Depuis les marais, il n'avait pas revu son fils. Il se disait qu'il y retournerait bientôt, mais ne voulait pas s'absenter plus que nécessaire. Heimdall ne tenait pas tant que ça qu'on sache ici qu'il avait engrossé une caverne, et s'il aimait beaucoup son fils, il restait neutre vis-à-vis d'elle.

Pour ce matin il avait programmé un immense jeu de piste dans le clan pour son escadron. Entrainement visant à renforcer leur cohésion et leur entente, ainsi que leur coordination. Heimdall estimait ces éléments nécessaires et en effet, aucun loup de son groupe ne pourrait réussir ce jeu sans avoir un sens de la camaraderie éveillé.

Il était la réponse finale du jeu et si son escadron jouait bien, les petits groupes formés devraient le retrouver ici. Donc Heimdall était confortablement assis contre un arbre,à se curer une dent pour enlever un morceau de nerf de son gouter qui était restée coincée. Il dressa une oreille et soupira. Svalrog n'avait-il donc pas le cran pour venir lui dire lui même? Heimdall pourrait presque être offusqué que son confrère envoie quelqu'un pour parler à sa place, m'enfin.

Il s'étira en baillant puis se releva en secouant sa maigre tignasse, pour reporter son regard de braise vers la sentinelle.


Il n'en voulait pas à Lavande, après tout elle n'avait pas tellement eu le choix selon ce que pensait Heimdall, elle ne faisait qu'exécuter un ordre. Il savait qu'elle était efficace dans son travail aussi le chef d'armée ailé s'attendait à recevoir toute l'info en un coup, cela serait sans doute une entrevue bien courte.

Le vampire s'assit bien face à elle pour l'écouter et hocha la tête à sa première phrase . Soit, elle n'avait pas tord sur ce point, bien que selon lui Svalrog aurait pu se tenir le plus au courant possible pour pouvoir répondre à toute question, après tout c'est lui qui devait faire le rapport de ses espions et sentinelles aux gradés. Enfin, le dragon aurait tout le temps de peaufiner ça plus tard...


Il pris un air grave en entendant la suite. Ses sentinelles étaient postées plus loin dans les terres, et n'avaient sans doute pas eu de problème. Visiblement ça chauffait en terres solitaire, c'était mauvais signe. Il la fixa.

Le loup la regardait d'un oeil, tandis que ses oreilles identifiaient le moindre son, attendant que ses loups le retrouvent. Il avait prévu une dernière épreuve et se démangeait les griffes dans l'attente.

Lavande réfléchit un peu, elle semblait retracer dans sa tête tout le plan des frontières et y placer un point à chaque loup qui la gardait. C'était une louve efficace, Heimdall appréciait le travail
qu'elle fournissait presque et regrettait presque qu'elle ne soit dans son escadron. Une sentinelle de qualité, cela se chérissait. Il hocha la tête quand elle eut fini.


Il lui fit un petit clin d'oeil et battit son moignon de queue dans l'air. Heimdall n'avait pas souvent l'air sérieux quand il passait une bonne journée, et il passait une bonne journée. Mais il ne fallait pas s'y fier, Heimdall était un loup redoutable qu'il ne fallait pas énerver, ses loups d'escadron l'avaient pour la plupart bien capté.

Le vampire pencha la tête en clignant de l'oeil, curieux à présent, et rendu tout à fait naturel maintenant que leur entrevue "officielle" était terminée. Le loup savait faire la distinction entre le travail et la vie courante, aussi maintenant que le rapport de la louve était fini telle qu'elle l'annonçait, il pouvait se permettre un peu de détente.

Ainsi, il hocha la tête, pour qu'elle puisse poursuivre. Il lui fallu un petit temps avant de se souvenir. Horik était le fils de Lagherta, elle même fille de son ancien alpha Gaor. Il se souvenait à présent qu'il était manchot, mais né comme ça, il afficha un sourire rassurant.



Elle secoua la tête en faisant danser ses longs cheveux, faisant rêvasser le chef d'armée à qui il manquait les siens. Il secoua la tête et ce n'est que sa micro crête qui bougea. Il loucha vers le haut d'un air rageur avant de soupirer et de plonger son regard d'or et de sang dans celui de la sentinelle.


Il appuya son regard, espérant avoir été convainquant, n'ayant sans mal pu deviner l'embarra chez la sentinelle. Il se secoua à nouveau, dressant l'oreille au son de hurlements lointains. Un sourire calculateur fendit son visage et il tapota la place à côté de lui.



Il lui expliqua rapidement le jeu qu'il avait mis en place pour ses loups, et si tout s'était bien passé, ils seraient revenus vêtus de tas de choses leur donnant un air louffoque...

On ne comprenait pas souvent les méthodes du militaire, mais tant que cela marchait, il n'y avait personne pour le contredire, et il ne faisait nul doute que l'exercice de ce matin avait renforcé ses troupes.

Assis, les ailes bien rangées contre lui, le chef d'armée affichait un large sourire tandis qu'il entendais le galop de ses loup se rapprocher. Lavande paraissait si petite à côté de lui, il lui lança un sourire rieur ainsi qu'un regard complice.


Petit à petit, des duos de loups appartenant tous à son escadron arrivèrent dans autour d'eux, l'encerclant. Certains étaient drôlement vêtu, tantôt avec une liane autour du ventre, tantôt avec une énorme fleur en guise de chapeau. Certains avaient même enfilé des feuilles autour des pattes, comme si c'était des chaussettes.


Le jeu avait été simple. Ses loups partiraient en duo dans les plantes et la forêt. Ils devaient en équipe imaginer des accessoire qui leur permettrait de mieux se camoufler dans la nature, que leur fourrure pour la plupart trop colorées.

Quand une équipe en rencontrait une autre, ils devaient combattre et le premier des loups à toucher le sol avec son dos faisait perdre son équipe, et devait donc donner ses accessoire à l'équipe adverse.

Finalement, chaque duo avait au moins une chose sur lui, et Heimdall afficha un large sourire, ignorant royalement le rire qui pointait en lui. Son but n'avait pas été d'apprendre à ses loups à se camoufler, non. Ainsi, certains loups qui ne se connaissaient pas bien avaient pu faire preuve de complicité. Il savait son escadron renforcé et il sortirait plus fort aujourd'hui qu'il ne l'était hier.

Battant un instant des ailes pour les dégourdir, il se leva une fois que tous ses loups furent autour de lui. Il leur expliqua sa ruse, et si certains parurent agacés au début de s'être habillé ridiculeusement pour rien, Heimdall vit rapidement des regards complices qui n'existaient pas encore ce matin se lancer. Finalement, à la fin, Heimdall lacha ses loups qui furent libre de leur journée, et les rires se perdirent dans la forêt alors qu'ils s'éloignaient. Il coula un regard à la louve toujours à côté de lui.


Il s'ébroua et salua d'un mouvement de tête la sentinelle.


Puis il coinça sur sa tête une fleur énorme et blanche en forme de cloche, et se dirigea fièrement vers le camp.