-Okazeh-

Les jours devenaient de plus en plus chaud avec l'approche de l'été, et Okazeh s'approchait de plus en plus de son terme. Elle avait un peu prit du poids, mais nettement moins que la première fois, et avait bien mieux gardé la forme. Cependant, ses sautes d'humeur étaient revenues, et la chaleur n'avait pas aidé à ce qu'elle se sente mieux. Heureusement, Aslan avait prit le relai, comme la première fois, et avait effectué plus de travail pour qu'elle puisse se reposer, ce qu'elle avait fait lorsque son rang le lui permettait, ou qu'elle sentait qu'un problème un peu trop épineux lui donnait envie d'étriper deux ou trois loups.

Les derniers jours avaient été particulièrement fatiguant. La mise bas approchait, et les hormones d'Okazeh étaient à leur paroxysme. Elle avait aménagé la tanière, s'arrachant les poils du ventre, ajoutant de la mousse, des feuilles, de quoi se faire une couche confortable. Puis, elle avait décidé de rester dans le coin en attendant patiemment que l'heure arrive. La journée était belle, le soleil un peu bas dans le ciel mais la chaleur latente de la journée toujours dans l'air parfumé. La beta était au repos, devant sa tanière, lorsqu'elle sentit les premières contractions dans son bas ventre. Elle leva le museau, et se lécha. Puis, elle se leva et se dirigea dans sa tanière. Le travail n'allait pas tarder à commencer, et elle voulait être bien. Avant d'y entrer, elle leva la tête et glapit pour alerter Aslan, qui ne devait pas être loin. Ils avaient parlé la veille même de ce qui se passerait durant la mise bas, aussi Okazeh n'était pas inquiète.

Elle entra dans la tanière, les contractions toujours faibles de son ventre l'agitant un peu. cependant, elle restait bien plus calme que lors de la première mise bas, et pour cause : elle l'avait déjà fait, et se sentait bien plus assurée. De plus, il n'y aurait qu'un seul petit, ou deux selon les médecins. Elle tourna en rond dans la tanière avant de s'allonger sur sa couche en soufflant.

-Okazeh-

La louve attendit patiemment, soufflant au même rythme que son ventre se contractait. La douleur était tenable, mais s'amplifiait peu à peu. La beta avait la sensation que cela ne durerait pas longtemps, moins que la première fois en tout cas. Est-ce qu'Aslan avait entendu son appel ? Elle coucha les oreilles un instant. Peut-être que son devoir l'avait appelé plus loin, et qu'il n'avait pas entendu ? Elle ne se sentait pas de se relever maintenant, et mettre bas sans la présence de son mâle l'angoissait légèrement. Heureusement, alors que ces pensées la traversa, elle vit l'entrée de leur vaste tanière s'obscurcir et son mâle entrer. Elle s'était inquiétée pour rien.

Elle lui sourit, le laissant venir contre elle et l'apaiser en la léchant. Elle ne répondit pas, trop occupée sur sa respiration, mais son regard montrait sa reconnaissance. Le grondement du mâle résonna, faisant presque trembler son dos, l'apaisant. Cependant, le douleur était de plus en plus forte, et les contractions s'accentuaient peu à peu. Okazeh resta ainsi quelques minutes, respirant de plus en plus fort, avant de sentir son bassin s'enflammer, ce qui lui arracha un gémissement de douleur. Elle grogna :

"Ça vient"

Elle poussa légèrement sur ses pattes, s'appuyant contre Aslan, alors que son ventre se contractait fort à présent. Cependant, elle restait concentrée, comme la première fois, les conseils des médecins et de sa défunte mère résonnant à travers sa tête. Il fallait souffler, accompagner les contractions, même si elles étaient de plus en plus fortes. Un nouvel éclair lui déchira le bassin, et la louve grognant de nouveau en sentant le premier petit pousser pour sortir. Une dernière contraction finit d'expulser le placenta, qu'elle s'empressa de percer et de manger, ramenant son petit de manière instinctive contre elle. Elle le lécha vigoureusement, le stimulant, mais il semblait être en pleine santé, et ses couinements emplirent vite la tanière. La beta resta concentrée, s'attendant à d'autres contractions douloureuses, mais la douleur sembla diminuer. Les contractions étaient de moins en moins puissantes, mais même s'il n'y avait qu'un seul petit, cela correspondait aux dires des medecins.

Pendant que son corps s'apaisait, Okazeh se remit à lécher son louveteau, faisant connaissance avec lui. C'était une petite femelle, d'une jolie couleur, avec deux embryons d'ailes sur le dos qui se développeraient probablement comme ceux de ses frères et soeurs. Déjà, une jolie touffe de poil noir était juchée sur sa tête : les gènes de la chevelure d'Aslan devaient être forts pour qu'ils ressortent autant ! La beta sourit, puis tourna son museau vers Aslan.

"C'est terminé. C'est une petite fille."

Elle posa de nouveau les yeux sur ce petit être qui gigotait et têtait ses mamelles pleines, sentant la chaleur de l'amour remplacer peu à peu l'adrénaline et les hormones instinctives. Une nouvelle fois, ils étaient devenus parents. Et leur petite était en pleine santé. La louve ailée sourit. La vie continuait, et bien que cette petite ne connaitrait jamais sa grand mère, ni Triss, ni Yoru, Okazeh se ferait un devoir de lui parler d'eux, de transmettre leur mémoire à la nouvelle génération. Elle était l'espoir, l'avenir du clan, celle qui battait vigoureusement de ses pattes le sein douloureux de sa mère.

-Okazeh-

La beta tourna la tête pour voir le visage de son mâle. L'expression délicate, pure, qui y régnait le rajeunissait de 5 ans, et la louve se revit à la naissance de leur première portée. La douleur était complètement partie à présent, remplacée par une douce chaleur, celle de l'amour le plus pur qu'il existe au monde. Ils étaient une famille. Elle avait hâte de présenter à Irina, Djama et Aymeric leur petite sœur. Aslan rit doucement avant de chuchoter, comme pour répondre à ses pensées :


Elle rit doucement aussi, avant d'ouvrir la gueule pour bailler. Ses yeux se fermaient, et son corps décontracté par le rythme des têtements de la petite s'endormissait doucement.


Elle hocha la tête avant de la poser sur ses pattes et de fermer les yeux. Le sommeil vint la cueillir sans même qu'elle ne s'en rende compte. Elle dormit une trentaine de minute, paisiblement, avant de rouvrir les yeux doucement. Leur fille, qui n'avait pas encore de nom, s'était elle aussi endormie sur le ventre chaud de sa mère. Okazeh tourna la tête et vit l'éclat des yeux d'Aslan, qui était resté réveiller, fidèle à ses paroles. Elle sourit doucement, paisiblement. Le temps semblait s'être arrêté dans leur tanière, tous leurs soucis étaient restés à l'entrée. D'une voix légèrement éraillée, elle dit :

Bonjour.

Puis elle pouffa légèrement, toujours sous le coup des hormones puissantes suivant la mise bas. Son regard tomba de nouveau sur leur fille, sur ses toutes petites ailes pas encore garnies de plume. Elle n'avait pas encore de nom, il fallait y remédier avant de penser à quoi que ce soit d'autre. Elle demanda :

Tu as une idée de nom pour notre trésor ?

-Okazeh-

Le mâle lui lécha rapidement le museau, fermant les yeux de la nouvelle maman encore épuisée. Mais lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle pu voir de nouveau le sourire délicat et si précieux sur les babines du papa, ce sourire qui n'était qu'un secret murmuré entre eux deux, et qu'elle seule connaissait si bien. Puis, sans quitter la petite qui dormait paisiblement, il répondit :


Elizabeth. C'était un très beau nom, noble et pourtant classique. Okazeh sourit, réalisant qu'elle l'avait déjà accepté, comme si le nom avait collé à la peau humide du bébé loup qu'elle venait de mettre au monde. Elle répondit d'uen voix fatiguée, mais heureuse :

C'est très beau. Elizabeth ce sera.

Puis elle tourna le museau vers celle qui deviendrait bientôt une grande et belle louve, et lui lécha la tête avec tendresse. Puis, la beta posa sa tête contre son mâle, se blottissant de nouveau dans ses poils et s'entourant de son odeur réconfortante, avant de plonger de nouveau dans le sommeil.