La Chose avait couru longtemps. Si longtemps qu'elle en avait oublié qu'elle avait un nom, elle en avait oublié qu'elle était un loup. Les voix l'appelaient juste La Chose. La Chose se souvenait qu'elle avait appartenu au dieu blanc. Elle avait d'abord été capturée par la bête aux yeux verts luisants, puis elle avait été soumises par le monstre cendré au crocs de sabres. Et enfin, elle s'était totalement offerte au dieu. Le dieu l'avait rendue forte, elle avait toujours été forte, son corps grand et puissant l'avait longtemps tenu à l'abri du danger. Mais le dieu l'avait rendu puissante. Et La Chose avait aimé la puissance. Elle avait aimé prendre ce qu'elle voulait, prendre les louves qui lui plaisait, la nourriture que les faibles chassait pour elle, la peur qu'elle inspirait.

Mais le grand dieu avait disparu, et avec lui la toute puissance de La Chose. Alors La Chose avait fui. Au début, elle était restée non loin du sanctuaire de son maître, mais bientôt, les autres adeptes commencèrent à disparaître, puis la rumeur que le monstre cendré avait été relâché par les clan pour les éliminer tous s'était répandue comme une traînée de poudre. On avait retrouvé le corps supplicié de l'Ardente Rouge, La Chose aurait bien voulu la posséder, mais même pour elle, avec la puissance donnée par le dieu blanc, elle avait été hors de portée. Ça avait confirmé les craintes de tout le monde, le Monstre était en liberté.

Alors la chose avait fui. Elle ne s'était pas contenté de fuir un peu plus loin, attendant que la traque commence, non. Elle avait couru, nuit et jour, elle avait couru jusqu'à ce que les coussinets de ses pattes soient à vif. Elle avait traversé les montagnes, puis un désert avant d'arriver au bord de la mer. Elle s'était alors écroulée. Et les voix étaient venues. Les voix étaient parfois douces, parfois mauvaises. Elles l'encourageaient avant le la remettre plus bas que terre. Elles l'avaient forcé à se relever, à tuer, La Chose avait repris des forces. Ses muscles d'avant le dieu blanc étaient revenus. Alors les voix lui avaient dit de retourner chez elle. De reprendre le pouvoir qu'on lui avait volé. Elle devait tuer le Monstre et prendre tout ce qu'il avait. Tous réduire à l'état de carcasse dévorée par les corbeaux.

Alors La Chose avait de nouveau traversé le désert. Elle s'était reposée dans les montagnes, puis elle les avait de nouveau franchies. Le Monstre ne fut pas long à trouver. Il s'était installé, fait un beau territoire. Les voix tournaient dans sa tête comme des bêtes folles de rage, emprisonnées, privées de ce qui leur revenait de droit. La Chose traversa la frontière puante du Monstre. Les voix exultaient, bientôt, la terre et La Chose seraient gorgés de sang.

Bientôt, des voix bien réelles lui parvinrent. Des babillements de louveteaux. Les voix étaient surexcitées. Il y avait longtemps que les crocs de La Chose n'avaient pas transpercé la chair tendres de jeunes créatures. Elle huma l'air, il y avait deux adultes avec les petits, elles portaient légèrement la trace olfactive du Monstre. Elles lui appartenaient. Il était temps que La Chose les lui prenne. Elle resta tapie quelques minutes pour les observer, malgré les protestations véhémentes des voix, impatientes et avides de violence. La plus vieille, il la connaissait. Il l'avait déjà vue au service du Dieu blanc, c'était l'une de celles qu'il n'avait pas pu avoir, un autre avait pris les devants. Et la deuxième, c'était l'engeance de cet autre. Ils l'avaient pourtant tous crue morte quand l'autre avait mené son attaque suicide. Elle devrait être punie plus durement que les autres, elle avait abandonné le dieu blanc. Elle était une hérétique, une infidèle. Les voix voulait que La Chose commence par elle. Mais elle voulait d'abord éliminer la première, elle était la plus sure d'elle. La deuxième suivait, comme un fantôme.

La Chose jaillit du fourré et se jeta sur celle à l'oreille coupé. Elle ne l'avait pas vu venir, elle n'eut même pas le temps de l'esquiver, et encore moins de contre attaquer. L'autre s'était figée, et les mets délicats qui les accompagnaient s'étaient caché derrière elle. La Chose, posa sa patte sur la cage thoracique de sa victime et, poussant de tout son poids, il finit par entendre le bruit satisfaisant des os qui se brise. Pour s'assurer que la louve ne pourrait pas se relever, elle pressa ses crocs épais sur l'articulation de sa patte postérieure. La louve hurla de douleur. La Chose rit. Les Voix l'invectivaient, l'insultaient. Si elle s'était donnée au Monstre, elle était tout aussi coupable d'hérésie que sa descendantes tremblotante. Il la finirait plus tard, qu'elle voit d'abord les autres mourir, cela serait sa punition.

La Chose s'avança vers la noire encore debout. Elle tremblait, comme la misérable hérétique qu'elle était. Un coup d'épaule suffit à l'éloigner du tendre festin qui l'attendait. Il y avait deux petits mâles et une femelle. La Chose avait toujours eu un goût particulier pour les femelles. Il la garderait pour le dessert. Derrière lui, la vieille blessée protestait, ou suppliait? La Chose ne se rappelait plus trop du langage des autres, après tout, elle n'était pas un loup, comment pourrait-elle comprendre ce qu'elle disait? Elle avança donc vers le premier des petits mâles. Si petite créature, pelotonnée contre son frère et sa soeur. La Chose plongea en avant, brisant d'un seul coup la nuque de la petite chose, la secouant sauvagement pour en briser tous les mots. Elle n'émit pas un bruit, mais les deux autres... Ils hurlèrent de terreur aussi fort que le leur permettaient leurs petits poumons. La femelle ne bougeait toujours pas. Le regard fixé sur le prédateur qui se repaissait de sa progéniture. Le deuxième petit mâle ne tint guère plus longtemps, mais cela suffit à sa soeur pour tenter de s'enfuir sur ses petites pattes ridicules.

Les voix riaient avec elle, ravie de traquer la petite chose. La Chose marchait derrière la petite au rubis, elle courait, comme si avait une chance de s'en sortir. La Chose lança sa patte, et sa petite proie s'étala de tout son long. Il lui semblait qu'il avait entendu la vieille hurler. Mais cela n'avait pas d'importance. La Chose était prête à tuer le monstre. Et en l'attendant, il lui restait une petite vie et une hérétique pour s'amuser.

RAHAWK

Rahawk était au centre des tanières avec Chérubin et Heindrick. La vieille Kuma était dans sa tanière et Anvie dormait avec le petits dans la leur après avoir englouti une énorme pièce de viande. Les deux mâles s'entraînaient sous la surveillance de leur chef. Le plus jeune avait bien pris en masse musculaire. Le sang caverne qui coulait dans ses veines se voyait indéniablement aujourd'hui. Il était trapu, lourd, puissant. Chérubin était plus subtile. En corps à corps, ses ailes étaient une gêne, freinant certains de ses mouvements. Mais il compensait avec une attention plus accrue et une meilleure écoute de son adversaire. Pour l'instant, Rahawk n'avait pas encore pris la décision de lui faire porter son armure pour les entraînements. Il voulait d'abord qu'il soit affûté sans, ensuite il devrait l'être avec le poids des lourdes plaques de métal.

La voix d'Imryu, portée par le vent, au loin, le fit se dresser d'un bond sur ses pattes. Il ne comprenait pas ce qu'elle disait, elle était trop loin, mais il entendit la douleur dans son cris, son pouvoir se tendant vers elle dans un tiraillement. Chérubin aussi s'était tourné dans la direction de l'appel de sa louve. Le chef devait agir vite. Si c'était lui qu'elle appelait, et pas son compagnon, c'est que sa douleur n'était pas due à une blessure normale.

Heindrick, amène ta mère et la naine vers Anvie, garde la tanière. Chérubin, les frontières, appelle moi si on a une autre intrusion. Je m'occupe d'elle.

N'attendant pas de voir si ses ordres seraient respectés, il s'élança dans la direction de l'appel. Il entendit le battement puissant des ailes du doré, mais il ne le vit pas le survoler, signifiant qu'il lui avait bien obéit. Imryu n'était probablement pas seule. Elle avait à coup sûr emmené Lydia et ses petits. Mais l'appel n'était venu que de la noire à l'oreille coupé. La crête de son dos se hérissa, craignant que la louve qu'il avait élevé comme sa fille ne soit déjà morte.

Elle était rentrée quelques mois plus tôt, pleine de deux mâles différents. Visiblement, seul l'un des deux l'avait séquestrée et torturée, car l'un des deux était un descendant de son père. Rahawk avait été furieux en découvrant le rubis sur le front de la petite louvette de la fratrie. Il avait dors et déjà prévu d'aller au clan de la source et de forcer celui de ses frères qui était coupable de ce viol de s'occuper de sa progéniture. Il ne restait que quelques jours avant que les petits soient totalement sevrés et qu'il puisse l'enlever à sa mère. Il n'avait pas pu se mettre en quête du loup noir, le père des autres petits. Il fallait que Chérubin et Heindrick soient suffisamment forts pour protéger la meute en son absence, surtout tant que ses propres enfants ne seraient pas assez grands.

Le tiraillement de son pouvoir se fit de plus en plus fort, signifiant qu'il était proche d'Imryu. Bientôt, il sentit l'odeur du sang. Quelques foulées de plus et il fut sur place. Un rapide coup d'oeil lui donna une idée de la situation. Imryu était couchée, tentant vainement de se redresser mais sa patte ensanglantée l'en empêchait, du moins c'était une partie du problème. Trois petits corps étaient étendus au sol. Cela réglait le problème de son frère coupable, mais les deux autres étaient de SA meute, sa fourrure gonfla. Au centre de la petite clairière, un gros mâle brun se tenait au dessus de Lydia, tenant sa nuque entre ses crocs, un rire fou partiellement étouffé s'échappant de ses babines.

(56/100) Son apparence était vaguement familière au cendrée mais il ne parvenait pas à se rappeler d'où venait cette impression. Peu importait. Il se projeta sur le brun, lui faisant lâcher prise sur la louve qui s'écroula au sol. Il n'avait pas le temps de vérifier si elle vivait toujours. Les deux mâles roulèrent sur le sol, emportés par la vitesse du crêteux. Très vite, un nuage de poussière s'éleva autour d'eux. Son adversaire était visiblement fou, à l'instar d'Ades, les blessures ne semblaient pas le diminuer. Cependant, il ne parvint pas à le blesser plus que quelques grosses entailles sur les membres avant que ses epais crocs de sabre puisse enfin prendre prise dans sa gorge tendre. Il le plaqua au sol, encaissant ses coups désespérés pour reprendre un peu d'air, grognant à chaque nouvelle entaille plus profonde. Enfin, son adversaire cessa de se défendre. Rahawk pris le temps de reprendre son souffle, tendant l'oreille au cas où Chérubin lui signifiait une autre intrusion.

Enfin, il se leva et poussa un hurlement pour prévenir la meute que la menace avait été éliminée. Enfin, il poussa un dernier hurlement pour demander au doré de venir s'occuper de sa compagne. Il s'approcha de Lydia (70/100), les crocs du brun avaient pénétré profondément dans la nuque de la louve, mais elle respirait encore faiblement. Plus pour longtemps, si elle n'était pas morte, elle était indéniablement paralysée. Il se tourna vers Imryu, secouant la tête avant de poser la patte sur la gorge de celle qu'il avait élevé dans les cachots d'Akui.

Il appuya, gardant le regard d'Imryu ancré dans le sien, jusqu'à ce qu'enfin, le coeur s'éteigne sur un dernier battement. Ses mâchoires étaient serrées quand il s'éloigna pour se mettre à creuser. Bientôt, Jeff viendrait pour sa moisson d'âmes, les tombes seraient prêtes pour leur dernier repos.

RAHAWK

Rahawk entendit le bruissement de plumes de Chérubin, mais ne détourna pas le regard de sa tâche. Il fallait qu'il se maintienne occupé pour ne pas penser à ce qu'il venait de faire. C'était un geste de merci, mais c'était tout de même lui qui avait ôté la vie de sa fille d'adoption. C'était lui qui avait posé la patte sur sa gorge et l'avait privée d'air. C'était lui qui avait gardé le regard de la mère ancré dans le sien pendant qu'il assassinait la fille. La crête de son dos était hérissée alors qu'il creusait sans se soucier des nombreuses plaies qui marquaient ses membres et son ventre. Il entendit à peine le doré quand il lui dit que personne d'autre n'avait violé leurs frontières, s'il était là et pas en train de se battre ailleurs, ce n'était sûrement pas pour rien.

Rahawk continua de creuser, la tombe de Lydia était prête, Jeff ne tarderait plus à venir la prendre, il le savait, le cimetière n'était pas si loin. Il s'acharnait donc sur les tombes des petits. Parmi eux, le petit cadavre de sa nièce. Il avait voulu la rendre à son père biologique, qu'il assume ses actes, mais maintenant qu'elle était morte, il avait la sensation d'avoir une nouvelle fois échoué à protéger sa famille. Il était profondément en colère. Le corps de Lydia ne portait aucune trace de lutte, elle s'était laissée faire, ce qui le rendait encore plus fou de rage. Et il valait mieux qu'il évacue sa rage sur la terre et les cailloux qui abîmaient ses griffes que contre quelqu'un qui ne l'aurait pas mérité.

Que puis-je faire ?

Rahawk acheva la dernière tombe avant de revenir vers les deux membres de sa meute. Sa mâchoire toujours crispé sur un hurlement de rage qu'il ne voulait pas laisser lui échapper. Montrer trop visiblement que ces morts le touchaient le ferait passer pour un faible. Il jeta un oeil rapide à Imryu. On ne pouvait pas la déplacer, pas sans lui apporter des soins en premier lieu. Mais ils n'avaient pas de médecins dans leur meute... Il grogna.

Va chercher Kuma et Heindrick, trouvez un moyen de la ramener à sa tanière sans lui briser plus d'os. Les tombes sont prêtes, quand Jeff sera passé, vous n'aurez plus qu'à y trainer les corps. Je te laisse gérer ça. Je dois aller refaire les marquages, visiblement le message n'était pas assez clair.

En passant à coté de la petite louvette, il s'arrêta pour caresser doucement un éclat du rubis qui avait orné son front. Il grogna. Elle portait la marque du maléfice de sa famille, elle aurait probablement été puissante... Quel gâchis... Il se dirigea ensuite vers le cadavre de leur agresseur, il lui arracha la tête sans aucune finesse et se dirigea vers la frontière qu'il avait violée.

-Odine-

La louve verte était proche de son but, si proche. Elle avait senti les pistes, remonté en évitant les marais les odeurs qui la guidaient, battu le sol de ses pattes ancestrales à la recherche de celui qui avait remonté le temps et bravé la mort. Elle avait exploré les tanières, son sixième sens lui indiquant que c'était l'endroit ou était apparu initialement l'être revenu d'entre les morts, mais n'avait pas trouvé grand chose, en partie à cause de l'influence de Rahawk qui s'était encore étendue. Alors qu'elle avait fini d'explorer le cimetière, la verte s'était posée pour la nuit, se demandant si elle était prête à braver les dangers des marais pour satisfaire sa curiosité.

Soudain, un cri retentit. Chérubin appelait son aide, directement la sienne. Elle se redressa, les oreilles en l'air, en alerte. Les mortels l'appelaient parfois, lorsqu'ils avaient grand besoin d'aide, mais jamais la meute de Rahawk ne l'avait fait. Cela devait être sérieux. Elle se releva et se mit à galoper vers le lieux de l'appel, fidèle à sa promesse d'aider tous les loups sans distinction.

Arrivée sur les lieux, la louve pu vite voir le problème : ça avait été un carnage. Le corps des trois petits de Lyadia gisaient au sol, morts, accompagnés de leur mère et d'un autre mâle, probablement l'assaillant. Mais son regard se dirigea immédiatement vers un autre corps : Imryu. La louve noire était allongée, son mâle à ses côtés. Visiblement, elle était encore en vie, mais très mal en point. La verte s'approcha, éloignant d'un petit battement de queue Chérubin. Elle avait vu tellement de morts que peu l'impactait à présent. Mais voir des cadavres, surtout de louveteaux n'était jamais une partie de plaisir.

"Imryu, c'est moi, Odine. Je vais te soigner."

Sans plus de ménagement, la verte l'inspecta, relevant les blessures les plus graves. Cela n'allait pas être une partie de plaisir. Elle n'allait peut-être même pas y arriver. Elle allait commencer par le poumon et les cotes. Les fractures étaient toujours un peu difficiles, surtout quand les os avaient bougés. Son pouvoir pouvait les consolider, les réparer, mais il fallait les remettre en place. Et pour ça .... Elle fit un signe de tête à Chérubin :

"Va chercher un morceau de bois et met le dans le lui dans la bouche. Ça va faire un mal de chien."

La verte tâta le terrain, cherchant les côtes en essayant de ménager la noire, qui allait probablement souffrir le martyr, voir s'évanouir sous le coup de la douleur. Au moins elle pourrait travailler tranquille. Lorsque l'ailé revint et qu'il eut fait ce qu'elle avait demandé, elle prit une grande inspiration, et s'excusa à l'avance à Imryu avant d'appuyer, déplaçant le morceau cassé de la côté hors des poumons. Immédiatement, elle appliqua son pouvoir, cherchant d'abord à se concentrer sur l'organe vital qui était à présent libéré de l'os. Elle concentra son pouvoir dessus, une chaleur légère s'échappant de ses coussinets. Heureusement, elle parvint à stopper l'hémorragie, et à réparer assez pour que la louve survive au moins quelques jours. Son corps devrait faire le reste.

Une fois que cela fut fait, elle replaça une nouvelle fois l'os, puis appliqua la même méthode, consolidant la côte, la calcifiant. Cela suffirait pour le moment, Odine sentant son pouvoir s'affaiblir quelque peu. Imryu aura mal, très mal en se réveillant, mais la verte ne pouvait pas faire mieux pour le moment. Elle passa ensuite à la fracture de sa patte, qui gouttait de sang sur le sol poussiéreux, et grimaça. C'était moche. L'os était lui aussi déplacé, et la perte de sang pouvait s'avérer vite fatale, même si aucune artère n'avait été touchée. Elle s'avança, faisant de nouveau signe à Chérubin : elle allait encore bouger son os. Puis, elle appuya. La patte se distordit en un mouvement macabre, comme une marionette guidée par un loup inexpérimenté. Elle continua le mouvement, d'un geste sur et précis, et finit par replacer l'os. Enfin, elle appliqua son pouvoir, refermant la chair au dessus, consolidant légèrement la blessure pour ne pas qu'elle bouge. Finalement, l'hémorragie arrêtée, elle fit un pas en arrière, le poil taché de sang et manquant de défaillir à cause de la fatigue. Elle dit d'une voix faible :

"Elle est tirée d'affaire pour le moment. Le moindre choc peut rouvrir ses blessures et la faire mourir, fais très attention en la ramenant. Je resterai quelques jours pour voir l'évolution de ses blessures."

Odine secoua légèrement la tête en soupirant. Les mortels la fatiguaient parfois. Mais elle savait bien que ce n'était pas de leur faute cette fois-ci. Tant de morts ... Elle darda un regard sévère sur Chérubin, seul loup encore présent et capable d'écouter :

"Votre petit groupe fonctionne bien pour le moment, mais vous n'irez pas loin sans un médecin. Chérubin, je ne dis pas que tu dois te désigner, mais ton pouvoir est déjà un avantage. Je pourrais t'aider si tu le souhaite."

-Odine-

L'ailé fit exactement ce qu'elle lui avait ordonné, ce qui la rassura un peu. Au moins, Rahawk était parti, et il lui restait celui qui pouvait suivre quelques ordres sans que son ego en prenne un coup. La louve était toujours étalée au sol, incapable de bouger, mais ses yeux paniqués en disaient long sur son état intérieur. Odine ne sentit pas son cœur se serrer, pas cette fois. Elle avait du travail.

Alors qu'elle finissait, Imryu finit par tomber dans les pommes après un long gémissement. La louve verte posa délicatement une patte sur son coup tout en écoutant Chérubin lui répondre. Son poul était irrégulier, faible. Elle n'avait pas le temps de discuter. cependant, le mâle était agité, se raccrochant à ce qu'avait dit la verte probablement pour ne pas avoir à regarder autour de lui. A vrai dire, il n'avait pas l'air si affecté que cela. Lorsqu'il parla, elle se rappelait peu à peu de qui il avait été avant, de ce petit ange qu'elle avait accepté de former. Elle hocha la tête, il n'avait pas tord. Elle n'avais pas envie de rester sur le territoire de Rahawk trop longtemps, mais au vu des récent évènements, il était nécessaire de former un medecin. Cependant, l'urgence était ailleurs. Elle répondit simplement :

"Pour le moment aide moi à la déplacer. Je verrai ensuite."