas un comportement approprié pour la louve, sa louve. Elle avança un peu, hésitante. Alors il décida de faire le premier pas, doucement il posa sa truffe tu celle de la femelle, fermant les yeux, il avança doucement face à elle jusqu'à que les poils du poitrails la frôle. Il s'arrêta ainsi, faisant glisser la truffe de la femelle dans son encolure. C'était un premier contact timide, mais au moins c'était leur premier contact en tant que couple.

- Merci, Fuurin.

La louve grise qui avait perdu ses grelots sourit presque timidement. Elle était toujours un peu plus sur la réserve que le mâle. [30] Il savait très bien pourquoi, c'était une louve qui avait beaucoup souffert et qui malgré tout essayé de se reconstruire au mieux. Mais pour cela il était là, le caverne comptait bien l'aider et l'épauler jusqu'au jour où elle pourra avoir une confiance aveugle en lui et ses faits et gestes. En attendant il lui laissera le tant voulu, de toute façon Balder n'est pas du genre pressé. Il aime sa vie paisible, ses plantes, sa famille. Il ne pourra pas quitter sa tanière du jour au lendemain pour vivre avec la grise. Il veut prendre son temps lui aussi, le médecin est jeune et doit s'habituer à sa nouvelle vie.

- Mais ... Il faudra aller lentement. Tu sais ... Tu sais pourquoi.

[16] Il sentit la femelle reculer sous la pression et l'angoisse. Il ne la retint pas et surtout garda son sourire aux babines. Elle avait le droit de reculer, elle avait le droit d'avoir peur et de ne pas être à l'aise, il le savait, le traumatisme prendra du temps, il était déjà bien assez fière que la femelle arrive à sortir du camp, alors pour se blottir l'un contre l'autre, il pourra toujours attendre, des années s'il le faut. Pour le moment leur relation et son amour réciproque lui suffit.

Il hocha la tête en guise de réponse, toujours silencieux et doux. L'après midi pourra continuer ainsi dans le calme et la plénitude. La journée avait été forte en émotion, passant du deuil à l'amour. C'est vrai qu'il avait commençait ça journée ici en pleurant son père, mais voilà qu'il devenait un bon loup près à grandir et à effacer la douleur du deuil. Gaor pourra être fier de lui. Mais en attendant, tous les prochains jours de la saison d'été, il viendra faire fleurir des coquelicots devant la tanière de sa douce, pour lui prouver son amour et son attachement.