GAOR

Urielle avait été recrutée pour s'occuper d'un des nouveaux nés rejetés par Fuurin, depuis, il n'avait pu la voir. Pour des raisons évidentes, tant que le petit était trop jeune, les contacts étaient limités. Sa fille avait donc dû s'installer dans la tanière de l'alpha qui avait adopté la petite chose orpheline. Gaor se sentait seul depuis.

Laïda avait disparu depuis quelques jours, Widys était partie avec Balder au clan du Désert, et Gladys passait tout son temps avec sa compagne quand il n'était pas en entraînement. Il ne pouvait même pas profiter de son spot de sieste favoris avec les frères Gothic, car ceux ci étaient partis encourager les membres de leur famille inscrits aux épreuves.

Aussi avait-il fini par demander à Zephilian s'il pouvait passer voir sa fille, qu'il soit présent ou pas. L'alpha lui avait donné l'autorisation sans problème, le bébé avait eu le premier lait et était maintenant normalement hors de danger. Aussi, il s'était rendu ce jour là, de son pas claudiquant, voir sa fille.

Il s'assit devant l'entrée de la tanière du mâle brun et tapa de la patte dans le petit code qu'il avait avec sa fille, et attendit. Il se doutait que dans quelques secondes, une bombe de fourrure lui sauterai dessus. Il sourit par anticipation.

GAOR

Un son sourd lui parvint du fond de la tanière. Sa fille était bien là et elle allait le rejoindre. Il se prépara à recevoir sa boule d'amour à fourrure. Elle sortit de la tanière ventre à terre, jappant, la queue s'agitant avec force. Elle avait pris du poids, ce qui n'était pas surprenant avec un petit à nourrir, elle ne bougeai plus beaucoup et devait bien se nourrir pour produire suffisamment de lait. Son poil était emmêlé, signe qu'elle ne devait plus prendre beaucoup de temps pour se faire une toilette correcte. Gaor jappa également, ravi de revoir son petit rayon de Soleil.

Il huma profondément la nouvelle odeur de la louve crème, teintée de celle du petit qu'elle allaitait. Ils se firent un calin avec douceur, comme toujours avec elle. Elle connaissait ses douleurs et était presque plus précautionneuse que sa mère avec son vieux père. Malgré tout, il sentait bien qu'Urielle n'était pas à cent pour cent avec lui. Ses oreilles étaient tournée vers l'intérieur de la tanière de l'alpha dans laquelle dormait probablement son petit protégé.

Gaor écarta sa fille de son poitrail et lui indiqua la tanière du museau. Accepterait-elle de lui montrer le petit? Peut-être serait-elle plus à l'aise avec lui si son bébé était sous ses yeux? Il tapota le sol devant lui, lui indiquant qu'il resterait là aussi longtemps qu'elle le souhaiterait. De toute façon, il n'y avait pas grand chose d'autre qu'il puisse faire vu son état. S'il pouvait profiter plus longtemps de sa fille, il n'allait pas s'en priver.

GAOR

Urielle s'écarta de lui à regret, il sentait bien que quelque chose n'allait pas. Comme si cette tâche était trop pour elle. Elle adorait les petits, ça il n'en doutait pas. Mais là, on lui demander d'endosser le rôle d'une mère. Il ne s'agissait pas de garder un petit déjà partiellement autonome pendant une partie de la journée. Non, là on lui demandait une implication 24h/24 et Gaor se demandait si elle était prête pour ça. Certes au moment où Fuurin avait mis bas, aucune autre nourrice n'était disponible pour le faire, mais cette situation n'était peut-être pas idéale pour la douce caverne.

Elle ressortit quelques secondes plus tard avec la toute petite boule de poils entre ses crocs. Gaor ne put s'empêcher de remarquer la peau de son ventre rougis par les touffes de poils qu'elle s'était arrachée. Il ne put empêcher la peine de se peindre sur son visage. Sa fille avait dû faire une grossesse nerveuse pour pouvoir nourrir la petite... C'était probablement une expérience traumatisante pour une jeune louve inexpérimentée... Il demanderait à Widys de passer la voir, juste pour s'assurer que tout allait bien pour elle. Il reporta son attention sur la petite créature que sa fille avait poussé entre ses pattes.

La louvette était minuscule, petite chose grise, probablement encore sourde qui le regardait de ses yeux d'un bleu profond. Gaor sentit son coeur fondre pour la petite chose. Il avait toujours aimé les louveteaux, mais les seuls qu'il avait vu de cet âge étaient ses enfants naturels. Il revoyait Urielle avec ses mêmes billes écarquillées, avide de découvrir le monde. Un besoin de la protéger elle aussi gonfla dans son coeur. Il donna un coup de museau affectueux à sa fille avant de toucher délicatement la petite avec sa truffe. Il pouvait sentir son coeur battre à tout allure. Il devait paraître gigantesque pour elle. Il se coucha pour paraître moins impressionnant, la laissant grimper maladroitement sur sa patte avant. Il sourit à sa fille, elle s'était trouvé là une occupation adorable.

GAOR

Gaor laissa la petite chose mordiller ses orteils. Ses petites dents étaient encore très pointues, comme les crocs de lait de tous les louveteaux, mais il avait la fourrure épaisse et ses petites mâchoires n'arrivaient pas à la traverser.

Il posa sa lourde tête sur le sol, soupirant de bien être. Il avait toujours adoré les louveteaux, il en avait adopté plus que sa part d'ailleurs, ces moments où ils apprenaient à marcher, à sauter, à courir, où ils tombaient lourdement à cause de leurs petites pattes instables avaient toujours été ses préférés. À cet âge, il était un géant et un héro pour eux.

Urielle jappa, attirant son attention. Elle avait elle aussi la tête au sol, elle regardait la petite, maintenant fièrement assise sur le crâne de son père, mais ne souriait pas, signe qu'elle était sujette à l'inquiétude. Gaor lui sourit.

Va aller Uri...

Son chuchotement rauque suffirait, il l'espérait, à lui faire comprendre que tout irait bien. Elle était au sein d'un clan, et elle avait une famille soudée et aimante, elle ne serait jamais seule pour affronter ses craintes et ses doutes. Il ferma les yeux, grimaçant légèrement alors que la petite boule de poil tirait sur ses oreilles.

GAOR

Le visage de sa fille s'illumina et elle rampa vers lui pour lui faire une léchouille sur le museau. Un son rocailleux monta de sa poitrine alors qu'il riait doucement. Sa petite Uri était un véritable rayon de soleil, avec elle pour mère, il ne faisait aucun doute que la petite Aeryldis serait une jeune louve adorable elle aussi. Elle était d'ailleurs en train de lui grimper sur la tête en s'accrochant à son oreille de ses petits crocs pointus. Il pencha la tête avec une légère grimace de douleur et elle parvint enfin à s'y hisser.

Il eut un moment de nostalgie en se rappelant de tous ses enfants qui avaient fait exactement la même chose que la petite louvette. Si, bien sûr, il ne l'aurait jamais avoué clairement, Uri avait été sa favorite entre toute, toujours enjouée, toujours dans ses pattes, la voir ainsi adulte et s'occuper de son petit, fusse-t-il d'adoption, lui gonflait le coeur de fierté.

Elle soupira et des lucioles voletèrent autour d'eux, fascinant la petite louve qui tentait de les attraper. Le vieux guerrier posa sa lourde tête sur sa patte avant et ferma les yeux. Il était agréable d'être simplement ensembles.