Le chef d'armée vampire brûlait de fureur. L'un de ses soldats avait encore fait parler de lui, et le cendré était bien décidé à le punir suffisamment pour qu'il cesse enfin. Mais encore fallait-il remettre la patte dessus. Il avait marché dans tout le camp, sa colère le faisant vibrer à un point que quiconque l'interrompait dans sa démarche regrettait le geste. C'est ce qu'un idiot cru bon de faire quand une idiote de sentinelle déboula devant lui, essouflé, et réussissant presque à le renverser.



Il poussa la sentinelle d'une patte et, farouche, décolla ni une ni deux. Rien n'echappait à son regard, même s'il lui en manquait la moitié. Il repéra rapidement une trace et la suivit , faisant plusieurs tours et détours. Au final, une fourrure lui rappelant celle de son soldat en fuite apparut le long du fleuve, il pesta. En plus de ça son loup se droguait! Il allait regretté d'être né, cet idiot.

Alors qu'il se rapprochait, il remarqua rapidement que le loup en question n'était pas le sien, bien qu'il ne reconnu pas celui qui portait ces couleurs. Toutefois il vit du coin de l'oeil, alors qu'il allait faire demi tour, la sentinelle qu'il avait renversé plus tôt, arrivant en panique vers le loup vert crème.

Odine! Je n'ai pas réussi, il s'est envolé avant que je ne puisse lui dire quoi que ce soit.

Suspect, Heimdall leva un sourcil et plongea en piqué vers le duo et atterrit bruyamment ,faisant presque trembler la terre. Il regarda la Vie d'un oeil interrogateur.

Il ne prêta pas attention à la sentinelle, trop obnubilé par la Vie qui avait demandé à le voir en privé. Pourquoi diable avait il encore attiré l'attention d'une créature Immortelle? Ho il l'était aussi, mais lui n'était pas élu des dieux, élu de rien d'ailleurs.

Lorsqu'Odine reporta son attention sur elle, il y distingua sans nul doute une lueur de curiosité. Il dressa l'oreille du côté de son oeil borgne, toute attention portée vers la louve.


Finalement il se détendit, elle n'était venu que pour ça? Il la regarda, hésitant entre l'agacement d'être dérangé pour si peu ou entre l'amusement d'une demande aussi ridicule.


Vous devez vous tromper de personne, voilà la phrase qu'il ne finit pas, alors qu'un éclair de souvenir le traversa. Il sursauta, dressant les oreilles, et la tête. Une moue surprise déforma son visage, alors qu'il ne savait plus fermer la bouche.


Si, elle se souvenait, de cette caverne à la con qui lorgnait leur frontière, qu'il avait reconduit loin de chez elle, sans savoir pourquoi, et qui avait.... Il frissonna, grogna, et tapa dans la terre.

Rageusement, il ravageait la terre autour de lui, ne cessant de répéter des "merdes " deplus en plus furieux. Il se figea néanmoins et se retourna vers la Vie, vert de rage.



Il se retourna pour taper encore dans la terre.


Il cessa de martyriser le sol pour rugir au dessus de l'eau. Il avait fait attention pendant si longtemps, à ne pas assouvir ses instincts ainsi, attendant de trouver la bonne, cette louve qui l'aimerait, et lui se faisait envouter par une caverne à la con, qui avait eu l'audace de lui donner un fils!

Un instant, il prévit une escapade en terre solitaire, éliminant définitivement cette louve affreuse et ce bâtard qu'elle avait engendré, soufflant sur son passage n'importe quoi qui se dresserait devant lui pour l'en empêcher.

Mais il resta sur place, le regard dans le vide, son reflet miroitant à la surface rouge du fleuve.

Il avait un fils.

Il baissa le regard pour regarder les remouds déformer son visage à la surface du liquide écarlate. Pensif, mais sans savoir à quoi penser. La haine envers cette louve brûlait dans ses entrailles, il regrettait amèrement de ne pas avoir mis fin aux jours de ce démon. Un grondement faisait vibrer son diaphragme. Il poussa un soupir vif.


Il se sentait sali, outragé. "les deux se débrouillaient très bien". La louve était aveugle, l'avait elle roulé tout simplement pour obtenir de lui ce qu'elle désirait? Cette pensée l’écœura. Heimdall n'était pas un noble mais avait assez de vécu pour savoir se comporter comme tel, pour connaitre les secrets du respects, bien qu'il n'en use pas si souvent. Et penser que cette louve se soit montrée faible et en danger devant lui, et qu'il n'y ai vu que du feu...


Il secoua la tête pour remettre de l'ordre dans ses pensées, pensées toujours en pagaille, qu'allait il faire maintenant? Vivre sa vie? Ce gamin il n'en voulait pas, il n'en avait jamais voulu, mais c'était le sien. Et s'il ne participait pas à son éducation, il ne pouvait pas non plus le renier. Que se passerait-il, dans deux ans, quand ce gamin sera grand, et qu'il débarquerait?

Heimdall avait grandit sans son père, et encore aujourd'hui ignorait ce qui aurait changé dans sa vie si son paternel avait été là pour lui. Il secoua à nouveau la tête, son père n'était guère un exemple.

Il ne quitta pas le fleuve des yeux.

Il sentait le poids des yeux de la louve sur lui, cela l'angoissait encore plus. En prime, elle n'eut aucune réponse à lui apporter. Il resta figé, l'entendant s'éloigner. Puis il rugit de fureur une nouvelle fois, frustré de son indécision et de son impuissance. C'était sa faute à elle, elle l'avait asticoté, verni, frotté, ensorcelé, c'était son problème à elle si elle avait été en cloque.


Il passa sa colère sur le sol, réduisant en charpie tout ce qui se trouvait sous ses pattes. Quand il eut fini, il décolla d'un coup, rageusement, et vola, filant droit vers les tanières.



Il ignorait où il devait aller, où elle irait. Il avait déjà oublié son odeur. Mais les tanières lui semblaient un point logique. Il atterrit rapidement, ayant mis toute sa fureur dans la vigueur de ses ailes. Malgré ça il tourna longtemps en rond, le frustrant, le rendant furieux, ignorant qu'il était possible de l'être plus encore. Il était clair à présent que si habitant il y avait, ils avaient déjà connaissance de sa présence.


Il recolla sa truffe au sol, cherchant une piste qu'il n'avait pas mémorisé. Quand tout à coup, une odeur inconnue, mais familière à la fois, le surpris. Une odeur, son odeur. Une odeur de musc, de menthe et de poivre, mais mélangé à autre chose. Une odeur de terre et de sable. Il gronda, il suivit la piste.


Il arriva devant une tanière, non loin d'un grand arbre. Sans nul doute quelque chose y vivait caché, et il ne se faisait pas d'illusions quand à l'identité de ceux qui s'y étaient tapis, sentant probablement la menace qu'il représentait. Il resta planté là, la tête devant le trou, ses yeux brillant fixant la pénombre, mais il n'y vit rien d'autre que le noir.


Il tendit une aile, et précautionneusement, s'arracha une plume et la posa devant lui, symbole de son passage. La plume, argent et dorée, se posa avec légèreté sur le sol.


Il n'en avait rien à foutre d'elle, elle pouvait crever qu'il festoierait quand même. Mais lui, s'il avait besoin d'aide, alors Heimdall serait là. Et avec cette simple plume, il escomptait bien que cette gouine comprenne.


Il se retourna, prêt à décoller, quand il se retrouva face à une louve noire comme la nuit aussi grande que lui, qui se dressait devant lui. Il sentait la peur émaner d'elle ,mais elle se tenait droite. Il plissa les yeux, exhiba les crocs une seconde et souffla. Une solitaire, il s'en cognait des solitaires.


Il se ramassa sur lui même et décolla sans élan, projetant sans doute une gerbe de poussière dans le fond de la tanière. Sans un seul regard en arrière, il s'éloigna aussi vite qu'il était arrivé, laissant cette Sorcière et son rejeton aux pattes de leur gardienne.